~ ʚĭɞ ~
J'étais vêtu si simplement que ça en était gênant. Si j'étais là, c'était pour Donna Rossi. Je devais simplement faire abstraction de tous leurs regards et me concentrer sur le mariage qui n'avait même pas encore commencé. Les chuchotements outrés se faisaient entendre. J'étais un souillon à leurs yeux et c'était tout simplement révoltant pour eux que je fasse partie des invités. « Ah, belle-maman, vous êtes là ! Où étiez-vous passée ? La cérémonie va bientôt débuter ! » s'exclama une magnifique femme. Elle était si belle et si gracieuse dans sa Robe luxueuse qui lui allait à merveille. Cette dernière posa ses yeux sur ma petite personne et fronça les sourcils avant de reporter son regard sur Donna Rossi. « Qui est-ce ? » « Oh, c'est Luca. Je l'ai rencontré dans le hall de l'hôtel. Il ne se sentait pas bien alors je lui ai proposé de m'accompagner. — Belle-mère, comment pouvez-vous inviter un inconnu à vous suivre ? Et s'il était quelqu'un de dangereux, qu'aurions-nous fait ? — Arrête de dire n'importe quoi ! Tu l'as bien regardé ? Il a l'air d'une personne dangereuse pour toi ? Il est jeune et enceint, seul dans une aussi grande ville à la recherche du père de son bébé. J'ai décidé de lui venir en aide, et personne ne pourra dire le contraire. Allez, viens Luca, tu vas t'asseoir près de moi. » Je ne pouvais rien dire. Je pouvais simplement assister à la scène sans faire de commentaires. Donna Rossi me traîna à sa suite et nous prîmes place devant, près des membres de sa famille. « Ne t'inquiète pas, plus personne ne va te dire quoi que ce soit », dit-elle tout en caressant ma cuisse pour me détendre. J'avais de la chance d'avoir rencontré une charmante grand-mère. Elle était si gentille avec moi, alors qu'on ne se connaissait vraiment pas. Les portes de la salle s'ouvrirent sur le marié. Nous nous levâmes pour accueillir les futurs mariés et mon cœur rata un battement en le voyant. Il était là, vêtu d'un smoking noir qui mettait en valeur sa personne. Il était simplement magnifique. Nos regards se croisèrent un moment et ses yeux dévièrent sur mon ventre avant de complètement m'ignorer. Je n'arrivais pas à croire que j'assistais à son mariage. Le retrouver, c'était mon but, et j'avais pu l'accomplir en seulement une journée. C'était drôle comme le destin semblait s'acharner sur moi. Je m'étais préparé à toute éventualité, mais ça faisait toujours mal de savoir qu'il s'apprêtait à dire oui à quelqu'un d'autre. Mon bébé, j'ai tenu parole, mais je ne sais pas si ton papa va te choisir aujourd'hui. Ce que je sais, c'est que peu importe ce qui se passe à l'avenir, je ne laisserai personne nous séparer, même pas ton père. Les portes s'ouvrirent une nouvelle fois sur la mariée. Elle était si belle dans sa magnifique robe blanche. Elle était radieuse et moi je voulais simplement m'en aller, remonter dans ma chambre et dormir. Je me demandais pourquoi j'étais là alors qu'il m'ignorait royalement. J'avais tout laissé derrière moi pour lui. C'était frustrant, cette situation. J'étais si stressé que j'avais des légères douleurs au ventre. Je devais me calmer et me détendre, sinon j'allais finir par accoucher ici. Je me tournai vers Donna Rossi qui avait un immense sourire en voyant son petit-fils. « Donna Rossi, je crois que je ferais mieux de m'en aller. — Oh, mais pourquoi ? La cérémonie vient juste de débuter. — Je ne me sens pas bien. Je ferais mieux d'aller voir un médecin. — Tu veux que je vienne avec toi ? — Ce n'est pas la peine. C'est le mariage de votre petit-fils et vous devez être là pour lui. Je saurai me débrouiller seule. » D'accord, si c'est ce que tu veux, je ne veux pas insister. Mais tu dois prendre mon numéro. Tu me préviens que tout va bien. » Je hochai simplement la tête avant d'enregistrer son numéro dans mes contacts. Je lui souris une dernière fois avant de me lever. L'histoire de l'hôpital était un mensonge, mais je devais trouver une solution pour me sortir de là. Je suis désolé, mon bébé, si je ne suis pas si fort que ça. Mais pour ton bien et le mien, nous devons sortir de là et partir très loin où personne ne pourra nous retrouver. Je me levai et pris la direction de la sortie. Je ne fis pas plus de pas puisque quelqu'un saisit ma main fermement. J'avais le cœur qui battait la chamade. C'était lui. Je reconnaissais entre mille son toucher. « MARCO... ! » s'exclama sa mère, furieuse. « Que fais-tu ? C'est ton mariage aujourd'hui ! Tu ne peux pas l'arrêter comme ça ! » Marco n'écoutait pas vraiment ses parents. Je le vis lorsqu'il me força à me retourner. Ses yeux étaient brillants. Ils brillaient d'une détermination sans nom. Et il y avait moi qui ne comprenais pas vraiment ce qui était en train de se passer. Je voulais fuir, mais sa main dans la mienne m'empêchait de m'échapper. « Je... je vais être père, c'est ça ? » demanda-t-il, les yeux pleins d'espoir. Et je hochai simplement la tête, ce qui illumina son visage. Mon bébé, ton papa est heureux en ce moment grâce à toi. « Maintenant que tu le sais, tu peux retourner te marier. Et ta fiancée est magnifique, tu as fait le bon choix. J'étais simplement venue pour te le dire et m'en aller. » J'avais l'impression de parler seule puisqu'il ne semblait pas vouloir bouger. Ses yeux semblaient fixer un point invisible. Tous les regards étaient braqués sur nous, et je crois même que le monde entier aussi, avec le nombre d'appareils photo braqués sur nous. « Marco, qu'est-ce qui se passe ? Tu peux me le dire, je suis ton père », demanda l'homme d'âge mûr qui avait de légers traits de ressemblance avec son fils. Marco se retourna vers son père sans pour autant me lâcher la main, de peur que je puisse m'enfuir. C'était drôle puisque c'était exactement ce que je pensais faire. J'attendais simplement qu'il me détache pour me permettre de fuir loin, très loin. « Je vais devenir père... », dit-il tout heureux à son père, surprenant tout le monde. « Mais Marco, tu te maries aujourd'hui. Que comptes-tu faire à propos de ce bébé ? » demanda prudemment sa mère. « Marco, c'est notre mariage aujourd'hui. Tu m'as trompée, mais ne t'inquiète pas, je veux toujours t'épouser. Et je suis prête à accepter ce bébé comme le mien », dit la fiancée de Marco tout en s'arrêtant près de nous. Je reculai d'un pas. Je n'étais pas venu ici pour leur donner mon enfant. Je n'avais pas décidé de renoncer à mes rêves pour être leur mère porteuse et leur donner mon enfant en échange d'un peu d'argent. Ce bébé dans mon ventre était tout pour moi. J'étais prêt à tout pour lui. Si elle savait l'amour que je portais à ce petit être. « Je n'ai jamais eu l'intention de lui prendre son bébé pour te le donner. Luca a tout laissé derrière lui pour pouvoir donner naissance à notre enfant. — Nous pouvons nous marier et faire une garde partagée. Je suis prête à accepter ton enfant comme le mien et je te pardonne ta tromperie. Mais s'il te plaît, allons-nous marier. Les invités attendent », dit-elle tout en prenant le poignet de Marco. « Mes parents se sont déplacés pour moi. Tu ne peux pas m'humilier à cause de ce garçon. — Marco, mon chéri, que veux-tu faire ? Je serai toujours de ton côté, peu importe le choix que tu fais », dit Donna Rossi qui sourit à son petit-fils. « Grand-mère a raison. Que veux-tu vraiment ? Peu importe ce que tu décides aujourd'hui, nous allons l'accepter. Nous n'allons pas te forcer à faire ce que tu ne désires pas », dit son père. « Papa, tu m'as toujours dit qu'un vrai homme, c'était celui qui reconnaissait ses erreurs et qui prenait ses responsabilités. C'est ce que je veux faire. Je veux prendre mes responsabilités envers Luca. — Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Dis-nous les choses clairement, monsieur Marco Bianchi. — Je t'ai trompée et ce fait ne va pas changer puisque je vais devenir père. Tu me dis que tout ceci n'est rien à tes yeux simplement pour pouvoir te marier avec moi. Mais pourras-tu accepter l'enfant d'un autre comme le tien ? Je ne suis pas du genre égoïste. Luca est jeune et il a plein de rêves qu'il a mis de côté. Ce bébé, nous l'avons fait à deux, et je dois prendre mes responsabilités envers eux. — Que veux-tu dire par là ? » demanda sa mère, perdue. Je ne comprenais pas ce qui se passait vraiment. J'étais simplement tiré par Marco jusqu'à l'autel où se trouvait le maire. Je ne savais pas quoi dire ni quoi faire. Je le voyais simplement inscrire mon nom dans le registre familial qu'il signa avant de me tendre le stylo. J'observais simplement l'objet, les yeux aussi gros que possible. « Prends-le et signe le registre, et nous serons enfin mariés », dit-il sérieusement. « Mais Marco, tu étais censé te marier avec elle et non moi », dis-je un peu mal à l'aise à cause de cette situation un peu délicate. « Je n'ai pas quitté ma famille et ma maison pour prendre la place de quelqu'un d'autre. Je peux me débrouiller seule. — Vraiment ? Tu as quel âge, Luca ? Ici, ce n'est pas les États-Unis. Ici, tu es mineur. Comment vas-tu faire seul avec un bébé ? Tu ne vas pas survivre très longtemps seule. Ta vie est gâchée à cause de moi. Donne-moi la chance de tout réparer. Nous allons avoir un bébé et ce n'est pas une chose que nous pouvons changer. Je te promets que si tu m'acceptes comme époux, je te rendrai heureux pour le restant de tes jours. Je ne vais pas te laisser travailler dur pour une misère. Tu mérites bien plus que ça », dit Marco, les yeux pleins de sincérité. La vie était dure, je le savais très bien. Je savais que je ne pourrais jamais trouver un travail qui voudrait de moi dans mon état. Et si je refusais de l'épouser, alors c'est cette femme qui allait le faire. Mais au final, j'avais déjà pris ma décision depuis longtemps. Pour mon petit bébé, j'étais prêt à tout. Je m'étais juré que je lui donnerais tout ce qu'il mérite et pour ça, il devait être reconnu par tous. Et pour ça, je devais l'épouser. Oui, j'étais égoïste. Je suis prêt à prendre la place de quelqu'un d'autre pour mon bien. Mais mon bébé comptait plus que tout à mes yeux. Peu importe ce que les gens pourraient penser de moi. J'étais le premier dans son lit et je portais en ce moment son bébé. Je n'allais pas me gêner. Être gentil ne rapportait rien face à des personnes rusées comme elle qui voulaient tout avoir dans ce monde. Décidé, je récupérai le stylo des mains de Marco avant d'y imposer ma signature. « Vous venez de vous marier. Félicitations ! — Je t'achèterai une bague à ta taille plus tard », dit-il alors que je lui mettais son alliance. « Oh, mon petit ange fait enfin partie de notre famille ! » dit Donna Rossi, beaucoup trop heureuse au goût des autres. « Pourquoi as-tu fait ça ? Tu sais bien depuis le temps qu'elle attendait de pouvoir t'épouser », dit sa mère en colère. « Tu viens d'humilier toute la famille Bianchi par tes actions. — La seule qui se sent humiliée ici, c'est toi, tout simplement parce que tu n'as pas réussi à marier ton fils à la fille de ta meilleure amie. Mais Marco est grand. Notre famille n'a pas à rougir devant qui que ce soit. Notre famille va s'agrandir. Tu vas devenir grand-mère. Sois heureuse pour ton fils. Il a enfin pris une décision pour sa vie », dit monsieur Bianchi qui se dirigea vers nous. « Luca, tu es jeune et je sais que la décision que tu as prise était la plus difficile de toute ta vie. Mais maintenant que tu fais partie de notre famille, nous allons très bien prendre soin de toi. Nous devons aussi informer tes parents. » J'avais oublié que mes parents n'étaient pas au courant de ma fuite. J'entendais déjà leurs cris dans mes pauvres oreilles. Elles allaient souffrir. Papa, maman, je suis désolé.. La nouvelle de la naissance se répandit comme une traînée de poudre dans le cercle très fermé des familles influentes. Les fleurs et les cadeaux commencèrent à arriver à la clinique en quantité industrielle, mais Marco avait donné des instructions très claires : aucune visite, excepté la famille Moretti. Dans le silence feutré de la chambre, bercé par les petits bruits de succion du bébé qui tétait, Luca semblait apaisé, une sérénité nouvelle sur son visage fatigué. Le petit garçon, prénommé Thomas, dormait maintenant contre sa poitrine, une minuscule main agrippée au col de son pyjama. Marco observait la scène, le cœur gonflé d'un amour si intense qu'il lui faisait mal. Mais une ombre persistante assombrissait son regard. Sur la table de nuit, son téléphone vibrait sans relâche, illuminant silencieusement l'écran avec les noms redoutés : Grand-mère, Papa, Maman, Alessandro. Il ignora l'appel pour la énième fois, serrant les mâchoires. « Tu devrais peut-être répondre », murmura
•La menace planait comme une odeur d’ozone avant l’orage. La quiétude de la maison Moretti avait été pulvérisée, remplacée par une tension palpable. Les domestiques marchaient sur la pointe des pieds, et même les portraits des ancêtres dans le grand hall semblaient observer d’un air sévère.Luca, sous le choc, était recroquevillé sur le canapé, blotti contre Marco qui le serrait farouchement contre lui, comme pour le protéger physiquement des mots venimeux. Ses larmes avaient séché, laissant place à un tremblement fin et continu.« Il ne faut pas la croire, mon trésor », murmura Giulia d’une voix qu’elle s’efforçait de rendre ferme, bien que ses propres mains tremblent en servant une tasse de thé apaisant. « Ce ne sont que des paroles en l’air pour te faire du mal. Elle ne peut rien prouver, elle… »« Elle peut tout prouver ! » La voix de Luca était rauque, brisée. « Elle a des photos, des vidéos… des certificats de naissance falsifiés, mais qui portent mon nom ! Elle a toute une vie
•La journée s'étira, douce et paisible, bercée par le murmure des souvenirs et le cliquetis discret de la porcelaine. Luca, fatigué mais le cœur léger, finit par succomber au sommeil sur le canapé de la bibliothèque, un album photo ouvert sur ses genoux. Giulia Moretti le recouvrit d'une couverture avec une infinie tendresse, incapable de se lasser de contempler son visage apaisé.C'est dans ce calme que la porte d'entrée s'ouvrit sur Marco, revenu plus tôt que prévu. Il déposa silencieusement son manteau et ses chaussures, son regard cherchant immédiatement Luca. En le voyant endormi, un sourire attendri flotta sur ses lèvres. Il s'approcha et déposa un baiser si léger sur son front que Luca ne tressaillit même pas.Giulia le rejoignit, un doigt sur les lèvres pour enjoindre au silence. « Il a eu une journée émotionnelle », chuchota-t-elle. « Nous avons regardé toutes les vieilles photos. »« Je vois ça », murmura Marco, son cœur se serrant d'amour et de nostalgie pour un passé qu'i
ʚĭɞLe soleil inondait la véranda, réchauffant l'atmosphère déjà douce. Luca, installé dans un nid de coussins, observait sa mère et son frère dans le jardin. L'étreinte qu'ils partageaient lui serra le cœur d'une étrange façon. C'était intense, chargé d'une émotion qu'il ne comprenait pas tout à fait, mais qui lui rappelait que son retour avait des conséquences bien au-delà de sa simple personne.Marco, qui avait retardé son départ pour le travail, suivit son regard. Il posa une main rassurante sur l'épaule de son mari.« Tout va bien ? » murmura-t-il.Luca hocha la tête sans vraiment en être convaincu. « Ils ont l'air si sérieux. Je me demande de quoi ils parlent. »« Probablement de choses de famille », dit Marco avec une douceur feinte, devinant que la conversation devait tourner autour de la lourde promesse faite à M. Rossi. Il avait senti l'inquiétude de Mme Moretti la veille. « Ne t'inquiète pas pour eux. Ta mère et Antonio sont très proches. Ils peuvent tout se dire. »À cet i
•La famille Moretti est l'une des familles les plus riches du pays. Luca était né avec une cuillère en argent dans la bouche, faisant de lui le seul héritier de sa famille. Sa naissance était attendue et tous l'aimaient beaucoup. Sa disparition avait détruit cette famille qui n'avait pas arrêté de chercher son enfant, mais ce petit bébé qu'ils avaient connu n'existait plus. Luca avait grandi et attendait un bébé. Sa mère observa son reflet dans le miroir après avoir pris sa douche ; elle avait pris place devant son miroir, un petit sourire aux lèvres. Elle n'arrivait toujours pas à croire qu'il était là, dans sa chambre, plus aussi petit qu'avant, mais il était bien là. La porte de sa chambre s'ouvrit sur son mari, le visage crispé par l'inquiétude.« Qu'est-ce qui te tracasse autant, mon amour ? demanda doucement Giulia tout en se rapprochant de son mari. »Son mari soupira de lassitude, il se laissa tomber sur le lit. Ce qui l'inquiétait n'était pas un problème d'argent, c'était bi
.Pendant ce temps, dans la demeure des Moretti, Luca était installé dans un fauteuil moelleux de la véranda, une couverture douce sur les genoux. Ses yeux erraient sur le jardin impeccablement entretenu, mais son esprit était ailleurs. « Tu sembles perdu dans tes pensées, mon trésor », murmura Giulia en s’approchant, portant un plateau avec une tisane fumante et des biscuits. « Quelque chose te tracasse ? » Luca lui offrit un petit sourire faible. « C’est juste… tout va si vite. Il y a quelques jours, je croyais connaître ma vie. Mes parents… enfin, ceux que je croyais être mes parents… Marco, votre famille… Et maintenant, tout est chamboulé. J’ai l’impression d’être sur un manège qui ne s’arrête plus. » Giulia posa le plateau et s’agenouilla devant lui, prenant ses mains dans les siennes. Ses yeux, si semblables aux siens, étaient pleins d’une compassion infinie. « Je comprends, mon chéri. C’est normal d’être submergé. Tu as vécu un véritable tremblement de terre émotionnel. Mai