Share

8

Colleen ne se sentait pas bien du tout ce jour-là. Peut-etre est-ce le reste de macaroni qu’elle a mange depuis hier matin? Oh mon Dieu. Fallait-elle qu’elle sorte de chez elle? Non. Assise devant la télévision fermée, elle pouvait entendre la pluie s’abattre sur la ville. 

C’est par un temps pareil qu’elle rencontra Aidan, frappant à la porte de Jackson. 

Une partie d’elle aurait souhaité ne s'être jamais retournée et une autre partie se dit que ces mois passés, même pour elle, renferme des souvenirs beaux et profonds qu’elle garderait jusqu'à ce que l’amour frappe encore à sa porte. 

Parce qu’il faut se l’avouer, Aidan n’etait peut-etre pas son prince charmant sur le beau cheval blanc, mais elle l’a aimé comme tel. Peut-être plus, vu à quel point elle souffre. 

Avec un effort qui lui a sans doute été procuré par une déité qui lui prit en pitié, Colleen se lève de son canapé et avance vers une de ses fenêtres et pousse un peu le rideau pour regarder la rue. Définitivement, cette pluie est exactement celle qui a failli l’envoyer à l'hôpital à cause d’une bronchite. Jetant un coup d'œil devant l’immeuble d’en face, elle remarque qu’un couple se tient sous le porche. La femme avait sees bras autour de la taille de l’homme. Ce dernier a posé sa tête sur le crâne de sa compagne et ils semblent se dandiner. “Ils n’ont pas froid?” Demande Colleen avec une petite grimace sur le visage. 

Promenant son regard vers la direction opposée du couple, la jeunne femme pose les yeux sur un autre jeune homme qui, cette fois, avance rapidement sous la pluie tenant un parapluis, non pas sur lui, mais sur une femme a ses cotes. Il accepte de se mouiller pour qu’elle reste au sec. Elle se souvient à ce moment qu’Aidan lui avait dit, au beau milieu d’une séance de câlins. 

“-Pour que tu saches à quel point que je t’aime, normalement, je n’aurais pas eu envie de sortir avec une femme aussi haute que toi. Mais tu fais la différence." 

Sur le moment elle n’avait rien compris. Dans son passé, aucun garçon n’a jamais mentionné sa taille. Ni vraiment aucun aspect de son physique maintenant qu’elle s’en rappelle. Alors qu’Aidan lui faisait toujours remarquer quelque chose de minuscule ou d’insignifiant. Peut-être que ce n'est pas ce qu’il m’aime. Il remarque tout à mon propos. Peut-être était-ce la raison pour laquelle je n'étais jamais assez pour lui. Jamais parfaite. Jamais acceptable. 

Colleen passe une main distraite sur son visage et sens les larmes silencieuses qui lui coulaient sur les joues. 

“-Merde.” 

Pleurer était bien la seule chose consistante qui lui arrivait ces derniers jours. Depuis la mort de Marco Polo et depuis qu’Aidan a rompu avec elle… par message. 

Elle ne sait plus qu’est-ce qui lui fait plus mal mais dans les deux cas, quelque chose manque à son quotidien. Peut-être était-ce le moment de passer à autre chose non? Marco Polo n’aurait pas voulu la voir pleurer comme ça pendant des jours, ne sortant pas de chez elle et utilisant de manière excessive Doordash ou UberEats. 

Colleen se passe la main dans les cheveux et rencontre plusieurs nœuds qui lui retirent l’envie de continuer. Aidan voulait qu’elle se teigne les cheveux et n’aimait pas trop ses boucles. Au fur et a mesure de leur relation, la jeune femme sentait le changement qui s’opperait en elle mais ne faisait rien pour changer ca. Il m’aime, se disait-elle. 

L’amour a bien des visages mais au fond, elle savait qu'à un certain moment, ce n’est pas ce qu’il y avait entre eux, ce n'était pas réciproque. Cette réalisation lui fait mal au cœur et elle réalise qu’elle avait toujours les yeux posés sur le morceau de trottoir ou elle a vu le jeune homme mouillé pour que sa copine soit au sec sous le parapluie. Aidan et elle ne partageaient vraiment rien. Il aimait son espace personnel. Il disait aimer l'indépendance et rarement les contacts physiques non nécessaires. Ce qui est tout le contraire pour elle. Les rares fois ou il voulait bien de quelques calins, ces moments semblaient aussi magiques que précieux. 

Détournant ses yeux rougis de la fenetre, Colleen fait quelques pas dans son salon -qui était plus comme une seconde chambre qu’une piece de repos et de partage- et se souvient d’un des rares cadeaux que son ex petit ami lui a offert au cours d’une relation de presque deux ans: un papillon en origami, fait avec du papier jaune, le jaune est sa couleur preferee donc elle a tout de suite pense que cet origami etait un geste d’amour parce qu’il pensait a elle. Mais vu la situation actuelle, peut être que c'était juste une action produite par l'ennui. Est-ce qu’au moins une chose a été vraie dans cette relation? Maintenant qu’elle remet tout en doute, ces deux années lui semblent être de plus en plus fausses et imaginaires. C’est encore pire qu’elle ne l'espérait. Peut-être ne l’a t-il jamais aimé. C’est elle en effet qui a proposé le premier dîner. L'a-t-il forcé à être en couple avec elle? Mais non, il est un homme adulte, dire non ne l’aurait pas fait si mal que ça. 

Peut être que c’est ce qu’il fallait faire dès le début, tout arrêter. Parce qu’en y regardant bien, il n’y aurait rien à sauver d’une maison déjà brûlée. Quelle crétine! Elle est la seule à être restée pendant que le bateau coule, ignorant les mains tendues par sa famille et ses amis. Seule. Elle l’a été pendant deux ans, dans une relation qui n’avait même pas eu lieu. Oh mon Dieu. De nouvelles mais habituelles larmes lui coulent sur les joues, à ce rythme, des sillons se sont creusés sur son visage et elle a vieilli de trente ans. Qu’est-ce que ses parents diraient s' ils la voyaient dans cet état? Elle ne se souvient pas d’avoir déjà vu sa mère dans un état pareil. Des pleurs, oui, des cris, quelques fois, de la frustration, certaines. Mais…. ça? 

Encore une fois, une nouvelle vague de tristesse s’empare d’elle, la faisant s’affaler sur son fauteuil ou elle est vautrée depuis quelques jours. Le velours des draps reçoit des pleurs à n'en plus finir. Elle ne pouvait plus mettre les pieds dans sa chambre tant la pièce renferme des souvenirs des deux dernières années. Lorsque l’appel d’un lit se faisait trop fort, la chambre d’amis lui servait de sanctuaire. Finalement, tout son appartement se trouvait dans un état déplorable qui n'était pas du tout ce qu’elle aimait. La honte, la peur et un sentiment d’abandon prennent la place de son cœur brisé par le seul homme qu’elle a aimé le plus pendant ces derniers temps. 

Est-ce vrai que l’on peut mourir de chagrin? G****e préférait le terme de "cœur brisé" mais en ce moment, le mal de son organe vital s’est répandu dans tout son corps et fait en sorte de ne laisser aucune place pour quoi que ce soit de bon.

Pleurant sur son mobilier, elle s’endormit pour se réveiller grâce à des petits coups donnés à sa porte d'entrée. Ne voulant pas se lever pour quoi que ce soit, la jeune brune se dit que la personne allait finir par partir et la laisser tranquille. Comme prévu, après quelques minutes, elle n’entendit plus les coups à la porte mais perçut une sorte de frottement. Rassemblant ses forces, Colleen se lève et marche lentement vers la porte d'entrée et découvre une enveloppe blanche sans doute glissée sous la porte, avec un soupir, elle s'accroupit et l’ouvre. 

Salut soeurette, 

On s'inquiète pour toi. Maman est passée me voir et elle voulait aussi passer chez toi mais j’ai dû lui dire que tu es parti à la dernière minute pour une réunion quelconque. je ne crois pas qu’elle m’a cru mais au moins tu as jusqu'à la fin de la semaine pour l'appeler ou bien elle débarque avec la police la prochaine fois. 

Mateo a déposé de la nourriture pour toi en sortant du travail, il a dit “de Mama”, je crois que ça veut dire que le plat vient de sa mère, mais je ne suis pas sûr. Il a aussi dit que Ida et Misha s'inquiètent mais de leur côté, ne peuvent pas trop se libérer en ce moment donc elles ont pensé à t’envoyer de la nourriture et deux trois choses qui te feraient du bien. On s’est amusés un peu avec et on espère que tu aimeras.

Elena et moi avons aussi mis deux trois trucs qu’on pense que tu aimerais avoir. Tu me manques beaucoup beaucoup. 

On doit parler. J’ai deux trois choses à te dire. 

Je t’aime. 

Jack”

La lettre de son frère, écrite avec deux plumes différentes pour sur, lui met un baume au cœur. Elle ne pensait pas sentir cette chaleur d'aussitôt mais dans un sens, elle est contente que cette lettre lui soit parvenue. 

Il était presque cinq heures et la faim lui tiraillait l’estomac. Elle s’empresse d’ouvrir la porte de peur que quelqu’un ne vole son present et decouvre une grosse boite blanche ecrit “LYLY” dessus en noir. Elle la soulève avec un petit grognement et referme la porte derrière elle. 

En soulevant le couvercle, Colleen decouvre une multitude de choses couvertes de papier cadeau et dont des numeros etaient inscrits dessus au feutre noir. Une enveloppe était placée au centre de la boite, en la prenant, un bol apparaît et devine que c’est le plat de Mateo dont Jack a parlé. La nourriture est sa priorité en ce moment, les effluves du plat lui parviennent jusqu'à l'estomac ce qui provoque un grognement de la part de ce dernier. Elle retire le bol et dessous, il y avait encore des petits bols. La jeune femme mets le tout sur le contoir de sa cuisine et prodere a l’enlevement de toutes les couvertures des bols et bocaux contenant ce qui, de minutes en minutes, devenait ce qui lui manquait le plus en ce moment: de la bonne nourriture. 

Colleen découvre un bol contenant de la sauce, un autre bol avec du riz, un autre avec des tortillas molles et enfin un bol avec de la salade coupée. Elle croit que c’est de la birria, un plat qu’elle voulait goûter depuis quelque temps mais qui n’a pas été possible du fait de son éloignement de ses seuls amis hispaniques. La honte s’empare encore d’elle mais la faim prend rapidement le dessus et sans attendre, cherchant un bol vide et une cuillère propre, notre chère romantique désespérée plonge la tête la première dans ce qu'était son premier vrai repas depuis la mort de son adore Marco Polo. 

Avec un certain temps, finissant un deuxième bol de riz, Colleen lève la tête vers l’horloge murale et remarque qu’une bonne heure s’est écoulée depuis qu’elle a pris la boite. Remercier ses amis et ses frères devrait être la moindre des choses à faire. 

Après quelques minutes de recherche, elle découvre son téléphone au sol, sous les draps de sa deuxième chambre, éteint, faute de charge. En attendant que celui-ci soit en état de marche, elle ouvre l’enveloppe de la boite et y trouve deux feuilles. Une autre lettre qui explique comment marche le petit jeu qu’ils ont mis en place pour qu'elle découvre les cadeaux que ses amis lui ont offerts. L’un d’entre eux disait: 

#4 Si tu veux quelque chose de chaud pour t’aider à surmonter le froid qui s’annonce dans les prochaines semaines. Seattle sera sous la pluie pendant un certain temps ma belle. Bizou. XOXO.

Cela venait sans doute de Misha. En ouvrant le paquet intitulé #4, elle découvre deux paires de chaussettes longues: l’une dans le thème de “La Princesse et la Grenouille”, de Disney et l’autre représentant des tournesols. Un sourire se peignit sur ses lèvres et se promit de mettre une paire ce soir. 

Son téléphone se met soudainement à sonner. Des notifications montent les unes après les autres sans répit. Elle du le mettre sous silence. Plusieurs fois le nom d’Emmett monte à l'écran, faisant grandir son anxiété. Son frère n’a jamais aimé être ignoré. Surtout lorsque l’autre n’allait pas bien. Elle va entendre de ses nouvelles. 

Ensuite, une nouvelle notification monte, d’un numéro inconnu.

Salut, c’est Alex.”

Alex? 

Sous la notification, apparaît le dernier message d’Emmett: 

“J’ai l’autorisation de venir plus tôt que prévu. On se voit dans trois jours. Avec Alex.”

Mais c’est qui Alex à la fin?

Related chapters

Latest chapter

DMCA.com Protection Status