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Chapitre 2

Penulis: Tomate Verte
En réalité, elle ne voulait que le faire patienter. À l'époque, Laurent n'était qu'un simple lieutenant-chef et Clémence espérait mieux, elle attendait une occasion plus avantageuse.

Je suis retournée dans mon ancien lycée pour me renseigner sur tout ce qu'il fallait préparer avant mon entrée à l'université — les démarches à suivre, les frais de scolarité, le coût de la vie… Une fois que j'ai eu toutes les réponses, j'ai pu rentrer l'esprit tranquille.

Dès que j'ai ouvert la porte du logement de fonction de Laurent, j'ai entendu la voix mielleuse de Clémence :

« Laurent, tu es revenu pour moi et pas pour ta femme... Elle ne va pas être fâchée ? »

« Je peux passer du temps avec elle n'importe quand. »

« Mais toi, à chaque fois que tu as tes règles, tu souffres beaucoup. Je ne veux pas te laisser seule. »

Clémence a éclaté de rire, puis a pris un air faussement triste :

« Et après ton mariage avec elle… tu continueras à bien me traiter ? »

« Évidemment, » a répondu Laurent, d'un ton assuré. « Si je ne prends pas soin de toi, de qui le ferai-je ? »

« Si elle te fait du mal, je divorcerai avec elle ! »

J'ai serré les poings de toutes mes forces, c'était la seule façon de contenir l'amertume qui me submergeait.

Je découvrais que, même après avoir vécu une seconde vie, entendre mon mari me traiter avec autant de froideur… ça me faisait encore mal.

J'ai réajusté mes émotions, puis je suis entrée dans le logement comme si de rien n'était.

Laurent est sorti de la chambre de Clémence, un air légèrement gêné sur le visage.

« J...j'ai juste vu que Clémence n'allait pas bien... alors je suis allé voir comment elle allait. »

J'ai répondu d'un simple « Mm » et je me suis retournée pour rejoindre ma chambre.

Dans ma vie d'avant, j'avais disputé des dizaines de fois avec lui à cause de leur relation ambiguë.

Mais cette fois-ci, je ne comptais plus perdre ni mon énergie ni mon temps.

Il m'a appelée : « Anne… »

« Et si on achetait des dragées pour les donner aux voisines de la résidence militaire ? »

Je l'ai regardé, étonnée, puis j'ai compris : ce n'était qu'un geste de compensation, parce que je n'avais rien dit, rien réclamé.

« Ce n'est pas la peine. Aucun intérêt à faire semblant. »

Il est resté figé une seconde — visiblement, il ne s'attendait pas à ce que je refuse.

« Anne, tu m'en veux parce que Laurent s'occupe de moi ? »

Clémence est sortie de la chambre, l'air faussement peinée et parfaitement innocente.

Et sur elle… elle portait la robe en dentelle ivoire que j'avais achetée exprès pour nos photos de mariage.

Dans ma vie précédente, j'avais mis six mois à économiser sou par sou pour me l'offrir. Je ne l'avais jamais portée, pas une seule fois.

Quand elle a vu mon regard, Clémence a paniqué et s'est empressée de justifier :

« Je… j'ai juste trouvé la tenue jolie près de ton lit, je voulais l'essayer… et j'ai oublié de l'enlever. »

Elle baissait les yeux, tournant ses doigts nerveusement, comme une enfant prise sur le fait.

Laurent s'est empressé de dire : « Anne, ne sois pas… »

Je l'ai interrompu, la voix calme : « Elle te va bien, cette robe. Alors garde-la. De toute façon, je ne l'ai jamais portée. »

Je pouvais encore sentir, dans mes souvenirs, cette odeur légère de sang mêlée à la sueur sur la robe — la nuit où j'étais rentrée en pleurs, seule, en courant.

Aujourd'hui encore, rien que d'y penser, j'en avais des haut-le-cœur.

Sous leurs regards interloqués, je suis retournée dans ma chambre et j'ai verrouillé la porte derrière moi.

J'ai sorti ma pochette, à l'intérieur se trouvait ma lettre d'admission à l'université de Nice.

Dans ma vie précédente, j'avais toujours aimé le Sud — et ce programme en économie avait été mon rêve depuis longtemps.

Mais pour Laurent, j'avais tout abandonné : mes études, mon avenir, et je m'étais résignée à servir ses parents à la maison.

Dans cette nouvelle vie, heureusement, il n'était pas trop tard. Cette fois, je voulais enfin vivre pour moi.

J'ai ouvert le calendrier : plus que dix jours avant mon départ.

Le temps était compté. Je devais me préparer au plus vite.

Soudain, on a frappé à la porte. Agacée, je suis allée ouvrir.

Laurent se tenait là, un bol de nouilles à la main. Sa voix était douce :

« Tu dois avoir faim. Je t'ai préparé des nouilles. »

Pendant une seconde, j'ai été prise d'un vertige.

Dans ma vie d'avant, il n'avait pour moi que du silence froid, ou des paroles blessantes.
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