Mag-log in
Dorian
Le club privé vibre d’une énergie électrique, presque palpable. Les murs sombres, couverts de velours et de miroirs anciens, résonnent des murmures feutrés, des rires étouffés, et du frôlement des corps. Des silhouettes élégantes se mêlent aux ombres, jouant à cache-cache dans la lumière tamisée des lustres dorés. Le luxe est partout, mais il est froid, artificiel. Comme si ce lieu ne respirait qu’à moitié.
Mais mes yeux ne voient qu’elle. Mia. Cette serveuse au pas léger, au visage fermé, à la nervosité contenue. Elle ne fait pas partie de ce monde doré. Elle est un éclat brut dans cet univers de faux-semblants. Son parfum, à la fois doux et piquant, accroche mes sens, réveillant une part de moi que j’avais cru éteinte à jamais.
Je remarque ses mains tremblantes, le léger tressaillement dans sa nuque, comme si elle portait un poids invisible que je reconnais trop bien. Cette vulnérabilité m’attire autant qu’elle me défie. Je suis Dorian, maître d’un empire fait d’ombres et de sang, et pourtant, ce soir, je me sens fragile, dévoré par un désir que je ne peux ignorer.
Je me souviens de mes siècles de solitude, de la froideur qui m’a entouré, du vide que mon pouvoir n’a jamais su combler. Puis, elle est arrivée, une présence inattendue, fragile et féroce, comme un incendie prêt à tout consumer sur son passage.
Je décide de m’approcher, laissant derrière moi les conversations vaines, les regards flatteurs. Mon regard croise le sien. Un frisson me traverse. Elle est la promesse d’un feu dangereux, une énigme que je brûle de déchiffrer. Le monde autour s’estompe, la musique devient un battement sourd dans mes tempes.
Je m’avance lentement, pesant chaque pas, chaque geste, comme un danseur sur le fil du rasoir. Je sais que je joue avec le feu, que cette nuit pourrait me consumer, mais je n’ai jamais eu peur du danger.
Mia
Le poids de la soirée écrase mes épaules. Chaque sourire forcé, chaque geste répété est une épreuve. Je suis Mia, mais ce rôle de serveuse est un masque que je porte pour cacher mes blessures celles que personne ne voit, celles que je refuse de montrer.
Les invités me voient comme un simple objet de passage, une silhouette interchangeable, et pourtant, mon regard observe tout, tout le temps. J’ai appris à ne rien laisser paraître, à rester invisible, à survivre.
Je sens le regard pesant des riches autour de moi, leurs jugements silencieux, leurs attentes voilées. Ce n’est pas un lieu pour moi, ce n’est pas mon monde. Mais ici, je cache un secret, une faiblesse que je protège avec férocité.
Puis, il est là. Dorian. Pas un homme comme les autres, mais une ombre imposante, un roi de la nuit dont la présence écrase tout. Il me regarde comme si je n’étais pas un objet, mais une énigme à déchiffrer. Son regard est un piège auquel je n’ai aucune envie d’échapper.
Je sens mes jambes se raidir, mes mains devenir moites. Le tumulte de la salle s’efface pour ne laisser que lui, son aura sombre, son silence chargé de promesses et de menaces. Je suis prise au piège, et au fond, une part de moi veut rester, vouloir ce qu’il propose même si ça signifie brûler.
Je tente de reprendre mon souffle, de retrouver un semblant de calme, mais c’est impossible. Chaque fibre de mon être est tendue vers lui, comme si je savais que ce moment allait changer ma vie.
Dorian
Je franchis la distance entre nous, mes pas résonnant comme un battement de cœur dans le silence entre deux notes de musique. Je veux sentir sa peur, son désir, cette énergie qui brûle sous sa peau. Je la trouve là, fragile et forte à la fois, suspendue dans un équilibre précaire.
Ma main cherche la sienne, effleurant sa peau tremblante alors qu’elle repose un verre sur le comptoir. Ce contact, minuscule mais chargé d’une intensité sourde, allume un feu que je croyais éteint.
« Mia », je murmure, le souffle chaud contre sa peau, « tu m’appartiens. »
Ce ne sont pas que des mots. C’est une déclaration, une promesse, un ordre enveloppé d’une tendresse noire. Je vois ses yeux s’ouvrir un peu plus, son souffle se couper.
Elle est à moi, enfin !
Je ne peux m’empêcher d’imaginer ses nuits, ses peurs, ses rêves cachés. Ce n’est pas seulement un désir charnel, c’est un besoin d’âme, un appel à réparer ce qui a été brisé en moi.
Mia
Le murmure de son nom est une lame de feu qui découpe mes défenses. J’ai envie de fuir, de me cacher, de repousser cette attraction dangereuse, mais mon corps refuse. Il s’accroche à ce contact, à cette voix, à cette présence qui me consume.
Autour de nous, le monde s’efface. Je ne vois plus que ses yeux sombres, qui promettent le pire et le meilleur. Je suis prise dans un tourbillon d’émotions contradictoires la peur, le désir, la rage, la solitude.
Je veux croire que je peux résister, que je peux tenir tête à cet homme. Mais déjà, une part de moi se laisse séduire, se laisse consumer par cette promesse d’interdit.
Ce soir, je ne suis plus seulement une serveuse fatiguée. Je suis celle qui va basculer, celle qui va brûler. Dorian m’a déjà marquée, et je sais que je ne serai plus jamais la même.
Dorian
Je ne peux détacher mes yeux d’elle. Chaque minute qui passe me rapproche d’un abîme dont je ne veux pas sortir. Mia est plus qu’une proie ; elle est un feu que je dois dompter, un secret que je veux garder contre moi.
Je m’imagine déjà la prendre dans mes bras, sentir son souffle contre ma peau glacée, entendre ses soupirs dans la nuit. Cette femme est une énigme, un défi, un avenir.
Je glisse un doigt le long de sa mâchoire, capturant son regard. « Laisse-toi aller, Mia. Ce soir, tu n’as plus rien à craindre. »
Et dans ce club enfumé, entre les murmures et les ombres, une chose est certaine : ma vie vient de changer pour toujours.
MiaSes mots sont une permission.Une invitation à cartographier son histoire. Je me déplace, m’asseyant à côté de lui sur la fourrure, ma main ne quittant pas son torse. Mes doigts tracent la ligne d’une autre cicatrice, plus courte, près de son nombril.— Un poignard empoisonné, dit-il avant même que je ne pose la question. Une tentative de trahison lors d’un pacte de sang. Le poison a brûlé. La trahison aussi.Je lève les yeux vers son visage. Ses yeux noirs sont maintenant posés sur moi, absorbant mes réactions. Il n’y a ni fierté ni honte dans son regard. Seulement les faits. La terrible chronique de son existence.Ma main se déplace vers son bras, vers les marques circulaires.— Ces brûlures…— Des fers. Il y a très, très longtemps. Une époque où j’étais encore assez humain pour être emprisonné.Je sens un pincement au cœur. L’image de lui, jeune, vulnérable, enchaîné, me est insupportable. Mes doigts se ferment sur son avant-bras, comme pour effacer la marque.— Ça a dû faire si
MiaLe réveil est une lente émergence d’un océan de sensations.Ma conscience revient par vagues, chacune apportant le souvenir d’une caresse, d’une morsure, d’une douleur transformée en plaisir. Je suis étendue sur les fourrures, le corps lourd, meurtri, mais d’une manière nouvelle. Comme si on avait démantelé l’ancienne structure de mon être pour en reconstruire une autre, plus solide, plus sensible.La grotte et l’eau chaude sont un rêve brûlant. La possession sur la pierre, une réalité gravée dans ma chair.Je tourne la tête. Il est là, allongé sur le dos, une main derrière la tête, les yeux ouverts, fixant le plafond voûté. La lueur du feu danse sur son profil, sculptant les pommettes hautes, la ligne sévère de la mâchoire. Il est immobile, parfaitement conscient, et pourtant il semble perdu dans des pensées si anciennes qu’elles en deviennent paisibles.C’est la première fois que je le vois ainsi. Dénué de la tension du prédateur, de l’intensité froide du maître. Juste un homme.
DorianSes doigts tremblent sous les miens. Elle touche son propre corps, explorant cette partie d’elle-même qui a toujours été synonyme de honte, de danger. Un gémissement bas, surpris, sort de ses lèvres. Ses doigts pressent, curieux, et elle se tend, un spasme de plaisir naissant la traversant.Je retire ma main, la laissant seule avec sa découverte. Elle continue, timidement d’abord, puis avec plus d’assurance, les yeux toujours fermés, perdue dans la sensation nouvelle. Je la regarde, et c’est la chose la plus érotique que j’aie jamais vue. Son initiation à elle-même.Quand son souffle devient saccadé, que son corps ondule contre le mien, je l’arrête doucement.— Pas encore, je murmure. Pas comme ça.Je la retourne pour faire face à moi. Ses yeux sont noyés, vitreux de désir. La peur a presque disparu, remplacée par une confusion avide.— Je vais te montrer, maintenant.MiaSes mots sont un avertissement et une promesse.Il me soulève, mes jambes s’enroulent instinctivement autour
MiaLe sang d’Angevin est encore tiède sur ma main.Je sens sa texture, son odeur métallique qui se mêle à la poussière de la salle du trône. La lame du poignard, rendue à Dorian, a laissé une empreinte fantôme dans ma paume. Mon cœur bat à tout rompre, mais mon esprit est d’un calme de glace. J’ai marqué un homme. J’ai infligé. Je ne suis plus seulement celle qui subit.Dorian ne dit rien. Il pose le poignard sur les accoudoirs du fauteuil noir et se lève. Son silence est plus éloquent que tous les discours. Il me prend la main, celle qui est souillée. Ses doigts se referment sur les miens, pressant le sang étranger contre notre peau. Ce n’est pas une caresse. C’est une consécration.Il me conduit hors de la salle, non vers ses appartements, mais plus loin, plus profondément dans le dédale de pierre. Nous arrivons devant une porte que je n’ai jamais vue, en bois sombre, striée de veines métalliques. Il la pousse.L’air qui en sort est chaud, humide, chargé d’une odeur de sel, de soufr
MiaLe réveil est une lente émergence des ténèbres.Une pesanteur dorée dans les membres, une conscience aiguë de chaque centimètre de ma peau, meurtrie, mordue, possédée. L'odeur de lui est partout , sur les draps, sur ma peau, au plus profond de moi. Un mélange de nuit, de sang et de cendre.Je tourne la tête. Son côté du lit est vide, froissé, mais encore tiède. Les souvenirs de la nuit déferlent, non pas en un torrent chaotique, mais en vagues lourdes et précises. La violence. La soumission. Le goût de mon propre sang dans ma bouche alors qu'il buvait à ma gorge. Et cette… cette paix monstrueuse qui a suivi.Je m'assois, les muscles endoloris protestant. La fourrure glisse le long de mon corps nu. Sur la table de chevet, à la place du verre de vin vide, se trouve un objet nouveau : un poignard. La lame est courte, effilée, d'un acier sombre qui semble absorber la lumière. Le manche, en os noirci, est ciselé de runes complexes. Il n'y a pas de note. Aucune explication. Aucune nécess
MiaLe sang sur ma joue,là où son doigt a passé, brûle comme une marque au fer rouge. Là où ses lèvres ont touché, c’est pire. C’est une brûlure de glace qui se propage dans mes veines, éteignant l’adrénaline pour la remplacer par quelque chose de plus profond, de plus dangereux.Je marche à côté de lui. La pierre froide sous mes pieds nus, le contact de sa main, grande et ferme autour de la mienne. Les ombres que je sais être ses hommes, retenant leur souffle, nous regardant passer. Je devrais être en état de choc. Je devrais hurler. Pleurer.Mais tout ce que je sens, c’est un calme étrange et terrible. Une clarté cristalline.Ils sont morts parce qu’ils t’ont touchée.La violence n’était pas un accident. C’était une démonstration. Une prière offerte à l’autel de son pouvoir. Et j’étais l’officiante.Il pousse la lourde porte de ses quartiers. Le feu crépite, projetant des ombres dansantes sur les murs de pierre. L’air est chaud, chargé de son parfum, de l’odeur de cire et de vieux l







