Je ferme les yeux un instant, laissant son souffle me caresser, son doigt caresser ma peau. Tout en moi hurle que c’est dangereux, que je devrais fuir. Mais je reste là, suspendue à ce moment fragile.
Je sens le poids de mes choix s’alourdir. Il m’offre une voie vers l’inconnu, un chemin qui pourrait me sauver ou me détruire.
Mais au fond, j’ai cessé de croire aux contes de fées. Ce que je veux, c’est survivre et peut-être, pour la première fois, je veux vivre.
Je rouvre les yeux, et le monde revient, brutal et incertain. Mais ce qui reste, c’est lui . Et ce soir, il est tout ce qui compte.
Mia
Je recule d’un pas, le souffle court, le cœur battant trop fort. Ce qu’il vient de dire résonne encore dans ma tête tu m’appartiens. Ces mots brûlent comme un serment terrible et en même temps hypnotique, comme un poison doux qui s’insinue dans mon sang.
Je suis effrayée , pas parce qu’il est dangereux même si je le sens, chaque muscle, chaque regard, chaque silence cache quelque chose d’insondable mais parce que quelque chose en lui m’atteint là où je croyais être invulnérable. Une part enfouie, oubliée, mais pas morte. Cette part de moi que je croyais disparue.
Mes mains tremblent, mes jambes vacillent. Je voudrais fuir, me cacher dans l’ombre, loin de cette intensité qui me glace et m’attire à la fois. Mais mon corps refuse. C’est comme si une force invisible, impitoyable, me retenait là, comme si je devais rester pour comprendre, ou pour perdre ce qui me reste.
Je le fixe, cherchant désespérément dans ses yeux une clef pour déchiffrer ce chaos en moi. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi cet homme dont je ne sais rien, mais qui semble me voir mieux que je ne me vois moi-même ?
Mes pensées tourbillonnent, embrouillées par la peur et une étrange fascination. Je repense à mes blessures, à mes secrets enfouis. Cette peur sourde, ancienne, celle de disparaître dans un abîme sans retour, me serre la poitrine.
Dorian
Je vois la peur dans ses prunelles, ce mélange contradictoire de terreur et d’attraction. Ce n’est pas une femme fragile qui se tient là. C’est mon reflet brisé, une âme forgée dans la douleur et la solitude, une partie de moi que je reconnais sans effort.
Je sais, sans l’ombre d’un doute, qu’elle est mon âme sœur. Pas dans le sens romantique facile, mais dans cette essence obscure qui lie deux êtres perdus, blessés, capables de s’élever ensemble au-dessus des ténèbres.
Je tends la main, lentement, pour ne pas la brusquer. Je veux qu’elle sente que malgré mon monde d’ombres, elle n’est pas seule. Que je ne suis pas l’ennemi qu’elle imagine.
— Mia, je ne veux pas te faire peur. Je reconnais en toi ce feu qui brûle sans cesse, cette blessure qui refuse de guérir.
Son regard vacille, elle hésite, cherchante. Elle se débat intérieurement, perdue entre l’envie de croire et la peur de se brûler encore.
Je poursuis, les mots sortant d’un lieu profond que j’ai toujours fui.
— Tu n’es pas seule. Je serai là, même si le monde entier tourne le dos.
Mia
Ces mots sont à la fois un baume et une épine. Quelque chose se brise en moi, une armure que j’ai patiemment forgée pour me protéger de la douleur, du rejet, de la solitude.
Je sens qu’il parle une langue que je comprends, celle des âmes perdues, des cœurs meurtris cherchant une lumière dans la nuit. Pourtant, la peur ne me quitte pas, tenace, comme un poison qui ronge mes entrailles.
Ma voix tremble alors que je murmure, dévoilant ma vulnérabilité que je veux cacher à tout prix.
— Et si je ne suis pas prête ? Et si tout ce que je connais disparaît ? Et si je ne suis pas capable de supporter ce feu que tu vois en moi ?
Dorian
Je souris, doucement, une douceur rare réservée à ceux qui osent regarder au-delà des apparences.
— Personne n’est jamais prêt, Mia. Mais c’est ça qui rend le voyage réel, dangereux et beau. Avec toi, je veux affronter l’abîme, sans masque, sans peur.
Je m’approche encore, mes mains trouvent doucement ses épaules, l’attirant lentement contre moi. Le poids de mes mots suspendu entre nous, lourd de promesses et de dangers.
— Nous sommes liés, Mia. Par quelque chose que ni le temps, ni la douleur, ni la peur ne pourront jamais défaire.
Mia
Dans ses bras, je ressens l’orage et la paix en même temps. Cette étreinte n’est pas seulement physique, elle est une promesse silencieuse, une alliance secrète contre un monde qui ne comprend rien à ce que nous sommes.
Je ferme les yeux, prête à tomber dans ce vertige. Mais soudain, un frisson de terreur me traverse. Je recule brusquement, rompant l’étreinte.
— Je ne sais pas qui tu es, murmuré-je d’une voix tremblante, la peur montant en moi comme une marée. Je ne te connais pas. Je ne sais rien de toi.
Je tourne les talons, mes jambes refusant encore de me porter correctement, mon esprit assailli par un tourbillon d’émotions confuses.
Le besoin de fuir devient soudain irrépressible. Je m’enfonce dans la foule, bousculant les ombres, cherchant la sortie, cherchant la lumière loin de lui, loin de cette intensité qui me dévore.
Je sens son regard brûler dans mon dos, mais je ne peux pas me retourner. Pas maintenant.
Le club continue de bruisser autour de nous, rires, murmures, musique s’entremêlant dans un brouhaha lointain. Mais pour moi, le temps s’est figé. Cette rencontre a bouleversé quelque chose en moi, un feu qui menace de tout consumer.
Je cours, fuyant cette nuit où l’ombre et la lumière s’entrechoquent, sans savoir si je pourrai un jour revenir.
Et lui , reste là, seul dans l’obscurité, marqué par cette absence et ce lien fragile qu’il faudra briser ou protéger à tout prix.
ÉLÉNAJe la regarde comme on observe quelqu’un qu’on aime déjà un peu trop, la flamme d’une bougie joue dans ses yeux et révèle des choses tendres qui n’attendaient qu’une main pour s’animer, elle respire en dents de scie, parfois court, parfois long, et ce rythme devient notre conversation muette, je passe la paume près de sa clavicule, je sens la chaleur de sa peau et tout à coup l’acte le plus ancien parait presque banal, comme si le monde n’était qu’une pièce où nous venons improviser .La maison écoute sans jugement, la pierre a cette patience des vieux qui savent tout et ne parlent jamais, la voûte nous enveloppe et on se surprend à chuchoter, à rire même, parce qu’il y a moins de solennité que je ne l’avais prévu, on n’est pas en examen ici mais en partage, je veux qu’elle devienne une inhabituelle compagne de nuit, pas parce que je la force, mais parce qu’elle veut entrer, tracer ses propres pas dans l’obscurité, alors je baisse la garde et je laisse le geste venir plus doux,
DORIANJe sais qu’elle est vivante parce que je meurs avec elleJe marche depuis des heures, peut-être des jours, le ciel s’efface, la terre respire à peine sous mes pas, et à chaque souffle je sens sa peur me traverser comme un courant glacé, un vertige d’absence qui creuse dans ma poitrine un vide impossible à combler. Mia n’est plus là, mais elle est partout, dans ma peau, dans mes nerfs, dans ce goût de fer qui m’emplit la bouche chaque fois que je prononce son nomJe ferme les yeux, je l’entends, pas sa voix, pas encore, mais le rythme de son cœur, irrégulier, lointain, battant à travers les murs d’un autre monde. Quelque chose la retient, quelque chose qui n’a pas de visage, et plus j’avance, plus la douleur grandit, comme si la distance entre nous se tordait, se resserrait, se nourrissait de ma rageLa nuit est vivante autour de moi, l’air vibre, les ombres bougent. Il y a ce parfum d’humidité et de pierre, un écho dans le vent, un murmure trop bas pour être un mot, mais qui pr
MIAJe ne sais pas combien de temps dure le trajet, chaque seconde se replie sur la suivante comme un animal blessé, le coffre me secoue et chaque cahot devient un battement de mon cœur, je compte les respirations pour ne pas sombrer, je murmure des mots sans sons, des noms qui n’ont plus de visage, je pense à Léa, à Dorian, à la vie d’avant comme à une photo froissée qu’on aurait oubliée dans un livre. L’air sent le caoutchouc et le métal, mais à travers les fentes je perçois une odeur qui n’a rien à voir avec une voiture, un parfum de mousse humide et de pierres froides, comme si nous roulions sous terrePuis la voiture s’arrête, brutalement, le silence est plus lourd que le bruit, il colle à ma peau comme une sueur glacée. La portière s’ouvre, je sens un souffle d’air, pas celui du matin mais celui des caves, et la main d’Éléna vient me chercher sans violence apparente mais avec cette fermeté d’acier qui transforme mon corps en marionnette. Elle me hisse hors du coffre, me guide co
Mia Je pense à Léa qui dort peut-être encore, à sa main posée sur la mienne, à la précarité de nos promesses, et ma gorge se serre parce que je sais que même si je crie, même si ma voix se brise, il y a des murs qui filtrent le son, et des vies qui peuvent ignorer ce qui ne les touche pas, mais dans ce tumulte il y a aussi la brûlure qui m’a été imposée, la marque qui me colle à Dorian, et je sens au fond de moi une rage plus profonde que la peur, une rage qui refuse d’être possédée sans combat, je m’accroche à elle comme on s’accroche à une corde dans le vide .La voiture s’arrête enfin, des voix éloignées, des pas qui crissent sur le gravier, la portière s’ouvre, l’air est plus froid, plus pierreux, et l’on me tire dehors, mes pieds touchent la pierre humide, on me pousse vers une ouverture, un portail de service peut-être, et une main me soulève et me guide puis m’enferme dans un lieu de pierre, un lieu qui sent la poussière et les siècles, et là, dans l’ombre compacte, je sens la
MiaJe sens d’abord le froid, un froid qui n’est pas celui de l’air du matin mais un froid d’outre-tombe qui se glisse sous la porte, et quand je redresse la tête la couverture colle encore à mes doigts comme une peau connue, et dans ce froid il y a un pas qui n’est pas le pas de Léa, un pas qui effleure le plancher avec une précision chirurgicale, je pense à Dorian sans le vouloir parce que son nom est devenu une balise au milieu de tout ce qui me traverse, et la porte s’ouvre sans bruit, comme si la chambre avait toujours attendu cette intrusion, et je perçois la silhouette avant de la voir, une ombre qui se découpe dans la clarté grise, des cheveux sombres comme de l’encre, mais ce n’est pas seulement son allure qui me frappe, c’est l’absence de chaleur autour d’elle, une sorte d’hiver concentré, l’air qui se contracte quand elle passe, et mon cœur rate un battement parce que je reconnais cette odeur , pas tout à fait humaine, un relent de fer, de vie saigneuse et d’herbes ancienne
MiaJe laisse échapper un rire bref, amer et humide, parce que ces promesses me brûlent et parce que je sais qu’elle ment pour se rassurer, qu’elle parle pour conjurer sa terreur, mais cette violence douce dans sa voix me donne aussi une force soudaine, perversement consolanteJe m’assois sur le bord du lit, nos genoux se touchent, et j’essaie de décrire ce que Dorian m’a dit, mot par mot, comme si l’énumération pouvait diminuer la peur, comme si la répétition pouvait contenir l’ampleur de la menace— Il a dit que je suis marquée, que quelqu’un m’a choisie sans que je le sache, qu’il y a des signes sur la peau, des choses qu’on ne voit pas tout de suite, mais qui se lisent si on sait regarder, il a dit que certains liens se nouent sans que l’on ait consenti, et que le seul moyen de couper ces liens c’est de partir, d’accepter ce qu’ils proposent, trois jours, il a répété trois jours, comme si c’était peu, comme si trois jours pouvaient changer tout ce qui est en moiLéa ferme les yeux