Chapitre 4

Point de vue d'Adam

Je veux divorcer.

Ces mots tournent en boucle dans ma tête sans arrêt.

Parmi toutes les mauvaises nouvelles que j'ai eu la malchance d'entendre — et croyez-moi, en tant que PDG, j'en entends beaucoup — l'annonce soudaine du divorce par Ariane est de loin la pire. Je suis toujours fier de garder mon sang-froid en toutes circonstances. C'est une exigence de mon poste, pourtant, cette fois-ci, je reste muet, incapable de bouger, jusqu'à ce qu'elle monte en voiture avec mon oncle. Quand je reprends enfin mes esprits, elle est déjà loin, me laissant me noyer dans le choc qu'elle a provoqué.

Je suis abasourdi par son audace ; elle a prononcé ces mots en me regardant droit dans les yeux. Les yeux noisette froids d'Ariane n'avaient rien à voir avec la femme douce et timide que je connaissais. Ce qui me surprend également, c'est de voir à quel point cette annonce me touche, alors que je n'aurais même pas dû ciller. Après tout, je n'ai jamais envisagé de l'épouser. Ces trois années de vie commune m'ont donné l'impression d'être prisonnier de ses manipulations et de l'autorité tyrannique de mon grand-père.

Je ne me suis jamais soucié d'Ariane, et pourtant, ce mot « divorce » me laisse complètement vide, incapable de penser clairement, jusqu'à ce que la portière de ma voiture s'ouvre et que je réalise que je suis encore planté devant le cimetière. Mon assistant personnel sort du véhicule et dit :

« Monsieur, votre rendez-vous avec Taylor Entreprises commence dans trente minutes. Il faut plus d'une heure pour y aller en voiture, nous devrions partir maintenant si... »

« Annulez-le. » dis-je en regagnant la voiture. Mon esprit est dans un tel brouillard que je suis incapable de gérer quoi que ce soit, même une réunion valant plusieurs millions d'euros. Mon assistant se précipite derrière moi, visiblement perdu.

« Mais Monsieur, ce n'est pas votre seul rendez-vous aujourd'hui. Vous avez aussi... » Il commence à énumérer mon emploi du temps surchargé au moment où je m'assois dans la voiture.

« Annule tout ! » dis-je en m'installant sur le siège en cuir, desserrant ma cravate car j'ai du mal à respirer. « Monte et allume la climatisation, bordel. » ordonne-je, incapable de masquer l'agacement et la colère dans ma voix. Il capte enfin mon humeur explosive, acquiesce discrètement, puis grimpe côté conducteur avant de quitter le parking du cimetière.

Nous prenons l'autoroute, la climatisation souffle de l'air frais, mais je sens toujours une chaleur rageuse monter en moi. Même en déboutonnant quelques boutons de ma chemise, cela n'y change rien. Mon esprit est obsédé par Ariane et ce putain divorce. Mon choc est bien loin, et maintenant je mijote dans rien d'autre que de la colère, frôlant la rage.

Pour qui se prend-elle ?

Qu'est-ce qui lui donne l'audace de penser qu'elle prend la décision du divorce ?

S'il y a bien quelqu'un qui aurait dû envisager de divorcer, c'est moi. C'est moi qui ai été contraint de l'épouser. C'est elle qui a été séduite par mon charme au point de me droguer pour m'avoir. Si quelqu'un devait lui jeter des papiers de divorce au visage, c'était moi - et pourtant, cette idée ne m'avait jamais effleuré.

Elle est une bonne secrétaire : obéissante, efficace, toujours disponible. Et une épouse correcte, qui ne se met jamais en travers de mon chemin, qui n'est jamais avide d'attention. Ariane accepte tout ce que je lui offre : le peu de temps, le sexe irrégulier, la communication parcimonieuse, tout ce que j'estimais suffisant pour notre type de relation.

Son changement soudain d'attitude me pousse à analyser toutes les possibilités, à envisager tout ce qui aurait pu mal tourner. Une idée me traverse alors l'esprit, exacerbant ma colère à un niveau que je peine moi-même à comprendre.

« Vérifiez si Ariane a vu quelqu'un récemment. Surtout des hommes. » dis-je. Mon assistant me regarde à travers le rétroviseur. Son expression trahit son étonnement de m'entendre lui demander d'enquêter sur ma propre femme, comme si elle m'avait trompé. Mais je ne peux rien écarter. Si Ariane m'a trahi, je le jure devant Dieu...

Mon téléphone vibre sur le siège en cuir à côté de moi. Le nom de Sophie s'affiche avec une notification : elle me demande quand je serai disponible pour un rendez-vous médical. En voyant son message, ma colère se calme un peu, remplacée par un sentiment bien plus troublant. Parmi toutes les raisons que j'avais envisagées pour expliquer la décision d'Ariane, je n'avais jamais pensé que cela pourrait être lié au fait que la femme que j'avais autrefois aimée soit enceinte.

Je repense à ce soir d'il y a deux mois, où une fois de plus, l'alcool m'a conduit à faire le pire choix possible. J'étais censé simplement récupérer Sophie à l'aéroport, la déposer à l'hôtel, puis rentrer chez moi. Mais j'ai accepté son invitation à boire un verre dans sa chambre, sous prétexte de se remémorer le bon vieux temps. Cette nuit-là, nous avons fait bien plus que boire un verre, et Sophie est tombée enceinte. Je ne peux pas qualifier cela d'erreur, mais au fond de moi, je sais que ça n'aurait jamais dû arriver. Je n'aurais pas dû me laisser séduire par l'idée de retrouver Sophie après trois ans.

Je veux cet enfant. C'est mon enfant, et je ne compte pas le perdre. Mais le prix à payer est un problème que je n'avais pas envisagé : le divorce avec Ariane. Or je ne peux pas la laisser divorcer. J'ai besoin d'elle, au bureau comme à la maison. Elle est ma secrétaire depuis sept ans, personne ne fait mieux son travail. Et en tant qu'épouse, je la rémunère généreusement pour s'assurer qu'elle ne manque de rien. Comment pourrait-elle survivre sans moi ? Elle croit vraiment qu'en demandant le divorce, elle peut me surpasser ? À quoi joue-t-elle ? Ha ! Ces femmes qui croient pouvoir se passer d'un homme et de son soutien.

Alors que je réfléchis profondément à ces choses, je pense aussi à un moyen de les réparer.

Il me suffit de faire quelque chose pour lui plaire.

« Qu'est-ce que les femmes aiment ? » ai-je demandé à mon assistant.

Il hésite un instant, surpris par ma question soudaine, puis s'éclaircit la gorge avant de répondre : « Euh, je dirais... des sacs de luxe, et... des fleurs. »

Déjà, je parcours une boutique en ligne sur mon téléphone, achetant chaque sac hors de prix qui attire mon regard, jusqu'à en commander assez pour remplir son dressing pendant un an. Puis, sur le chemin du retour, nous nous arrêtons dans une boutique de fleurs. Face à plus de cent mille variétés, je suis incapable de décider quoi acheter. Apparemment, même pour quelque chose d'aussi insignifiant que des fleurs, les femmes ont leurs préférences. Finalement, je choisis des lys, sur le conseil de la vendeuse qui affirme que c'est la fleur préférée de la plupart des femmes.

Après ça, je rentre chez moi, avec une seule idée en tête : je ne laisserai pas Ariane divorcer de moi.