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Chapitre 6

Author: lerougeecrit
last update Last Updated: 2025-09-24 01:00:39

Ava

Le silence retomba, un poids solide et suffocant qui emplit le bureau après son départ, écrasant l'air, rendant chaque respiration difficile. Le claquement sec de la porte n'avait pas été un simple bruit, mais l'écho du glaive qui venait de me transpercer l'âme, le son définitif de la fin, la dernière note d'un Requiem. Mes jambes cédèrent, ma force m'abandonna brusquement, comme une marionnette dont on coupe les fils, la laissant s'effondrer. Je m'écroulai sur le sol froid, le marbre glacial s'insinuant sous ma robe noire qui s'étalait en une flaque sombre sur le tapis persan, absorbant mes larmes invisibles, muettes. J'avais perdu le combat. Pas le combat verbal, ni celui de l'orgueil, mais celui du cœur, le seul qui importait, le seul qui m'avait fait espérer, m'avait donné une raison de me battre.

Le mot « divorce ». Il résonnait encore dans l'air vicié, une note dissonante, la fin abrupte d'une mélodie qui n'avait jamais vraiment

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  • Pardonne-Moi (Tome 2)   Chapitre 7

    VincenzoQuelques jours s'étaient écoulés depuis que j'avais jeté ces mots empoisonnés à la figure d'Ava, et le silence de la maison, la mienne, celle que nous partagions autrefois dans l'ombre et la passion, mais aussi celle de ma vie, était devenu une torture exquise. Chaque pièce, autrefois un espace partagé, un théâtre de notre intimité violente et passionnée, de nos corps enlacés, était désormais un mausolée, une tombe à ciel ouvert où mes souvenirs dansaient comme des fantômes. Le parfum qui m’était si familier, son odeur de jasmin capiteux et de peinture fraîche, n’était plus qu’un fantôme dans l’air vicié, une morsure invisible qui lacérait ma peau et déchirait mes entrailles. Chaque matin, le même rituel d'une solitude étouffante, le goût amer de mon café sans elle, sans sa présence ardente. Chaque soir, la même nuit sans sommeil, l'image de son visage glacé hantant mes pensées, et le claquement sec des bagues sur le tapis résonnait dan

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  • Pardonne-Moi (Tome 2)   Chapitre 5

    VincenzoLe soleil napolitain, même en ce début d'après-midi, était une étreinte moite et lourde, saturée des parfums entêtants de la ville – l'amertume du café chaud, la douceur capiteuse du jasmin mêlée à l'odeur persistante de la crasse humaine. Mais c'était un souffle d'enfer qui m'étouffait dans l'habitacle glacé de la berline blindée. Chaque mètre qui me rapprochait de la galerie d'Ava ajoutait une tension nouvelle à mes muscles, me rendant tendu comme un arc à son point de rupture, les poings serrés sur mes genoux, le cuir du siège criant sous la pression de mes doigts.Matteo m'avait appelé hier soir, sa voix rocailleuse empreinte d'une exaspération mêlée d'une forme de respect non dissimulé. Ma femme. Dans mon club. Avec Cora, mon enquêtrice, la tornade brune. Le tableau était clair, insupportable, gravé au fer rouge dans mon esprit. Ava, se pavanant comme une célibataire, défiant mon autorité, ma possession. Une rage sourde et b

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    CoraL'air de Naples, même nocturne, était un baiser lourd, saturé de sel, d'embruns et de promesses inavouées. Le parfum capiteux des jasmins, doux et enivrant, se mêlait à l'âcreté métallique de l'essence des bolides et à l'odeur musquée des corps moites qui pulsaient dans la ville. J'avais arraché Ava à sa cage dorée, à ce Vesuvio qui, sous ses airs de palace, sentait la poudre et les secrets enterrés sous le marbre lustré. On filait vers le Dominio, le club le plus exclusif de Naples, un de ces repaires où le pouvoir se fêtait avec insolence, se négociait dans l'ombre des alcôves, et parfois, s'arrachait en silence.Mes talons aiguilles claquaient sur le pavé irrégulier, un rythme effronté dans la nuit, un défi sonore lancé à la ville endormie. Ava, à mes côtés, semblait encore un peu raide, contenue dans sa robe rouge, une flamme vive et incertaine oscillant dans l'obscurité moite.La file devant le Dominio s'étirait comme un

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    Ava Le soleil napolitain, même à l'abri des treilles ombragées de la terrasse, était une caresse trop insistante, presque indécente sur ma peau nue. Il léchait le marbre froid de la table, cherchait mes bras sous les manches fluides de ma robe de lin, mais ne parvenait pas à chasser le frisson persistant qui nouait mes entrailles. J'avais choisi ce restaurant reculé, une parenthèse discrète lovée dans une ruelle oubliée des touristes, loin des regards affamés de la pègre et des murmures venimeux. Ici, l'odeur des agrumes se mariait au café torréfié, une symphonie de faux-semblants, promesse d'une normalité que ma vie avait depuis longtemps reniée. Les nuits d'été se réduisait lentement, mais la ville, enfin, retrouvait un souffle plus lent, plus intime. Mon regard, restait rivé sur l'écran de mon téléphone, posé tel un ancre entre ma tasse de cappuccino fumant et le bouquet de freesias, leurs pétales immaculés, leur parfum délicat, une ironie cruelle face à la tempête qui ravageait m

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    VincenzoLe cuir du fauteuil crissait sous mon poids, un soupir las s'échappant dans le silence moite de mon bureau. La nuit napolitaine s'étirait au-delà des vitres blindées, une toile d'encre piquée des lumières scintillantes de la ville. Chaque éclat était un rappel de ce que je tenais d'une main de fer, de ce que je dominais, et de ce qui, désormais, m'échappait, me glissait entre les doigts.Un mois. Un putain de mois qu'Ava était partie, barricadée dans sa suite du Vesuvio, telle une reine en exil volontaire. Chaque jour sans elle était un coup de marteau sur mon orgueil de Capo, un clou enfoncé plus profondément dans ma putain d'âme, une douleur sourde et persistante. J'avais juré de ne pas céder, de ne pas courir après elle comme un chien battu, de ne pas montrer cette faiblesse. Les De Luca ne courbent jamais l'échine. Ils règnent, ils possèdent, ils dominent. Mais ce trône sans elle n'était qu'un bloc de pierre froid, un monument silencieux à ma propre stupidité, à ma fierté

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