INICIAR SESIÓNRaven et Jade se rencontrent dans une agence de mannequinat notoire de Soho, un antre de néons et de rêves brisés. Dans le brouillard perpétuel de la Tamise, elles reconnaissent instantanément en l'autre la même cicatrice : une enfance volée. Leur alliance nait dans les pubs enfumés et les chambres d'hôtel miteux de King's Cross. Leur relation charnelle est un orage londonien : violent, purificateur et désespéré, un moyen de sentir la chaleur à travers le froid qui les habite. Leur ascension les mène des podiums de Fashion Week aux soirées privées et crapuleuses dans les penthouses de Mayfair et les docks de Wapping. C'est là qu'elles croisent la route des Krayton, une fratrie mafieuse qui règne sur les arrière-salles de la City et le trafic d'influence. Pour ces hommes, éduqués à Eton mais élevés dans la cruauté, les filles sont à la fois des trophées, des outils et des jouets. Les "dettes" se paient en services rendus dans les sombres ruelles de Brick Lane ou les boîtes de nuit exclusives de Soho. La violence des Krayton est froide, méthodique, typiquement britannique dans son hypocrisie meurtrière. Elle réveille en écho les blessures de Raven et de Jade, qui apprennent à naviguer dans ce monde sans pitié. Leur sexualité, déjà tordue, devient une monnaie noire et une dague qu'elles aiguisent contre leurs bourreaux, jouant un jeu mortel de séduction et de trahison. Mais le brouillard de Londres cache tous les secrets. Les fantômes de leur passé , un père qui refait surface, une mère qui menace de tout révéler , ressurgissent au moment où les Krayton, lassés de leur insolence, décident de "régler le problème".
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La pluie frappe les vitres du taxi comme des aiguilles. De l’autre côté de la vitre, Londres défile, un tableau de lumières floues et de formes sombres. Les néons de Soho se reflètent sur l’asphalte mouillé, traçant des chemins de couleurs vives qui s’éteignent aussitôt. Je serre mon sac contre moi. C’est un geste réflexe. Une armure. À l’intérieur, mon book, mon passeport pour l’enfer. Et un couteau. Une autre sorte d’armure.
Le taxi s’arrête dans une rue étroite, devant une façade discrète, noire, marquée seulement d’un numéro en acier brossé. L’Agence. Un nom qui se veut neutre, comme pour mieux cacher la viande qui s’y vend. Je règle le chauffeur sans un mot et sors, laissant la chaleur moite du véhicule pour l’humidité glaciale de la nuit londonienne.
La porte s’ouvre sur un silence feutré. Un hall immense, aux murs de béton et au sol en béton ciré. Des portraits de filles au visage de marbre sont accrochés partout, leurs yeux vides semblent me suivre. L’air sent le parfum cher et la javel. Une femme en tailleur strict, sévère, s’avance. Son sourire est aussi faux que les cils qu’elle colle chaque matin.
— Raven, enfin. On vous attend. Suivez-moi.
Je la suis, mes talons claquant sur le sol, un bruit sec qui se perd dans l’immensité du lieu. Nous traversons des espaces ouverts où d’autres filles sont parquées, certaines s’étirant, d’autres fixant leur reflet avec une intensité mortuaire. Elles se jaugent, se toisent. Des louves dans une cage de verre et d’acier. Je les ignore. Je sais pourquoi je suis ici. Pas pour les amitiés. Pour survivre.
On me dirige vers un studio de casting. Une pièce blanche, aveuglante. Un homme, assis derrière une table, lève les yeux à mon entrée. Il a le regard fatigué et vorace à la fois.
— Alors, c’est la nouvelle? Déshabillez-vous. On veut voir la marchandise.
Ses mots sont crus, mais ils ne me blessent pas. Ils sont attendus. Mon père utilisait des mots différents, mais le sens était le même. Je suis une chose à évaluer, à utiliser. Je fais tomber mon manteau, puis ma robe. Je reste debout, en sous-vêtements, sous la lumière crue. La froideur de l’air sur ma peau est un rappel. Je ne claque pas des dents. Je ne baisse pas les yeux. Je fixe un point au loin, sur le mur blanc, et je m’évade. C’est une technique que j’ai perfectionnée. Mon corps est ici, offert, mais mon esprit est ailleurs. Loin.
— Tournez-vous.
J’obéis. Mes mouvements sont mécaniques. Je sens leurs yeux sur moi, sur la fine cicatrice que j’ai sur les côtes, un cadeau de mon père. Sur la fragilité que je cache sous une carapace de glace. Ils chuchotent. Des mots comme « potentiel », « look unique », « sale gamine ».
Soudain, la porte du studio s’ouvre, perturbant la sinistre litanie.
Une fille entre. Elle ne devrait pas être là. Elle est désorientée, son regard balayant la pièce avant de se poser sur moi. Sur nous. Tout sur elle crie la richesse et le désespoir. Des bottes en cuir souple, un manteau d’une coupe impeccable, mais ses yeux… Ses yeux sont des abîmes. Je les reconnais immédiatement. Ce sont les miens.
Le photographe gronde.
— Hors de là ! C’est un casting privé !
La fille recule, murmurant des excuses, mais son regard croise le mien une dernière fois. Ce n’est pas de la curiosité. C’est de la reconnaissance. Pure et simple. Elle voit la fissure en moi. Et je vois la sienne. C’est comme se regarder dans un miroir déformant, où l’on reconnaît la douleur, mais pas son origine.
Puis elle est partie. La porte se referme. Le sort est rompu.
— Habillez-vous, la gamine. On vous rappellera.
Je m’habille, mes doigts étrangement engourdis. La froideur habituelle me revient, mais elle est troublée. L’image de cette fille, de ses yeux, reste brûlée au fond de moi.
Plus tard, je me retrouve dans un café bruyant de Soho, serrant une tasse de thé entre mes mains pour retrouver un peu de chaleur. La pluie n’a jamais cessé. La vitre est embuée. Je sursaute quand une silhouette s’assoit en face de moi. C’est elle.
Elle ne dit rien d’abord. Elle me regarde, vraiment me regarde, sans le filtre évaluateur des autres. Son visage est d’une pâleur laiteuse, ses traits d’une finesse presque douloureuse.
— Je m’appelle Jade, dit-elle finalement. Sa voix est plus douce que je ne l’imaginais, mais avec une rauque sous-currente.
Je hoche la tête, lentement.
—Raven.
— Je… je suis désolée pour tout à l’heure. Je cherchais les toilettes.
— Ce n’est pas grave.
Un silence s’installe, chargé de tout ce que nous ne disons pas. Les bruits du café—les tasses qui s’entrechoquent, les rires forcés—semblent très lointains.
— Ils te font sentir comme de la merde, n’est-ce pas ? chuchote-t-elle en fixant sa propre tasse. Comme si tu n’étais rien. Comme si tu n’avais jamais été rien.
Ses mots me transpercent. C’est exactement ça. C’est la sensation que j’ai eue toute ma vie. Je ne réponds pas. Je n’ai pas besoin de le faire. Elle le sait.
— Ma mère, reprend-elle, les yeux toujours baissés. Elle me présentait à ses amis comme sa « plus belle création ». Sa poupée. Elle me louait pour des weekends, tu vois ? Pour impressionner ses amants. Pour montrer qu’elle avait une fille parfaite.
L’aveu est jeté sur la table, cru, sanglant. Ce n’est pas une question de confiance. C’est un besoin. Le besoin de dire à quelqu’un qui comprendra. Qui ne sera pas horrifié, mais qui hochera la tête, parce que l’horreur, c’est notre langage maternel.
Je lève les yeux vers elle. La bulle de silence autour de nous est presque tangible.
— Mon père, dis-je, ma voix étrangement calme. Il préférait les poings aux mots. Il disait que ça rendait les gens plus forts. Il a essayé de me rendre forte pendant des années.
Je vois son regard se poser sur ma joue, comme s’il cherchait la trace des coups. Il n’y en a plus. Elles sont ailleurs, plus profondes.
— On ne s’en sort jamais vraiment, n’est-ce pas ? murmure-t-elle. On apprend juste à mieux le cacher.
— Ou on apprend à s’en servir, je corrige.
Je tends la main et, avec une lenteur calculée, j’effleure le dos de sa main posée sur la table. Ce n’est pas une caresse. C’est une prise de contact. Une vérification. Sa peau est douce, mais je sens un frisson la parcourir. Un frisson qui n’a rien à voir avec le froid. Ses yeux se lèvent, écarquillés, un mélange de surprise et de… d’attente.
— Ils veulent de la marchandise ? Je souffle, me penchant légèrement vers elle. Ils veulent du spectacle ? Donnons-leur un spectacle qu’ils ne sont pas prêts d’oublier.
Je retire ma main. L’empreinte de mes doigts semble brûler sur sa peau. Elle respire plus vite. La peur est là, je la sens, je la goûte presque. Mais il y a autre chose. Une lueur. Une étincelle sombre qui s’allume au fond de ses yeux abîmés. C’est la même que la mienne. La rage.
— À deux, chuchoté-je, c’est nous qui tenons le couteau.
Elle ne dit pas oui. Elle ne dit pas non. Elle me regarde, et dans ce regard, je vois le pacte se sceller. Silencieusement. Irrévocablement. Le thé refroidit entre nous, mais une chaleur nouvelle, dangereuse et vitale, commence à naître dans la pénombre du café. Nous ne sommes plus deux filles perdues. Nous sommes une arme qui s’est trouvée elle-même. Et Londres, avec toutes ses ombres, ne sait pas encore ce qui l’attend.
JadeL'invitation arrive dans une enveloppe de soie, lourde et cérémonieuse. Elle est déposée sur la table en verre de notre loft par un coursier silencieux qui disparaît avant même que nous n'ayons pu prononcer un mot. Raven la déchire, ses doigts fins et pâles contrastant avec le papier épais.— Un dîner. Chez eux. À Chelsea, annonce-t-elle, la voix neutre.Un frisson glacial me parcourt l'échine. Chelsea. Leur antre. Ce n'est pas une invitation, c'est une convocation. Après des semaines de relatif silence, les loups montrent à nouveau les dents.— On n'est pas obligées d'y aller, dis-je, sachant déjà la réponse.Raven lève les yeux, son regard noir est un puits de détermination.— Si. On y va. C'est là que le jeu se joue.La soirée arrive trop vite. La Bentley qui vient nous chercher est un cercueil roulant aux vitres teintées. Le trajet jusqu'à Chelsea se déroule dans un silence de plomb. Je me tiens raide sur la banquette de cuir, ma robe ivoire – un choix délibéré de pureté fact
Leo KraytonLa Bentley glisse dans la nuit londonienne, un poisson noir dans les eaux huileuses de la Tamise. Je regarde défiler les lumières de la ville, mais je ne les vois pas. Je vois leurs visages. Ces deux garces. Ces deux petites putes de luxe qui croient pouvoir jouer dans notre cour.— Elles deviennent ingérables, Silas. La noiraude, surtout.Mon frère, à mes côtés, roule un verre de cognac entre ses doigts. La colère émane de lui comme une chaleur malsaine.— La Raven ? Laisse-la moi. Je la briserai. Je la plierai jusqu’à ce qu’elle me supplie.Sa voix est un grognement. Il n’a pas digéré l’affront de la soirée. Moi non plus. Mais je vois plus loin que sa rage aveugle.— Ce n’est pas le but, frérot. Les briser, c’est gaspiller un investissement. Regarde les chiffres. La campagne « Nyx » a dépassé toutes nos prévisions. Elles valent de l’or. Un or qu’elles nous doivent.Je prends une longue bouffée de mon cigare, la fumée emplissant l’habitacle capitonné.— Le problème, c’est
RavenLes semaines suivant le casting de « Nyx » s’étirent, formant un étrange continuum où les frontières entre la performance et la réalité commencent à se brouiller. Nous sommes propulsées, c’est indéniable. Nos visages : son angélisme spectral, mon obscurité sauvage , s’affichent maintenant en double page des magazines. « Les sœurs de l’ombre », « Les visages de la nouvelle rébellion du luxe ». Les mots sont flatteurs, mais ils sentent le mensonge et la récupération. On nous a volé nos cicatrices pour en faire un argument marketing.Les séances pour « Nyx » sont des rituels épuisants, des exorcismes publics orchestrés par Giovanni, le photographe italien aux mains nerveuses et aux yeux trop brillants.— Jade ! Donne-moi cette fragilité qui tue ! Une rose avec des épines de rasoir ! Laisse-les voir la fêlure, cara ! Montre-leur à quel point il est dangereux de te désirer !—Raven ! Je veux voir la bête ! Pas l’apparence, la vraie ! Celle qui a survécu ! Lâche-la ! Crache ton venin
JadeLe studio sentait la sueur, le vernis à ongles et l'adrénaline. C'était le casting pour la campagne la plus convoitée de l'année : "Nyx", une marque de luxe au parfum d'ombre et de rébellion contrôlée. Une dizaine de filles, les meilleures de l'agence, se tenaient dans la pénombre, des guépards aux aguets dans leur tenue noire uniforme. Raven et moi étions parmi elles. Deux silhouettes complémentaires dans la pénombre. Moi, avec mes os saillants et ma pâleur de spectre, elle avec ses muscles tendus et son regard de braise.Leo et Silas Krayton étaient là, bien sûr. Assis à l'écart dans des fauteuils en cuir, ils observaient le défilé silencieux avec la décontraction des propriétaires d'un champ de courses. Leur présence était un rappel constant : ce casting n'était pas qu'une question de talent. C'était un test. Le premier depuis notre "partenariat".— Numéro 34. Jade.Ma gorge se serra. Je jetai un regard à Raven. Ses yeux noirs croisèrent les miens, un bref signe de tête, presq
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