LOGINChapitre 3 : L'Emprise
Anya
Je me réveille en sursaut, le cœur battant. Pendant un moment de confusion, je ne reconnais pas la pièce. Puis la mémoire me revient, violente comme un coup de poing. Dante. Le contrat. La nuit.
Le lit est vide à côté de moi, mais les draps froissés portent encore son odeur. Je m'assois, le corps endolori, chaque muscle me rappelant ce qui s'est passé. Des marques violacées ornent mes poignets, mes hanches. Des preuves.
La porte de la salle de bain s'ouvre. Dante est là, déjà habillé, impeccable dans un costume sombre. Il tient une tasse de café qu'il me tend.
· Vous devriez partir. J'ai fait appeler un taxi.
Sa voix est neutre, professionnelle. Comme s'il parlait à une employée. La transition est brutale.
Je prends la tasse, les doigts tremblants.
· Je...
· Le contrat est rempli. L'argent a été viré.
Je bois une gorgée de café brûlant, cherchant désespérément quelque chose à dire. Quelque chose qui effacerait cette distance soudaine.
· Et maintenant ?
Il ajuste ses manchettes, évitant mon regard.
· Maintenant, vous reprenez votre vie.
· C'est tout ? Après...
· Après quoi ? Une nuit d'erreur ? Une transaction commerciale ?
Ses mots me transpercent comme des lames. Les souvenirs de la nuit dernière me reviennent - l'intimité forcée, les murmures dans l'obscurité, la façon dont nos corps se sont cherchés, trouvés.
· Vous savez bien que c'était plus que ça.
Il se tourne enfin vers moi, et je vois quelque chose de dangereux dans ses yeux.
· Ne tombez pas amoureuse de moi, Anya. Ce serait une très, très mauvaise idée.
Je me lève, enroulant le drap autour de mon corps.
· Pourquoi ? Parce que vous êtes un monstre ?
· Parce que je vous briserai. Et que vous aimerez ça.
Il se rapproche, et je recule malgré moi, heurtant le mur.
· Vous pensez que c'est fini ? murmure-t-il en penchant la tête. Ça ne fait que commencer.
Sa main se referme sur mon poignet, là où la marque violacée est la plus visible.
· Hier soir, vous m'avez vendu votre corps. Mais ce n'est pas votre corps que je veux.
· Alors quoi ?
· Votre soumission. Votre peur. Votre obsession.
Son souffle est chaud contre mon oreille.
· Je vous ai laissée partir ce matin. Mais vous reviendrez. Parce que maintenant, vous savez.
· Je sais quoi ?
· Ce que ça fait d'être vraiment vivante.
La sonnette de l'entrée retentit. Le taxi.
Dante recule, redevenant l'homme d'affaires distant.
· Votre vie vous attend.
Je m'habille avec des gestes mécaniques. Chaque vêtement me semble étranger. Quand je passe la porte, je me retourne une dernière fois.
· Ce n'est pas fini.
Ce n'est pas une question. Une certitude.
Son sourire est à la fois une promesse et une menace.
· Non. Ce n'est que le début.
Dans le taxi, je vérifie mon compte en banque sur mon téléphone. Le virement est là. Cent mille euros. Assez pour tout régler. Assez pour être libre.
Alors pourquoi est-ce que je me sens comme si je venis de vendre mon âme ?
De retour dans mon appartement, tout me semble différent. Plus petit. Plus terne. Plus vide. Je prends une douche brûlante, essayant de laver son parfum, ses marques, son souvenir.
Mais quand je me regarde dans le miroir embué, je vois son reflet derrière moi. Je sens encore sa main sur ma nuque. Son goût dans ma bouche.
Le téléphone sonne. Un numéro inconnu. Mon cœur s'emballe.
· Allô ?
Le silence. Puis la respiration. Cette respiration que je reconnais déjà.
· Dante ?
La communication se coupe.
Je reste là, tremblante, le téléphone collé à l'oreille. Et je sais. Je sais qu'il a raison. Que je vais revenir. Que cette obsession naissante va me consumer.
Je regarde mes mains. Elles tremblent. De peur ? D'excitation ?
Je prends le pot de confiture dans le placard. Celui dont il a parlé. Je le serre si fort que mes jointures blanchissent.
Trois mois. Il m'a observée pendant trois mois. Et maintenant... maintenant c'est à mon tour d'être obsédée.
Je compose le numéro qui a appelé. Ça sonne. Une fois. Deux fois.
Puis cette voix. Cette voix qui résonne dans mes os.
· Je savais que vous rappelleriez.
Et le pire, c'est que dans le frisson qui me parcourt, je reconnais mon propre sourire.
Chapitre 31 : La Trêve des CorpsAnyaLa porte de notre suite penthouse se referme dans un claquement sourd, coupant net les derniers échos de la fête. Le silence qui s'ensuit est lourd, presque palpable. Les masques de pouvoir et de contrôle tombent, laissant place à une fatigue qui nous ronge jusqu'à l'os.Dante défait le nœud de sa cravate d'un geste las, le jetant sur un fauteuil. Son regard, si impénétrable toute la soirée, est maintenant nu, épuisé. Je fais de même, laissant tomber mes escarpins, sentant le froid du sol marbre sous mes pieds nus. La robe de soirée, une œuvre d'art en soie noire, me serre soudain la poitrine.Sans un mot, je me dirige vers le bar et me sers un verre de whisky, pur. Le liquide ambré brûle ma gorge, mais n'arrive pas à réchauffer le froid qui m'habite. Je sens le regard de Dante dans mon dos, pesant.— Tu as vu le visage de Henderson quand tu as annoncé la fusion ? dit-il enfin, sa voix est rauque.— Il était vert. Il pensait encore pouvoir négocie
Chapitre 30 : La Couronne d'AcierAnyaSix mois. C'est le temps qu'il nous a fallu. Six mois de nuits blanches, de plans ourdis dans l'ombre, de sang versé dans l'indifférence de la ville. Notre empire n'a pas la splendeur décadente de celui de mon père, ni la brutalité ostentatoire de celui de Lorenzo. Il est une machine discrète et efficace, un cancer qui s'est propagé silencieusement dans les veines de la ville.Nous opérons depuis un bureau anonyme au dernier étage d'un immeuble d'affaires. Pas de tapis rouges, pas de gardes menaçants. Juste du verre teinté, de l'acier et une sécurité impénétrable. Ici, je ne suis pas l'Héritière. Je suis la PDG. Dante est mon directeur des opérations. Des titres légaux pour des activités illégales. L'ironie me plaît.Ce soir, nous célébrons une victoire majeure : la prise de contrôle du réseau portuaire, la dernière pièce manquante de notre puzzle. La pièce est remplie d'hommes et de femmes en tenue de soirée. Mes hommes. Mes alliés. Leurs rires
Chapitre 29 : La CicatriceAnyaLa douleur est une lance de feu dans mon côté. Chaque respiration est un effort, chaque mouvement un rappel cuisant de la scierie. Dante, pâle mais fonctionnel, a fait de son mieux pour nettoyer et suturer la plaie avec le matériel de la trousse de secours. Ses doigts étaient fermes, mais son regard évitait le mien. Nous n'avons pas parlé pendant qu'il m'opérait. Les grognements étouffés et le grincement de l'aiguille traversant ma peau étaient le seul son entre nous.Maintenant, nous sommes assis dans la pénombre de la maison, une bouteille de whisky local entre nous. La blessure de Dante à l'épaule est bandée sommairement. Nous ressemblons à deux soldats épuisés après une bataille perdue d'avance.— Ils reviendront, dis-je en grimaçant en tendant la main vers mon verre. D'autres viendront. Les fils de Stavros. Ses alliés. La dette est une hydre. On coupe une tête, deux repoussent.Dante avale une grande gorgée de whisky.—Je sais.— On ne peut pas con
Chapitre 28 : Le Poids des ChaînesAnyaLe "loin" promis par Dante se matérialise sous la forme d'une maison de pierre isolée, adossée à une colline dans une région où la langue est étrangère et les regards, méfiants. Les semaines passent, étrangement calmes. Nous apprenons les gestes d'une vie normale : faire les courses au village voisin, entretenir le potager, allumer le feu le soir.La normalité est une peau trop étroite. Je me réveille la nuit, le goût de la poudre et du sang dans la bouche, la main cherchant une arme sous l'oreiller. Dante fait de même. Nos cauchemars s'entremêlent dans la chambre unique, un dialogue silencieux de terreurs partagées.Nous ne parlons pas de ce qui s'est passé. Nous ne parlons pas de l'avenir. Nous existons dans un présent étouffant, une cohabitation forcée où chaque geste est mesuré, chaque regard analysé. La haine couve sous la surface, mêlée à une attraction aussi violente qu'inavouable.Un après-midi, je suis dans le jardin, essayant désespéré
Chapitre 27 : L'Aube IncertaineAnyaLa fuite est un flou sanglant. Dante me guide à travers un dédale de ruelles et de passages souterrains, ses doigts fermement enlacés aux miens. Les sirènes hurlent derrière nous, s'éloignant puis se rapprochant, un jeu du chat et de la la souris dont l'enjeu est notre vie. Je ne pense pas. Je ne ressens plus. Je cours, mon corps fonctionnant sur la seule mémoire musculaire de la survie.Nous émergeons finalement dans un garage souterrain abandonné. L'air y est froid, humide, chargé de l'odeur de l'essence et de la moisissure. Une vieille camionnette banalisée nous y attend. Dante ouvre la portière passager.— Monte.Je obéis, mes membres lourds, engourdis par le choc. Il fait le tour, s'installe au volant, et démarre. Le moteur toussote avant de rugir. Nous sortons du garage par une rampe différente, nous fondant dans le flot naissant de la circulation matinale.La ville se réveille, ignorante. Des gens se rendent au travail, achètent leur café, l
Chapitre 26 : L'Ultime SursisAnyaLa voiture fonce dans la nuit, un projectile d'acier et de rage. Dante est à mes côtés, son profil durci par la lueur des réverbères. Nos mains sont toujours entrelacées, une alliance forgée dans l'urgence et la terreur. Ma mère. Volkov l'a. Les mots résonnent dans mon crâne comme un glas.Marco, au volant, nous jette un regard en coin.—Il veut un échange. Toi, contre elle. Il a donné le lieu : les docks. Le hangar 12.Bien sûr. Là où tout a commencé pour mon père. Volkov a le sens du théâtre.—C'est un piège, dit Dante, sa voix neutre.—Je sais.—Tu n'iras pas.Je me tourne vers lui, un rire amer aux lèvres.—Tu vas m'en empêcher ?Ses doigts se resserrent autour des miens, presque douloureusement.—Non. Mais je vais y aller avec toi.Le hangar 12 est une cathédrale d'ombre et de rouille. La lumière de la lune filtre à travers les vitres brisées, découpant des formes spectrales sur le béton sali. Au centre, sous un halo de projecteur, ma mère est a







