Sur Mirabel…
Vautrée sur un fauteuil dans l'une des salles du manoir, une jeune fille aux cheveux châtain clair lisait un livre de sortilèges. Elle portait une mini-jupe en cuir noir et un top de la même couleur. Du haut de ses un mètre soixante-cinq, elle avait des formes voluptueuses et paraissait avoir au moins dix-huit ans. Les murs de la pièce étaient bleu ciel, le sol recouvert de carreaux blancs, et le plafond en marbre de même couleur incrusté de pierres lumineuses. Dans un angle se trouvait une table en verre entourée de chaises en argent. Sourcils froncés, nez pincé, et une moue aux lèvres, elle paraissait agacée et jetait chaque minute un coup d'oeil vers la porte. Elle se demanda ce qu’elle pouvait bien foutre. Un éclair de colère passa dans ses yeux et elle se leva, à bout de patience. D'une marche rageuse, elle sortit de la salle et se retrouva dans le salon. De là, elle emprunta les escaliers qui menaient à l'étage supérieur où se trouvaient les chambres à coucher. La porte s’ouvrit brusquement devant elle sous l’impulsion d’une force mystérieuse. - Nora, peux-tu descendre s'il te plaît ? Cela fait plus de trente minutes que je vous attends, Betty et toi. Deux personnes sursautèrent sur le lit à baldaquin situé au beau milieu de la pièce. Une tête blonde décoiffée apparut, bientôt suivie de celle d'un très beau brun. - On ne t'a pas appris à frapper avant d'entrer ? se plaignit la dénommée Nora. Elle sortit des draps habillée de sous-vêtements pour se planter devant sa sœur. Les mains posées sur les hanches, elle continua : - Tu vois bien que je suis occupée, Alexa, alors bon vent. Sans prendre en compte les mots de sa petite sœur, celle-ci se tourna vers le brun encore allongé sur le lit. - Tu as cinq minutes pour dégager d'ici. Passé ce délai, je ne donne pas cher de tes couilles. Le jeune homme descendit rapidement du lit et enfila ses vêtements à la hâte. Deux minutes plus tard, la porte d'entrée du manoir claquait derrière lui. - T'avais pas le droit, protesta Nora. - Si si. Maintenant, rhabille-toi et descends. Tu n'aimerais quand même pas être privée de ta paye du mois, hein ? fit-elle, malicieuse. Cela eut pour effet de refroidir la jeune blonde. Sans argent, pas d'emplettes, et sans emplettes, pas de belles robes pour sa prochaine mission séduction ni pour ses sorties nocturnes. Marmonnant des paroles inaudibles, elle tourna le dos à sa sœur et alla ramasser ses vêtements qui traînaient sur le carrelage. Alexa sortit de sa chambre et se dirigea vers celle de leur aînée. Cette dernière n'y était pas. Elle entreprit de redescendre à la salle à manger. Une jeune rousse était assise sur l'une des chaises en argent. Comme ses sœurs, celle-ci avait une peau de couleur grise, des oreilles pointues et des yeux dorés. Les deux jeunes filles furent rejointes par Nora qui en voulait toujours à Alexa pour son irruption dans sa chambre, et pour son chantage. Remarquant que la table n'était pas encore dressée, elle poussa un petit grognement. - Mais quand est-ce qu'elle sert ? Brigitte ! hurla-t-elle. - Tu me casses les oreilles, ferme-la Nora, et patiente comme nous deux, aboya sèchement la rousse assise à sa droite. - Ne me parle pas ainsi, Betty. Ce n'est pas parce que tu es la plus âgée de nous trois que tu as le droit d'utiliser ce ton. D'ailleurs, tu sais quoi ? J'en ai rien à foutre de te casser les oreilles. - Brigitte ! hurla-t-elle à nouveau sans tenir compte du regard incendiaire que lui jetait sa grande sœur. - Tu vas la fermer ? lança la rousse en montrant de petits crocs. - Sinon quoi ? L'ambiance devint tendue et électrique dans la salle. Toutes les deux se fusillaient du regard, prêtes à se sauter dessus. Un seul clan sur Mirabel était doté de crocs. Celui des Taurix. Les trois sœurs, en faisaient partie. Leurs parents étaient décédés lors de la dernière guerre. À cette époque, Betty avait dix ans, Alexa, huit et Nora, cinq. L'aînée, pour subvenir aux besoins de ses petites sœurs s'était lancée dans le vol. En grandissant, ces dernières avaient suivi la voie de la rousse. De voleuses, elles étaient devenues des meurtrières, puis les sbires de la reine. Alexa, qui était assise en face de Nora, remua la tête de gauche à droite en poussant un soupir d'agacement. - Et c'est reparti, murmura-t-elle. C'était toujours pareil. Betty et Nora se disputaient à longueur de journée et c'était elle qui intervenait pour les calmer à chaque fois. - Ça suffit. Vous allez arrêter, toutes les deux ? Le silence se fit. Au même moment, une jeune fille aux cheveux blancs, au visage poupin et habillée d'une longue robe cendrée, entra dans la pièce en tenant un plateau en mains. - Pardonnez mon retard, maîtresses, s'excusa-t-elle sous le regard mauvais que lui jetait Nora. Elle posa le tout sur la table et retourna chercher d'autres plateaux. Au menu : il y avait des crevettes, des frites, un homard qui paraissaient très juteux à vue d'œil et des boissons toutes plus étranges les unes que les autres de par leurs couleurs. - Miam, s'extasia Nora à la vue de tout ce que leur avait apporté Brigitte. Bon appétit, lança-t-elle en retrouvant sa bonne humeur et se jetant sur son plat. - Une vraie goinfre, marmonna Betty en se servant à son tour. Elles mangeaient tranquillement lorsque tout d'un coup, la fourchette en argent que tenait la jeune fille aux cheveux châtains s'immobilisa au niveau de ses lèvres. Elle fut comme plongée dans un état second. Ses yeux s'illuminèrent légèrement, son corps se raidit et fut traversé de spasmes. Habituées à ses crises, les deux sœurs prêtèrent attention à ses mots. - Je ressens une énergie Mirabelienne. Étrange ! Elle ne provient pas d'ici, mais de la Terre, débita lentement la jeune fille. - Tu en es sûre, Alexa ? Personne n'est doté de Magie sur Terre, remarqua Betty. Les yeux de la voyante retrouvèrent leur éclat d'origine quelques secondes plus tard. Les deux autres avaient arrêté de manger et semblaient réfléchir. - Le mieux serait d'en parler à la reine, proposa Nora. - On y va ? s'enquit Betty. Alexa opina de la tête. Quant à Nora, elle se mit à bouder. - On pourrait finir au moins le repas ? - Non, répondirent à l'unisson ses sœurs. Elles se levèrent et sortirent de la salle par la porte qui menait au salon. Partant de là, il y avait trois issues. L'escalier qui menait aux chambres à l'étage ; une porte donnant sur la cuisine et un couloir qui tombait sur la sortie du manoir. Dès qu'elles mirent les pieds dehors, deux gardes blindés d'armures s'inclinèrent pour les saluer. Dehors, il faisait nuit. Dans le ciel, la grosse lune bleue de Mirabel ainsi que des milliers de petites étoiles multicolores brillaient. Les trois sœurs empruntèrent la route qui menait au palais. Les rues, vue du ciel avait la forme d'une fougère dont la tige principale menait droit au château et les ramifications aux différents quartiers de la capitale. Il y avait en tout quatre de semblable, et toutes partaient du Palais-Royal qui se trouvait au croisement. Tous ceux qui rencontraient la route des sœurs cédaient le passage. Les trois filles étaient les agents les plus craints de la régente. Toutes les missions que celle-ci voulait secrètes et vite accomplies, elle les leur confiait. À l'entrée du palais se trouvaient deux créatures, un centaure aux cheveux noirs tout comme son pelage et un minotaure aux poils roux. Ils tenaient des tridents en argent qui luisaient sous la lueur de la lune. Lorsqu'ils virent Betty, Nora et Alexa arriver, ils ouvrirent les portes, puis s'inclinèrent pour leur laisser le passage. Le château avait été rebâti à base de mégalithes. À l'extérieur, il y avait un vaste jardin rempli de magnifiques fleurs. D'étranges insectes lumineux de différentes couleurs volaient autour des plantes. Plusieurs gardes étaient postés dans la cour. Parmi eux, il y avait des trolls, des gnomes, des centaures et aussi des humains, tous de différents clans. Les trois sœurs entrèrent dans le château et se dirigèrent vers la salle du trône. L'intérieur du palais contrastait avec l'extérieur. Les murs étaient peints d'une couleur dorée. Des lustres en pierres précieuses pendaient au plafond. Ils contenaient les petites bêtes qui voltigeaient autour des plantes du jardin. Regroupés de cette manière, ceux-ci étaient sources de lumières. De riches meubles soit en argent, soit en or affluaient dans les différentes pièces qu'elles traversaient. Une fois dans la salle du trône, elles trouvèrent la reine attablée. Celle-ci leur tournait le dos, mais avait senti la présence de ses fidèles espionnes. La jeune femme fit un signe de main aux servantes présentes dans la pièce et elles se retirèrent. Les trois sœurs fléchirent leur genou gauche sur les tapisseries richement brodées de la salle pour effectuer le salut réservé aux rois et reines selon la coutume Mirabelienne. - Excusez-nous de troubler votre souper, votre grâce. Ce qu'on a à vous annoncer est vraiment important, implora Betty. La femme en face des trois sœurs avait de longs cheveux rouges et bouclés. Elle portait une longue robe blanche à la coupe sirène qui dévoilait la moitié de son dos à la peau blafarde et brillante. Une aura sombre et meurtrière l'enveloppait, alourdissant l'air dans la salle. Elle se tenait bien droite sur sa chaise et coupait avec précision le poisson qu'elle mangeait. Malgré la distance qui la séparait des filles, ces dernières avaient du mal à respirer. Des gouttelettes de sueur perlaient sur leur front et elles étaient toutes crispées. La souveraine avala lentement une bouchée de son plat et but une gorgée d'un liquide couleur arc-en-ciel. - Je vous écoute, répondit-elle d'une voix morne sans se retourner. - Alexa a ressenti une magie d'origine Mirabelienne en provenance de la Terre. Or, selon nos informations, personne n’en possède. Nous sommes venues immédiatement vous prévenir, ma reine. Aux mots de la rousse, les yeux noirs de la reine s'étaient rétrécis et teintés d'une lueur sauvage et ses lèvres pulpeuses s'étaient étirées d'un sourire à donner froid dans le dos. Son visage, quelques minutes plus tôt dédaigneux, se voilà de curiosité. - Faites-y un tour et dites-moi de qui provenait cette énergie. - À vos ordres, ma reine, répondirent à l'unisson les trois sœurs. Elles prirent congé et retournèrent au manoir pour préparer leur prochain voyage sur Terre. Lorsqu'elle fut seule, la reine se leva. D'une démarche gracieuse et calculée, elle entra dans une sombre pièce où elle était la seule à pouvoir pénétrer.La porte d'entrée de la petite villa claqua, montrant que la propriétaire était de retour. Une jeune brune au teint parfaitement bronzé entra dans le salon. Elle retira les écouteurs de ses oreilles et enleva son débardeur mouillé par l'effort du footing qu'elle venait d'effectuer. Ce fut ensuite au tour de la culotte de sport qu'elle portait d'être ôtée et de rejoindre une pile de vêtements sur le fauteuil. Un peu partout sur le carrelage, des habits traînaient dans la pièce. ‹‹ Il faut vraiment que je range tout ce bazar ›› se promit-elle intérieurement. Elle se demanda ce qu'aurait fait sa mère si cette dernière était là, et un sourire éclaira son visage. Sortant de ses pensées, elle prit la direction de la douche pour un bain. La jeune fille y était toujours lorsque dehors le vent se mit à souffler. Elle s'enroula rapidement dans une serviette et sortit fermer les fenêtres. Dehors, le ciel s'était obscurci. Debout derrière l'une d'elles, elle observait les éléments se décha
— Mais qu'est-ce qui la fait rire ? s'étonna l'une des voix.Le rire de Laurine resta coincé dans sa gorge. Elle commençait à se rendre compte qu'elle était bel et bien éveillée et que les deux petites voix étaient celles des rouges-gorges.— V...vous parlez vraiment ? s'exclama-t-elle en pointant du doigt les deux oiseaux.— Oui, oui, répondit celui sur son épaule gauche. Mais... tu nous entends ? s'écria-t-il ensuite.— Euh... Apparemment, oui, lâcha avec hésitation la jeune fille. Euh... ex... Excusez excusez-moi, mais je dois y aller.Sans plus tarder, elle referma la fenêtre et resta plantée au beau milieu de la chambre. Les yeux agrandis par la surprise, le cœur tambourinant de peur dans sa poitrine, elle se mit à tourner en rond.— Ce n'est pas vrai ! Je viens de parler à des oiseaux. Je suis folle, oui, c'est ça. Surement un début de folie.Elle se tirait les cheveux tout en marchant. ‹‹ Comment est-ce possible ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Je suis en train de perdre la tête ou
Un portail lumineux de forme circulaire se matérialisa petit à petit sur la plage de Lomé. Il était plus de minuit, et les lieux étaient déserts. Trois jeunes femmes, dont une blonde, une rousse et une autre aux cheveux châtains, sortirent du passage qui se referma derrière elles.- Aïe, tu m'as écrasé le pied, Betty, se plaignit la blonde.- Je n'en ai rien à foutre, Nora, répondit la rousse en lissant sa jupe et en remettant de l'ordre dans ses cheveux.- Tu pourrais au moins t'excuser, attaqua de nouveau la jeune sœur en se mettant face à son aînée.Elles se défièrent du regard. Alexa, qui avait les mains croisées sur sa poitrine et les yeux fermés, avança, puis se plaça entre les deux jeunes femmes.- Nous sommes en mission, ne l'oubliez pas. Alors mettez vos disputes de côté et concentrez-vous, bon sang, ordonna-t-elle.Nora et Betty se dévisagèrent encore quelques secondes, puis mirent fin à leur duel visuel pour observer les alentours.Il y avait des cocotiers et des bancs publ
Un blanc passa, durant lequel Laurine et Lidya regardèrent la brune avec de gros yeux. Elles ne virent aucune trace d’amusement sur son visage. Toutes les deux se lancèrent un coup d’œil complice, puis pouffèrent de rire.- T'es vraiment sérieuse ? souffla Laurine. Ha ha ha... Alors selon toi, nous sommes des extraterrestres ! Ah ! Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant marrée.Léa s'attendait à ce genre de réaction. Malgré les moqueries de Laurine et Lidya, elle restait calme, avec un sourire en coin scotché sur ses lèvres pulpeuses. Son attitude chassa petit à petit l'hilarité des deux filles.- Vous appartenez à un autre monde, répéta-t-elle en essayant d'être plus douce et convaincante. Tout ce qui vous entoure n'est qu'éphémère. La famille à laquelle vous pensez appartenir n'est pas la vôtre. Tout a été mis en œuvre pour vous protéger...- Cela suffit, la coupa Lidya en colère. Tu te rends compte de ce que tu racontes ? Tu sais ce que cela implique ?Ses joues avaient
Cela faisait une heure déjà qu'elle était réveillée. Pourtant, Laurine ne quittait pas son lit. Allongée, elle réfléchissait à sa courte vie. D'abord élevée dans un orphelinat par des sœurs, elle avait eu la chance à quatre ans d'être adoptée par les Butter. Son bonheur familial n'avait duré que treize années. La jeune fille poussa un triste soupir et une larme roula sur sa joue. Ils étaient morts dans un accident, la laissant seule. Bien sûr, il lui restait ses grands-parents adoptifs, mais de temps à autre, le vide se faisait sentir.Une bonne partie de la nuit, elle avait ressassé dans sa tête les révélations de Léa, cette jeune fille au teint bronzé et trop sûre d'elle. Elle avait parlé aux rouges-gorges et possédait une tache sur son épaule, qui attestait ses dires. En fouillant dans ses souvenirs d'enfance, elle avait eu un flash. C'était à l'époque de l'orphelinat. Petite, elle aimait s'éclipser dans les bois au bord d'un petit lac. Un jour où elle y était, elle avait cru aperc
La jeune fille mit du temps à assimiler les mots de sa mère. Elle avait toujours été stérile ? Cela voudrait donc dire qu'elle n'avait jamais eu d'enfant ! Alors, elle n'était... Non, ce n'était pas possible.— Non ! Ce n'est pas vrai ! Dis-moi que ce n'est pas ce que je pense, maman, bredouilla Lidya en suppliant Arielle du regard.Celle-ci avait toujours la tête baissée et son visage était baigné de larmes.Les yeux de Lidya se mirent à rougir petit à petit et son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine. — Tu m'as adoptée ? articula difficilement la jeune fille. Elle faisait tout l'effort du monde pour retenir ses larmes et espérait au plus profond de son cœur que la réponse d'Arielle fut négative. Au lieu de ça, la mère de famille opina de la tête, approuvant ainsi silencieusement sa question.Le regard de Lidya se brisa en même temps que son cœur. La lueur d'espoir qui brillait dans ses yeux s'éteignit et elle sentit le goût salé d'un liquide sur ses lèvres. Elle était c
Toute chamboulée et inquiète, Laurine sonna chez les Johnson. Arielle vint lui ouvrir. La jeune blonde fut étonnée de la mine qu'avait la mère de son amie. Elle sut immédiatement que quelque chose n'allait pas, ce qui augmenta son anxiété.— Laurine ? s'étonna la femme. — Excusez-moi, madame, j'aimerais voir, Lidya, expliqua-t-elle.Arielle hésita un instant. Vu l'état dans lequel se trouvait la petite, elle ne savait pas s'il fallait laisser Laurine la rejoindre ou lui demander de repasser plus tard. Et si c'était sa fille qui l'avait appelée ? — S'il vous plaît, madame Johnson, elle a besoin de moi, essaya de la convaincre la jeune blonde.La mère de famille poussa un triste soupir et laissa la jeune Butter entrer.Celle-ci se débarrassa de son imperméable et la suivit dans les couloirs de la villa. Une minute plus tard, elles étaient devant la porte de Lidya.— Il vaut mieux que ce soit toi qui frappes. Elle refusera d'ouvrir si c'est moi, fit-elle d'une petite voix où pointait
De grosses gouttes de sueur se mirent à perler sur le front des filles, ce qui fit sourire Betty qui adorait voir ses proies mortes de peur avant de les achever, même si la situation était complètement différente.- Je vais compter jusqu'à trois. Si vous gardez toujours le silence, vous irez brûler en Enfer.Elle attendit quelques secondes puis commença le décompte.- Un...Laurine et Lidya se mirent à trembler ne sachant que dire. La première, ayant subitement un gain de courage, se plaça devant la seconde en un geste protecteur.- Deux...Toujours aucun aveu venant des filles. À bout de patience, Betty augmenta la grosseur de la boule de feu et se prépara à la lancer.- Trois...Le projectile se dirigea droit sur les deux amies qui, instinctivement, s'enlacèrent. Elles attendirent l'impact, mais rien ne se produisit. Lidya ouvrit lentement les yeux et fut soulagée et émerveillée par ce qu'elle vit. Un mur d'eau se dressait en bouclier devant elles. Léa apparut l'instant d'après et
- Quoi encore ? marmonna Léa en essayant de rester droite sur ses pieds. Autour, les arbres bougeaient sous impacte des tremblements.- Restez sur vos gardes, avertit Gaël aux aguets.Les secousses s'amplifiaient de plus en plus et se rapprochaient dangereusement. Brusquement, tout devint calme. Plus rien ne se fit sentir, laissant les six compagnons de voyage pantois. Ceux-ci se lancèrent des regards interrogateurs teintés d'angoisse. Puis, sans qu'ils ne s'y attendent, un vers géant sortit du sol creusant à son passage un gros trou de la forme d'un cratère. Il avait la peau aussi noir que celle de la furie. De sa bouche remplis de dents affûtées coulait une bave de couleur verte. Une goutte du liquide tomba sur une touffe d'herbe et celle-ci se fana instantanément. Ses trois yeux jaunes et sauvages fixaient chacun des jeunes gens comme s'il avait l'embarras du choix. - Ne bougez surtout pas, restez calme ordonna en murmurant le chef rebelle. Carlos, reste... Non, tu restes où tu
Deux heures plus tôt, ils avaient quitté le Camp. Accompagné de Carlos qui leur servait de guide, le petit groupe avançait dans la forêt de Syrte en direction de la frontière de Valladium, territoire des Medox, situé au Nord-Ouest d'El-Dorado. Autour d'eux, un silence apaisant régnait, troublé par les chants d'oiseaux, le bruit d'une rivière un peu plus loin, et par les pas des chevaux. Il faisait mi-sombre malgré l'heure avancé de la journée. Ils empruntaient une piste sablonneuse qui serpentait à travers les bois, tracée au fil du temps, à force d'y marcher et galoper.Encore novice, Laurine essayait tant bien que mal de rester droite sur sa monture. Carlos trottait à ses côtés lui donnant quelques conseils de temps à autre. Lidya, elle, galopait sur le même alignement que Gaël. Léa et Igor venaient après. - Dans deux jours au plus, si tout va bien, nous serons à Valladium, annonça gaiement Carlos. - J'ai hâte d'y être, s'enthousiasma Lidya. Il paraît que la ville n'est pas enco
Le noir total. Autour d'elle, tout n'était qu'obscurité et silence. Lidya était apeurée. De petites gouttes salées perlaient sur son front, sa peau était couverte de chair de poule à cause du froid, et ses doigts tremblaient révélant son agitation intérieur. Elle jetait des regards inquiets aux alentours. Où était-elle ? Comment avait-elle atterri dans ce tunnel sombre et humide ? Était-ce de la réalité ou un rêve ?Soudain, au loin, elle aperçut une lumière violette et se dirigea vers la source avec appréhension. Lorsqu'elle y arriva, elle se retrouva devant une cellule. À l'intérieur, sur un lit de pierre, était allongée une femme. Cette dernière portait une longue robe noire qui couvrait son corps menu et fragile. Malgré cela, elle tremblait de froid. Lidya reconnut sa mère et en eut le cœur brisé. Faisant fi de toute vigilance, elle se précipita vers les barreaux et tenta d'ouvrir la serrure, en vain. Alertée par le raffut, Arielle se retourna avec difficulté. Les joues creuses,
Un léger vent souffla, soulevant et emportant avec lui des feuilles mortes. Juste après, sous le regard ahurie des trois filles, le paysage devant leurs yeux se transforma. Lorsque la mélodie prit fin, ce n'était plus une clairière qu'elles avaient en face, mais un camp.Des centaines de baraques construites proche les unes des autres servaient d'habitation aux rebelles. Lidya, qui s'attendait à un camp composé uniquement d'hommes, fut étonnée d'y trouver des femmes ainsi que des enfants. Ces derniers, insouciants, couraient et s'amusaient en groupe. L'agitation était semblable à celle d'un petit village paisible. N'eut pas été la présence de quelques gardes armés jusqu'aux dents, la jeune fille n'y aurait pas cru. Trop occupée à découvrir, le petit coin de paradis de leur hôte, elle ne remarqua pas deux hommes de la même carrure qu'Albierik se rapprocher d'eux. Ce ne fut qu'une fois la discussion entamée entre les trois Mirabelliens qu'elle se rendit enfin compte de leur présence.
La chute dura environ deux minutes. Léa, qui adorait tout ce qui provoquait une poussée d'adrénaline, jubilait. Gaël, lui, essayait de garder un air sérieux et ses sens en alerte. Après tout, il ne savait pas encore ce qui les attendait de l'autre côté.Petit à petit, ils perdirent en vitesse, signe qu'ils arriveraient bientôt. Soudain, suivant son instinct de félin qui lui avertissait la fin de la chute, Bartok s'échappa des mains de sa maîtresse pour retomber sur ses pattes. En se retournant pour voir si tout le monde était parvenu à destination, Gaël ne put retenir un fou rire.La blonde était allongée au sol, face contre terre, Lidya assise sur ses fesses. Elles mirent un peu de temps à reprendre leurs esprits. Quand elles y parvinrent, la Johnson saisit la main que lui tendait Gaël pour l'aider à se relever.- Ça va aller ? demanda-t-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix en voyant sa camarade allongée.- T'inquiète pas, heureusement ce tas de feuilles a amorti la chute
Vêtue d'une longue robe de couleur or qui épousait parfaitement ses formes, ses cheveux rouges relâchés atteignant le bas du dos, la reine attendait patiemment l'arrivée des trois sœurs. Assise sur le trône Royal, un verre en cristal contenant un liquide jaune dans sa main droite, et l'autre soutenant son menton, elle avait le regard perdu au loin. Une expression de tristesse et de lutte intérieure planait sur son visage sans défaut.Chaque fois qu'elle se retrouvait seule, c'était toujours pareil. Elle ne pouvait s'empêcher de revivre ses malheureux souvenirs. De sentir sa poitrine se comprimer douloureusement, ses yeux se voiler de larmes, sa gorge devenir sèche et l'air commencer à lui manquer, comme ce jour fatidique. Sa main, tenant le verre de cristal, se mit à trembler et elle s'empressa de vider le contenu pour se calmer. Qu'elle les haïssait ! Tout était de leur faute. Rien que de penser à eux, la douleur qu'elle ressentait fit place à de la rage. Cette même rage qui lui av
Lorsque Lidya ouvrit les yeux, et se trouva allongée dans son lit. Elle se leva en massant ses tempes, sa tête étant un peu douloureuse.En la voyant bouger, Laurine, qui était assise sur une chaise à ses côtés, se précipita de la prendre dans ses bras.- Ne me refais plus une telle frayeur jeune fille, j'ai cru que... Ses mots moururent au bout de ses lèvres, échangeant leur place à un croissant de lune, lorsque Laurine vit son amie grimacer.- Heureusement tu t'es enfin réveillée. Tu es restée inconsciente durant une heure, annonça-t-elle avec soulagement.Sonnée par la nouvelle, Lidya ouvrit grand les yeux. Son regard dévia vers une montre accrochée au mur. Elle indiquait vingt-un heures. L'enlèvement de sa mère lui revint en tête, avec son lot d'inquiétudes. - Où est Léa ? demanda-t-elle en remarquant l'absence de la brunette dans la pièce.Au même moment, cette dernière entra dans la chambre, suivie de Gaël. En le voyant, le cœur de la jeune fille rata un battement. Elle eut u
Deux minutes plus tard, Lidya rejoignait Laurine au lieu de rendez-vous. De loin, elle vit son amie adossée contre l'un des arbres qui bordaient la route bitumée. Les magasins commençaient à fermer et les lampadaires à s'allumer. Dès qu'elle fut un peu plus proche, elle remarqua que cette dernière tenait une boule de poils dans ses bras.— Salut, lança-t-elle en arrivant auprès d'elle. Trop curieuse de savoir ce que tenait la blonde, elle enchaîna :— Quel est donc cet animal, Laurine ? On dirait un lynx, mais sa couleur...— Tu le vois ? s'étonna la jeune Butter.La surprise de Laurine était grande. Lorsqu'elle avait quitté la maison avec Bartok, ses grands-parents ne l'avaient pas remarqué.— Bien sûr que oui ! Quelle question ! Il est trop mignon ! s'extasia Lidya. Ah, je vois ! C'était ça, ta surprise, hein ? fit-elle en souriant. Par contre, il est bleu, c'est étrange. Où l'as-tu trouvé ?Le fait que Lidya puisse voir Bartok alors que ses grands-parents non, rendit Laurine per
Une nouvelle journée venait de débuter. Allongée sur son lit, un livre sur sa poitrine, les bras le long du corps et le regard perdu dans la contemplation du plafond, Lidya était plongée dans ses pensées. Elle se remémorait les révélations de Léa. Selon cette dernière, sa mère biologique serait peut-être vivante, ou morte. Un mystère qu'elle voulait résoudre. Mais pour le moment, sa sécurité était la plus importante. Raison pour laquelle il fallait qu'elle soit présente au rendez-vous de ce soir. Comment allait-elle s'y prendre ? Voilà ce qu'était le problème.Depuis la veille, elle n'avait pas adressé la parole à sa ‹‹ mère adoptive ››. Rien que l'énonciation de ce mot lui nouait la gorge. Celle-ci avait déjà frappé plus de deux fois à sa porte pour lui parler, mais elle l'avait ignorée. Voir Arielle souffrir autant lui faisait mal, néanmoins elle n'arrivait pas à lui pardonner ; pas pour le moment.Son ventre gargouilla, trahissant sa faim. Cela faisait un moment qu'elle ressentait