Amour duplice

A la une du journal le miroir, un montage : sur une montagne, une grosse tête d’un homme qu’elle ne connaissait pas arborant un sourire, de petits membres dont deux mains levées en victoire monté sur un petit corps. On pouvait lire ‘page 6, Le fou sur la montagne.’ Elle connaissait les éditions de ce journal qui avait construit sa réputation autour de ses sujets à sensation. Son mari lui avait fait parvenir cette édition avec un message sur le post- it collé au journal, ‘on en discute, ce soir.’

Maintenant qu’elle était à sa pause, elle pouvait prendre le temps de lire cette histoire de long en large. Nonchalamment, elle ouvrit la page 6 et lut l’article. L’homme qu’ils ont dénommé le fou sur la montagne clamait avoir trouvé une solution contre la famine dans le monde. Installé dans une des localités les moins accessibles dans le pays, il aurait dans son laboratoire, étudié et expérimenté cette découverte. Elle parcourut l’article et se remit à son ordinateur afin de faire une petite recherche G****e sur la personne. Elle ne trouva pas grand-chose à part ce titre du journal le miroir. Elle se promit de faire un peu de lecture à la descente, avant de rentrer chez elle.

Dès qu’elle entra et entendit son mari s’affairer dans la cuisine, elle se rappela qu’elle n’avait pas approfondit le sujet de ce fou et qu’elle n’aurait donc pas grand-chose à contribuer à cette discussion. C’était un jeu entre eux, pour éviter l’ennui et stimuler la bonne entente. Pour elle c’était surtout en attendant les enfants. Mariés depuis 5 ans maintenant, ils n’avaient pas encore expérimenté la joie d’être parents et ce malgré tous les soins médicaux dans les cliniques les plus onéreuses. Pour éviter de laisser ce manque les définir et aussi pour garder ce cocon qu’ils ont construit durement au fil de sept années maintenant, ils avaient trouvé un jeu qui correspondait à leur désir d’argumenter et de discourir. Une fois toutes les deux semaines, à tour de rôle, ils choisissaient un fait social et en discutait au fur et à mesure de son évolution pour ensuite prédire la suite et la fin de la personne.

Elle déposa son sac sur la table, alla enlacer son chéri et huma son parfum naturel qu’elle aimait tant et qui lui rappelait qu’elle était en sécurité dans ses bras. Il le lui rendit avant de murmurer :

Longue journée, chérie ?

Fatigante, répliqua-t-elle avant de le laisser pour aller se laver les mains et se mettre à table.

Il retourna dresser la table et lui demanda si elle avait lu le journal qu’il lui a fait parvenir.

Oui je l’ai lu et je ne vois pas ce que tu trouves à ce monsieur. Cette personne est juste un de ces tradipraticiens qui promettent monts et merveilles aux populations locales. Je ne vois pas pourquoi il attire ton attention.

Elle revint s’assoir et les servit.

Explique-moi un peu ce que tu lui trouves à ce monsieur, insista-t-elle dès qu’elle avala la première bouchée.

Je ne sais pas… je ne saurais te dire. Peut-être je le trouve intéressant. Répondit – il timidement.

Mais Kevin, commenta t- elle entre deux bouchées, s’il était possible d’éradiquer complètement la faim, tu penses bien que des chercheurs aurait déjà fait cette découverte. Des chercheurs sérieux avec à leur actif des années de recherche et des diplômes bien certains de ce qu’ils font.

Avec un sourire niait, il se contenta de sourire et de remarquer tristement :

Au moins on ne s’ennuiera pas.

Grâce ne répondit pas tout de suite partagée par les émotions éparses que lui transmettent son partenaire. Elle était partagée entre amusement et agacement mais très vite l’agacement prit le dessus. Et tête baissée presque pour elle-même, elle ajouta :

On parle de supposée médecine qui ne connait pas la science.

Il soupira avant de lui répondre :

Nous avions eu recours à une supposée médecine pour nous recommander des plantes pour concevoir chérie., tu te rappelles ?

C’est avec lassitude et tristesse qu’elle le regarda dans les yeux pour répondre :

Un silence gêné s’installa, interrompu par le bruit de la fourchette qu’elle laissa tomber dans l’assiette en céramique. Elle annonça qu’elle allait se laver et se retira. Il la laissa partir et commença à débarrasser la table. Lui qui voulait qu’ils passent une belle soirée, le voilà entrain de regretter d’avoir abordé le sujet qui devait les unir. Ils attendaient le retour de l’hôpital quant à l’insémination et c’est peut-être ce qui explique son irritabilité de ces dernières semaines. Ce projet bébé continue de leur coûté énormément de ressources, de temps et tous les jours, il vit dans la crainte qu’il ne leur coûte même son couple. Il lava la vaisselle et la retrouva allongée dans leur lit en train de lire un livre. Sans aucun mot, il alla se laver et vint s’allonger à côté d’elle. Il l’invita doucement et elle accepta pour se blottir dans ses bras qu’ils savent tous les deux être l’appel qu’elle n’a jamais su refuser.