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chapitre 4 prisonnière

Author: EVY
last update Last Updated: 2025-08-19 04:08:26

Le lendemain matin, je me réveille dans un calme presque irréel. Le soleil filtre doucement à travers les rideaux. Hardin est déjà parti, mais pour la première fois depuis mon arrivée, je me sens étrangement apaisée.

Je prends mon petit-déjeuner dans la grande salle à manger, entourée de domestiques qui s’affairent discrètement. Je souris, je leur parle un peu, comme si j’essayais d’apprivoiser cet endroit. Je déambule ensuite dans les couloirs, caresse les murs, observe les tableaux, me surprenant à penser : cette maison pourrait devenir un vrai chez-moi.

Mais l’illusion ne dure pas.

En début d’après-midi, alors que je traverse le couloir qui mène au jardin, des voix attirent mon attention. Je m’approche discrètement d’une fenêtre donnant sur la cour. Mon cœur s’emballe : Hardin est là, en pleine conversation avec un homme que je n’ai jamais vu auparavant.

L’inconnu parle vite, nerveusement, gesticulant avec ses mains. Hardin, lui, reste immobile, les bras croisés, son regard glacial fixé sur lui. Je m’avance un peu plus, collée contre la vitre pour entendre. Les mots sont trop lointains, mais je comprends à leur ton que ce n’est pas une simple discussion.

Soudain, le geste est rapide, précis, presque irréel. Un éclat métallique, puis le bruit sourd d’un tir.

Le corps de l’homme s’effondre à ses pieds.

Je reste figée, incapable de bouger, ma main plaquée contre ma bouche pour étouffer un cri. Le sang s’étend sur le sol pavé de la cour. Hardin ne bronche pas, son expression reste glaciale. Comme si tout cela n’avait aucune importance.

— Nettoyez ça, ordonne-t-il d’une voix ferme aux employés qui accourent.

Ils se mettent immédiatement à l’ouvrage, sans poser la moindre question.

Alors qu’il tourne la tête pour partir, son regard croise le mien à travers la fenêtre. Ses yeux noirs, froids, me transpercent. Un avertissement muet. Je recule d’un pas, tremblante.

Il détourne aussitôt le regard et disparaît, me laissant pétrifiée devant la scène macabre.

---

Je monte dans ma chambre d’un pas précipité, le cœur battant la chamade. Les images reviennent en boucle : le coup de feu, le corps qui s’effondre, le sang… Je claque la porte derrière moi, m’adosse au bois, respirant difficilement.

Quand je relève la tête, je sursaute.

Hardin est assis sur le fauteuil, dans l’ombre, comme s’il m’attendait. Ses coudes reposent sur ses genoux, ses mains jointes, son regard noir fixé sur moi.

— Tu as vu quelque chose que tu n’aurais pas dû voir, dit-il d’une voix basse, dangereusement calme.

Je reste figée, incapable d’articuler un mot. Mon corps entier tremble. Il se lève lentement, s’approche de moi, chaque pas résonnant comme un coup de tonnerre dans la chambre silencieuse.

Il se place juste devant moi, si près que je sens à nouveau son souffle sur ma peau. Ses doigts glissent doucement sur ma joue, contraste terrifiant avec la violence que je viens d’apercevoir.

— Maria… murmure-t-il. Tu savais que tu étais entrée dans mon monde. Mais es-tu vraiment prête à y rester ?

Ses doigts restent posés sur ma joue, traçant une ligne lente jusqu’à mon menton. Son regard est sombre, mais ses lèvres s’étirent en un sourire à peine perceptible.

— Tu as peur de moi… et pourtant, tu ne détournes pas les yeux.

Sa voix basse, rauque, glisse sur ma peau comme une caresse brûlante. Ma gorge se serre, incapable de répondre. Il se penche, son souffle effleurant mon oreille.

— Tu viens de voir ce que je suis vraiment, Maria. Un homme qui n’hésite pas. Un homme que tout le monde craint. Mais toi… toi, tu es différente.

Ses mains glissent sur mes épaules, puis longent mes bras pour venir se refermer sur mes poignets. D’un geste sec, il les plaque contre la porte derrière moi. Mon cœur bat à tout rompre. J’ai peur… et pourtant, une chaleur trouble envahit mon ventre.

— Tu devrais fuir… mais regarde-toi, souffle-t-il en approchant son visage du mien. Tu trembles… pas seulement de peur.

Ses lèvres effleurent les miennes, sans me donner vraiment le baiser. Il me teste, me provoque. Je ferme les yeux malgré moi, et un sourire satisfait s’étire sur son visage.

Il lâche mes poignets pour glisser ses mains sur ma taille, puis plus bas, me serrant contre son corps dur. Je sens l’évidence de son désir, aussi violent que le coup qu’il a donné quelques heures plus tôt.

— Ce monde est dangereux, Maria. Moi, je suis dangereux. Mais si tu restes à mes côtés… tu seras à la fois en danger et en sécurité.

Ses lèvres se posent enfin sur les miennes, brutales, possessives. Le baiser est profond, sauvage, comme une prise de contrôle. Ses mains se glissent sous ma robe, relevant le tissu avec impatience. Je gémis malgré moi, partagée entre la peur et ce besoin brûlant de lui.

Il m’attire jusqu’au lit et me fait basculer en arrière, son corps venant recouvrir le mien. Ses yeux plongent dans les miens, noirs, intenses.

— Tu es à moi, Maria. Même si tu trembles, même si tu me hais parfois… tu resteras mienne.

Son baiser dévore ma bouche, ses mains explorent chaque recoin de mon corps avec une ardeur incontrôlée. La peur se mêle au plaisir, m’emprisonnant dans un tourbillon dont je ne veux plus sortir.

Son baiser s’intensifie, m’arrachant presque le souffle. Ses mains serrent ma taille comme s’il voulait m’ancrer à lui pour toujours. Je sens chaque ligne de son corps peser sur le mien, son désir évident, sa chaleur envahissante.

Pourtant, au lieu d’aller plus loin, il s’interrompt brusquement. Son front reste collé au mien, ses yeux plongés dans les miens, noirs, brûlants.

— Tu vois, Maria ? murmure-t-il d’une voix basse et dure. Tu as peur… mais tu ne peux pas me repousser.

Sa main glisse le long de ma gorge, s’arrête juste sous mon menton, exerçant une légère pression qui me fait frissonner. Ni violente, ni douce… juste assez pour rappeler qu’il a tout contrôle.

— C’est ça, mon monde. Le danger, la mort… et moi. Tu ne peux pas t’échapper.

Il me relâche soudain, se redresse et me laisse allongée sur le lit, tremblante. Ses yeux me fixent encore, et un sourire énigmatique traverse son visage.

— Retiens bien une chose… si tu as vu ce que j’ai fait aujourd’hui, c’est parce que je t’ai laissée voir.

Il recule, son ombre se détachant dans la lumière tamisée de la chambre. Avant de quitter la pièce, il ajoute d’une voix glaciale :

— Tu es à moi, Maria. Quoi qu’il arrive.

La porte se referme derrière lui, me laissant seule avec le goût amer de sa passion et l’image sanglante de la cour imprimée dans ma mémoire.

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