Le soleil se levait à peine sur la ville, et déjà l’air vibrait d’une excitation particulière. Les rues étaient encore calmes, mais dans le grand hôtel où Alex avait passé la nuit, l’agitation régnait depuis l’aube. Entre les va-et-vient des employés, les décorateurs qui terminaient les derniers détails et les proches qui s’affairaient, on sentait que ce jour n’était pas comme les autres.
Alex, debout devant la grande baie vitrée de sa chambre, fixait l’horizon. Ses doigts tremblaient légèrement alors qu’il ajustait le nœud de sa cravate. Aujourd’hui était censé être le plus beau jour de sa vie. Aujourd’hui, il allait épouser Isabella. Un sourire étira ses lèvres à cette pensée. Isabella… Son amour depuis l’université. Sa muse, son pilier, la femme qu’il croyait être faite pour lui. Elle avait toujours su trouver les mots pour apaiser ses doutes, les gestes pour rallumer sa flamme quand il faiblissait. Depuis leur rencontre, Alex avait construit toute sa vie autour d’elle. Il inspira profondément, essayant de calmer le tourbillon dans son ventre. Ce n’était pas seulement du stress, c’était un mélange de bonheur, de fierté et de peur. La peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à lui offrir la vie qu’elle méritait. Mais il chassa rapidement ces pensées. Aujourd’hui, rien ne devait ternir sa joie. Un coup discret résonna à la porte. — Entre, dit-il en redressant les épaules. Son meilleur ami, Marc, entra avec un large sourire. Costume noir parfaitement taillé, cheveux soigneusement coiffés, il rayonnait de confiance. — Eh, le marié ! lança-t-il en s’approchant. Alors, prêt à faire le grand saut ? Alex rit nerveusement. — Je crois… Oui. Enfin, je n’ai pas le choix, hein ? — Tu n’as pas le choix, mais tu as la meilleure option, répondit Marc en tapant sur son épaule. Isabella est une femme incroyable. Tu as décroché le jackpot, mon frère. Alex hocha la tête, les yeux brillants. — Je sais. Je ferai tout pour elle. Un instant, il crut voir une lueur étrange dans les yeux de Marc, mais il n’y prêta pas attention. Le bonheur rend aveugle, dit-on. --- La cérémonie L’église débordait de lumière. Les bancs étaient remplis, les invités habillés de leurs plus beaux atours. Les murmures d’attente se turent quand la musique s’éleva. Alex, debout devant l’autel, sentit son cœur s’emballer. Puis, les portes s’ouvrirent. Isabella apparut, vêtue d’une robe blanche qui semblait tissée de lumière. Chaque pas qu’elle faisait résonnait dans le silence sacré comme une note de musique. Les regards se tournaient vers elle, mais Alex avait l’impression qu’il était le seul à la voir vraiment. Ses yeux se voilèrent d’émotion. Elle est magnifique… C’est ma femme. Ma future, ma promesse, mon avenir. Quand elle arriva à sa hauteur, elle lui sourit, un sourire doux mais mystérieux. Alex lui prit la main, incapable de cacher ses larmes. — Tu es splendide, murmura-t-il. La cérémonie se déroula comme dans un rêve. Les vœux furent échangés, les promesses scellées par des mots qui semblaient éternels. Alex, le cœur gonflé de fierté, posa enfin ses lèvres sur celles d’Isabella, sous les applaudissements et les acclamations. C’était officiel : ils étaient mari et femme. --- La réception La soirée battait son plein dans une grande salle décorée de fleurs blanches et de guirlandes lumineuses. Les rires, la musique et les verres qui s’entrechoquaient emplissaient l’air. Alex, vêtu de son smoking, n’arrêtait pas de sourire. Tout le monde venait le féliciter, lui serrer la main, lui dire combien Isabella et lui formaient un couple parfait. Marc était partout, toujours proche, toujours à plaisanter. Isabella, radieuse, dansait, riait, virevoltait de groupe en groupe. Par moments, Alex la regardait, le cœur gonflé de bonheur. Pourtant, à deux reprises, il surprit un échange de regards rapides entre Marc et Isabella. Un frisson d’inconfort lui parcourut l’échine, mais il se força à sourire. C’est juste moi qui me fais des idées. Ils sont amis, c’est tout. La fête dura des heures. Vin, champagne, toasts, discours maladroits mais sincères. À minuit, Alex quitta brièvement la salle pour prendre l’air. Le ciel nocturne était couvert, la brise fraîche sur sa peau brûlante d’émotions. Quand il revint, il remarqua qu’Isabella n’était plus dans la salle. Marc non plus. --- La découverte Le cœur battant, il partit les chercher. Peut-être qu’ils étaient dehors ? Peut-être qu’ils discutaient simplement quelque part. Ses pas l’amenèrent vers une aile plus isolée de l’hôtel, à l’écart des éclats de rire et de musique. Là, derrière une porte entrouverte, il entendit des chuchotements. Curieux, il poussa doucement. Et son monde s’écroula. Sous ses yeux, Isabella était dans les bras de Marc. Leurs lèvres se dévoraient, leurs mains se cherchaient avec une urgence brûlante. Ce n’était pas une erreur, pas un malentendu : c’était une passion ancienne, une trahison consommée. Alex resta figé, incapable de respirer. Le sang battait à ses tempes, ses jambes tremblaient. — Non… murmura-t-il d’une voix brisée. Isabella sursauta, ses yeux s’écarquillèrent quand elle le vit. Marc, lui, resta figé un instant, puis détourna le regard. — Alex… Je… balbutia Isabella. Ce n’est pas ce que tu crois… Mais il rit, un rire amer, douloureux. — Pas ce que je crois ? Vous étiez sur le point de coucher ensemble, Isabella. Sur notre putain de nuit de noces ! Son visage se déforma de rage et de désespoir. Isabella tenta d’approcher, mais il recula, les yeux pleins de larmes. — Depuis combien de temps ? demanda-t-il, la voix tremblante. Silence. Puis Marc soupira. — Depuis longtemps. Ces mots achevèrent de briser Alex. Il sentit son cœur exploser, son âme se fissurer. L’amour, la confiance, tout ce qu’il avait construit s’effondra. --- L’accident Il s’enfuit. Courut jusqu’à sa voiture, les mains tremblantes. Il n’entendait plus les appels d’Isabella, ni les excuses de Marc. Tout était flou. Tout n’était plus que douleur et colère. La pluie s’était mise à tomber, comme pour accompagner son désespoir. Les essuie-glaces battaient furieusement, mais sa vision était brouillée par les larmes. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi eux ? Il accéléra, sans réfléchir. Les phares des autres voitures déchiraient la nuit, mais il n’y prêtait pas attention. Son esprit n’était qu’un tumulte de haine et de regret. Puis, ce fut l’éblouissement d’un camion arrivant en sens inverse. Le choc. La douleur fulgurante. Et dans ses derniers instants, une seule pensée brûlante lui traversa l’esprit : Si seulement je pouvais revenir en arrière… Je leur ferais payer. Puis ce fut le noir.Partie 5 : L’aube du prédateur Le matin se leva sur la ville, voilé par un ciel grisâtre. Alex n’avait pas dormi. Pas une seconde. Ses yeux étaient rouges, mais son esprit brillait d’une lucidité glaciale. Il avait passé la nuit à dresser des plans, à revisiter ses souvenirs du futur comme un stratège analysant une guerre déjà vécue. Chaque événement, chaque trahison, chaque opportunité lui revenait avec une précision chirurgicale. Et maintenant, il avait une carte. En bas de son immeuble, il croisa le concierge, un vieil homme qui l’avait toujours regardé comme un gamin sans importance. Mais Alex lui rendit son sourire avec une assurance nouvelle. Ce n’était pas un simple échange banal. C’était un test. Et dans le regard du vieil homme, Alex vit ce qu’il voulait : une pointe de respect, née de l’assurance qu’il dégageait désormais. — Bonjour, monsieur Dupont, dit le concierge. Vous partez tôt aujourd’hui. — Une grande journée commence, répondit Alex en ajustant sa veste. Et il
Partie 4 : Le serment dans l’ombre La nuit était tombée depuis longtemps sur la ville. Un silence épais enveloppait les rues désertes, brisé seulement par les aboiements lointains d’un chien errant. Dans son bureau faiblement éclairé, Alex contemplait une feuille blanche posée devant lui. Ses doigts tenaient un stylo, mais il ne bougeait pas. Ses pensées tourbillonnaient, plus sombres que jamais. Dix ans plus tôt, il avait été un homme brisé. Dix ans plus tard, il était mort dans la solitude, trahi, humilié, effacé de sa propre histoire. Mais aujourd’hui, il avait une seconde chance. Une seconde vie. Et il n’avait plus l’intention de la gaspiller. Le miroir de vérité Alex se leva et se dirigea vers la grande glace accrochée au mur. Il s’y regarda longuement. Les traits étaient les mêmes : le visage jeune, les yeux fatigués mais pas encore consumés par la douleur. Pourtant, il se sentait différent. Il approcha son visage du miroir et murmura : — Tu n’es plus Alex Dupont. Tu n’e
Partie 3 : Les premiers mouvements financiers Alex passa les jours suivants enfermé dans son bureau, le carnet toujours ouvert devant lui. Le monde extérieur semblait s’effacer : les appels d’Isabella restaient sans réponse, les visites de Marc se heurtaient à un silence glacial. Chaque heure, chaque minute était consacrée à écrire, calculer, prévoir. Il se souvenait parfaitement de certaines dates-clés, de ces événements qui avaient façonné son autre vie : L’ouverture d’une petite entreprise de technologie locale qui, en quelques années, deviendrait un mastodonte. La flambée des prix immobiliers dans un quartier encore méprisé. Le lancement d’un projet minier qui attirerait bientôt les investisseurs étrangers. À l’époque, il n’avait pas su en profiter. Il avait regardé, impuissant, pendant que d’autres s’enrichissaient. Pas cette fois. Le premier pas : un capital de départ Mais la connaissance ne suffisait pas. Il lui fallait de l’argent. Pas grand-chose, mais assez pour plac
Partie 2 : La double confrontation Le silence de la maison fut brisé par le claquement sec de la porte d’entrée. Alex releva la tête. Isabella entra, ses talons résonnant sur le parquet, chaque pas trahissant une nervosité contenue. Son visage, impeccablement maquillé malgré la nuit agitée, se crispa à la vue du carnet ouvert sur le bureau. — Tu écris maintenant ? demanda-t-elle d’une voix acide, cherchant à reprendre le dessus. Alex ne répondit pas immédiatement. Il referma calmement le cahier, posa le stylo, puis croisa les bras sur sa poitrine. Son silence pesa lourd, plus douloureux que n’importe quelle réplique cinglante. Isabella s’approcha, ses yeux scrutant les siens, cherchant une faille. Mais elle ne trouva qu’un mur glacé. — Alex… on peut parler ? dit-elle enfin, sa voix se radoucissant. Il esquissa un sourire amer. — Parler ? Comme on le faisait quand tu me disais que j’étais ton unique amour ? Ou comme quand tu passais tes nuits avec Marc ? Le coup fut direct, san
Partie 1 : Le chaos intérieur Alex resta longtemps debout dans la chambre, figé, comme si ses pieds s’étaient soudés au parquet. Isabella et Marc venaient de quitter la maison dans un silence de plomb, après cette confrontation où, pour la première fois, Alex n’avait pas cédé à ses tremblements intérieurs. Pourtant, dès qu’il fut seul, le masque de froideur qu’il avait réussi à maintenir se fissura. Un poids écrasant lui broyait la poitrine. Sa respiration était irrégulière, presque douloureuse, et ses mains tremblaient légèrement comme si ses nerfs s’étaient enflammés. L’image de son mariage passé – ce jour qu’il croyait être le début d’une vie éternelle de bonheur – revenait le hanter comme une farce cruelle. Les rires, les promesses, les regards… tout n’avait été qu’un théâtre où il avait tenu le rôle de l’idiot amoureux. Il se laissa tomber dans un fauteuil, les coudes appuyés sur ses genoux, la tête entre ses mains. Ses pensées se bousculaient sans ordre : la voix d’Isabella,
La pluie avait cessé, laissant derrière elle une odeur d’asphalte humide. Dans sa chambre d’adolescent, Alex observait la pile de feuilles qu’il avait noircies la veille. Ses notes sur le futur, son arme secrète. Chacune représentait une opportunité de bâtir un empire.Mais le temps pressait. Dix ans, c’était long… mais il devait agir dès maintenant.---Une nouvelle déterminationLe lendemain, il se rendit en ville. Ses pas le guidèrent presque machinalement vers un vieux cybercafé, encore populaire à l’époque. L’odeur de café rance, le cliquetis des claviers, les écrans massifs aux couleurs ternes… Tout cela le replongea dans une époque révolue.Il s’assit, alluma un poste et commença à rechercher les journaux financiers, les annonces économiques. Mais surtout, il écrivait des noms, des dates :Facebook allait exploser dans deux ans.Bitcoin serait presque inconnu aujourd’hui, mais deviendrait une révolution.Tesla encore balbutiante, Apple sur le point de renaître avec l’iPhone…Se