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Chapitre 58 : Cendres vives

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-05-18 00:17:59

Lorenzo

Le jour s’était levé sans faire de bruit, glissant entre les volets comme une ombre timide qui ose à peine déranger le silence de la maison. Alessia était partie depuis plusieurs heures, sans un mot, laissant derrière elle une trace de chaleur dans le lit défait et l’odeur âcre de sa peau mêlée à la mienne.

Je suis resté immobile, assis sur le bord du lit, les mains croisées sur mes genoux, le regard perdu dans ce vide qui s’étirait plus profond qu’un gouffre. J’avais cru qu’après la tempête, viendrait la paix. Mais il n’y avait que le fracas sourd des cendres sous mes pieds. Et cette douleur obstinée, comme un battement sourd, qui ne voulait pas s’éteindre.

Chaque souvenir de la nuit précédente me revenait en éclats. Cette tension entre nous, ce fragile équilibre entre amour et rancune, entre désir et peur, comme si nos corps voulaient se réconcilier alors que nos âmes restaient blessées. J’avais senti ses mains hésiter, ses lèvres qui cherchaient un mot qui ne venait pas, sa
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  • Les larmes de la reine   Chapitre 57 : Traversée

    LorenzoElle dormait sans vraiment dormir. Son souffle heurté battait contre mon flanc comme une vague hésitante, retenue par quelque chose d’invisible et de trop ancien pour être nommé. Je sentais sa fatigue ancrée jusque dans ses os, dans cette manière qu’elle avait de ne pas complètement s’abandonner, même après m’avoir pris comme une tempête prend la mer : en brisant tout sur son passage.Mais même les tempêtes finissent par s’échouer.Je n’ai pas fermé l’œil.Pas une seconde.Je suis resté là, les yeux ouverts sur la pénombre, à écouter les bruits de la maison : le tic-tac distant de l’horloge du couloir, le craquement du bois sous les changements de température, son souffle. Ce souffle. Comme une prière ou une malédiction, je ne savais plus.Mon bras sous sa nuque, sa jambe jetée sur ma hanche, comme si son corps lui-même refusait d’admettre qu’elle me gardait là. Elle ne me repoussait pas. Mais elle ne m’appelait pas non plus. J’étais dans cet entre-deux fragile qu’on appelle p

  • Les larmes de la reine   Chapitre 56 : L’épreuve du feu

    LorenzoJe suis resté encore un moment devant la porte close. À écouter les battements du silence, à deviner ses larmes étouffées de l’autre côté. Mon cœur cognait plus fort que mes poings n’auraient su le faire. Mais je ne frapperais pas. Pas ce soir.Je ne suis pas venu pour imposer.Je suis venu pour m’offrir.Pour perdre.Pour tomber.Quand j’ai posé la main sur la poignée, j’ai cru qu’elle résisterait. Qu’elle me repousserait. Qu’elle me cracherait sa colère une dernière fois. Mais non.Elle n’était pas verrouillée.Et ce détail m’a arraché un frisson.Je suis entré.La lumière était basse, tamisée par les lourds rideaux tirés. Une odeur d’orage et de sueur flottait dans l’air, mêlée à celle de sa peau que je connaissais par cœur, comme un poison lent. Alessia ne s’est pas retournée. Assise sur le bord du lit, les coudes sur les genoux, la tête baissée, elle respirait comme on s’étrangle. Son dos se soulevait par à-coups, fragile et tendu comme un fil prêt à rompre.Je suis resté

  • Les larmes de la reine   Chapitre 55 : Ceux qui restent trop longtemps

    AlessiaIl est resté là toute la nuit.Je le savais. Même sans le voir. Même sans ouvrir la porte. Sa présence était un poids dans l’air, une chaleur irrésolue dans le silence. À chaque fois que je m’approchais, j’entendais sa respiration derrière le bois. Calme. Contrôlée. Mais pas paisible. Jamais paisible.Lorenzo ne sait pas ce que c’est, la paix.Et moi, je suis fatiguée de la guerre.J’ai regardé la poignée plusieurs fois. Une dizaine. Une centaine. Comme si elle allait tourner toute seule. Comme si l’univers allait décider à ma place. Mais rien. Juste cette tension stagnante. Cette peur muette. Et la question qui revenait, lancinante, vrillée dans ma poitrine : et s’il ne partait jamais ?Quand je suis sortie, il s’est levé d’un seul mouvement. Pas brusque. Juste… comme s’il s’était tenu prêt. Comme s’il attendait ce moment depuis des heures, peut-être même depuis des années. Ses yeux me cherchaient déjà. Comme toujours.Il avait cette façon de me regarder qui me dérangeait. Pa

  • Les larmes de la reine   Chapitre 54 : Jusqu’à ce que ça saigne

    LorenzoJe suis resté là longtemps, seul dans la cuisine, les yeux fixés sur la tasse qu’elle avait laissée. Le café avait refroidi. Il portait la trace de ses lèvres. Un vestige d’elle. Une empreinte discrète, mais brûlante. Et ça m’a suffi pour tenir debout.Pas cette fois.Pas encore.Elle m’a giflé. Pas fort. Pas comme une punition. Mais comme un cri contenu trop longtemps. Un désespoir jeté à la figure. Ce n’est pas la claque qui m’a marqué. Ce sont ses yeux. Sa voix. Son absence de haine. Parce que ce n’est pas la colère que je redoute.C’est son indifférence.Je l’ai vue me regarder comme un étranger. Comme si elle essayait de reconnaître, en moi, quelque chose de vivant. Quelque chose d’humain. Et je n’étais plus sûr de pouvoir lui offrir ça.Je n’ai jamais su m’excuser. Pas vraiment. Pas comme il faut. J’ai appris à m’imposer. À corriger. À punir. À tenir. Mais pas à demander pardon. Pas à supplier. Ce mot ne traverse pas ma gorge. Il s’y coince, comme une lame.Mais ce que j

  • Les larmes de la reine   Chapitre 53 : Le poids du matin

    AlessiaJe n’ai pas dormi.Pas vraiment. Pas profondément. Mon corps est resté piégé dans cette zone morte entre l’éveil et le cauchemar, là où les pensées tournent en boucle, là où la douleur devient une respiration, un battement de plus.Lorenzo non plus n’a pas bougé. Pas une fois.Et sa main nouée à la mienne a été comme un fil entre deux ruines. Un lien. Une corde raide.Ou peut-être une chaîne.Je ne sais plus.C’est étrange, la façon dont le silence peut peser plus lourd qu’un cri. Il résonne. Il étouffe. Il sculpte des creux là où il y avait des pleins. Et cette nuit, j’ai senti mon cœur s’effriter à chaque seconde passée à ne pas parler.Je suis partie avant que le soleil ne se lève.Sans un mot.Sans un regard.Sans un soupir.J’ai défait nos doigts un à un comme on arrache des pétales fanés.Comme on se retire une lame de chair vive.Et je suis descendue, pieds nus, jusqu’à la cuisine. Le sol glacé m’a rappelée à la réalité. Je suis encore vivante. Même si j’ai parfois l’im

  • Les larmes de la reine   Chapitre 52 : Les nuits qui ne dorment pas

    AlessiaIl ne m’a pas adressé un mot.Mais il est resté.Je suis demeurée plantée au milieu du salon, les bras croisés contre ma poitrine nue, dissimulée à peine sous le tissu trop léger d’un t-shirt que je n’avais pas pris la peine de changer. J’étais descendue sans réfléchir, sans stratégie, comme on descend au combat — avec la peur logée dans la gorge, la dignité accrochée aux cils.Il était là. Bien sûr qu’il l’était.Assis dans l’ombre, les coudes posés sur les genoux, le dos voûté, la tête penchée comme si le poids du monde reposait sur ses épaules. On aurait dit une statue sculptée dans le silence, pétrifiée dans sa culpabilité.J’ai avancé. D’un pas mesuré, douloureux. Chaque foulée me coûtait quelque chose. Chaque mouvement arrachait un lambeau d’orgueil à ce qui restait de moi.— Je n’ai pas dormi, ai-je murmuré.Il a levé les yeux vers moi. Son regard n’exprimait ni surprise ni remords. Juste une présence nue, désarmée. Comme s’il le savait. Comme s’il n’avait pas dormi non

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  • Les larmes de la reine   Chapitre 51 : Ce que je ne veux pas rendre

    AlessiaIl m’a trouvée.Et je l’ai laissé entrer.Je devrais avoir honte.Je devrais avoir peur.Je devrais appeler ça une rechute, une faiblesse, un abandon.Mais non.J’appelle ça lui.Lorenzo.Il n’a rien dit. Il n’a rien exigé.Il est juste passé le seuil, détrempé, figé, comme un fantôme qui n’avait jamais vraiment quitté les lieux.Il a retiré son manteau. Lentement.Comme s’il voulait me laisser le temps de fuir.De me barricader.De changer d’avis.Mais je n’ai pas bougé.Il l’a déposé sur le dossier du fauteuil, avec cette lenteur pesante qui n’appartient qu’à lui. Celle qui rend chaque geste chargé. Chaque silence menaçant.Puis il s’est assis. Comme s’il n’était jamais vraiment parti. Comme s’il avait toujours eu la clé.Je suis restée debout. À distance.Mon cœur cognait trop fort dans ma poitrine.Pas à cause du froid. Pas uniquement.C’était autre chose. Un grondement sous la peau. Un feu sale et addictif qui ne s’éteint jamais vraiment.— Tu vas dire quelque chose ? je

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