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Chapitre 3

Author: Lilia
Victor m'a ramenée à son manoir.

Je me suis assise sur le siège passager, regardant les néons qui passaient, un vide profond dans la poitrine.

« Nous sommes arrivés. » Victor a garé la voiture et a fait le tour pour ouvrir ma porte.

Pourquoi était-ce toujours comme ça ? Il ne m'aimait pas, mais il couchait avec moi, et il était toujours aussi prévenant.

Une boule s'est formée dans ma gorge.

Je suis sortie de la voiture et l'ai suivi, traînant ma valise derrière moi.

Je connaissais trop bien cette maison. Chaque coin me rappelait nos corps emmêlés l'un à l'autre.

Victor a pris ma valise, s'apprêtant à l'emmener dans ma chambre habituelle.

« Non », ai-je dit, me dirigeant directement vers une chambre d'amis, « je ne reste que douze jours, c'est parfait. »

Victor s'est arrêté dans son élan. « Tu peux rester aussi longtemps que tu veux. »

J'ai posé ma valise dans la chambre d'amis et j'ai fermé la porte.

Je me suis assise sur le bord du lit et j'ai regardé mon téléphone. Encore douze jours et je quitterais Paris pour toujours.

Le lendemain matin, je suis descendue. Victor était déjà dans la salle à manger. Il m'a vue et m'a fait signe de m'asseoir en face de lui.

Je m'assis. Une servante m'a apporté du lait et des toasts.

« Victor. » ai-je commencé.

Il a levé les yeux, le regard calme derrière ses lunettes.

« Tu sais qu'Isabelle est la fille de Marie ? »

« Je l'ai appris hier. » a-t-il dit, le visage indéchiffrable, sans aucune trace de culpabilité.

J'ai souri avec amertume. « Pour toi, qu'est-ce qu'Isabelle ? »

Victor a posé sa tasse de café. « Une camarade de lycée. Elle a pris une balle pour moi une fois, elle m'a sauvé la vie. Depuis, elle est en convalescence aux États-Unis. »

« Vraiment ? Juste une camarade de classe ? Une sauveuse ? C'est si simple ? »

Les sourcils de Victor se sont légèrement froncés. « Salomé, je ne veux pas que tu la prennes pour cible juste parce qu'elle est revenue dans la famille Roman. »

J'ai ri, de manière tranchante et sans humour. « C'est un avertissement ? »

« C'est un rappel », le ton de Victor était froid. « La santé d'Isabelle est fragile. Elle ne peut pas supporter n'importe quel problème. »

J'ai acquiescé, sans rien dire de plus.

Victor était plus direct dans sa défense d'Isabelle que je ne l'avais jamais imaginé. Qu'y avait-il d'autre à demander ?

« Je comprends », ai-je dit en me levant. « Je monte à l'étage. »

Je suis restée dans la chambre d'amis toute la journée. La servante a apporté le déjeuner et le dîner à ma porte. Je ne suis pas descendue.

Cette nuit-là, je me suis couchée, incapable de dormir. D'habitude, Victor ouvrait la porte à cette heure-là, me poussait sans un mot et me tenait par la taille en m'appelant Principessa.

Mais ce soir, le couloir était silencieux.

Bien sûr, son premier amour était de retour. Pourquoi penserait-il à moi ?

Le lendemain, c'était samedi. Victor n'est pas allé au complexe.

A dix heures du matin, il a frappé à ma porte.

« Salomé, il y a une fête ce soir, tu viens avec moi. »

J'ai ouvert la porte, Victor était déjà vêtu d'un costume noir impeccable.

« Quelle fête ? »

« Une réunion entre les familles. »

Ne voulant pas rester seule dans cette maison chargée de nos souvenirs, j'ai acquiescé.

A sept heures du soir, la voiture de Victor s'est arrêtée devant un club privé.

Je l'ai suivi à l'intérieur et j'ai trouvé l'endroit richement décoré de fleurs et de serpentins.

Cela ne ressemblait à aucune réunion de la mafia à laquelle j'avais assisté.

Avant que je puisse poser une question, j'ai entendu une voix familière.

« Victor ! Tu es enfin là ! »

Isabelle, en robe de soirée blanche, s'est approchée comme un papillon. Elle m'a vue, et son expression a changé pendant une fraction de seconde avant qu'elle n'affiche un doux sourire.

« Salomé est là aussi ! C'est super ! »

J'ai jeté un coup d'œil autour de moi et j'ai vu une grande banderole qui annonçait « Bienvenue à la maison, Isabelle ».

C'était une fête de bienvenue, pour elle.

Victor m'avait amené à la fête de bienvenue d'Isabelle.

Je me suis retournée pour partir, mais Isabelle m'a arrêtée.

« Salomé, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu ne te sens pas bien ? » a-t-elle demandé, la voix pleine d'inquiétude. « J'ai appris que tu avais déménagé de chez toi. C'est à cause de moi ? Je suis vraiment désolée, je ne pensais pas qu'Oncle Roman me laisserait rester dans ta chambre. »

Sa voix était douce, mais suffisamment forte pour que tout le monde l'entende. Quelques invités m'ont regardée avec des yeux interrogateurs.

« C'est bon », ai-je répondu sèchement, « ce n'est qu'une chambre. »

« Mais Oncle Roman a dit que tu l'as même renié. » Les yeux d'Isabelle se sont remplis de larmes. « Tout est de ma faute, si je n'étais pas revenue... »

« Isabelle », je l'ai interrompue, « la raison pour laquelle je l'ai renié n'a rien à voir avec une étrangère comme toi. »

Les larmes d'Isabelle ont commencé à couler. Elle a regardé Victor avec un air piteux.

Victor s'est approché, m'a lancé un regard d'avertissement, puis a dit doucement à Isabelle : « Ne pleure pas, tes yeux vont gonfler. »

Il a sorti un mouchoir et a tamponné ses larmes, et Isabelle a souri. Elle a cligné ses cils mouillés et a dit : « Tu es si bon avec moi, Victor. »

Je me tenais à l'écart, regardant ce tableau tendre se dérouler.

Une douleur aiguë m'a transpercé le cœur.

Dans dix jours, je serais partie pour de bon, et je savais que je ne recevrais jamais ce genre de tendresse de sa part.

Je me suis retournée vers le bar, j'ai pris une coupe de champagne et j'en ai avalé la plus grande partie d'un trait.
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