Beranda / Loup-garou / Les trois reines sauvages / Chapitre 90 – La Faille

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Chapitre 90 – La Faille

Penulis: Déesse
last update Terakhir Diperbarui: 2025-06-21 03:38:20

Selène

Nous marchons depuis des heures.

Le paysage change.

Moins d’arbres. Plus de pierre. Le sol devient rugueux, inégal, craquelé comme une peau trop vieille. Le vent gagne en force, pas en clarté. Il ne souffle pas : il racle. Il semble vouloir nous ôter la peau du visage, comme s’il cherchait ce qu’il y a dessous.

Il n’y a plus d’odeur, plus de son, plus de saison. Juste ce lieu figé entre deux mondes. Ce seuil.

Les falaises apparaissent enfin, dans une lumière blafarde. Hautes, dentelées, dressées contre le ciel comme les ruines d’une forteresse oubliée. Mais ce n’est pas une ruine. C’est un avertissement.

À leur pied, l’obscurité est plus qu’une ombre.

C’est un seuil.

Je m’arrête.

Mon souffle est court, mais ce n’est pas l’effort. C’est l’écho. Le corps se souvient avant la pensée. Il se fige, il tremble. Il sait.

Eryx s’approche, scrute les lignes de la roche. Son visage se ferme. Pas par peur. Par souvenir. Il a déjà vu ça. Dans un rêve, peut-être. Ou dans une histoire trop vi
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  • Les trois reines sauvages    Chapitre 90 – La Faille

    SelèneNous marchons depuis des heures.Le paysage change.Moins d’arbres. Plus de pierre. Le sol devient rugueux, inégal, craquelé comme une peau trop vieille. Le vent gagne en force, pas en clarté. Il ne souffle pas : il racle. Il semble vouloir nous ôter la peau du visage, comme s’il cherchait ce qu’il y a dessous.Il n’y a plus d’odeur, plus de son, plus de saison. Juste ce lieu figé entre deux mondes. Ce seuil.Les falaises apparaissent enfin, dans une lumière blafarde. Hautes, dentelées, dressées contre le ciel comme les ruines d’une forteresse oubliée. Mais ce n’est pas une ruine. C’est un avertissement.À leur pied, l’obscurité est plus qu’une ombre.C’est un seuil.Je m’arrête.Mon souffle est court, mais ce n’est pas l’effort. C’est l’écho. Le corps se souvient avant la pensée. Il se fige, il tremble. Il sait.Eryx s’approche, scrute les lignes de la roche. Son visage se ferme. Pas par peur. Par souvenir. Il a déjà vu ça. Dans un rêve, peut-être. Ou dans une histoire trop vi

  • Les trois reines sauvages    Chapitre 89 – Là où le silence veille

    ThaliaLa route vers le Nord n’est plus une route.C’est un souvenir fendu, une fracture dans la terre. Un couloir d’ombres figées, brûlé par des souvenirs que personne n’a voulu garder. Les arbres sont calcinés, les cailloux éclatés par la chaleur ancienne. Rien ne pousse ici, et même le vent semble retenir sa course.Tout est suspendu.Comme si ce lieu refusait de guérir.Nous marchons sans bruit. Pas parce que nous voulons être discrets, mais parce que parler ici serait une trahison. Il y a des lieux qui exigent le silence. Celui-ci est un sanctuaire inversé. Pas sacré, mais hanté.C’est Eryx qui ouvre, le regard rivé sur l’horizon, sa hache dans le dos. Son pas est sûr, sans hâte, mais tendu, comme s’il avançait sur un sol qui pourrait céder à tout instant.Selène le suit, la main posée sur la garde de son arme. Elle ne regarde pas le paysage. Elle regarde ce qu’il cache. Elle avance comme si la terre elle-même pouvait mentir.Moi, je ferme la marche.Mais c’est en moi que les pas

  • Les trois reines sauvages    Chapitre 88 – Le Sang et la Pierre

    SelèneLes premières heures sont les plus dures.Pas à cause de l’effort. Porter, soulever, reconstruire tout cela, nous savons le faire. Le corps suit, presque par réflexe, heureux de ne plus rester immobile, de canaliser l’après dans le concret. Ce qui est plus difficile, c’est le reste. Ce qui ne se touche pas. Les regards. Les silences. Les demi-mots chuchotés dans notre dos, que l’on devine sans les entendre.Je les sens, posés sur moi comme une poussière que rien ne peut laver. Certains m’observent comme si j’étais un vestige d’un monde tombé. D’autres, avec une espèce de reconnaissance mêlée de peur, comme si revenir vivante du feu m’avait rendue autre, moins humaine. Ou plus.Mais je ne détourne pas les yeux.Je suis revenue. Pas pour effacer. Pas pour plaire. Mais pour reconstruire. Pour comprendre ce que la cendre peut encore nourrir.Le cercle principal du camp est un chaos organisé. Poteaux abattus, toiles à moitié calcinées, pierres renversées. Mais il y a de la vie. Des

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    SelèneLes pas sont lourds dans le camp.Pas les nôtres. Ceux des autres. Ceux qui n’ont pas traversé le feu, mais qui sentent, dans nos corps et nos silences, que quelque chose a changé.Ils nous regardent. Certains avec crainte. D’autres avec espoir. D’autres encore, avec ce mélange amer d’admiration et de méfiance.Ce n’est pas nouveau. Ce ne sera jamais terminé. Mais aujourd’hui, je ne m’efface plus devant leurs regards.Je ne suis pas revenue pour plaire.Je suis revenue pour rester.Eryx et moi ne nous quittons pas, mais il y a de l’espace entre nous. Pas une distance. Un souffle. Une respiration.Il sait que je dois retourner voir Thalia seule.Et il sait qu’il a, lui aussi, ses propres chaînes à regarder en face.Il s’éloigne sans un mot. Je le regarde partir, le dos droit, la silhouette marquée par la veille. Il paraît plus vieux. Ou simplement plus vrai.Je m’assieds sur une pierre, face à la tente. J’écoute les bruits du camp : le froissement des toiles, le raclement des la

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    EryxJe n’ai jamais cru aux rituels. Ni aux dieux. Ni aux forces invisibles qui prétendent tout gouverner.Mais ce matin, agenouillé sur la terre encore chaude de la clairière, je n’ai plus rien à opposer.Je suis vidé. Lessivé. Rendu à l’os. Comme si quelque chose en moi, quelque chose d’indomptable, avait été arraché, regardé en face… et accepté.Le monde autour de moi est calme, presque trop. Chaque bruissement dans les branches semble résonner comme un souvenir du feu. Celui qui m’a traversé. Celui que j’ai vu en elle. Celui que nous portons.Il est là, tapi sous la peau, mais il ne brûle plus. Il veille.Je l’observe, Selène. Elle ne pleure pas. Mais quelque chose en elle s’est brisé pour mieux se recoller.Ses yeux sont plus sombres, mais plus clairs aussi. Plus profonds.Elle est revenue avec une part de vérité en elle que je ne peux plus ignorer. Elle a vu ce qu’il y avait au fond. Elle a regardé les ombres. Et elle en est revenue droite.Et moi, qu’ai-je ramené de l’autre côt

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    SelèneLa clairière s’étend devant nous comme une bouche ouverte, un souffle ancien suspendu entre les troncs. Les arbres qui la bordent sont si vieux qu’ils semblent veiller sur ce lieu comme des sentinelles endormies, leurs branches noueuses formant une voûte presque sacrée. L’air y est plus dense, plus chargé. Chaque respiration semble puiser dans une mémoire oubliée.Au centre, la pierre se dresse, massive, noire, couverte de symboles gravés dans une langue que mon cœur reconnaît mais que mon esprit ne comprend pas. Une langue d’avant les mots. D’avant le feu. Une langue qui ne parle qu’à ceux qui ont perdu assez pour écouter.Je sens la chaleur pulser sous mes pieds dès que je franchis le cercle invisible. Ce n’est pas une chaleur physique. C’est un appel. Un souvenir qui monte du sol pour s’enrouler autour de mes chevilles, de mes hanches, de mon ventre. Il veut entrer. Il veut être vu.Eryx me suit sans un mot. Je n’ai pas besoin de le regarder pour sentir sa tension, la manièr

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