CHAPITRE 27 — “Tu m’as tuée vivante”MARGO(14h04)Je referme la porte derrière moi.Sans frapper.Sans prévenir.Sans respirer.Il est là. Debout derrière son bureau.Il lève à peine les yeux. Mais il sait. Il sait ce que je viens faire.Le silence entre nous est lourd, tranchant, presque sacrilège.— Margo ?Ma gorge est sèche. Je sens mes côtes se tendre comme des cordes prêtes à rompre.Je ne réponds pas.Je m’approche.Je le regarde. Fixement. Comme on regarde une photo qu’on voudrait brûler, mais qu’on n’ose pas encore déchirer.Il comprend. Ses traits changent. Son visage se ferme lentement, comme un rideau de scène après la dernière réplique.Il se lève. Calme. Lent. Comme si la lenteur pouvait désamorcer ce que je suis venue déposer.— Je voulais t’en parler…Je ris. Un rire sans lumière, sans gorge, sans air.— Tu voulais m’en parler quand, Elias ? Avant ou après ton mariage ? Avant ou après m’avoir utilisée comme une dernière échappée ?Il reste figé.Le silence suinte. Com
CHAPITRE 26 — “Je ne voulais pas que ce soit la fin”MARGO(8h06)Il est là.Je ne le vois pas. Mais je le sais. Comme un frisson qui ne vient pas du froid. Un vertige qui ne vient pas du vide.Le hall du bâtiment est calme. Trop calme. Même les bruits de claviers paraissent lointains.Je passe les portiques. Badge. Bip. Porte.Mes doigts tremblent, imperceptiblement.Je ne veux pas lui faire ce cadeau. Pas ce matin. Pas un battement de cœur de trop.Mais mon corps trahit ma volonté. Il reconnaît sa présence. Son odeur. Son aura.Elias est revenu. Et rien n’a changé.(8h52)Il passe.Costume gris. Cravate serrée. Démarche souple. Une tension dans les épaules.Ceux qui ne savent pas diront qu’il est en forme. Qu’il a repris les rênes.Moi, je sais.Il est juste… en contrôle. Et c’est pire. Parce qu’Elias ne parle jamais trop quand il veut obtenir quelque chose.Il s’arrête deux secondes près de Lisa. Un mot léger. Un sourire professionnel.Puis il marche encore. Droit. Irréprochable.M
CHAPITRE 25 — « Tu n’as pas besoin de dire »MARGO (7h03)Je suis déjà debout.Pas parce que je vais bien. Mais parce que je n’ai pas envie de rester couchée à écouter mes pensées m’étrangler.Le message d’Elias reste là, suspendu comme une toile d’araignée. Inoffensif si je ne bouge pas. Mortel si je m’en approche.Je n’ai pas répondu. Je ne répondrai pas aujourd’hui.Aujourd’hui, je choisis autre chose. Je ne sais pas encore quoi. Mais ce sera autre chose.(8h19)Je suis en avance au bureau. Trop. Les néons bourdonnent encore seuls. Les murs respirent à peine. Il y a une paix fragile ici, entre le jour et les autres.Je m’installe à mon poste. Je ne travaille pas vraiment. Je fais semblant. Mais pour une fois, ça ne sonne pas creux. Juste… calme.C’est là que Paul arrive.Il ne dit rien. Il me fait un petit signe. Un hochement de tête. Je réponds pareil.Il passe devant ma table, s’arrête un instant.— Pause café dans dix minutes. Si t’as envie.Il repart.Pas une demande. Pas une p
CHAPITRE 24 — « Je t’ai vue, tu sais »MARGO (6h48)Je ne dors pas.Je m’éteins doucement, voilà tout.Comme une lampe oubliée dans un coin d’oubli.Le corps est là, mais le reste flotte ailleurs.Je suis encore sur le tapis.La même position, presque.Je n’ai pas bougé dans la nuit. Même mes rêves se sont abstenus.Ils m’ont laissée seule, comme lui.Quelque part, une vibration m’a arrachée au silence.Une vibration douce. Traîtresse.Un message. Une pensée. Une corde tendue.Mais je ne suis pas prête.Je ne veux pas regarder.Pas encore.Pas ce matin.Pas dans cette lumière où le monde fait semblant de renaître.Je me lève enfin.Pas par force. Par besoin.Besoin que le temps passe. Que l’heure avance. Que quelque chose m’entraîne plus loin que lui.Je me traîne dans la salle de bain.Là encore, ce visage.Ce foutu reflet.Je le regarde longtemps.Comme si j’attendais qu’il craque avant moi.Mais il tient.Il résiste.Comme une mauvaise habitude.Je me mouille le visage à l’eau glac
CHAPITRE 23 — Le lendemain, même pas mortMARGO (7h12)Je suis réveillée avant le réveil.Les yeux ouverts.La bouche sèche.La poitrine serrée, comme si une pierre y avait été scellée pendant la nuit.Un instant, j’espère que c’était un cauchemar. Un de ceux qui vous réveillent en sursaut, les draps en sueur, le cœur affolé, mais soulagé.Mais ce n’était pas un cauchemar.Il a dit oui.À une autre.Sous une arche décorée. En costume. Souriant.Avec cette tendresse qu’il avait encore pour moi… hier.Je reste allongée longtemps. Trop longtemps.Les draps sont froids.La trace de son corps a disparu, mais je la ressens encore.Je tends la main vers l’oreiller à côté.Le geste est idiot.Réflexe d’un animal blessé qui cherche la chaleur qu’on lui a volée.Mes doigts ne rencontrent que du vide.Un vide immense.Un vide bruyant.Un vide qui hurle sans un son.(7h39)Je finis par me lever.Mais ce n’est pas moi qui me lève.C’est mon corps.Un automate.Je me regarde dans le miroir de la sa
Chapitre 22 — L’effondrement en direct MARGO (17h29)Je suis sur le canapé.Le thé est froid.Ma gorge aussi.J’ai les jambes croisées mécaniquement, la nuque raide, et le cœur qui bat sans logique.Tout est suspendu, et je ne sais même pas pourquoi.Une notification Instagram.Une story en direct.Je clique.Par habitude.Par curiosité.Par inconscience.Le pseudo apparaît : @clarisse_diamant.Je ne la connais pas. Elle n’est qu’un nom, une icône.Mais dans son monde, un évènement est en train de se jouer.Et je suis sur le point de m’y brûler.L’image apparaît.Floue. En mouvement.Des fleurs blanches partout.Un tapis de pétales au sol.Une arche décorée de roses pâles et de pampas élégantes.Une salle de réception d’hôtel. Verre, dorures, lustres étincelants.Et lui.Espoir.Debout.Souriant.Magnifique.Dans un costume sombre à la coupe irréprochable.Il ne regarde pas la caméra. Il regarde elle.Une femme que je n’ai jamais vue.Mais sa femme, maintenant.Je n’entends même plus