La bonne famille

Amélia était la fille chérie de sa famille durant les premières années de sa vie. Mais tout a changé quand son père Georges a eu des problèmes avec son entreprise. Il devait nourrir trois enfants : Amélia et les jumeaux qui ont seulement un an de moins qu’elle.

« La vie serait plus facile si je n’avais pas à nourrir l’enfant de quelqu’un d’autre en plus des miens. »

Donna savait très bien ce que son mari voulait dire. Mais elle aimait Amélia comme si elle l’avait mise au monde. C’était après tout son premier bébé. Et elle ne voulait pas s’en séparer.

« Ecoute, c’est juste une mauvaise passe. Nous irons mieux dans quelques temps. »

Mais son mari était en désaccord avec elle.

« Tu comptes donc laisser tes propres enfants dans le besoin pour l’intérêt de cette fille inconnue. »

« S’il te plaît ! Demande-moi ce que tu veux. Mais laisse-la rester avec nous. »

Il a réfléchi un instant avant de proposer : « D’accord, elle reste. Mais seulement si elle fait les tâches domestiques. »

« Ce n’est qu’une enfant. »

« Elle a déjà cinq ans. Elle peut faire beaucoup de choses. Si tu tiens à ce qu’elle reste, je vais réduire le personnel et retenir son salaire pour entretenir cette fille. »

« Demande autre chose s’il te plaît ! »

« Non, c’est soit ça, soit je l’envoie dans un centre. »

Donna ne voulait pas laisser Amélia dans un orphelinat pensant qu’elle pourrait tomber sur quelqu’un de pire. Elle a donc accepté que sa fille fasse des tâches domestiques.

Heureusement que Georges ne la traitait pas plus mal. Même quand Amélia faisait mal son travail, il se contentait de lancer un regard désapprobateur.

Mais Donna savait que c’était injuste pour Amélia. C’est pour ça qu’elle a demandé à son frère Carlos de retrouver la vraie famille de la petite quand elle a su qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps.

Je voulais lui trouver une bonne famille à marier. Mais elle est encore jeune et je sais que mon mari ne sera pas aussi attentif après mon départ.

Amélia se souvenait encore des dernières paroles que sa mère lui a dites.

« Je t’aime beaucoup ma chérie et je dois m’assurer que tu vives bien après ma mort. C’est pour ça que j’ai déjà demandé à ton oncle Carlos de retrouver ta vraie famille. Ils t’aimeront autant que moi puisque tu es de leur sang. Et pardonne-moi de ne pas t’avoir révélé les informations sur eux plus tôt. »

Quand sa mère est partie, Georges l’a effectivement chassée.

« Ça n’a rien de personnel ma petite. C’est juste que tu n’es pas de mon sang et mes enfants sont ma priorité. Et même si nous sommes riches maintenant, mon héritage leur revient à eux.

Je sais que Donna voudrait que tu vives une vie bien. Donc, je te donne l’équivalent du tiers de sa part dans l’entreprise. Ce n’est pas suffisant pour que tu vives confortablement. Mais tu auras de quoi être tranquille pour quelques mois. Et puisque tu trouveras ta famille bientôt, ils subviendront à tes besoins. »

Il lui a ensuite donné un câlin pour la première fois depuis très longtemps. Amélia n’a pu s’empêcher de pleurer dans son étreinte.

« Merci d’avoir pris soin de moi et de m’avoir élevé pendant ces dix-huit ans. Je continuerai de prier pour que vous viviez longtemps et soyez en bonne santé monsieur. »

Georges l’avait interdit de l’appeler « papa » depuis qu’elle avait douze ans.

« D’accord, d’accord. Va maintenant sinon tu vas rater ton vol. »

C’est ainsi qu’elle a dit adieu à sa famille adoptive. Son frère et sa sœur ne l’aimaient pas et elle ne les appréciait pas non plus.

Elle a quitté la ville avec son oncle ce soir-là pour aller voir sa nouvelle famille. Ou plutôt sa première famille.

…