Mag-log inChapitre 4 : L'Addiction
Anya
Une semaine. Sept jours qui ont passé avec une lenteur insupportable. Sept nuits où mon corps n'a cessé de se souvenir du sien. J'ai réglé toutes mes dettes, assuré les soins de ma mère pour les mois à venir. Je devrais me sentir légère, libérée. Pourtant, je me sens comme une prisonnière en liberté conditionnelle, attendant le moindre prétexte pour récidiver.
Mon téléphone vibre sur la table basse. Numéro inconnu. Mon cœur se met à battre à un rythme désordonné, ma paume devient moite. Je laisse sonner, fixant l'écran comme si c'était un serpent prêt à mordre. Quand les vibrations s'arrêtent, le silence qui envahit mon appartement me semble plus lourd que jamais.
Je me lève et marche nerveusement dans le salon, mes doigts effleurant les objets familiers qui ont marqué ma vie d'avant. Tout me semble terne, sans saveur. Comme si les couleurs avaient perdu de leur éclat depuis cette nuit avec lui.
La sonnette retentit, brutale dans le calme de la soirée.
Je sais. Je sais avant même d'approcher de la porte. Mon corps le sait, qui s'est mis à trembler d'excitation plutôt que de peur.
Il est là, appuyé nonchalamment contre le chambranle, les mains enfouies dans les poches de son manteau en cuir noir. Son regard semble percer le bois de la porte.
— Ouvre, Anya.
Sa voix est un velours rugueux qui me traverse de part en part. Mes doigts hésitent sur la chaîne de sécurité. La dernière barrière symbolique entre ma vie d'avant et ce qui va suivre.
La porte s'ouvre dans un grincement à peine audible.
Il entre sans y être invité, son regard balayant la pièce avec une intensité qui redéfinit l'espace autour de lui.
— Tu as changé les rideaux.
La remarque me sidère. Comment peut-il savoir ?
— Je t'ai vue les acheter. Mardi dernier. Ce jaune pâle ne te va pas. Il éteint le feu de tes yeux.
Il se rapproche, et je recule instinctivement jusqu'à sentir le mur froid contre mon dos.
— Pourquoi es-tu ici ? Le contrat...
— Le contrat était pour une nuit, l'interrompt-il, sa main remontant pour se poser sur mon cou. Son pouce caresse ma pomme d'Adam avec une déconcertante tendresse. Pas pour l'après.
— Je ne t'ai pas invité.
— Menteuse.
Son souffle chaud effleure mon oreille, faisant naître des frissons le long de ma colonne.
— Tu m'as appelé. Hier soir. À 3h17. Tu as raccroché après cinq secondes.
La chaleur me monte aux joues. J'avais cru rêver.
— J'étais... endormie.
— Nous mentons tous les deux. La différence, c'est que j'assume mes mensonges.
Ses doigts tracent un chemin brûlant le long de ma joue.
— Dis-moi de partir.
Je reste silencieuse, le souffle court, les mains tremblantes.
— Dis-moi de partir, et je partirai.
Mes lèvres s'entrouvrent, mais aucun son n'en sort. La vérité est là, terrible et enivrante : je ne veux pas qu'il parte.
Son sourire est une victime obscure et triomphante.
— C'est ce que je pensais.
Ses mains s'enroulent autour de ma taille et m'attirent contre lui. Son baiser n'a rien de tendre. C'est une prise de possession, une marque de territoire. Ses dents effleurent ma lèvre inférieure, sa langue envahit ma bouche avec une autorité qui ne tolère aucune résistance. Et je réponds, ma propre langue dansant avec la sienne dans un combat acharné où je sais déjà que je suis vouée à la défaite.
Quand il me soulève, mes jambes s'enroulent instinctivement autour de sa taille. Nous trébuchons dans le couloir, heurtant au passage le cadre photo de ma mère. Le verre se brise sur le sol, mais le bruit semble lointain, étouffé par le bourdonnement dans mes oreilles.
Dans ma chambre, il me dépose sur le lit avec une brutalité calculée. Ses yeux parcourent mon corps avec une intensité presque clinique.
— Déshabille-toi.
Je m'exécute avec des gestes tremblants, faisant glisser mon pull, puis mon jean. Je me sens vulnérable, exposée, mais plus vivante que jamais.
Lui se déshabille avec une lenteur délibérée, comme s'il savait que chaque seconde d'attente augmente mon désir. Quand son torse nu apparaît, je retiens mon souffle. Les muscles saillants, les cicatrices qui racontent des histoires que j'ignore encore, tout en lui respire le danger et la puissance.
Il rejoint sur le lit, son poids m'enfonce dans le matelas. Ses mains explorent mon corps avec une expertise déconcertante, trouvant les endroits les plus sensibles, ceux que j'ignorais moi-même.
— Tu es si belle quand tu essayes de résister, murmure-t-il contre ma peau.
Sa bouche descend le long de mon cou, laissant une traînée de feu. Ses dents mordillent la base de ma gorge, et je crispe les doigts dans ses cheveux. Il continue son chemin vers mes seins, prenant un mamelon dans sa bouche avec une voracité qui me fait arquer le dos.
— Dante...
— Chut.
Sa main se referme sur ma bouche tandis que l'autre écarte mes cuisses. Ses doigts trouvent mon centre, explorant ma humidité avec une curiosité cruelle.
— Tu es déjà si mouillée pour moi.
Je rougis, honteuse et excitée par son observation.
Il retire sa main de ma bouche pour la remplacer par ses lèvres. Pendant qu'il m'embrasse avec une sauvagerie contrôlée, ses doigts continuent leur œuvre, me préparant, m'étirant, me faisant supplier sans prononcer un mot.
Quand il se positionne entre mes jambes, son regard plonge dans le mien.
— Regarde-moi, Anya. Je veux voir dans tes yeux le moment où je te posséderai.
Il entre en moi d'un coup sec, me remplissant complètement. Je crie, un mélange de douleur et de plaisir si intense qu'il en devient presque insupportable. Il reste immobile un instant, me laissant m'adapter à lui.
— Tu vois ? murmure-t-il en commençant à bouger. Nous sommes faits l'un pour l'autre.
Son rythme s'accélère, chaque poussée plus profonde, plus sauvage que la précédente. Mes ongles s'enfoncent dans son dos, laissant des marques rouges sur sa peau. Il grogne de satisfaction.
— Oui, marque-moi. Montre-moi que je t'appartiens autant que tu m'appartiens.
Je sens la tension monter en moi, une spirale de plaisir qui menace de m'emporter. Il semble le sentir, car son rythme devient plus frénétique.
— Viens pour moi, Anya.
Sa voix est un ordre, et mon corps obéit. La vague me submerge, me faisant crier son nom dans un sanglot. Mon corps se contracte autour du sien, et je le sens perdre à son tour le contrôle, son propre orgasme le faisant trembler au-dessus de moi.
Il s'effondre sur moi, son poids m'enfouissant dans les draps. Son souffle est chaud contre mon cou. Nous restons ainsi un long moment, enchevêtrés, nos cœurs battant à l'unisson.
Quand il se retire enfin, la sensation de vide est presque douloureuse. Il se lève et commence à s'habiller avec la même lenteur calculée. Je le regarde, sachant ce qui vient.
— Je reviendrai, dit-il, comme s'il lisait dans mes pensées.
— Quand ?
— Quand tu en auras le plus besoin. Et le plus peur.
Il disparaît dans le couloir. La porte d'entrée se referme avec un bruit sourd.
Je reste allongée, le corps vibrant encore de lui, son odeur imprégnée dans mes draps, dans ma peau. Mon téléphone vibre sur la table de nuit. Un message.
Regarde dans le tiroir.
Le cœur battant, j'ouvre le tiroir. Une petite boîte noire. À l'intérieur, un collier en argent, sobre et élégant. Avec une plaque gravée.
À moi.
Je ferme les doigts autour du métal froid. Et je souris. Parce qu'il a raison. Je suis à lui. Et cette pensée devrait me révolter.
Mais tout ce que je ressens, c'est une paix terrible, absolue.
Chapitre 29 : La CicatriceAnyaLa douleur est une lance de feu dans mon côté. Chaque respiration est un effort, chaque mouvement un rappel cuisant de la scierie. Dante, pâle mais fonctionnel, a fait de son mieux pour nettoyer et suturer la plaie avec le matériel de la trousse de secours. Ses doigts étaient fermes, mais son regard évitait le mien. Nous n'avons pas parlé pendant qu'il m'opérait. Les grognements étouffés et le grincement de l'aiguille traversant ma peau étaient le seul son entre nous.Maintenant, nous sommes assis dans la pénombre de la maison, une bouteille de whisky local entre nous. La blessure de Dante à l'épaule est bandée sommairement. Nous ressemblons à deux soldats épuisés après une bataille perdue d'avance.— Ils reviendront, dis-je en grimaçant en tendant la main vers mon verre. D'autres viendront. Les fils de Stavros. Ses alliés. La dette est une hydre. On coupe une tête, deux repoussent.Dante avale une grande gorgée de whisky.—Je sais.— On ne peut pas con
Chapitre 28 : Le Poids des ChaînesAnyaLe "loin" promis par Dante se matérialise sous la forme d'une maison de pierre isolée, adossée à une colline dans une région où la langue est étrangère et les regards, méfiants. Les semaines passent, étrangement calmes. Nous apprenons les gestes d'une vie normale : faire les courses au village voisin, entretenir le potager, allumer le feu le soir.La normalité est une peau trop étroite. Je me réveille la nuit, le goût de la poudre et du sang dans la bouche, la main cherchant une arme sous l'oreiller. Dante fait de même. Nos cauchemars s'entremêlent dans la chambre unique, un dialogue silencieux de terreurs partagées.Nous ne parlons pas de ce qui s'est passé. Nous ne parlons pas de l'avenir. Nous existons dans un présent étouffant, une cohabitation forcée où chaque geste est mesuré, chaque regard analysé. La haine couve sous la surface, mêlée à une attraction aussi violente qu'inavouable.Un après-midi, je suis dans le jardin, essayant désespéré
Chapitre 27 : L'Aube IncertaineAnyaLa fuite est un flou sanglant. Dante me guide à travers un dédale de ruelles et de passages souterrains, ses doigts fermement enlacés aux miens. Les sirènes hurlent derrière nous, s'éloignant puis se rapprochant, un jeu du chat et de la la souris dont l'enjeu est notre vie. Je ne pense pas. Je ne ressens plus. Je cours, mon corps fonctionnant sur la seule mémoire musculaire de la survie.Nous émergeons finalement dans un garage souterrain abandonné. L'air y est froid, humide, chargé de l'odeur de l'essence et de la moisissure. Une vieille camionnette banalisée nous y attend. Dante ouvre la portière passager.— Monte.Je obéis, mes membres lourds, engourdis par le choc. Il fait le tour, s'installe au volant, et démarre. Le moteur toussote avant de rugir. Nous sortons du garage par une rampe différente, nous fondant dans le flot naissant de la circulation matinale.La ville se réveille, ignorante. Des gens se rendent au travail, achètent leur café, l
Chapitre 26 : L'Ultime SursisAnyaLa voiture fonce dans la nuit, un projectile d'acier et de rage. Dante est à mes côtés, son profil durci par la lueur des réverbères. Nos mains sont toujours entrelacées, une alliance forgée dans l'urgence et la terreur. Ma mère. Volkov l'a. Les mots résonnent dans mon crâne comme un glas.Marco, au volant, nous jette un regard en coin.—Il veut un échange. Toi, contre elle. Il a donné le lieu : les docks. Le hangar 12.Bien sûr. Là où tout a commencé pour mon père. Volkov a le sens du théâtre.—C'est un piège, dit Dante, sa voix neutre.—Je sais.—Tu n'iras pas.Je me tourne vers lui, un rire amer aux lèvres.—Tu vas m'en empêcher ?Ses doigts se resserrent autour des miens, presque douloureusement.—Non. Mais je vais y aller avec toi.Le hangar 12 est une cathédrale d'ombre et de rouille. La lumière de la lune filtre à travers les vitres brisées, découpant des formes spectrales sur le béton sali. Au centre, sous un halo de projecteur, ma mère est a
Chapitre 25 : L'Ombre du PasséAnyaLa cellule où nous avons enfermé Dante est une pièce nue, aux murs de béton, éclairée par une ampoule nue qui grésille. Quand j'ouvre la lourde porte métallique, il est assis sur une couchette, les bras reposant sur ses genoux. Il lève la tête, son visage est un masque de méfiance.— Alors ? C'est l'exécution ?— La taupe est morte. C'était Carlo.Il ne montre aucune surprise, seulement un léger hochement de tête.— Le vieux loup. Je m'en doutais.— Tu ne sembles pas soulagé.— Pourquoi le serais-je ? Un traître de moins ne change rien au fait que tu m'as fait enfermer ici.Je m'avance dans la cellule, laissant la porte ouverte derrière moi.— C'était nécessaire.— Tout est toujours nécessaire avec toi, n'est-ce pas, Anya ? La fin justifie toujours les moyens.Son ton est acerbe, chargé d'une amertume qui me surprend.— Tu es libre de partir, dis-je. Le piège a fonctionné. Tu n'as plus de rôle à jouer.Il se lève lentement, ses yeux ne me quittent p
Chapitre 24 : La TaupeAnyaL'aube se lève sur la ville, teintant les immeubles de gris et d'orangé. Dans le studio minuscule, l'air est épais de fatigue et de tensions non résolues. Dante et moi évitons nos regards, une trêve fragile pesant entre nous. Le baiser avorté de la nuit dernière plane tel un fantôme, une promesse de damnation suspendue à un fil.Marco arrive avec du café fort et des nouvelles. Son visage est grave.— L'appartement est perdu. Ils ont tout pris. Les documents, les armes, l'argent liquide.Je serre le gobelet en styromousse, la chaleur brûlante à travers le plastique est un antidote bienvenu au froid qui m'habite.— Les pertes ?— Quatre hommes. Des fidèles.Chaque nom est un coup. Des visages que je connaissais. Des hommes qui m'ont suivie par loyauté, ou par peur. Maintenant morts. À cause de moi. À cause de nous.— Volkov se moque de l'argent, dit Dante, adossé au mur près de la fenêtre. Il veut te déstabiliser. Te montrer qu'il peut te toucher partout.— I







