Le lendemain matin, je m’attendais à me réveiller seule, hantée par les images de la veille. Mais lorsque j’ouvre les yeux, Hardin est déjà là, allongé à mes côtés. Son bras repose sur ma taille, son visage tout près du mien.
Il sourit doucement, comme si de rien n’était. — Bonjour, ma femme. Tu as bien dormi ? Ses doigts se perdent dans mes cheveux, les caressant avec une délicatesse qui contraste brutalement avec le souvenir du sang dans la cour. Mon cœur se serre, incapable de comprendre cet homme. Il se redresse, m’aide à m’asseoir et pose un plateau sur mes genoux. — J’ai fait préparer ton petit-déjeuner. Tu dois manger. Je baisse les yeux vers les crêpes, le jus d’orange, les fruits découpés avec soin. Ses attentions me troublent autant que sa cruauté d’hier. — Pourquoi tu fais ça ? demandé-je dans un souffle. Il penche la tête, ses yeux s’adoucissant. — Parce que tu es ma femme, Maria. Et parce que je veux que tu sois heureuse, ici. Il me dépose un baiser tendre sur la joue, puis un autre au creux de mon cou. Ses gestes sont doux, ses paroles rassurantes, comme si la scène sanglante de la veille n’avait jamais existé. — Ce monde est violent, mais je ne veux pas qu’il t’abîme. Toi, tu es mon refuge. Ses mots résonnent en moi. Une part de moi veut y croire. Une autre hurle que ce n’est qu’un masque. Mais ses yeux, sa chaleur, ses mains qui me tiennent… tout me donne envie de me perdre à nouveau en lui. Je m’entends murmurer malgré moi : — Je ne comprends pas qui tu es, Hardin. Il sourit doucement, ses lèvres effleurant mon front. — Tu n’as pas besoin de comprendre, Maria. Tu as juste besoin de rester près de moi. Dans l’après-midi, Hardin m’annonce qu’il veut m’emmener quelque part. Son ton ne laisse pas de place à la discussion. Je me prépare, le cœur battant, et descends le rejoindre. Une voiture noire nous attend devant la maison. À l’intérieur, le cuir est doux, l’air parfumé, tout est raffiné. Hardin s’installe près de moi, passe son bras autour de mes épaules comme un mari amoureux. Mais ses yeux fixés sur la route, sombres, me rappellent qu’il est aussi l’homme qui a ôté une vie la veille. Après un long trajet, nous arrivons devant un hôtel luxueux, presque irréel. Les lustres brillent comme des étoiles, le marbre étincelle sous nos pas. Hardin pose sa main sur le creux de mon dos et me guide à l’intérieur avec une tendresse déconcertante. — Je voulais que tu voies ce monde aussi, murmure-t-il à mon oreille. Pas seulement les ombres. On nous installe à une table privée, entourée de rideaux soyeux. Le repas est somptueux. Hardin ne me quitte pas des yeux, attentif au moindre de mes gestes, me resservant mon verre, me tendant les plats avec une courtoisie parfaite. Pour un instant, je pourrais presque croire que je suis simplement mariée à un homme puissant, amoureux, et non à un meurtrier. Mais cette illusion se brise quand deux hommes en costume s’approchent de notre table. Ils parlent à voix basse, glissant un dossier épais dans les mains de Hardin. Ses traits se durcissent aussitôt. Je sens son corps se tendre à côté du mien. Il referme le dossier, leur adresse un simple signe de tête, et les hommes disparaissent comme des ombres. Puis, comme si de rien n’était, il reprend ma main entre les siennes et m’offre un sourire. — Ne t’inquiète pas, Maria. Tu n’as rien à craindre tant que tu es avec moi. Son pouce caresse ma peau avec douceur, mais dans ses yeux, une lueur sombre persiste, comme une tempête contenue. Je me demande alors si ce monde luxueux n’est pas qu’une façade, un piège doré pour mieux m’enfermer à ses côtés. Le repas à peine terminé, Hardin me propose de monter sur la terrasse privée de l’hôtel. La vue est spectaculaire : la ville s’étend en contrebas, illuminée de mille feux. L’air est doux, presque apaisant. Je commence à me détendre, à croire à cette illusion fragile… jusqu’à ce que le portable d'hardin sonne je n'arrive pas à distinguer ce qu'ont lui dit mais un bruit sec attire mon attention. À quelques mètres de nous, derrière une cloison de verre, deux hommes en costume se disputent vivement avec un troisième. Les voix sont basses, mais je distingue des éclats de colère. Hardin, lui, ne semble pas surpris il observe puis Il pose son verre, se lève et me lance un regard qui glace mon sang. — Ne bouge pas. Il traverse la terrasse d’un pas assuré et rejoint le petit groupe. Les hommes se taisent aussitôt. Le silence est lourd, seulement brisé par le vent qui fouette la terrasse. Puis, sans prévenir, Hardin saisit l’un des hommes par la nuque et le plaque contre la rambarde. Je retiens un cri. Le regard de Hardin est impitoyable, sa voix coupante comme une lame : — Tu sais ce que je fais des salles ordures qui ne savent pas faire leurs boulot correctement Le bruit sourd d’un coup de feu déchire l’air. L’homme s’effondre, inerte, ses yeux encore ouverts vers le ciel. Les deux autres reculent, terrorisés. Il se retourne vers eux avec un regard noir - que cela vous servent de leçon Je me fige, incapable de détourner le regard, mon corps tremblant de la tête aux pieds. Les lumières de la ville continuent de scintiller, indifférentes à l’horreur qui vient de se dérouler. Hardin essuie calmement l’arme avec un mouchoir et la range. Il se tourne vers moi, ses yeux d’acier accrochés aux miens. Pour la deuxième fois en deux jours, je le vois ôter une vie comme s’il s’agissait d’un geste banal. Il s’avance vers moi, son pas lent, mesuré. Son regard est si sombre que j’ai l’impression qu’il lit jusqu’au plus profond de mon âme. Arrivé devant moi, il caresse doucement ma joue du revers de sa main, contraste brutal avec la violence de ses gestes précédents. — N’oublie jamais, Maria, souffle-t-il, que tout ce que je fais… je le fais pour protéger ce qui m’appartient comme toi . Il m’attire contre lui, me serre fort dans ses bras. J’ai l’impression d’être prisonnière d’une cage dorée dont je n’ai plus la clé. Une fois dans la chambre, mon cœur tambourine dans ma poitrine. Les images du meurtre tournent en boucle dans ma tête. Ses gestes précis. Son regard froid. Son calme après l’horreur. Je n’en peux plus. J’attrape mon portable, mes doigts tremblent tandis que je cherche le numéro de mon frère. Quand enfin il décroche, ma voix se brise : — Allô… c’est moi… je dois te dire… Un son métallique retentit derrière moi. Le claquement sec, lourd, indiscutable : le chargement d’une arme. Mon sang se glace. — Dépose ce téléphone Maria. Sa voix grave, glaciale, résonne dans la pièce. Lentement, je tourne la tête. Hardin est là, appuyé contre le mur, son revolver braqué sur moi. Ses yeux brûlent d’un mélange de colère et de… trahison. — Tu crois que tu peux me vendre ? Que tu peux balancer ce que tu as vu ? Je reste figée, le téléphone encore à mon oreille. Du bout des doigts, j’entends la voix de mon frère crier : — Maria ? Qu’est-ce qui se passe ? Réponds-moi ! Les larmes me montent aux yeux. Ma main tremble tellement que je lâche presque l’appareil. Hardin s’avance d’un pas, menaçant, ses mots sifflent comme des lames : — Une seule phrase de trop, et ce sera lui le prochain sur la liste. Je lâche le portable qui tombe lourdement sur le tapis. Le souffle court, la poitrine serrée, je le regarde approcher. Il ramasse calmement le téléphone, coupe la ligne et le jette sur le lit. Puis il se penche vers moi, si près que je sens son parfum mêlé à la poudre. Sa voix se fait douce, presque caressante, mais chaque syllabe est une menace : — Tu es à moi, Maria. Au moment où tu as accepté de m'épouser tu m'as donné ta vie. Il me frôle la joue avec le canon de son arme avant de reculer et de ranger le pistolet dans son étui. Puis, comme si rien ne s’était passé, il retire sa veste et s’installe dans le fauteuil, un sourire à peine esquissé aux lèvres. Moi, je reste debout, le cœur brisé, piégée dans une cage où chaque barre est forgée par sa violence.Cette réplique me donna froid dans le dos. — Allons manger, dis-je en avançant vers la salle à manger. Ma belle-sœur et mon neveu descendent, et nous nous installons tous à table, prêts à déguster notre repas. Mon cœur se réchauffe à la vue de ma famille réunie autour de moi. — C’est trop bon ! dit Gabriel, la bouche pleine. — On ne parle pas la bouche pleine, Gab, le reprit mon frère. — Laisse-le savourer tranquillement son plat, répondis-je en riant. Le dîner finit par se terminer. Tara et moi restons un moment seules dans le salon. — Maria, je… je sais que c’est un peu déplacé, mais comment tu fais pour vivre sous le même toit qu’un démon ? demanda-t-elle en baissant les yeux. — Hardin n’est pas un démon, balbutiai-je. — Il t’aime, au moins ? insista-t-elle en me fixant droit dans les yeux. Je lui répondis simplement par un sourire. — Tu devrais aller voir si Gabriel dort. Moi, je vais monter me reposer. — D’accord, dit-elle avant de se lever et de monter les marches.
Il s’incline légèrement, comme pour marquer la fin de sa visite.— Eh bien… il est temps que je m’en aille, dit-il calmement, mais son regard se pose sur moi avec une malice à glacer le sang.Je sens Hardin raidir derrière moi, ses yeux sombres rivés sur son père.— N’oublie pas, Maria, murmure-t-il d’une voix douce mais tranchante, que dans cette maison… les rires d’enfants sont une affaire sérieuse. Tu sais, un jour, il faudra bien que mon fils me donne des petits-enfants.Il se met à rire doucement, un rire presque cruel, comme s’il se jouait de moi.— Mais ne t’inquiète pas, continue-t-il, je plaisante… enfin, presque.Puis il tourne les talons et quitte le manoir, laissant derrière lui une atmosphère lourde et inquiétante. La tension persiste, et je sens le poids de ses mots résonner dans chaque recoin de la pièce.Hardin restait debout , la mâchoire crispée, comme si les mots de son père résonnaient encore dans sa tête. Il soupira, passa une main sur son visage, puis se tourna v
Le père d’Hardin esquisse un sourire froid, presque trop poli pour être sincère, et d’un geste de la main, il nous invite à nous asseoir. — Allons, ne restez pas plantés là… Asseyez-vous, dit-il d’une voix grave mais charmeuse. Je m’installe à côté d’Hardin, qui garde une posture raide, ses yeux fixés sur son père sans la moindre émotion. — Ouvre, souffle-t-il avec une douceur feinte. Je baisse les yeux vers l’objet, hésitante. Mon cœur bat à tout rompre. Je sens déjà Hardin se raidir à mes côtés. — Qu’est-ce que c’est ? demandé-je d’une voix basse, méfiante. Le père sourit davantage. — Un symbole de ton appartenance à cette famille… et de ma bénédiction. Avec hésitation, je soulève le couvercle. À l’intérieur repose une dague miniature, parfaitement forgée, dont la lame brille sous la lumière. Le manche est gravé de symboles inquiétants. Mon souffle se coupe. — C… c’est… qu’est-ce que c’est ? balbutiai-je, la voix tremblante. — Un cadeau de bienvenue, répond-il avec un sou
Je reste figée, incapable de bouger, mon regard accroché au sien comme si j’étais prisonnière de ses yeux. Tout mon corps tremble, partagé entre la colère et cette attirance insensée qui me ronge. Hardin ne dit rien. Lentement, il s’approche encore une fois, mais cette fois, son geste est différent. Il dépose un baiser doux et inattendu sur mon front, un contraste brutal avec l’intensité de ses paroles précédentes. Puis il recule, détourne les yeux comme pour me libérer de ce poids invisible, et va s’allonger sur le lit. Son dos se tourne à moitié vers moi, comme s’il m’invitait silencieusement à le rejoindre… mais sans oser le dire. Je reste adossée au placard, le souffle court, la gorge nouée. — Tu devrais dormir, Maria, dit-il d’un ton calme, presque doux… mais froid, glacé comme une lame. Ici, il n’y a pas d’échappatoire. Autant fermer les yeux et accepter ta place. Ses mots résonnent comme une invitation et une condamnation à la fois. Je le fixe, le cœur serré, mais il ne m
Je serre le drap plus fort contre moi, incapable de répondre. Mon silence l’énerve davantage. — Regarde-moi, ordonne-t-il en saisissant mon menton, me forçant à relever la tête. Si c’était vraiment une erreur… pourquoi tu n’arrives même pas à soutenir mon regard ? — Parce que tu… tu me consumes, Hardin ! dis-je enfin, les larmes aux yeux. Je me perds chaque fois que je cède à toi, et je refuse de devenir ton ombre ! Il se penche si près que nos souffles se mélangent, son pouce caressant toujours ma mâchoire malgré sa colère. — Non, Maria, tu refuses d’admettre la vérité : tu me désires autant que tu me détestes. Tu peux appeler ça une erreur si ça te rassure… mais une erreur qu’on répète, ça devient quoi ? Je reste figée, prisonnière de ses mots et de son regard, incapable de répondre. Mon cœur tambourine, partagé entre rage et attraction. Je détourne brusquement le visage, échappant à son emprise. Mon poignet se libère dans un geste sec, presque désespéré. — Non, Hardin… pas
Il me soulève soudainement, ses bras puissants glissant sous mes jambes et dans mon dos. Surprise, je pousse un léger cri étouffé contre son épaule, mais je ne lutte pas. Le jet d’eau se coupe dans un claquement sec lorsqu’il tend la main pour fermer la douche, puis sans un mot, il me porte hors de la salle de bain. Je sens encore les gouttes ruisseler sur ma peau. son regard fixé droit devant lui, comme si plus rien n’existait autour de nous. La porte de la chambre s’ouvre d’un coup de son épaule, et il me dépose doucement sur le lit, comme si j’étais quelque chose de fragile… précieux. Son visage reste penché au-dessus du mien, ses mèches sombres encore humides retombant sur son front. Son souffle chaud se mélange au mien. — Maria… murmure-t-il, sa voix basse mais tremblante. Sa main caresse ma joue, effleure ma tempe, redescend jusqu’à mon cou avec une lenteur calculée. Ses yeux brillent d’une intensité que je n’avais encore jamais vue. Je ferme un instant les paupières, su