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Chapitre 7

Penulis: merveille encre
last update Terakhir Diperbarui: 2025-11-05 01:38:01

Étienne rentra à 2 heures du matin.

Isabella le savait, car elle était encore éveillée, allongée sur le lit de la chambre d'amis, fixant le plafond et comptant les heures depuis le dîner. La porte du penthouse s'ouvrit avec son clic caractéristique. Ses pas résonnèrent sur le seuil en marbre. Assurés. Détendus. La démarche d'un homme qui n'avait d'explications à donner à personne.

Elle l'entendit se verser un verre au salon. Le cliquetis des glaçons contre le cristal. Le bruit de son fauteuil qui s'affaissait, le cuir grinçant sous son poids.

Isabella attendit vingt minutes avant de se lever.

Elle le trouva encore habillé, la cravate dénouée, les yeux rivés sur son téléphone avec une expression qu'elle lui avait rarement vue. De la joie. Celle qu'on ressent après avoir passé des heures avec quelqu'un qui vous fait oublier le reste du monde.

« Il faut qu'on parle », dit Isabella depuis l'embrasure de la porte.

Étienne leva les yeux. La joie disparut, remplacée par le masque impassible qu'il arborait en sa présence. « Il est tard, Isabella. »

« Ça fait six heures que t'es parti après le dîner, et tu reviens juste ? »

« Je discutais avec une vieille amie. Y a-t-il un problème ? »

Elle entra dans la pièce. L'espace entre eux semblait immense. « Ce n'est pas juste une vieille amie. »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« J'ai vu comment tu la regardais ce soir. »

Étienne posa son verre avec une précaution calculée. « Alors, comment je la regardais ? »

« Comme si elle comptait plus que moi, ta femme. »

Les mots sortirent plus bas qu'Isabella ne l'aurait voulu. Plus sincères. Elle vit une lueur traverser son visage. De la culpabilité, peut-être. Ou une irritation qu'elle avait remarquée.

« Tu en fais tout un drame. »

« Vraiment ? » Isabella croisa les bras, soudain glacée malgré le chauffage de l'appartement. « Tu as souri plus ce soir à table que pendant tout notre mariage. Tu l'as touchée. Tu l'as regardée comme si elle était fascinante. Tu as passé six heures avec elle après notre départ. »

« Nous discutions du projet du siège social. C'est un projet complexe. »

« Pendant six heures ? »

« Oui, Isabella. Pendant six heures. Certains d'entre nous travaillent encore pour gagner leur vie. »

Le coup de poignard fit mouche. Il visait sa décision d'abandonner la cybersécurité. Les sept années qu'elle avait passées à être son épouse et la mère des jumelles au lieu de faire carrière. Tout ce qu'elle avait sacrifié en pensant que cela lui ferait l'aimer.

« J'ai travaillé », dit-elle doucement. « J'ai élevé tes filles. Je me suis occupée de la maison. J'étais présente à tous les dîners d'entreprise et galas de charité. J'ai joué la femme parfaite. C'est du travail. »

« Je ne t'ai rien demandé de tout ça. »

La vérité était plus blessante encore que les mots eux-mêmes. Il ne lui avait rien demandé. Elle avait simplement supposé que c'était le rôle des épouses, le rôle des mères. Elle s'était modelée à l'image qu'elle pensait lui donner, et il n'avait jamais remarqué la carapace qu'elle s'était forgée.

« Qu'est-ce que tu veux de moi, Isabella ? »

La question plana entre eux. Que voulait-elle ? Qu'il la voie. Qu'il reconnaisse son existence. Elle se souciait qu'une autre femme ait fait irruption dans leur vie et capte son attention d'une manière dont elle n'aurait jamais su le faire.

« Je veux que tu sois plus honnête... à propos de ce qui s'est passé entre vous », finit-elle par dire.

Étienne se leva et se retrouva soudain tout près d'elle, si près qu'elle pouvait sentir son eau de Cologne. Quelque chose de cher et de froid, comme les matins d'hiver. Il la regarda de haut avec ces yeux gris qui, autrefois, faisaient battre son cœur à tout rompre et qui, maintenant, la faisaient se sentir toute petite.

« Tu es paranoïaque », dit-il. Chaque mot pesé. « Vivienne est une collègue. Rien de plus. Elle conçoit notre siège social. Cela nécessite de nombreuses consultations. Si tu as un problème avec le fait que je fasse mon travail, c'est ton problème, pas le mien. »

Il se tourna pour partir, mais s'arrêta et ajouta à ses doutes.

« On était à la fac ensemble. On était amis. Tu es jalouse d'une amitié qui s'est terminée il y a huit ans ? »

Isabella avait envie de crier, de jeter quelque chose, de lui faire comprendre que ce n'était pas le passé qu'elle craignait, mais le présent. La façon dont Vivienne lui avait touché le bras. La façon dont sa mère les avait placés côte à côte. La façon dont tout le monde à cette table avait traité Vivienne comme une invitée de marque et Isabella comme une étrangère gênante.

Mais lutter contre Étienne, c'était comme lutter contre du brouillard. Il déformait ses paroles jusqu'à ce qu'elle paraisse folle. Jusqu'à ce qu'elle doute de ce qu'elle voyait.

« Je ne suis pas paranoïaque », dit-elle, détestant la faiblesse de sa voix.

« Alors, qu'est-ce que tu es ? »

Invisible, pensa-t-elle. Je suis invisible, et tu vois enfin quelqu'un, et ça me détruit.

Mais elle ne dit pas ça. Au lieu de cela, elle dit : « Je suis ta femme. »

« Je le sais. » Il passa devant elle. « Autre chose ? J'ai une réunion tôt le matin. »

« Non », répondit Isabella. « Rien d'autre. »

« Bien. Ferme à clé avant d'aller te coucher. »

Il disparut au bout du couloir, vers son bureau.

Isabella se tenait dans le salon, entourée de meubles valant plus cher que la plupart des voitures, dans un appartement aux allures de musée, mariée à un homme qui la traitait comme une pièce de musée dont il s'était lassé.

Elle ramassa son verre vide lorsqu'elle l'entendit.

Un rire.

Le rire d'Étienne, étouffé mais indubitable, venant de son bureau au bout du couloir.

Isabella se figea, verre à la main, tous ses muscles tendus.

Elle connaissait ce son par cœur. Elle l'avait entendu lors de dîners d'affaires, quand il parlait aux investisseurs. Aux réunions de famille, quand il discutait avec son grand-père. Ce soir, dans le domaine de sa mère, quand Vivienne était entrée.

Mais elle ne l'avait jamais entendu adressé à elle. Pas une seule fois en sept ans.

Les rires continuèrent. Riches, authentiques et totalement spontanés. 

Isabella posa le verre avec précaution. Ses mains tremblaient.

Elle descendit le couloir silencieusement, sans se faire remarquer. La porte du bureau était fermée, mais pas complètement verrouillée. Un rayon de lumière filtrait par l'entrebâillement.

« Non, c'est ridicule », dit Étienne en riant encore. « Tu ne peux pas être sérieuse. »

Un silence s'installa pendant qu'il écoutait.

« Mon Dieu, j'avais oublié à quel point tu es drôle. » Sa voix était douce. La voix de quelqu'un qui parle à une personne qu'il apprécie vraiment. « C'est exactement ce qui s'est passé. Moreau a failli avoir une crise cardiaque quand le mannequin s'est effondré. »

Un autre silence. Plus long cette fois.

« Je sais. Ça me manque aussi. » Plus doucement maintenant. « C'est bon de te revoir, Vivi. Vraiment bon. »

Vivi.

Un surnom. Quelque chose de personnel, d'intime, acquis au fil des années.

Isabella se tenait devant la porte, écoutant son mari rire, et sentit quelque chose se briser en elle.

Pas une rupture. Une rupture, ça fut soudain et brutal. C'était différent. C'était une blessure profonde. Celle qui s'installait lentement, au fil des années, jusqu'au jour où l'on leva les yeux et où l'on réalisa que tout l'édifice s'écroula.

Elle retourna dans la chambre d'amis, les jambes engourdies. Elle se glissa dans le lit, encore habillée. Elle remonta les couvertures et fixa le plafond sombre.

Son téléphone était posé sur la table de chevet ; les messages effacés de Vivienne gisaient encore gravés dans sa mémoire.

Il n'a jamais pu me résister.

Isabella ferma les yeux et entendit son mari rire pour une autre femme, à travers deux murs et sept années de distance.

Elle ne pleura pas. Pleurer lui demandait une énergie qu'elle n'avait plus.

Alors, elle resta allongée dans le noir et prit une décision.

Demain, elle appellerait Sophie. Sa meilleure amie, l'avocate qui l'avait mise en garde contre le mariage avec Étienne. Celle qui lui avait dit que l'amour ne suffisait pas quand il était à sens unique.

Demain, elle commencerait à poser des questions sur le divorce.

Mais ce soir, elle resterait allongée là, à compter les minutes jusqu'à l'aube, à écouter son mari heureux avec une autre, et à accepter enfin ce qu'elle savait depuis toujours.

Elle n'avait jamais été à la hauteur.

Et elle ne le serait jamais.

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