Se connecterChapitre 4 — L’Interdiction
MÉLISSA
Les semaines qui suivent mon arrivée dans la maison close passent dans une lente routine. L’endroit est austère, un peu sinistre, et une tristesse semble se fondre dans ses murs. Chaque jour ressemble au précédent. Les autres femmes qui travaillent ici ressemblent à des ombres, des spectres ayant abandonné tout désir, tout espoir. Elles se lèvent, accomplissent leurs tâches sans un mot, et disparaissent dans le silence.
Moi, je me sens perdue. Je ne comprends pas pourquoi je suis ici, ni ce que la vie attend encore de moi. Je me force à suivre les règles de la maison, mais un malaise profond ne me quitte pas. Chaque recoin me paraît hostile, chaque bruit de pas me fait frissonner. Et puis il y a cette règle que je n’arrive pas à ignorer : Hug, mon « patron », ne veut pas qu’on me touche.
C’est étrange, presque absurde. Dans un lieu où le corps est au centre de tout, pourquoi me protéger ainsi ? Pourtant, c’est la règle : les clients ne doivent pas m’approcher, et les autres femmes ne m’adressent la parole que lorsqu’elles n’ont pas le choix. Il n’explique jamais pourquoi, mais il veille à ce qu’on respecte cette interdiction.
Au début, je suis perturbée. Je ne comprends pas ce qui motive cette décision. Mais je sens une forme de protection dans cette règle, une exemption qui me rend à la fois spéciale et marginalisée. Parfois, je me sens comme une énigme que personne n’ose résoudre.
Les jours passent, et je m’adapte lentement à ma nouvelle vie. J’observe les autres femmes : certaines résignées, d’autres plus jeunes, toutes prisonnières d’un système implacable. Elles répondent aux ordres de Hug, accueillent les clients quand ils viennent, et attendent que la journée se termine.
Mais moi, je ne suis pas comme elles. Je n’ai pas accepté cet état de fait. Je rêve toujours de fuir, de retrouver un peu de liberté. Mais chaque fois que je m’approche de la porte, la ville me paraît un monde inaccessible, étranger, loin de ma portée.
Un soir, je me réfugie dans une petite chambre à l’arrière. Des pas résonnent dans le couloir. Ce ne sont pas des pas familiers. Je sais tout de suite que c’est Hug. Il arrive rarement la nuit, et sa présence n’est jamais anodine.
La porte grince légèrement, et il apparaît dans l’ombre, imposant. Il ne dit rien tout de suite, mais ses yeux me fixent avec une intensité étrange. Ce n’est pas une menace, mais sa présence pèse dans la pièce.
— Je t’ai dit qu’il ne fallait pas qu’on te touche, dit-il enfin, calme mais ferme. Tu comprends, n’est-ce pas ?
Je hausse les épaules, incapable de répondre. Je ne comprends pas vraiment, ou du moins je n’ai pas de réponses. Mais une curiosité s’immisce dans mon esprit. Pourquoi cette règle ? Pourquoi moi ?
— Je n’ai pas l’intention de te garder ici plus longtemps que nécessaire, poursuit-il, comme s’il avait deviné mes pensées. Mais pour l’instant, il est important que tu respectes cette règle. Ne t’en fais pas pour les autres.
Je baisse les yeux, tentant de contenir la révolte qui monte en moi. Une partie de moi se rebelle contre ce monde absurde, contre cette situation où je n’ai aucun contrôle. Mais une autre partie sait que, pour le moment, je n’ai pas d’autre choix que d’accepter.
Hug me regarde encore un instant, puis se tourne pour quitter la pièce. Ses derniers mots résonnent dans ma tête :
— Je n’ai pas oublié ce que je dois à ta mère. Tu n’es qu’une étape dans l’histoire.
Je reste là, songeuse. Qu’est-ce qu’il veut dire par là ? Quel est ce lien mystérieux entre lui et ma mère ? Je n’ai pas de réponses, mais une détermination nouvelle s’installe en moi. Je veux comprendre pourquoi ma vie a pris ce tournant. Pourquoi Hug m’épargne. Et surtout, que signifie vraiment cette « règle » ?
Les nuits suivantes, je réfléchis intensément. La vérité est peut-être là, juste devant moi. Mais suis-je prête à l’affronter ? Peut-être que je ne pourrai jamais tout comprendre. Peut-être que ma seule chance de m’échapper est d’ignorer tout ce qui se passe autour de moi et de me concentrer sur ma propre survie.
Pour l’instant, je reste ici, à attendre le moment où je pourrai enfin décider. Mais une question est claire : vais-je accepter d’être contrôlée, ou vais-je me battre pour ma liberté, coûte que coûte ?
Chapitre 8 — L'Inévitable ChoixMÉLISSALe matin suivant, je me lève tôt, mes pensées encore un tourbillon incontrôlable. Les paroles de Claire, celles de Hug, tout se bouscule dans mon crâne, sans ordre ni logique. Je sais maintenant que ma vie n’est pas ce simple fil que je croyais tenir, mais une toile dont je ne vois pas encore toutes les ramifications. Pourquoi moi ? Pourquoi a-t-il décidé de me protéger, ou de m’enfermer ? Les deux semblent se confondre en lui.Je me dirige vers la cuisine, où l’odeur du café se mêle à celle du pain grillé. Les employés du casino et de la maison close s’y affairent, évitant mon regard. C’est alors que je le croise dans le couloir. Immobile, il semble m’attendre. Son regard, intense et froid comme l’acier, se pose sur moi.— Mélissa, viens avec moi.L’ordre est lancé, sans appel. Il se retourne et marche vers la sortie, certain que je vais le suivre. Je le fais, mes pas résonnant dans le silence du couloir. Mon cœur bat plus vite, un tambour d’ap
Chapitre 7 : Le Poids des SecretsMélissaLa conversation avec Hug tourne en boucle dans mon esprit. La tension dans le couloir, ses paroles cryptiques, son regard impénétrable… tout me laisse bouleversée. Je me sens prise au piège, comme si chaque mouvement me rapprochait un peu plus de ce destin inévitable. Mais je refuse d’accepter les règles du jeu qu’il a imposées. Une part de moi refuse de rester passive.Cette nuit-là, je ne dors pas. Je tourne et retourne dans mon lit, mon esprit saturé de questions sans réponses. Une chose est sûre : je ne peux pas attendre que les choses se passent. Si Hug veut me protéger, je dois découvrir pourquoi.Tôt le lendemain, la maison est encore silencieuse quand je me rends dans la bibliothèque, un endroit que j’évite habituellement. Les livres de Hug s’alignent sur les étagères, imposants, silencieux. Certains coins renferment des dossiers et documents qu’il ne montre à personne. Des journaux, des notes… peut-être que derrière tout ça se cache u
Chapitre 6 — Les Secrets de HugMÉLISSALe lendemain matin, le soleil perce à peine à travers les rideaux épais de la maison close, mais je ne parviens pas à trouver le sommeil. Chaque pensée me ramène à Hug et à la vie qu’il mène à l’extérieur. Je me demande pourquoi il est si mystérieux, pourquoi il ne m’a jamais laissé entrevoir un seul fragment de la vérité sur lui. Mais surtout, je me demande ce qu’il attend de moi.Je repasse des draps dans la pièce commune, mes mains abîmées par le tissu rugueux, quand la porte s’ouvre soudainement. Hug se tient sur le seuil, son regard sombre posé sur moi. Comme d’habitude, il est impeccablement vêtu, une aura de pouvoir qui semble l’envelopper.— Viens avec moiJe lève les yeux, mélange de confusion et de crainte. Il ne m’a jamais parlé ainsi. Je dépose les draps et me lève lentement, me demandant si je dois vraiment suivre ses ordres. Je n’ai pas le choix. Sans un mot, je m’avance vers lui.Dans le couloir sombre, Hug m’entraîne vers la port
Chapitre 5 — La Vie de Hug Hors du CasinoMÉLISSALa vie de Hug, en dehors de la maison close, est un monde totalement différent, presque inconcevable pour moi qui ne le connais que comme l’homme impitoyable qui dirige cet endroit. Je n’ai qu’une idée vague de ce qu’il peut être à l’extérieur, mais parfois, je ne peux m’empêcher d’imaginer la vie qu’il mène loin des murs austères où je suis retenue.Hug n’est pas seulement le propriétaire de ce lieu, il est un homme d’affaires influent, respecté dans les cercles de pouvoir. Il est maître du jeu, pas seulement dans les casinos, mais aussi dans les relations humaines. En dehors de la maison close, il se montre charmant, raffiné, toujours impeccable dans ses costumes sombres et élégants, l’image d’un homme de prestige et de classe.Il a un cercle d’amis et de collaborateurs, des figures importantes. Chaque rencontre avec lui semble un événement. Là où il apparaît, il est écouté, respecté. Mais ce que je ne sais pas encore, c’est l’aspect
Chapitre 4 — L’InterdictionMÉLISSALes semaines qui suivent mon arrivée dans la maison close passent dans une lente routine. L’endroit est austère, un peu sinistre, et une tristesse semble se fondre dans ses murs. Chaque jour ressemble au précédent. Les autres femmes qui travaillent ici ressemblent à des ombres, des spectres ayant abandonné tout désir, tout espoir. Elles se lèvent, accomplissent leurs tâches sans un mot, et disparaissent dans le silence.Moi, je me sens perdue. Je ne comprends pas pourquoi je suis ici, ni ce que la vie attend encore de moi. Je me force à suivre les règles de la maison, mais un malaise profond ne me quitte pas. Chaque recoin me paraît hostile, chaque bruit de pas me fait frissonner. Et puis il y a cette règle que je n’arrive pas à ignorer : Hug, mon « patron », ne veut pas qu’on me touche.C’est étrange, presque absurde. Dans un lieu où le corps est au centre de tout, pourquoi me protéger ainsi ? Pourtant, c’est la règle : les clients ne doivent pas m
Chapitre 3 — Les Ombres du PasséMÉLISSALes jours s’enchaînent dans un mélange de tension et de solitude. Chaque instant passé dans cette maison pèse plus lourd que le précédent, comme si je me retrouvais enfermée dans une cage invisible, les murs se refermant lentement autour de moi. Les bruits de la ville me parviennent lointains, étouffés par la peur qui m’étreint. Je n’ai plus la sensation du temps qui passe ; tout semble s’étirer à l’infini, prisonnier d’un espace où je n’ai aucun contrôle.Hug , vient chaque semaine. À chaque visite, il apporte avec lui cette pression silencieuse qui s’infiltre dans chaque recoin de la maison. Ses mots sont rares, glacials, précis. Ses attentes, claires, sans discussion possible. Il n’a pas besoin de parler inutilement. Sa présence suffit, ses yeux sombres scrutent chacun de mes gestes. Ma mère, elle, semble chaque jour un peu plus spectatrice, épuisée, résignée. Cela me révolte et me fait sentir encore plus seule. Je n’ai pas d’amis, personne







