Chapitre 2

« Tu vas voyager ? »

Charles m'a soudainement demandé.

J'ai souri avec indifférence.

« Non, c'est juste que je n'en ai plus envie tout à coup. »

Charles m'a regardée longuement, sans percevoir mon changement, et a poussé un léger soupir de soulagement à peine perceptible.

Je n'avais rien mangé à midi, et mon estomac était vide. En voyant les petits gâteaux sur la table, j'ai instinctivement pensé à en prendre un pour calmer ma faim.

Viviane n'a pas pu s'empêcher d'intervenir :

« Mademoiselle, c'est le patron qui me les a spécialement achetés… »

Je me suis arrêtée, et j'ai regardé Charles.

Charles a dit :

« Laisse donc Viviane garder ce gâteau, de toute façon, ce gâteau ne valait rien pour toi. »

J'ai froncé les sourcils en les observant jouer la comédie ensemble :

« Charles, je n'ai rien mangé de la journée, j'ai très faim. »

Viviane a aussitôt pris un air pitoyable, mais avant même qu'elle ne parle, Charles m'a réprimandée :

« C'est jamais fini avec toi ? Ce n'est qu'un gâteau, tu dois vraiment le prendre à Viviane ? »

Je n'ai rien dit, me contentant de le fixer.

Peut-être ayant réalisé que son ton était inapproprié, Charles a adouci sa voix :

« Je ne te reproche rien. Que veux-tu manger, un steak ou des pâtes ? »

« Je peux te préparer ce que tu veux, pas besoin de prendre le gâteau de Vivi, n'est-ce pas ? »

Viviane pleurait à chaudes larmes à côté.

« Patron, pas besoin de prendre ma défense. »

« Je sais que je ne suis qu'une servante. Si elle veut vraiment mon gâteau, laissez-la le prendre. »

En entendant cela, Charles a immédiatement saisi le gâteau dans ma main et l'a donné à Viviane :

« Viviane, ce n'est pas pour elle. C'est moi qui te l'ai acheté. »

Si c'était avant, je me serais certainement disputée avec Charles, insistant pour qu'il précise qui était sa préférée.

Mais maintenant, cela n'avait plus d'importance. J'allais bientôt quitter cet endroit.

L'opposé de l'amour, c'est l'indifférence.

En réalisant cela, j'ai souri : « Un steak, alors. Merci. »

Surpris par ma clémence, Charles m'a expliqué :

« Ne te méprends pas. Viviane a été blessée aujourd'hui, c'est pour ça que je suis si indulgent envers elle. »

« Tu es ma fiancée, celle que j'aime. Alors il ne faut pas te fâcher pour si peu. »

« Plus tard, j'appellerai le chauffeur pour t'emmener au centre commercial. Achète tout ce que tu veux, avec ma carte. »

J'ai secoué la tête.

Je ne manquais pas d'argent. Je pouvais acheter tout ce que je voulais moi-même.

Depuis le début, ce que je voulais, c'était seulement l'amour de Charles.

Malheureusement, il n'a pas pu me le donner.

Charles m'a jeté un regard d'un air désolé, a mis son tablier et est allé dans la cuisine pour me préparer un steak.

Viviane l'a discrètement suivi.

Peu de temps après, des éclats de rire sont parvenus de la cuisine.

Cela m'a rappelé il y a très longtemps, quand Charles et moi étions amoureux, c'était comme ça aussi.

Charles était maladroit avec les mots. Chaque fois qu'il ne parvenait pas à me réconforter verbalement, il allait cuisiner pour moi.

Je me faufilais discrètement derrière lui et, quand il me remarquait, je l'enlaçais par-derrière et l'embrassais.

Maintenant, assise dans le salon à lire un magazine, j'avais l'impression d'être exclue.

De loin, j'ai aussi vu Charles donner un steak à Viviane pour qu'elle le goûte.

Je me suis approchée sans expression et j'ai entendu Viviane dire :

« Patron, les choses que mademoiselle jette par terre, puis-je... »

« Ah, ce n'est pas par cupidité, mais je me dis que tu as passé tant de temps à les choisir et qu'elles sont presque neuves, elles sont jetées… C'est un peu dommage… »

Ses mots me dépeignaient directement comme une femme matérialiste qui ne savait pas apprécier les choses.

Alors que Charles s'apprêtait à acquiescer, j'ai intervenu :

« Pourquoi devrais-je te donner ce que je ne veux plus ? »

Charles a immédiatement froncé les sourcils et a dit :

« De toute façon, ces choses vont être jetées ! Où est le problème de les donner à Viviane ? Elle ne demande pas de nouvelles choses ! »

Voyant le regard triomphant de Viviane, je n'avais plus envie de me disputer avec Charles.

« Ces affaires sont à moi. Je ne veux pas les donner. »

« Et puis, Charles, tu me prends pour une aveugle ? Tu viens de lui acheter en cachette toute une collection de produits de luxe, tu crois vraiment que je ne le sais pas ? »