MasukJe me réveille avec la gorge sèche et les muscles douloureux, comme si la nuit avait été trop courte pour me réparer complètement. Le plafond me paraît plus blanc que d’habitude. Trop calme. Trop immobile.
Il me faut quelques secondes pour rassembler mes pensées. Le bar. La musique qui vibrait dans mes côtes. Les rires. Joyce qui m'entraînait sur la piste. Et puis… Cette main. Cet homme. Et Noah, surgissant comme une rupture dans la nuit. Mon cœur se serre rien qu’en repensant à la scène. La violence contenue dans son regard. La façon dont il m’a tirée vers lui, comme si on venait de m’arracher à quelque chose de dangereux. Cette colère froide qu’il avait déposée dans chaque mot. Je ferme les yeux. Hier, j’ai vraiment eu peur. Et je crois que lui aussi. Je m’assois lentement sur le lit. Une légère douleur pulse dans mon poignet, là où l’homme m’avait agrippée. La marque est fine, presque invisible, mais moi je la sens encore brûler. Je regarde l’heure : 10 h 17. Maman est déjà au travail, comme tous les dimanches matins. Le silence qui flotte dans l’appartement me donne l’impression d’être séparée du monde entier. Je traîne jusqu’à la salle de bain. Un visage pâle, des cernes foncées : voilà ce qu’il reste de la soirée. La veille, je n’ai même pas eu la force de me démaquiller correctement. Le trait noir sous mes yeux me donne l’air d’être passée sous une émotion trop lourde. Je me rince le visage longtemps, jusqu’à ce que l’eau fraîche efface un peu la nuit. Dans la cuisine, je prépare du thé pour calmer les tremblements encore présents dans mes doigts. Je n’arrive pas à chasser l’image de Noah penché vers moi, ses yeux brûlants fixés sur l’homme qui me tenait. Et surtout… La manière dont il m’a raccompagnée. Silencieux, tendu, mais attentif à chaque pas que je faisais. Comme si j’étais en verre. Mon téléphone vibre. Un message de Joyce : “Ma puce… dis-moi que tu vas bien. Je te dois des excuses.” Un pincement me traverse le ventre. Elle n’a rien vu. Elle dansait, elle riait… pendant que moi je suffoquais. Je soupire et m’apprête à répondre quand on frappe soudain à la porte. Je sursaute. Je n’attends personne. Je m’approche doucement, un peu nerveuse. J’entrebâille. Et mon souffle se bloque. Noah. Debout devant ma porte, habillé en noir, simple mais impeccablement structuré. Un jean sombre, un t-shirt sobre, un blouson léger. Pas le PDG froid dans son costume. Un homme. Juste un homme qui semble n’avoir dormi ni assez, ni bien. Il enlève ses lunettes de soleil. Ses yeux accrochent les miens, et dans ce regard-là… il y a la nuit d’hier. Toute entière. — Tu vas mieux ? demande-t-il, la voix basse, presque rugueuse. Aucune formalité. Aucune distance artificielle. Juste une inquiétude brute, qui me frappe de plein fouet. Je reste quelques secondes sans voix. — J’essaie, dis-je enfin. Il hoche lentement la tête. Son regard glisse brièvement sur mon poignet, que je tiens inconsciemment près de moi. — Il t’a fait mal ? demande-t-il immédiatement. Je croise son regard. Il n’est pas en colère. Il est prêt. Comme si le danger n’était qu’en pause, et qu’il attendait juste mon signal pour exploser à nouveau. — Non, juste un peu… serré. C’est rien. Sa mâchoire se contracte. Il ne me croit pas. Ou alors, pour lui, “un peu serré” est suffisant pour déclencher l’enfer. Je m’écarte légèrement de la porte. — Tu veux entrer ? Il reste silencieux deux secondes. Comme s’il évaluait la frontière invisible entre nous. Puis il franchit le seuil. Sa présence remplit l’appartement sans effort. Il ne touche à rien, ne s’avance pas trop. Il se contente de se tenir là, au milieu du salon, droit, imposant, le regard posé sur moi mais pas oppressant. Juste… attentif. — Je n’allais pas rester sans nouvelles, dit-il finalement. Après ce qui s’est passé. Sa voix porte encore cette intensité de la veille. Une intensité qui ne brûle pas… mais qui enveloppe. — Je… merci, Noah. Vraiment. Il détourne brièvement les yeux, comme si mes mots le mettaient mal à l’aise. — Ce n’est rien. Mais je vois bien que ce n’est pas “rien”. Cet homme ne se déplace jamais pour rien. Et surtout pas un dimanche matin. Sa voix est d’une précision glaciale. Et pourtant, elle me rassure bizarrement. Il s’approche, très légèrement. Pas assez pour m’effrayer. Juste assez pour que je sente son parfum, discret, chaud. — Si j’avais été cinq secondes plus tard… Il ne termine pas. Mais le reste de sa phrase flotte dans l’air. Je déglutis. Un silence s’installe, lourd, mais pas inconfortable. Un silence qui dit plus que tout ce qu’on pourrait verbaliser. Puis il soupire discrètement. — Tu devrais éviter ce genre d’endroits le soir, pour l’instant. Je souris malgré moi. — Tu veux me mettre sous surveillance ? Il me regarde longtemps. — Peut-être. Je sens mon cœur rater un battement. Il ne sourit pas, lui. Il dit ça avec un sérieux déstabilisant. Je m’apprête à répondre quand mon téléphone vibre. Joyce. Encore. Noah baisse les yeux vers l’écran. — Réponds-lui, dit-il doucement. Je vais te laisser te reposer. Il marche vers la porte. Mais avant de l’ouvrir, il se tourne une dernière fois vers moi. — Nadège… Si tu ressens quoi que ce soit d’anormal, tu m’appelles. Immédiatement. Un ordre. Protégé dans une promesse. — D’accord, dis-je simplement. Il hoche la tête. Et s’en va. La porte se referme derrière lui. Je reste immobile quelques secondes. Comme si mon salon était soudain trop petit pour contenir tout ce qui vient de se passer. Puis j’attrape mon téléphone. Je dois répondre à Joyce. Mais mon esprit, lui, est encore dans l’embrasure de la porte. Avec lui.— Mr christian...? Mais qu'est ce que vous faites là!?— Fatigué d'attendre votre approbation pour un dîner ? Je me suis permis de venir chez vous.— Nadège tu ne propose pas à notre invité de s'asseoir ?Je fais un signe de main à mr Christian lui indiquant une place à laquelle il pourrait s'asseoir. Je ne pouvais pas imaginer qu'il puisse arriver à cet extrême. Et ma mère qui ne cesse de me regarder de façon bizarre. J'ai envie de trancher direct pour savoir ce qu'il fait là mais comment faire ? Puisque ma mère est là. Je réfléchis puis pour rompre ce silence perfide je lui propose un café, après tout il s'est imposé à nous comme invité.— Voulez vous quelques choses à boire ? Un café par exemple ?— bien-sûr je ne suis pas de refusJe me dirige d'un pas pressé vers la cuisine. Je m'arrange à y faire plus de temps possible. J'entends des éclats de voix au salon.Ma mère et lui sont entrain de se faire la conversation. Le café est enfin prêt, je m'avance puis je le dépose.— votre ca
Je referme la portière derrière elle. je reste un moment pensif dans la voiture, à imaginer ce qu'elle subit en ce moment par ma faute. Je ne klaxonne pas. Je ne fais pas de geste inutile. Je la regarde simplement disparaître à l’intérieur de la maison. Quand la porte se referme, quelque chose se vide en moi. Pas brutalement. Lentement. Comme un souffle qu’on retient trop longtemps et qu’on relâche enfin. Quelques minutes plus tard je lui fais un message, elle me rassure et je peux partir le cœur léger. Le trajet jusqu’à chez moi se fait presque mécaniquement. La ville défile, familière, indifférente. Les mêmes rues, les mêmes feux, les mêmes visages pressés. Rien n’a changé dehors. Et pourtant, tout a changé à l'intérieur de moi. Une fois dans l’appartement, le silence m’accueille. Ce silence-là n’est pas oppressant. Il est dense. Chargé. Je pose mes clés, enlève mes chaussures, défais les boutons de ma chemise avec lenteur. Mon corps e
Je raccroche lentement, le téléphone encore brûlant dans ma main. Le silence qui s’installe dans la chambre est lourd, presque gênant. Ma mère n’a rien ajouté après sa question, mais je connais ce silence-là. C’est celui qui promet une avalanche de questions dès que je passerai la porte.Je lève les yeux vers Noah. Il n’a pas bougé. Il est assis au bord du lit, les coudes appuyés sur ses cuisses, la tête légèrement baissée. Son visage est tiré, ses traits plus durs que tout à l’heure, comme si la réalité venait de le rattraper lui aussi.— Je dois rentrer, dis-je enfin.Ma voix est plus ferme que je ne l’aurais cru. Peut-être parce que, pour une fois, je n’ai pas le choix.Je me dirige vers la salle de bain sans attendre de réponse. Le carrelage est froid sous mes pieds nus. Je referme la porte derrière moi et m’appuie quelques secondes contre le lavabo. Mon reflet me renvoie une image qui me déstabilise : cheveux en bataille, yeux encore gonflés de sommeil, le t-shirt de Noah qui gli
Le jour s'étire avec l'apparition des premiers rayons de soleil qui s’infiltrent à travers les rideaux. Ma tête cogne tellement fort qu'on dirait qu'elle va exploser. L'amertume dans ma bouche et cette odeur d’alcool qui émane de moi me donne presque la nausée. J'ouvre à peine mes yeux, je tapotte le lit et là je me heurte à la réalité qui me tape de plein fouet. Je ne suis pas seul dans le lit. Mais qui est ce ? C'est au moins une fille je l'espère. Elle est recouverte d'y drap de la tête au pieds. Je me décide de lui ôter le drap du visage et là je sursaute avant de bondir hors du lit. Mon cerveau et mes yeux ne parviennent pas à croire en ce que je vois. — Hey!... réveillez vous! Dis-je en serrant les dents le ton d'emblé d'une colère et d'un agacement naissant — Mais maman laisse moi dormir encore un peu stp — Réveillez-vous Mlle Mballa ! Vous êtes chez moi et dans mon lit bon sang! Cette fois, ma voix est assez audible et je la regarde attentivement reprendre conscience. Ell
dans la peau de Noah Le lounge est un tourbillon de lumières et de sons. Les basses résonnent dans ma poitrine, chaque vibration me traverse comme un choc électrique. Je vois flou. Les silhouettes autour de moi dansent et rient, inconscientes, légères. Moi, je reste figé sur ma chaise, un verre à la main, tremblant légèrement. Je bois, encore et encore, comme si le liquide pouvait noyer mes pensées et mes sentiments, mais ça ne fait qu’amplifier le chaos à l’intérieur. Mes mains tiennent le verre, mais mes yeux cherchent autre chose. Quelque chose que je n’ai jamais osé convoquer avant ce soir. Mon téléphone glisse entre mes doigts. Je navigue dans les contacts, je cherche son nom, le souffle court. Mon cœur tambourine comme si chaque seconde d’hésitation allait me brûler. Une… deux… trois secondes. Je retarde, mais l’impulsion devient plus forte que moi. Et enfin, sans réfléchir, je tape son numéro et appuie sur appeler. La sonnerie résonne dans mes oreilles comme un coup de canon
L’ascenseur se referme dans un souffle feutré.Le silence s’abat aussitôt, lourd, presque oppressant. Les parois métalliques renvoient notre reflet déformé. Noah est juste devant moi. Trop proche. Assez pour que je sente la chaleur de son corps, assez pour que chaque respiration devienne une prise de risque.Il relâche lentement sa prise sur mon poignet, comme s’il venait seulement de réaliser ce qu’il faisait. Le geste est discret, maîtrisé, mais je l’ai senti. Ce retrait contrôlé. Cette retenue presque douloureuse.— Reste ici, dit-il sans me regarder.Sa voix est redevenue professionnelle. Calme. Tranchante. Celle du PDG que tout le monde respecte et redoute.Mais je sais. Je sais que c’est une façade.— Noah… murmuré-je, incapable de supporter cette distance soudaine.Il ferme les yeux une fraction de seconde. Juste assez pour que je comprenne qu’il lutte. Contre lui-même. Contre quelque chose de plus fort que la raison.— Nadège, coupe-t-il doucement, mais fermement. Écoute-moi.







