LOGINAva
Le silence retomba, un poids solide et suffocant qui emplit le bureau après son départ, écrasant l'air, rendant chaque respiration difficile. Le claquement sec de la porte n'avait pas été un simple bruit, mais l'écho du glaive qui venait de me transpercer l'âme, le son définitif de la fin, la dernière note d'un Requiem. Mes jambes cédèrent, ma force m'abandonna brusquement, comme une marionnette dont on coupe les fils, la laissant s'effondrer. Je m'écroulai sur le sol froid, le marbre glacial s'insinuant sous ma robe noire qui s'étalait en une flaque sombre sur le tapis persan, absorbant mes larmes invisibles, muettes. J'avais perdu le combat. Pas le combat verbal, ni celui de l'orgueil, mais celui du cœur, le seul qui importait, le seul qui m'avait fait espérer, m'avait donné une raison de me battre.
Le mot « divorce ». Il résonnait encore dans l'air vicié, une note dissonante, la fin abrupte d'une mélodie qui n'avait jamais vraiment
AvaLe réveil fut un lent retour à la surface d’une mer de cendres et de sel. La nuit s’était écoulée non pas dans une étreinte tendre, mais dans une fureur apaisée, la violence physique et verbale de la confrontation dans le bureau s’étant muée en une étreinte possessive et sans fin. Mon corps était une carte de l’orage passé, des contusions invisibles dans les endroits les plus intimes, le rappel qu’il m’avait prise avec l’urgence brute d’un homme qui craignait de tout perdre. J’étais une ancre pour son chaos, une faiblesse à protéger, et la seule preuve tangible de son héritage qui grandissait en moi.J’ouvris les yeux à la lumière filtrée qui peignait les draps de soie d’un or pâle. Le silence du matin était une caresse douce après les hurlements de la colère et les gémissements de l’extase. Je n’étais pas seule. Le poids de Vincenzo était sur moi, son bras lourd et protecteur jeté sur ma taille, le contact de sa peau chaude sur la mienne. Son souffle, chaud et régulier contre ma n
CoraL’attente est toujours l’arme la plus fine et la plus cruelle que l’on puisse utiliser contre les hommes de pouvoir. Ou, dans mon cas, contre soi-même. Elle distille le poison du doute, affûte le désir jusqu’à le rendre insupportable.J’étais debout devant la porte du bureau de Vincenzo, le Capo, mon employeur, mon maître. L’acajou sombre et massif de la porte absorbait non seulement la lumière du couloir, mais aussi tout son. Elle était une barrière physique, mais jamais une garantie de silence. C’était justement ce silence, lourd et métallique, qui me glaçait le sang plus que n’importe quel cri.À côté de moi, Matteo se tenait droit, une sentinelle taillée dans le marbre le plus froid. Il était l’ordre, la ligne droite, la discipline faite homme. Chaque milli
VincenzoL'attente était un poison lent, une torture que je m’infligeais moi-même dans le sanctuaire de marbre qui me servait de maison. Chaque seconde s’étirait, lourde, saturée de l’odeur âcre de la colère qui n’avait pas trouvé sa cible. Le grand hall du manoir, habituellement une démonstration d’ordre glacial et de pouvoir incontesté, était devenu une cage pour ma propre fureur. Je faisais les cent pas sur le sol de pierre polie, la semelle de mes chaussures claquant sur le marbre avec la précision d’un métronome fou. C’était le seul rythme que mon corps acceptait, le reflet du chaos qui s’était invité dans l’architecture parfaite de ma vie.Mon bureau gisait en ruines silencieuses – une confession de la rage que j’avais déversée sur le mobilier ancien après la trahison de Giovanni, ce rat qui rongeait les fondations de mon empire. Mais le tremblement de terre que je ressentais maintenant était différent, plus profond, plus viscéral.
AvaLe temps n’existait plus. Il s’était dissous dans l’atmosphère lourde et monacale de mon laboratoire de restauration. Ici, dans le silence aseptisé de mon refuge napolitain, seule régnait l’odeur âcre des solvants et des huiles essentielles, un parfum d’ordre chimique qui me servait de bouclier. J'étais dans mon élément, un monde où le chaos des sentiments et le danger physique se réduisaient à des tâches techniques, à la résolution d'une équation picturale.La pièce elle-même était une chambre forte, conçue pour repousser les trivialités du monde ex
VincenzoLa traque était un exercice de patience, un test que j’avais imposé à mes hommes, mais surtout à moi-même. Le fantôme n'était pas un ennemi classique, fait de chair et d’os que l’on pouvait pendre à un crochet. C’était une ombre digitale, une dissonance dans la symphonie de la ville, une menace d’un nouveau genre qui s’attaquait à l’âme de l’empire De Luca, à notre seule monnaie véritable : l’ordre.J’étais assis dans mon bureau, l’atmosphère confinée et lourde, le parfum du cuir vieilli, du bois de cèdre et de la fumée de
AvaLa vie reprenait. Non pas comme une rivière sereine après l’orage, mais comme un flux et reflux lent et puissant, ramenant inéluctablement à la surface les débris que l’on croyait enfouis. Je m’agrippais à cette routine, à ces rituels d’une normalité feinte, car ils étaient l’unique digue que je pouvais opposer au chaos qui régnait autour de Vincenzo.Mes journées se jouaient en deux actes distincts, deux scènes aux lumières et aux odeurs opposées.Le premier acte se