LÉALe matin est clair. Trop clair pour une nuit aussi sauvage.Je suis encore nue, enveloppée dans les draps. Nathan s’est levé avant moi, et je l’entends, dans la cuisine ouverte, faire couler du café. L’odeur me parvient doucement, mélangée à celle de la pluie sur les vitres et de son parfum sur mes poignets.Il n’a pas remis de chemise.Je le regarde, torse nu, dans son appartement si vaste, si calme, si étrangement habité maintenant que j’y suis.Il me sent, se retourne.Son regard me brûle autant qu’il me rassure.— Tu veux du sucre ? demande-t-il, comme si on était un couple ordinaire, un lundi matin comme un autre.Je souris doucement.— Juste toi.Il rit, secoue la tête, puis revient vers le lit avec deux tasses. Il me tend la mienne, s’installe à côté de moi, le dos contre la tête de lit, sa cuisse contre la mienne. Le silence n’est pas pesant. Il est dense. Chargé.Je bois une gorgée. Puis je le regarde. Longuement.— Tu sais ce que j’ai ressenti, cette nuit ?Il hoche douc
LÉAQuand j’ouvre les yeux, la lumière filtre à peine entre les rideaux.Un matin silencieux. Suspendu. Comme si l’univers, lui aussi, retenait son souffle.Je suis nue. Étendue sur les draps défaits.Mon corps est une carte. Marquée. Vibrante. Tracée par la nuit.Chaque parcelle de peau garde la mémoire de ses mains.De ses morsures.De ses mots.Il est là, encore. Nathan.Allongé sur le côté, à demi éveillé, sa main posée sur ma hanche comme une promesse non formulée.Il ne parle pas. Ne bouge pas.Mais je sens son corps déjà réactif, tendu, prêt.Et moi, je brûle.Ce n’est pas du désir léger.Pas cette impatience adolescente qui mord les nerfs et puis disparaît.C’est un feu plus profond. Ancré.Un manque viscéral. Animal.Je me glisse à califourchon sur lui.Sa peau est chaude. Son souffle s’accélère. Il entrouvre les yeux.— Léa...Sa voix est encore grave, froissée de sommeil.Mais je la sens vibrer jusque dans mon ventre.— Tu comptes me laisser dormir, ou…Je ne le laisse pas
LÉAIl y a un moment, entre le souffle et le silence, où tout bascule.Je suis blottie contre lui sur le canapé. Mes paupières sont lourdes, ma respiration lente. Nathan joue distraitement avec une mèche de mes cheveux, ses doigts glissent dans ma nuque comme s’il voulait mémoriser chaque frisson.Et puis il s’arrête.Je sens son regard sur moi. Intense. Trop chargé pour être innocent.Quand j’ouvre les yeux, il est là. Penché au-dessus de moi. Ses iris sombres me scrutent avec une douceur retenue, une faim qu’il ne masque plus.— Léa...Il murmure mon prénom comme une offrande. Comme s’il craignait que je disparaisse.Je tends la main. La pose contre sa joue. Mon pouce suit la ligne de sa mâchoire, puis s’arrête au coin de ses lèvres.— Ne retiens rien.Il ne demande pas "tu es sûre ?", pas "tu veux ?". Il sait. Parce que c’est là, dans mon regard. Parce que tout en moi le réclame. Ce n’est pas un caprice. Ni une pulsion.C’est une évidence.Ce corps-là. Ces mains-là. Cette bouche. C
LÉALe bruissement de ma robe contre ma peau est le seul son dans la voiture.Nathan ne parle pas. Il conduit comme il respire : avec cette maîtrise tranquille, cette manière de faire taire le monde autour de lui.Je regarde la ville par la vitre. Les rues sont calmes. Paris n’est plus qu’un murmure d’étoiles et de pavés.Quand on arrive devant le portail, les lumières du jardin s’allument automatiquement.On descend sans un mot.Mais ses doigts effleurent les miens, juste assez pour dire : je suis là.À l’intérieur, tout est paisible.Pas de domestique ce soir. Pas de champagne. Pas de luxe qui déborde.Juste une lumière douce dans le salon, un plaid oublié sur le canapé, une vieille playlist qu’il met en fond sonore du jazz feutré, presque absent.Je retire mes talons, m’étire avec un soupir.Nathan m’observe depuis la baie vitrée, un verre d’eau à la main. Il a desserré son nœud papillon, ouvert les deux premiers boutons de sa chemise.Mais c’est son regard qui est différent.Moins
LÉAQuand je descends de la voiture, j’ai l’impression d’entrer dans un rêve qui ne m’appartient pas encore.Le parvis de l’opéra scintille sous les réverbères. Les marches de pierre blanche, les dorures, les colonnes monumentales. Des silhouettes élégantes passent devant moi, glissent en robes longues ou smokings bien coupés, chuchotent, sourient comme s’ils faisaient tous partie d’un décor qu’ils maîtrisent depuis toujours.Nathan me tend la main.Costume noir taillé sur mesure. Nœud papillon défait, volontairement. Cheveux en arrière, regard posé.Et moi ?Une robe en satin ivoire qu’il m’a laissée sur le lit avant de partir. Dos nu. Délicate mais dangereuse.Une paire d’escarpins vertigineux que j’ai mis quinze minutes à apprivoiser.Et un collier fin, presque invisible, qui épouse la courbe de ma clavicule.Je glisse mes doigts dans les siens.Il ne dit rien.Mais ses yeux me parlent et dans ce regard, je lis : tu es là. Enfin. À ma place. À la tienne.On nous guide jusqu’à une l
LÉALe soleil commence à décliner, dorant les vitres teintées de la voiture.Nathan conduit sans vraiment parler, une main posée nonchalamment sur le volant en cuir. L’intérieur est feutré, silencieux, presque irréel tout est luxe discret, technologie effacée, lignes parfaites. Le genre de voiture qui coûte plus que mon appartement et que je n’aurais même pas osé regarder en rêve, avant lui.Mais là, je suis juste… bien.Une glace à la vanille à moitié fondue dans une serviette en lin brodé sur mes genoux, Nathan qui marmonne qu’il va m’initier aux “vrais classiques du cinéma”, et moi qui prétends râler, juste pour le plaisir de le faire sourire.Il tourne dans une allée privée, bordée d’arbres centenaires. L’un de ses hôtels particuliers pas le plus grand, mais celui qu’il appelle le nôtre, quand personne n’écoute.Et c’est là que mon téléphone vibre.Je jette un œil à l’écran, sans vraiment réfléchir.Julien.Mon estomac se contracte immédiatement. Comme un mauvais réflexe. Comme un