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Quatre-vingt-onze

Author: Jo Gray
last update Last Updated: 2025-12-19 23:16:58

EMILY

J’avais arpenté le même étroit couloir de sol tant de fois que j’étais sûre de l’avoir usé.

Mon téléphone était lourd dans ma main, glissant à cause de la sueur due à la façon dont je le serrais. Toutes les quelques secondes, je jetais un œil à l’écran, à moitié espérant que le nom d’Ethan l’illumine soudain, à moitié le redoutant s’il ne le faisait pas. Ça n’arrivait jamais. Pas d’appels manqués, pas de messages, juste un silence qui s’étirait encore et encore, épais et inconfortable.

Après que je lui ai tout raconté sur Elaine, sur la rencontre et la menace, quelque chose en lui avait craqué. Je l’avais vu se produire en temps réel. Sa mâchoire s’était crispée, ses yeux s’étaient assombris, et avant même que je puisse m’expliquer pleinement, il m’avait dit qu’il reviendrait.

Puis il était sorti en trombe, et j’avais été trop stupéfaite pour l’arrêter.

Maintenant, des heures plus tard, cette décision pesait lourdement sur ma poitrine. Je n’arrêtais pas d’imaginer les pires scén
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  • Mariée au jumeau de mon ex-fiancé   Quatre-vingt-treize

    EMILYJe dus me rappeler consciemment de respirer.Inspiration par le nez, expiration par la bouche. Lente et contrôlée. Tout pour empêcher la panique serrée et rampante de déborder et de me transformer en un désordre tremblant là, sur le lit d’hôpital.« Quels secrets ? » ai-je enfin demandé, ma voix sortant plus basse que je ne l’avais voulu et plus tendue, comme si je parlais plus fort, quelque chose en moi se briserait. « De quels secrets parles-tu que maman ne voulait pas voir révéler ? »Mon père baissa les yeux sur ses mains. Elles étaient jointes sur ses genoux, les doigts fins tremblant légèrement, la peau trop lâche sur les os. Je me haïssais de remarquer à quel point il avait l’air malade maintenant, alors qu’une partie de moi voulait encore rester en colère, voulait encore se souvenir de lui comme l’homme qui, sans me dire un mot directement ni essayer de me comprendre, m’avait déshéritée.Il soupira, longuement et lourdement, comme si le poids des années pesait sur sa poi

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    EMILYJ’étais assise complètement immobile au bord du lit d’hôpital tandis que mon père parlait, les mains serrées dans mon giron comme si cela seul pouvait me maintenir ancrée. La chambre sentait faiblement l’antiseptique, et le bourdonnement régulier des machines dehors semblait trop fort, trop présent, comme s’ils comptaient à rebours quelque chose que je n’étais pas prête à reconnaître.Quand il confirma qu’il était bien patient ici, ma poitrine se serra instantanément.« Qu’est-ce que… qu’est-ce que vous avez ? » ai-je demandé calmement.J’avais déjà une idée, une terrible, et autant je ne voulais pas m’en soucier, après tout, après le silence, l’abandon, et la façon dont il avait choisi la trahison de Daniel et Claire plutôt que moi, je me surprenais encore à espérer me tromper.Je le regardai attentivement en attendant sa réponse. Ce n’était pas l’homme dont je me souvenais de mon enfance. À l’époque, mon père était ferme, autoritaire, et presque intimidant. Il était le genre d

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    EMILYJ’avais arpenté le même étroit couloir de sol tant de fois que j’étais sûre de l’avoir usé.Mon téléphone était lourd dans ma main, glissant à cause de la sueur due à la façon dont je le serrais. Toutes les quelques secondes, je jetais un œil à l’écran, à moitié espérant que le nom d’Ethan l’illumine soudain, à moitié le redoutant s’il ne le faisait pas. Ça n’arrivait jamais. Pas d’appels manqués, pas de messages, juste un silence qui s’étirait encore et encore, épais et inconfortable.Après que je lui ai tout raconté sur Elaine, sur la rencontre et la menace, quelque chose en lui avait craqué. Je l’avais vu se produire en temps réel. Sa mâchoire s’était crispée, ses yeux s’étaient assombris, et avant même que je puisse m’expliquer pleinement, il m’avait dit qu’il reviendrait.Puis il était sorti en trombe, et j’avais été trop stupéfaite pour l’arrêter.Maintenant, des heures plus tard, cette décision pesait lourdement sur ma poitrine. Je n’arrêtais pas d’imaginer les pires scén

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    ETHANLa maison des Whitmore était exactement la même.C’est la première chose qui m’a frappé en entrant dans la longue allée incurvée : à quel point elle était intacte, comme si le temps ne l’avait pas touchée. Les mêmes hautes grilles en fer, la même façade en pierre blanche polie jusqu’à un éclat presque aveuglant, et les mêmes haies soigneusement taillées en formes qui ressemblaient plus à un avertissement qu’à un accueil.Je n’y avais pas vécu depuis des années. Je n’y étais même pas venu depuis longtemps, pas parce que je ne pouvais pas, mais parce que je n’étais pas désiré.Le garde de sécurité a hésité en voyant ma voiture, visiblement en train de débattre s’il devait appeler quelqu’un avant de me laisser passer. Rien que cela m’a tout dit. Finalement, les grilles se sont ouvertes quand même, lentement et à contrecœur, comme si la maison elle-même se préparait à ma présence.Je me suis garé à l’endroit où je le faisais autrefois, quand je prétendais encore que cet endroit étai

  • Mariée au jumeau de mon ex-fiancé   Quatre-vingt-neuf

    EMILYJ’étais assise bien droite sur le lit d’hôpital, les doigts entrelacés sur mes genoux tandis que je fixais la paroi vitrée en face de moi.Ethan se tenait juste dehors, parlant à voix basse avec deux personnes que je savais déjà être des inspecteurs. Je le voyais à leur posture : dos droits, visages calmes, et cette immobilité qui vient de années à poser des questions que personne ne veut répondre. L’une était une femme aux cheveux tirés en un chignon bas, l’autre un homme grand au visage fatigué et aux yeux sévères.Je n’entendais pas ce qu’ils disaient, mais ça rendait presque les choses pires.Mon estomac se nouait lentement tandis que je regardais Ethan hocher la tête à quelque chose que disait l’inspectrice. Il avait l’air tendu et protecteur, comme s’il se retenait par pure volonté. De temps en temps, son regard se tournait vers moi à travers la vitre, pour vérifier si j’allais bien.Je n’étais pas sûre d’aller bien, parce que je savais ce qui allait suivre.Ils allaient e

  • Mariée au jumeau de mon ex-fiancé   Quatre-vingt-huit

    EMILYLa première chose que j’ai remarquée en me réveillant a été le bip régulier, et il m’a fallu quelques secondes pour réaliser qu’il ne provenait pas de l’intérieur de ma tête.Mes paupières étaient lourdes, comme collées, et quand j’ai enfin réussi à les ouvrir, le plafond au-dessus de moi m’a paru inconnu : trop blanc, trop lumineux, et parsemé de fissures que je ne reconnaissais pas. Ma tête pulsait sourdement, pas aussi violemment qu’avant, mais assez pour me rappeler que quelque chose n’allait pas.Très mal.J’ai légèrement tourné la tête, et c’est là que je l’ai vu.Ethan se tenait à quelques pas du lit, dos à moi, le téléphone plaqué contre son oreille. Ses épaules étaient tendues, raides d’une manière que j’avais appris à associer à une colère qu’il contenait à peine. Il faisait les cent pas en pas courts et retenus, passant la main dans ses cheveux encore et encore comme s’il essayait de s’empêcher d’exploser.Sa voix était basse mais sérieuse. « Non, vous ne me comprenez

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