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L’Interdiction

Penulis: Les élites
last update Terakhir Diperbarui: 2025-10-20 19:27:38

Chapitre 4 — L’Interdiction

MÉLISSA

Les semaines qui suivent mon arrivée dans la maison close passent dans une lente routine. L’endroit est austère, un peu sinistre, et une tristesse semble se fondre dans ses murs. Chaque jour ressemble au précédent. Les autres femmes qui travaillent ici ressemblent à des ombres, des spectres ayant abandonné tout désir, tout espoir. Elles se lèvent, accomplissent leurs tâches sans un mot, et disparaissent dans le silence.

Moi, je me sens perdue. Je ne comprends pas pourquoi je suis ici, ni ce que la vie attend encore de moi. Je me force à suivre les règles de la maison, mais un malaise profond ne me quitte pas. Chaque recoin me paraît hostile, chaque bruit de pas me fait frissonner. Et puis il y a cette règle que je n’arrive pas à ignorer : Hug, mon « patron », ne veut pas qu’on me touche.

C’est étrange, presque absurde. Dans un lieu où le corps est au centre de tout, pourquoi me protéger ainsi ? Pourtant, c’est la règle : les clients ne doivent pas m’approcher, et les autres femmes ne m’adressent la parole que lorsqu’elles n’ont pas le choix. Il n’explique jamais pourquoi, mais il veille à ce qu’on respecte cette interdiction.

Au début, je suis perturbée. Je ne comprends pas ce qui motive cette décision. Mais je sens une forme de protection dans cette règle, une exemption qui me rend à la fois spéciale et marginalisée. Parfois, je me sens comme une énigme que personne n’ose résoudre.

Les jours passent, et je m’adapte lentement à ma nouvelle vie. J’observe les autres femmes : certaines résignées, d’autres plus jeunes, toutes prisonnières d’un système implacable. Elles répondent aux ordres de Hug, accueillent les clients quand ils viennent, et attendent que la journée se termine.

Mais moi, je ne suis pas comme elles. Je n’ai pas accepté cet état de fait. Je rêve toujours de fuir, de retrouver un peu de liberté. Mais chaque fois que je m’approche de la porte, la ville me paraît un monde inaccessible, étranger, loin de ma portée.

Un soir, je me réfugie dans une petite chambre à l’arrière. Des pas résonnent dans le couloir. Ce ne sont pas des pas familiers. Je sais tout de suite que c’est Hug. Il arrive rarement la nuit, et sa présence n’est jamais anodine.

La porte grince légèrement, et il apparaît dans l’ombre, imposant. Il ne dit rien tout de suite, mais ses yeux me fixent avec une intensité étrange. Ce n’est pas une menace, mais sa présence pèse dans la pièce.

— Je t’ai dit qu’il ne fallait pas qu’on te touche, dit-il enfin, calme mais ferme. Tu comprends, n’est-ce pas ?

Je hausse les épaules, incapable de répondre. Je ne comprends pas vraiment, ou du moins je n’ai pas de réponses. Mais une curiosité s’immisce dans mon esprit. Pourquoi cette règle ? Pourquoi moi ?

— Je n’ai pas l’intention de te garder ici plus longtemps que nécessaire, poursuit-il, comme s’il avait deviné mes pensées. Mais pour l’instant, il est important que tu respectes cette règle. Ne t’en fais pas pour les autres.

Je baisse les yeux, tentant de contenir la révolte qui monte en moi. Une partie de moi se rebelle contre ce monde absurde, contre cette situation où je n’ai aucun contrôle. Mais une autre partie sait que, pour le moment, je n’ai pas d’autre choix que d’accepter.

Hug me regarde encore un instant, puis se tourne pour quitter la pièce. Ses derniers mots résonnent dans ma tête :

— Je n’ai pas oublié ce que je dois à ta mère. Tu n’es qu’une étape dans l’histoire.

Je reste là, songeuse. Qu’est-ce qu’il veut dire par là ? Quel est ce lien mystérieux entre lui et ma mère ? Je n’ai pas de réponses, mais une détermination nouvelle s’installe en moi. Je veux comprendre pourquoi ma vie a pris ce tournant. Pourquoi Hug m’épargne. Et surtout, que signifie vraiment cette « règle » ?

Les nuits suivantes, je réfléchis intensément. La vérité est peut-être là, juste devant moi. Mais suis-je prête à l’affronter ? Peut-être que je ne pourrai jamais tout comprendre. Peut-être que ma seule chance de m’échapper est d’ignorer tout ce qui se passe autour de moi et de me concentrer sur ma propre survie.

Pour l’instant, je reste ici, à attendre le moment où je pourrai enfin décider. Mais une question est claire : vais-je accepter d’être contrôlée, ou vais-je me battre pour ma liberté, coûte que coûte ?

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