Chapitre 2

Le matin se leva sur le village de Thalor, et je pouvais sentir une tension palpable dans l’air. Après la nuit tumultueuse que je venais de vivre, le soleil peinait à percer les nuages lourds d’angoisse qui planaient au-dessus des maisons. Les villageois, encore endormis, se réveillaient déjà en chuchotant, leurs voix emplies de curiosité et d’inquiétude. La nouvelle de la marque sur mon poignet s’était répandue comme une traînée de poudre, et les anciens du village, gardiens des traditions, s’étaient rassemblés sur la place centrale.

Je me tenais là, au milieu de la place, le cœur battant la chamade. Je n'avais pas encore digéré ce qui m'était arrivé. La marque pulsait d’une chaleur mystérieuse, et je ressentais les regards des villageois sur moi. Certains étaient curieux, d’autres effrayés. L’atmosphère était chargée de murmures anxieux.

« Regardez ! » s’écria un vieil homme à la barbe blanche, désignant mon poignet. « C’est la marque de Nyxia, je le sens ! »

Les murmures se multiplièrent autour de moi, et je me sentis de plus en plus mal à l’aise. Que signifiait cette marque ? Pourquoi moi ? J’avais toujours été un jeune homme ordinaire, sans histoire. Les anciens, leurs visages marqués par l’inquiétude, échangèrent des regards significatifs, comme s’ils comprenaient quelque chose de crucial.

« Il est temps de consulter les anciens textes, » déclara Elrohir, le sage du village. Ses yeux perçants semblaient voir au-delà du monde matériel. « Cette marque n’est pas un simple ornement, c’est un signe, un lien avec la Déesse de la Nuit. »

Une femme, que je reconnaissais comme l’une des plus âgées du village, murmura avec une lueur de crainte dans ses yeux. « Une prophétie oubliée depuis des siècles… »

À ces mots, un frisson d’angoisse parcourut mon échine. La mention d’une prophétie me terrifiait. Que pouvait-elle signifier pour moi ? Je n’étais pas un élu, pas un héros.

« Écoutez, » reprit Elrohir, sa voix grave résonnant dans ce silence chargé. « 'Un mortel sera choisi et promis à la Déesse de la Nuit, son serviteur et amour à jamais.' C’est ce que dit la prophétie. »

Les murmures s’élevèrent à nouveau, certains villageois affichant une peur palpable, tandis que d’autres, intrigués, voyaient en moi un élu. Je me sentais comme une proie, partagé entre l’angoisse et une étrange curiosité. Pourquoi moi ? Qu’est-ce qui me liait à Nyxia ?

« Non, cela ne peut pas être vrai, » intervint mon père, Toren, qui avait rejoint le groupe, le visage marqué par l’inquiétude. « Nous ne pouvons pas sacrifier notre fils à une déesse ! »

« Sacrifice ? » s’exclama une femme du village. « Ne voyez-vous pas ? Il pourrait être notre salut ! Un élu, un lien avec Nyxia pourrait nous protéger des ténèbres qui nous guettent. »

Je me tenais là, accablé par les mots de ceux qui m’entouraient. L’idée de devenir un sacrifice me terrifiait. Je murmurai, « Je ne veux pas… » mais ma voix se perdit dans le tumulte ambiant.

« Nous devons réfléchir à cela avec prudence, » poursuivit Elrohir, scrutant les visages inquiets. « La prophétie est un avertissement, mais elle peut aussi être une opportunité. »

Les débats se poursuivaient, chacun exprimant ses craintes ou ses espoirs. Je me sentais de plus en plus perdu, incapable de me faire entendre. La peur de mes parents, la curiosité de certains villageois, tout cela me plongeait dans un tourbillon d’émotions contradictoires.

« Écoutez-moi, » intervint finalement ma mère, Anya, qui s’était tenue en retrait jusqu’alors. Elle s’avança, le cœur lourd de préoccupation. « Je suis l’avocate de mon fils. Peu importe ce que cette prophétie dit, Elian est avant tout notre enfant. »

« Mais, Anya, » rétorqua Toren, inquiet. « Et si c’était notre seule chance de sauver le village ? »

« Sauver le village ? » s’écria Anya, la voix tremblante. « Pas au prix de notre fils ! »

Je me sentis partagé entre l’amour de ma mère et l’angoisse de mon père. J’étais tiraillé entre le désir de protéger ma famille et l’appel mystérieux qui semblait émaner de la marque sur mon poignet. « Peut-être… peut-être que je devrais essayer, » murmurai-je finalement, ma voix hésitante. « Peut-être que je dois comprendre ce que cela signifie vraiment. »

« Non, Elian ! » s’écria Toren, la frustration éclatant dans sa voix. « Ne te laisse pas entraîner dans cette folie ! »

« Tu ne peux pas prendre cette décision seul, » ajouta Maele, ma tante, qui était restée silencieuse jusqu'à présent. « Ce lien que tu ressens est puissant, mais il est aussi dangereux. »

Je cherchai le soutien des yeux de ma mère, mais je trouvai seulement de l’angoisse. La tension dans l’air était palpable, et je savais que le village était divisé. Comment pouvais-je prendre une décision alors qu’ils se débattaient tous dans l’incertitude ?

« Nous devons consulter les anciens textes, » répéta Elrohir, son regard perçant se posant sur moi. « Ce que tu ressens, ce que tu portes, cela ne doit pas être pris à la légère. »

J’acquiesçai, le cœur lourd. Je n’avais pas le choix. Je devais comprendre ce que cela impliquait, même si cela signifiait faire face à mes plus grandes peurs.

Alors que la journée avançait, les villageois se dispersèrent, chacun emportant avec lui ses peurs et ses espoirs. Je rentrai chez moi, l’esprit en ébullition. La marque sur mon poignet semblait brûler, une constante présence qui me reliait à quelque chose de plus grand que moi.

En entrant dans la maison, je trouvai ma mère assise sur une chaise, le visage inquiet. « Elian, je suis si préoccupée par tout cela, » dit-elle, la voix tremblante. « Je veux que tu sois en sécurité. »

« Je sais, Maman, » répondis-je, m’asseyant à côté d'elle. « Mais je sens que je dois comprendre ce qui se passe. J’ai peur, mais… il y a aussi une partie de moi qui est curieuse. »

« La curiosité est dangereuse, » murmura Anya, prenant ma main. « Je ne veux pas te perdre, mon fils. »

« Je ne veux pas non plus, » répondis-je, le cœur lourd. « Mais je ne peux pas ignorer cette marque. Elle fait partie de moi maintenant. »

La nuit tomba lentement sur le village, et la tension monta. Je me préparai à affronter la réalité de ma nouvelle existence, mon cœur battant à tout rompre. Je savais que ce qui allait se passer changerait ma vie à jamais.

Les heures passèrent lentement, et alors que la lune se levait dans le ciel étoilé, je me sentis prêt à faire face à ce qui m’attendait. L’appel de Nyxia, bien que mystérieux, me poussait à avancer, et je savais que je ne pouvais plus reculer.