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Chapitre 3

Auteur: Jasmin
En le voyant si attentionné, j'ai ressenti une grande amertume. Tout cela, il ne l'avait sans doute appris que pour mieux s'occuper de Sylvie, non ?

Je lui ai jeté un regard, puis j'ai avalé les comprimés de calcium.

« Yvonne ? Gabriel ? Vous dormez déjà ? »

Sans attendre de réponse, Sylvie a poussé la porte, un flacon d'huile de massage dans la main, le sourire chaleureux.

« Ma petite sœur est enceinte, elle peut faire de la rétention d'eau. J'ai appris une nouvelle technique de massage, je vais t'aider à te détendre, d'accord ? »

J'ai froncé les sourcils et j'ai refusé. Je ne croyais pas une seconde que Sylvie ait envie de me masser par gentillesse.

« Tu refuses parce que tu crois que je masse mal ? »

Elle a levé les yeux vers Gabriel, l'air blessé :

« Je sais qu'Yvonne ne m'aime pas beaucoup… mais je n'ai vraiment aucune mauvaise intention. »

Gabriel a pincé doucement ma joue, avec tendresse : « Sylvie se sent déjà un peu gênée d'être chez nous. Elle veut juste rendre service. Laisse-la faire, ce n'est pas grand-chose. »

Mon nez s'est mis à picoter. Entre Sylvie et moi, il l'avait choisie, encore une fois.

Même s'il savait que nos rapports étaient tendus, il n'avait pas pris mon parti.

À cet instant, mon cœur s'est figé. J'ai cessé de lutter.

« Merci, Sylvie. »

J'ai choisi d'accepter.

Peu m'importait ce qu'elle comptait faire, parce que demain, à la même heure, je serais déjà partie en avion.

Je n'attendais plus l'amour de personne, et plus personne ne me retrouverait.

« Gabriel, pour le massage, il faut que je fixe un peu ses bras et ses jambes, sinon elle va trop bouger. »

« Ce sont des bandes élastiques, elles ne font pas mal, c'est juste pour éviter les mouvements involontaires. »

Sylvie a sorti deux bandes et les a montrées pour démontrer leur élasticité.

J'ai tourné un regard suppliant vers Gabriel, espérant qu'il refuserait.

Qui attache quelqu'un pour un simple massage ? Tout sonnait faux.

Mais Gabriel, cet homme d'affaires d'habitude si lucide, l'a crue.

Il l'a laissée m'attacher.

« Je vais commencer le massage. Gabriel, tu peux nous laisser un moment ? »

Il a acquiescé et m'a serré tendrement la main : « Je reviens dès que c'est terminé. »

Dès qu'il est sorti et que la porte s'est refermée, le visage doux de Sylvie a changé du tout au tout.

J'ai essayé de me débattre, mais mes bras et mes jambes ne bougeaient plus. Ce n'étaient pas des bandes élastiques.

« Ne t'agite pas, les vraies bandes sont là. Celles qui t'attachent n'ont aucune élasticité. »

Elle m'a montré les bandes d'un air triomphant.

« Tu sais, pas vrai ? Que Gabriel ne t'a épousée que pour moi ? »

Je suis restée silencieuse, le visage fermé.

Elle a fait glisser sa main sur mon ventre.

« Même si tu sais, ça ne change rien. Tu ne peux rien faire. »

« Depuis toute petite, je t'ai maltraitée. Et ton enfant, je le ferai souffrir comme je t'ai fait souffrir. »

Des larmes silencieuses ont coulé sur mes joues.

Je savais que je ne pouvais pas changer l'amour aveugle que Gabriel, mon père, et mon frère Louis portaient à Sylvie.

Mais entendre cette vérité sortir de sa bouche… ça me déchirait le cœur.

« Tu sais quoi ? La mort de ta mère… ce n'était pas ta faute. »

Tout en parlant, Sylvie a versé un liquide de la bouteille sur mon bras.

J'ai senti une angoisse soudaine. Qu'est-ce qu'elle voulait dire ?

« À ta naissance, papa et Louis t'adoraient. Tu ressemblais à maman, tu étais belle, ils disaient qu'ils allaient faire de toi leur petite princesse et te donner le meilleur. »

« Et moi, ça m'a rendue folle ! »

« Pourquoi tout devrait aller à toi ? Avant ta naissance, j'étais la princesse unique de la maison ! »

« Alors, j'ai débranché le tuyau d'oxygène de maman pendant qu'elle était encore inconsciente après l'opération. »

« Je voulais voir si, après la mort de ta mère en te mettant au monde, papa et Louis t'aimeraient encore autant. »

Mon corps s'est mis à trembler violemment.

Alors… la mort de ma mère… ce n'était pas ma faute !

Sylvie. Elle n'avait que sept ans. Et elle avait déjà cette cruauté en elle.

« Bien sûr, papa et Louis ont fini par croire que c'était à cause de toi.

Ils ont cessé de t'aimer, t'ont rejetée. Et toute leur affection, ils me l'ont donnée à moi. »

Elle m'a lancé un regard victorieux.

« Tu n'as pas peur que je le dise à papa et à Louis ? » ai-je demandé, la voix tremblante.

Avant, je la pensais simplement manipulatrice.

Aujourd'hui, je la trouvais terrifiante.

« Même si tu le dis, personne ne te croira », a-t-elle souri froidement.

Et la seconde suivante, elle a sorti un briquet et a enflammé le liquide sur ma peau.

Des flammes brûlantes ont envahi mes bras.

J'ai hurlé, me suis débattue, ai réussi à me libérer et suis tombée à terre.

À genoux, les bras au sol, je me suis instinctivement recroquevillée pour protéger mon ventre.

« Aah… ça fait mal… »

Je n'avais même pas eu le temps de gémir que Sylvie s'est mise à crier et s'est écroulée au sol.

Gabriel a accouru dans la chambre.

« C'est pas la faute d'Yvonne… Je l'ai peut-être blessée, et elle m'a repoussée… »

Gabriel a froncé les sourcils : « Yvonne, comment as-tu pu faire du mal à Sylvie ? »

Je voulais parler, expliquer, mais une douleur soudaine dans mon ventre m'a coupé la parole.

Et Gabriel… il a pris Sylvie dans ses bras et il est parti. « Je l'emmène à l'hôpital tout de suite. »

Il n'a même pas remarqué que mon visage était livide.

Après de longues minutes, j'ai réussi à me relever.

J'ai appliqué une pommade sur mes bras brûlés.

Puis j'ai préparé mes papiers.

Demain à l'aube, je quitterai cette maison pour toujours.
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