Se connecterChapitre 3 — Les Ombres du Passé
MÉLISSA
Les jours s’enchaînent dans un mélange de tension et de solitude. Chaque instant passé dans cette maison pèse plus lourd que le précédent, comme si je me retrouvais enfermée dans une cage invisible, les murs se refermant lentement autour de moi. Les bruits de la ville me parviennent lointains, étouffés par la peur qui m’étreint. Je n’ai plus la sensation du temps qui passe ; tout semble s’étirer à l’infini, prisonnier d’un espace où je n’ai aucun contrôle.
Hug , vient chaque semaine. À chaque visite, il apporte avec lui cette pression silencieuse qui s’infiltre dans chaque recoin de la maison. Ses mots sont rares, glacials, précis. Ses attentes, claires, sans discussion possible. Il n’a pas besoin de parler inutilement. Sa présence suffit, ses yeux sombres scrutent chacun de mes gestes. Ma mère, elle, semble chaque jour un peu plus spectatrice, épuisée, résignée. Cela me révolte et me fait sentir encore plus seule. Je n’ai pas d’amis, personne à qui parler, personne vers qui me tourner. La chaleur humaine s’est évaporée de cette maison.
Je passe mes journées à chercher un moyen d’échapper à tout cela. La vie que j’avais connue me semble une illusion, un rêve fragile qui s’effondre sous mes yeux. L’ombre de Hug plane partout, et chaque moment passé ici me rapproche de ce destin que je refuse d’accepter.
Un jour, près de la fenêtre, je regarde le monde extérieur sans vraiment le voir. Une idée me traverse : et si ma mère savait plus qu’elle ne l’admet ? Son regard fuyant, ses silences, sa froideur… Elle est peut-être responsable de ce qui m’arrive. Peut-être que dans une autre vie, elle a fait des choix qui nous ont conduites ici. Elle n’est pas seulement victime, elle pourrait être complice.
Je me souviens des rares éclats de colère de ma mère quand j’étais petite, des frustrations qu’elle laissait transparaître parfois. Je me rappelle aussi des murmures dans la cuisine, des regards échangés avec des hommes au visage dur, des promesses silencieuses. Tout cela me revient maintenant avec un sens nouveau.
Les nuits deviennent des moments d’angoisse, mon esprit tournant sans répit. Je décide enfin d’agir. Je dois comprendre ce que ma mère sait, pourquoi elle m’a sacrifiée. Peut-être trouverai-je une clé pour me libérer. Pour cela, je dois me rapprocher d’elle, briser le mur du silence, savoir ce qu’elle cache.
Ce soir-là, elle semble plus fatiguée que d’habitude. Je m’assieds en face d’elle, dans la petite cuisine. La différence entre nous est frappante. Elle, plus âgée, marquée par les années de lutte ; moi, jeune, pleine d’incertitudes, avec un avenir qui se dérobe sous mes pieds.
— Pourquoi ?
Le mot s’échappe de mes lèvres, faible mais percutant. Elle lève les yeux, surprise, puis un voile de tristesse s’étend sur son visage. C’est la seule question qui compte vraiment. Pourquoi m’as-tu laissée aux griffes de cet homme ?
Elle ne répond pas tout de suite. Un silence lourd s’installe. Puis elle pose lentement sa cuillère et soupire.
— Tu ne comprendras pas, Mélissa. Tu ne peux pas comprendre.
La colère monte en moi. Des semaines à chercher, à rassembler des indices, et voici sa réponse vague. Je me lève, marche nerveusement de long en large, le cœur en feu.
— Je veux comprendre, Maman, dis-je, la voix tremblante. Je veux comprendre pourquoi tu m’as donnée à cet homme. Pourquoi tu n’as pas trouvé un autre moyen !
Elle se lève, le regard dur comme la pierre. Jamais je ne l’ai vue aussi froide, aussi distante. Elle baisse les yeux, mais ses mots sont clairs.
— Ce n’était pas un choix facile, Mélissa. Hug… il n’est pas un homme comme les autres. Il est plus que cela. Il n’était pas question de trouver un moyen, il n’y en avait pas. Il fallait payer, et je n’avais personne d’autre. Je… je n’avais pas d’autre choix.
Mon cœur se serre. La femme qui m’a appris à être forte, indépendante, a cédé à cet homme impitoyable. Mais pourquoi ? Qu’est-ce qu’il lui a fait pour qu’elle en arrive là ?
— Mais pourquoi lui ? Pourquoi l’avoir accepté dans notre vie ? Qu’est-ce qu’il te fait ? Qu’est-ce que tu lui dois ?
Ses yeux se brouillent un instant, un souvenir douloureux refait surface. Elle se détourne, incapable de me regarder.
— Je ne peux pas te dire tout ça, Mélissa. Il y a des choses que tu n’as pas à savoir. Pas maintenant.
Coup de poing dans ma poitrine. Je sens qu’elle me cache quelque chose de bien plus grand, lié à notre passé, quelque chose que Hug contrôle. Mais quoi ? Et pourquoi m’avoir sacrifiée pour payer ses dettes ?
Ce soir-là, la colère ne me quitte pas. Je sais qu’il y a quelque chose de pourri dans cette histoire. Ma mère est terrifiée, et je n’ai aucune idée de ce que je risque en cherchant la vérité. Mais je n’ai pas le choix. Je dois découvrir ce qu’elle a caché pour enfin me libérer de l’emprise de Hug et des chaînes invisibles qui me lient à lui.
Chapitre 8 — L'Inévitable ChoixMÉLISSALe matin suivant, je me lève tôt, mes pensées encore un tourbillon incontrôlable. Les paroles de Claire, celles de Hug, tout se bouscule dans mon crâne, sans ordre ni logique. Je sais maintenant que ma vie n’est pas ce simple fil que je croyais tenir, mais une toile dont je ne vois pas encore toutes les ramifications. Pourquoi moi ? Pourquoi a-t-il décidé de me protéger, ou de m’enfermer ? Les deux semblent se confondre en lui.Je me dirige vers la cuisine, où l’odeur du café se mêle à celle du pain grillé. Les employés du casino et de la maison close s’y affairent, évitant mon regard. C’est alors que je le croise dans le couloir. Immobile, il semble m’attendre. Son regard, intense et froid comme l’acier, se pose sur moi.— Mélissa, viens avec moi.L’ordre est lancé, sans appel. Il se retourne et marche vers la sortie, certain que je vais le suivre. Je le fais, mes pas résonnant dans le silence du couloir. Mon cœur bat plus vite, un tambour d’ap
Chapitre 7 : Le Poids des SecretsMélissaLa conversation avec Hug tourne en boucle dans mon esprit. La tension dans le couloir, ses paroles cryptiques, son regard impénétrable… tout me laisse bouleversée. Je me sens prise au piège, comme si chaque mouvement me rapprochait un peu plus de ce destin inévitable. Mais je refuse d’accepter les règles du jeu qu’il a imposées. Une part de moi refuse de rester passive.Cette nuit-là, je ne dors pas. Je tourne et retourne dans mon lit, mon esprit saturé de questions sans réponses. Une chose est sûre : je ne peux pas attendre que les choses se passent. Si Hug veut me protéger, je dois découvrir pourquoi.Tôt le lendemain, la maison est encore silencieuse quand je me rends dans la bibliothèque, un endroit que j’évite habituellement. Les livres de Hug s’alignent sur les étagères, imposants, silencieux. Certains coins renferment des dossiers et documents qu’il ne montre à personne. Des journaux, des notes… peut-être que derrière tout ça se cache u
Chapitre 6 — Les Secrets de HugMÉLISSALe lendemain matin, le soleil perce à peine à travers les rideaux épais de la maison close, mais je ne parviens pas à trouver le sommeil. Chaque pensée me ramène à Hug et à la vie qu’il mène à l’extérieur. Je me demande pourquoi il est si mystérieux, pourquoi il ne m’a jamais laissé entrevoir un seul fragment de la vérité sur lui. Mais surtout, je me demande ce qu’il attend de moi.Je repasse des draps dans la pièce commune, mes mains abîmées par le tissu rugueux, quand la porte s’ouvre soudainement. Hug se tient sur le seuil, son regard sombre posé sur moi. Comme d’habitude, il est impeccablement vêtu, une aura de pouvoir qui semble l’envelopper.— Viens avec moiJe lève les yeux, mélange de confusion et de crainte. Il ne m’a jamais parlé ainsi. Je dépose les draps et me lève lentement, me demandant si je dois vraiment suivre ses ordres. Je n’ai pas le choix. Sans un mot, je m’avance vers lui.Dans le couloir sombre, Hug m’entraîne vers la port
Chapitre 5 — La Vie de Hug Hors du CasinoMÉLISSALa vie de Hug, en dehors de la maison close, est un monde totalement différent, presque inconcevable pour moi qui ne le connais que comme l’homme impitoyable qui dirige cet endroit. Je n’ai qu’une idée vague de ce qu’il peut être à l’extérieur, mais parfois, je ne peux m’empêcher d’imaginer la vie qu’il mène loin des murs austères où je suis retenue.Hug n’est pas seulement le propriétaire de ce lieu, il est un homme d’affaires influent, respecté dans les cercles de pouvoir. Il est maître du jeu, pas seulement dans les casinos, mais aussi dans les relations humaines. En dehors de la maison close, il se montre charmant, raffiné, toujours impeccable dans ses costumes sombres et élégants, l’image d’un homme de prestige et de classe.Il a un cercle d’amis et de collaborateurs, des figures importantes. Chaque rencontre avec lui semble un événement. Là où il apparaît, il est écouté, respecté. Mais ce que je ne sais pas encore, c’est l’aspect
Chapitre 4 — L’InterdictionMÉLISSALes semaines qui suivent mon arrivée dans la maison close passent dans une lente routine. L’endroit est austère, un peu sinistre, et une tristesse semble se fondre dans ses murs. Chaque jour ressemble au précédent. Les autres femmes qui travaillent ici ressemblent à des ombres, des spectres ayant abandonné tout désir, tout espoir. Elles se lèvent, accomplissent leurs tâches sans un mot, et disparaissent dans le silence.Moi, je me sens perdue. Je ne comprends pas pourquoi je suis ici, ni ce que la vie attend encore de moi. Je me force à suivre les règles de la maison, mais un malaise profond ne me quitte pas. Chaque recoin me paraît hostile, chaque bruit de pas me fait frissonner. Et puis il y a cette règle que je n’arrive pas à ignorer : Hug, mon « patron », ne veut pas qu’on me touche.C’est étrange, presque absurde. Dans un lieu où le corps est au centre de tout, pourquoi me protéger ainsi ? Pourtant, c’est la règle : les clients ne doivent pas m
Chapitre 3 — Les Ombres du PasséMÉLISSALes jours s’enchaînent dans un mélange de tension et de solitude. Chaque instant passé dans cette maison pèse plus lourd que le précédent, comme si je me retrouvais enfermée dans une cage invisible, les murs se refermant lentement autour de moi. Les bruits de la ville me parviennent lointains, étouffés par la peur qui m’étreint. Je n’ai plus la sensation du temps qui passe ; tout semble s’étirer à l’infini, prisonnier d’un espace où je n’ai aucun contrôle.Hug , vient chaque semaine. À chaque visite, il apporte avec lui cette pression silencieuse qui s’infiltre dans chaque recoin de la maison. Ses mots sont rares, glacials, précis. Ses attentes, claires, sans discussion possible. Il n’a pas besoin de parler inutilement. Sa présence suffit, ses yeux sombres scrutent chacun de mes gestes. Ma mère, elle, semble chaque jour un peu plus spectatrice, épuisée, résignée. Cela me révolte et me fait sentir encore plus seule. Je n’ai pas d’amis, personne







