Chapitre 4: ligne de feu

Chapitre 4 — Ligne de feu

D’un geste sec, il attrape le poignet de Rebecca, ses doigts se refermant comme un étau.

— Gregory, lâche-moi ! siffle-t-elle, tentant de se dégager.

Mais il ne répond pas. Sa poigne se fait plus dure. Il la tire à travers le couloir étroit menant aux toilettes VIP. 

La porte claque derrière eux, engloutissant le tumulte du bar. Là, dans cet espace glacé, seul le bourdonnement des néons et leurs souffles haletants troublent le silence. Rebecca sent l’odeur familière de Gregory : une fragrance musquée, lourde, qui colle à la peau.

— T’es fière de toi ? crache-t-il, ses yeux noirs plantés dans les siens. Danser avec ces mecs, les laisser te toucher, te trémousser comme une…

— Une quoi ? le coupe Rebecca, le regard acéré comme une lame.

Il s’approche d’un pas. Elle sent la menace dans chacun de ses muscles tendus, mais elle ne bouge pas.

— Tu n’as plus rien à me reprocher, Gregory.

— Le divorce n’est pas signé, lâche-t-il, la voix basse, sifflante. T’es encore ma femme. Ce que t’as fait ce soir… c’est une trahison.

Elle le fixe, incrédule. Une seconde de silence, puis son rire sec claque dans l’air.

— Une trahison ? répète-t-elle, écœurée. Après Sonya ? Après tous tes mensonges ? Tu viens me parler de loyauté ?

Son regard vacille. Ses poings se serrent.

— Entre elle et moi, il ne s’est rien passé.

— Et entre toi et moi, réplique-t-elle, glaciale, il ne reste plus rien.

—Sérieux Rebecca ? Tu viens te trémousser comme une salope juste pour me provoquer ? T’as besoin de ça pour exister maintenant ?

Rebecca reste figée. Les mots frappent plus fort qu’un coup. Son regard vacille, comme si elle n’avait pas compris. c’était toujours comme ça lorsqu’il voulait la rabaisser, il mettait tout le tort sur elle mais c’est terminé! 

Et sans prévenir ,une gifle éclate, traversant l’air avec violence. 

Gregory encaisse le coup. Sa tête pivote, mais il ne bronche pas. Il reste droit, les mâchoires crispées. Lentement, il se tourne vers elle, les yeux remplis de colère glaciale.

Gregory se pencha brusquement vers elle et prit son visage entre ses mains. Il écrasa sa bouche contre la sienne, sans lui laisser le temps de protester. Ses lèvres étaient dures, insistantes. Sa langue chercha à s’imposer, à forcer l’entrée. Rebecca se raidit et posa les mains sur son torse pour le repousser, mais il ne bougea pas. Il la coinça d’un geste contre le mur, son corps entièrement collé au sien.

Il continua à l’embrasser, plus lentement cette fois, mais sans cesser de chercher à franchir la barrière de ses lèvres. Ses doigts descendirent le long de sa nuque, puis glissèrent sur sa taille, s’arrêtant un instant sur la courbe de sa hanche. Son souffle était chaud, pressant, irrégulier.

— Jusqu’à la dernière signature, tu restes à moi, murmura-t-il contre sa bouche. Tu peux faire semblant autant que tu veux, Rebecca. Mais ton corps me reconnaît. Il se souvient.

— Tu me dégoûtes, souffla-t-elle, la gorge nouée.

Il ne recula pas. Sa main remonta sous le tissu de son haut, effleurant la peau de son ventre, lente, possessive. Ses lèvres descendirent le long de sa mâchoire, jusqu’à la base du cou, qu’il mordit légèrement. Rebecca détourna le visage, sa respiration courte.

Ses doigts s’attardèrent sous sa poitrine, sans aller plus loin. Il s’arrêta, mais resta contre elle, sans lâcher prise.

Elle resta immobile quelques secondes.Puis leva lentement la tête. Ses yeux croisèrent les siens. Elle glissa une main dans sa nuque, inversa la pression et l’attira à elle. Cette fois, c’est elle qui l’embrassa. 

Elle ouvrit la bouche juste assez pour le déséquilibrer. Ses lèvres guidaient, sa main contrôlait l’angle. Il ne bougea plus. Elle menait.C’est lui qui la suit, prisonnier de sa bouche, de son rythme.

Il se fige, troublé. Une seconde d’hésitation traverse son regard. Elle sent son souffle ralentir.

Et alors, Rebecca parle.

— Dis-moi, Gregory… C’est moi qui t’excite là ? Ou c’est ma sœur que tu imagines à ma place ?

Le choc se peint sur son visage. Ses mains se figent. Son souffle se coupe net. Il recule d’un pas, les lèvres entrouvertes, les yeux fuyants.

— Réponds, insiste-t-elle, la voix tranchante. Qui est-ce que tu touches vraiment ? Moi… ou Sonya ?

Il recule encore. Une ombre passe dans son regard. 

Rebecca le dévisage, un sourire glacé effleurant ses lèvres.

— C’est bien ce que je pensais. T’es qu’un lâche.

Elle lisse sa robe d’un geste lent, ajuste une mèche rebelle, puis se détourne.

— Et la prochaine fois que tu veux imposer ta loi dans les toilettes d’un bar, murmure-t-elle sans se retourner, assure-toi de ne pas tomber sur une femme qui t’a déjà oubliée.

Elle ouvre la porte et disparaît.

La musique battait toujours dans le bar, les gens riaient, dansaient, buvaient. Tout semblait normal. Comme si le monde ne s’était pas fissuré pour Rebecca il y a à peine quelques minutes.

Elle marchait vite, les talons martelant le sol avec une énergie contenue. Sa mâchoire était serrée, son regard vide. À peine sortie du couloir, elle repéra Séléna au bar, en train de discuter avec un serveur. Rebecca se dirigea droit vers elle.

Séléna l’aperçut aussitôt.

— Hey, t’étais où ? J’allais venir te chercher ! Tu faisais quoi ? Tu—

Elle s’arrêta net en voyant le visage de Rebecca.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? Il t’a fait quelque chose ?

Rebecca attrapa son bras.

— On rentre. Tout de suite.