Chapitre 3 — L’art de partir, l’art de revenir
Le téléphone vibre. Rebecca, allongée sur le canapé du petit appartement de Séléna, sa meilleure amie, hésite avant de décrocher. L’écran affichait Gregory. Elle savait qu’il appellerait. Ce genre d’homme ne supportait pas de ne pas avoir le dernier mot. Elle décroche. Pas par faiblesse, mais parce qu’elle voulait qu’il entende le calme dans sa voix. — Tu crois que tu vas partir comme ça ? hurla Gregory dès qu’elle répondit. Tu me laisses une enveloppe comme si on avait vécu trois mois ? Tu n’es pas sérieuse, Rebecca ! Elle reste silencieuse quelques secondes, puis, d’une voix posée : — J’ai été sérieuse pendant 3 ans. Toi, tu ne l’as jamais été. Alors maintenant, tu vas signer les papiers, Gregory. Et s’il te plaît, fais-le rapidement. J’ai perdu assez de temps comme ça. — REVENEZ à la maison, Rebecca. — Non. Et si tu veux me parler encore, que ce soit par avocat. Elle raccroche. Ses mains tremblaient un peu, mais une paix étrange flottait en elle. Pour la première fois, elle n’avait pas cédé à sa voix. Séléna sortit de la salle de bain, les cheveux encore enroulés dans une serviette. — Il a appelé ? demanda-t-elle en plissant les yeux. — Oui. — Et tu as été une reine, j’espère ? Rebecca sourit. — Une impératrice. Séléna applaudit en sautillant. — Alors, ce soir, on fête ton divorce en devenir. On va au “Velvet”. Tenue chic obligatoire. Je veux que tous les hommes se retournent sur toi. Et que Gregory le sente dans son âme, même à distance. Rebecca lève les yeux au ciel. — Sérieusement, je suis pas sûre de vouloir sortir… — Tu n’as pas le choix. C’est thérapeutique. Tu ne peux pas renaître dans un survêtement et un chignon moche. Allez, laisse-moi faire. Une heure plus tard, Rebecca était assise devant le miroir, pendant que Séléna maniait pinceaux et rouges à lèvres avec une précision de chirurgienne. Elle lui avait choisi une robe noire moulante, sans être vulgaire. Dos nu. Talons aiguilles. Cheveux lâchés, légèrement ondulés. Un trait d’eye-liner précis, un rouge carmin sur les lèvres. Rebecca se regarde dans la glace. Elle ne s’était pas vue comme ça depuis son mariage. — Waouh, murmura-t-elle. — Tu vois ? souffla Séléna avec un sourire malicieux. Ce n’est pas toi qui es banale. C’est lui qui avait les yeux fermés. Le “Velvet” était déjà bondé quand elles arrivèrent. La musique battait doucement, élégante, un jazz moderne mêlé à une ambiance lounge. L’éclairage était tamisé, doré. Les gens parlaient bas, riaient, buvaient. Et tous les regards se tournèrent vers elles certains avec admiration, d’autres avec envie. Cela la gêne un peu au début, mais elle laisse Séléna la tirer vers le bar. — Deux margaritas ! lança son amie. À peine leurs verres en main, un homme s’approche. Grand, barbe soignée, chemise ouverte sur un torse musclé. — Vous voulez danser ? Rebecca hésite. Séléna lui lança un regard assassin. — Allez. C’est pas un mariage, c’est juste une danse. Tu peux faire ça. Rebecca accepte.Puis, il arriva.
Il était au fond de la piste. Grand. Élégant. Mâchoire carrée, regard sombre. Un air de Gregory, mais sans la froideur. Il s’approche doucement, sûr de lui, et lui tendit la main.
— Une dernière danse ? proposa-t-il avec un sourire désarmant. Rebecca hésite, puis pose sa main dans la sienne. Ils dansent lentement. Il la guidait avec douceur. Il parlait peu. Juste quelques mots, un compliment, un rire léger. Rebecca se laisse aller, légèrement troublée par la sensation de sa main dans le bas de son dosJuste… agréable. Quand il pose doucement sa main contre sa joue et se penche pour l’embrasser, elle hésite. Et soudain, une main puissante la tira en arrière, brusquement. — Elle est ma femme ! Rebecca bascule d’un pas, le souffle coupé. Gregory. Il était là. Ses mâchoires serrées. Sa chemise encore ouverte, comme s’il était venu en urgence. — Qu’est-ce que tu fais ici ? lâcha Rebecca, la voix tremblante. — Je te ramène. Le silence tombe sur la piste. L’homme qui avait failli l’embrasser s’était étonné. Rebecca sentit la colère monter. — Tu n’as plus aucun droit sur moi, Gregory. Tu as reçu les papiers. — Tu crois que tu peux m’humilier comme ça ? Venir te pavaner ici dans cette robe, avec un inconnu ? T’es ma femme, Rebecca. Elle se redressa. — Non, Gregory. J’étais ta femme. Et ce soir, je célèbre le fait que je ne le suis plus. Gregory la fixe. Il ne s’attendait pas à ça. Peut-être s’attendait-il à la voir rougir, fuir, s’excuser. Mais Rebecca resta droite. Séléna arrive aussitôt. — Un souci, monsieur l’ex-mari ?Chapitre 8— L’eau qui efface Rebecca avait trouvé refuge dans un petit appartement, modeste mais propre, à deux rues de l’hôpital. Les murs sentaient encore le plâtre neuf. Le sol carrelé résonnait du moindre de ses pas. Il n’y avait presque rien : un matelas au sol, une table d’appoint, un placard vide, une cafetière d’occasion. Mais c’était chez elle. Elle avait changé de numéro de téléphone. Seules Séléna,le Professeur Thomson et ses parents l’avaient. Mais Gregory… lui, il appelait encore son ancien numéro. Elle le savait parce que chaque jour, la boîte vocale saturait de messages qu’elle n’écoutait pas. Elle n’en avait ni la force, ni le besoin. “Rentres à la maison ce soir. J'ai préparé le dîner. Nous avons tous besoin de parler. Ton père insiste. – Maman. Rebecca relis le mot plusieurs fois. Elle soupire. Son ventre se noue, non pas de peur, mais d’épuisement. Elle savait déjà que ce ne serait pas un dîner, mais un procès. Elle hésite. Longtemps. Puis finit par se di
Chapitre 7— Revenir à soi Rebecca se tenait près de la fenêtre, le téléphone à la main. L’écran affichait un numéro qu’elle n’avait plus composé depuis des années. Elle hésite encore quelques secondes, le cœur serré, puis appuya sur “Appeler”. Un souffle. Deux tonalités. Puis une voix grave, toujours aussi douce malgré le poids des années : — Rebecca ? Est-ce que… c’est bien toi ? Un sourire timide étira les lèvres de la jeune femme. — Oui, Professeur Thomson. C’est moi. Il y eut un silence. Puis un rire chaleureux traversa la ligne. — Eh bien… tu m’appelles après tout ce temps. J’allais justement t’écrire. J’ouvre une clinique de massage thérapeutique en ville. Et si tu n’étais pas en ligne aujourd’hui, je t’aurais appelée demain. Rebecca sent son ventre se nouer. Ce genre de coïncidence lui avait toujours paru suspecte. — Je… j’aurais dû vous appeler plus tôt. Mais j’avais honte. J’ai tout abandonné. Je suis partie comme une idiote, sans un mot. — Rebecc
Chapitre 6– L’autre femme— Je ne veux pas te voler à Rebecca, dit Sonya d’une voix douce. C’est ma sœur, je ne veux pas passer pour celle qui a brisé son mariage.Elle joue distraitement avec le bord de son verre. Gregory est assis tout près, il ne la quitte pas des yeux. Il l’écoute, mais son regard glisse rapidement vers ses lèvres.— Ce mariage n’a plus de sens, répond-il calmement. Tu le sais bien. Ce n’était qu’un accident avec Rebecca. Toi, tu es différente.Sa main se pose sur sa cuisse nue. Elle frissonne mais ne le repousse pas. Il se penche lentement vers elle, leurs visages se rapprochent.— Elle est douce, oui, mais toi… c’est toi que je veux depuis le début.Il l’embrasse d’abord lentement, puis ses lèvres gagnent en intensité. Sa main remonte pour caresser la nuque de Sonya. Il la tire contre lui. Elle enroule ses bras autour de son cou sans résistance. Ils s’embrassent avec assurance, comme s’ils étaient faits pour ça.— Tu as toujours été celle que j’aimais, mur
Chapitre 5— Ce que je vaux Le parking du bar était presque désert lorsque Rebecca sortit. L’air frais de la nuit gifle son visage maquillé, effaçant les dernières traces de chaleur sur ses joues. Mais à peine eut-elle atteint le trottoir qu’une voix moqueuse l’arrêta net. — Alors c’est vrai… Tu joues les femmes libérées maintenant ? Le style “divorcée en robe de bar” te va mieux que je ne pensais. Rebecca se retourne lentement. Sonya. Sa sœur, toujours tirée à quatre épingles, talons aiguilles, sac de luxe au bras, un sourire suffisant collé aux lèvres. À ses côtés, une autre femme ricanait doucement : Lorène, une ancienne camarade de lycée, issue d’une famille influente, aujourd’hui mariée à un diplomate. — Tu devrais vraiment apprendre à rester à ta place, Rebecca, reprit Sonya, la voix faussement douce. Les choses seraient tellement plus simples. Tu n’imagines pas à quel point sa mère m’apprécie. Elle dit toujours que j’aurais dû être la vraie épouse, pas la version… d’es
Chapitre 4 — Ligne de feu D’un geste sec, il attrape le poignet de Rebecca, ses doigts se refermant comme un étau. — Gregory, lâche-moi ! siffle-t-elle, tentant de se dégager. Mais il ne répond pas. Sa poigne se fait plus dure. Il la tire à travers le couloir étroit menant aux toilettes VIP. La porte claque derrière eux, engloutissant le tumulte du bar. Là, dans cet espace glacé, seul le bourdonnement des néons et leurs souffles haletants troublent le silence. Rebecca sent l’odeur familière de Gregory : une fragrance musquée, lourde, qui colle à la peau. — T’es fière de toi ? crache-t-il, ses yeux noirs plantés dans les siens. Danser avec ces mecs, les laisser te toucher, te trémousser comme une… — Une quoi ? le coupe Rebecca, le regard acéré comme une lame. Il s’approche d’un pas. Elle sent la menace dans chacun de ses muscles tendus, mais elle ne bouge pas. — Tu n’as plus rien à me reprocher, Gregory. — Le divorce n’est pas signé, lâche-t-il, la voix basse, sifflant
Chapitre 3 — L’art de partir, l’art de revenir Le téléphone vibre. Rebecca, allongée sur le canapé du petit appartement de Séléna, sa meilleure amie, hésite avant de décrocher. L’écran affichait Gregory. Elle savait qu’il appellerait. Ce genre d’homme ne supportait pas de ne pas avoir le dernier mot. Elle décroche. Pas par faiblesse, mais parce qu’elle voulait qu’il entende le calme dans sa voix. — Tu crois que tu vas partir comme ça ? hurla Gregory dès qu’elle répondit. Tu me laisses une enveloppe comme si on avait vécu trois mois ? Tu n’es pas sérieuse, Rebecca ! Elle reste silencieuse quelques secondes, puis, d’une voix posée : — J’ai été sérieuse pendant 3 ans. Toi, tu ne l’as jamais été. Alors maintenant, tu vas signer les papiers, Gregory. Et s’il te plaît, fais-le rapidement. J’ai perdu assez de temps comme ça. — REVENEZ à la maison, Rebecca. — Non. Et si tu veux me parler encore, que ce soit par avocat. Elle raccroche. Ses mains tremblaient un peu, mais une pai