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« Comment va cette louve rebelle ? Elle sait maintenant qu'elle a tort ? »
Dans la vaste villa du Bêta, la question de mon père résonne comme un coup de tonnerre par une journée claire. Les membres de la meute, proches de lui, se tendent visiblement, leurs yeux baissés pour éviter son regard.
La gouvernante de la meute répond d'une voix tremblante, ses mains serrées l'une contre l'autre :
« Monsieur, Mademoiselle Scarlette est toujours dans la maison de feu. »
Les doigts de mon père tapotent, impatients, sur l'accoudoir en acajou. Sa mâchoire se serre alors qu'il expire brusquement.
« J'ai été trop indulgent avec elle depuis le début. Voilà pourquoi elle est devenue aussi anarchique, osant brûler Ambre avec son pistolet. Elle doit apprendre sa leçon. »
La gouvernante, encore un peu compatissante, ajoute, sa voix à peine plus haute qu'un murmure,
« mais la maison de feu sert à punir les criminels loups-garous, et le feu à l'intérieur est trop intense. Même le loup le plus fort ressentira la douleur… Mademoiselle Scarlette pourrait… »
« Ah, la douleur ? », mon père se lève brusquement, faisant reculer la gouvernante. « C'est exactement ce qu'elle doit ressentir. Voyons si elle ose à nouveau traiter Ambre de cette mainière. Ce n'est qu'en subissant la même chose par elle-même qu'elle arrêtera de faire de telles choses. »
Ses yeux brillent d'un jaune éclatant–un signe de son loup qui monte à la surface. « Elle est ma fille ; j'ai l'obligation de l'éduquer. »
La voix de mon père est froide, semblant oublier que je suis déjà enfermée dans la maison de feu depuis dix jours.
La gouvernante veut dire quelque chose de plus, mais elle est interrompue lorsque mon père frappe du poing contre le mur.
« Assez ! Tu crois que personne ne ferme secrètement le feu et ne lui apporte des herbes médicinales ? Elle va bien. Elle ne mourra pas. »
En entendant cela, je ne peux m'empêcher de rire, bien que personne ne puisse entendre ma voix.
Parce que je suis déjà morte.
Je suis morte depuis déjà cinq jours.
Depuis lors, mon esprit suit mon père, observant sa cruauté et son indifférence.
« Merci, Papa. S'il te plaît, ne sois plus en colère. Libérons Scarlette maintenant. Le feu dans la maison de feu était trop intense ; elle doit souffrir terriblement. »
De la chambre, de ce qui était autrefois ma chambre, Ambre apparaît, vêtue d'une robe fluide couleur crème, ses cheveux blonds tombant en cascade sur ses épaules. Les yeux de mon père s'adoucissent instantanément, montrant une tendresse que je n'avais jamais vue auparavant.
« Ma douce Ambre. », murmure-t-il, toute trace de colère disparaissant de son visage.
Ambre descend des escaliers et s'assoit près de mon père, sa présence semblant le calmer immédiatement. Elle pose sa main sur la sienne, et il accepte le geste avec un sourire.
« Oublie-la. Tu es simplement trop gentille. », dit-il, la voix désormais douce. « Elle t'a brûlée délibérément avec son pistolet jouet, ce qui a affaibli ta louve. Elle mérite d'être punie. »
Le visage d'Ambre exprime de l'inquiétude. « Ça a peut-être été un accident… »
« Non. », l'interrompt mon père, son ton se durcissant de nouveau. « Je connais ma fille. Elle est jalouse de toi. Elle l'a toujours été. »
Lorsqu'il parle de moi, les yeux de mon père sont aussi froids que s'il évoquait une ennemie.
Mais pourquoi ? Ne suis-je pas sa fille ? N'ai-je pas mérité son amour ?
Dans le manoir, la gouvernante se dirige vers la cuisine, murmurant discrètement au cuisinier,
« il sacrifierait son propre sang pour cette fille. On dirait que Scarlette ne compte pas pour lui. Ce n'est pas normal. Ce n'est pas juste du tout. »
Les yeux d'Ambre brillent de larmes. « Merci, papa. Tu es si bon avec moi. J'aurais aimé que tu sois mon vrai père. » Elle s'étrangle légèrement et s'appuie contre l'épaule de mon père.
Mon père passe un bras autour d'elle, son expression s'adoucissant encore un peu plus, chose que je croyais impossible. « Petite imbécile, si tu le veux, je peux être ton père. »
Une femme apparaît alors. Nulle autre qu'Élise, l'amour de la vie de mon père.
Sa silhouette se découpe dans l'embrasure de la porte, éclairée par les derniers rayons du soleil couchant. Mon père retient bruyamment son souffle à sa vue.
« Donovan. », dit Élise, sa voix aussi douce que de la soie. « J'ai entendu crier. »
Avant qu'elle entre dans nos vies, j'avais toujours cru que la femme que mon père aimait le plus serait ma mère.
Je me souviens de la façon dont il regardait maman–avec respect, avec tendresse, mais jamais avec la faim brute que je vois maintenant dans ses yeux dévorant Élise.
Mais tout a changé après la mort de maman.
À peine les funérailles terminées, Élise commence à venir chez nous. D'abord pour des « condoléances », puis pour des « affaires de meute », et enfin… elle n'a même plus besoin de prétexte.
Aujourd'hui, je suis presque reconnaissante que maman soit morte de maladie. Elle n'aura jamais vu ce visage impitoyable de l'homme qu'elle a aimé toute sa vie.
Maman croyait avoir épousé un loup fidèle. Elle s'est sacrément trompée.
Je suppose que je vais bientôt voir la Déesse de la Lune. Peut-être que je reverrai maman là-bas. Dans ma prochaine vie, je ne serai plus jamais la fille de mon père.
« Donovan, une petite punition suffit. Scarlette reste ta fille. », dit Élise avec sa voix mielleuse teintée d'une fausse inquiétude.
Elle s'approche, pose sa main manucurée sur son avant-bras. Mon père se détend sous son toucher, sa colère se retirant comme une marée.
« Elle a blessé Ambre. », grogne-t-il, mais avec moins de conviction.
« Ma fille guérira. », murmure Élise. « La famille, c'est précieux, Donovan. Tu le sais. »
La mère et sa fille jouent parfaitement leur rôle, prétendant être compatissantes. Mais si elles étaient vraiment bonnes, elles n'auraient pas regardé, sans rien faire, pendant que j'étais enfermée dix jours et dix nuits dans la maison de feu.
Pas une seule fois l'une d'elles ne m'a apporté d'eau, de nourriture ou de remède. Pas une seule fois elles ne se sont opposées à ma punition. Ce n'est que maintenant, devant les membres de la meute, qu'elles feignent de s'en soucier.
Le plus ironique ? La maison de feu a été rénovée sur ordre de mon père juste avant qu'il m'y envoie. Il voulait un lieu de punition « plus humain » pour les criminels de la meute.
« Une meute qui traite ses criminels avec dignité est forte, pas faible. », avait-il proclamé lors de l'inauguration. J'avais été si fière de lui, ce jour-là.
Elle est devenue ma tombe.
Je meurs recroquevillée dans un coin, aussi loin que possible des jets de flammes, mais il n'y avait pas d'échappatoire réelle. Ma louve a tenté de me guérir entre deux sessions de flammes, mais au bout d'un moment, même elle, elle a abandonné.
Komen