La pluie battait contre les vitres du bureau de Kael, rythmant le silence qui régnait dans la pièce. Liora était debout, face à lui, les bras croisés. Son regard cherchait des réponses, mais Kael, adossé au mur, restait figé, comme prisonnier d’un dilemme invisible.
— Dis-moi que ce que j’ai vu n’est pas vrai, Kael, murmura-t-elle.Il leva les yeux vers elle. Fatigué. Écorché. Mais incapable de nier.— C’est plus compliqué que ça, Liora. Beaucoup plus.Elle secoua la tête, un rire nerveux lui échappant.— Compliqué ? Tu veux dire que cette photo avec Amalya dans tes bras, c’est une illusion ? Une hallucination ? Tu vas me dire qu’elle est tombée, que tu l’as rattrapée par réflexe ?— Non, répondit-il simplement.Un silence glacial s’imposa. Liora sentit son cœur se serrer. Ce n’était pas seulement la trahison qui la blessait, c’était le fait qu’il n’essaie même pas de nier. Il ne se battait pas pour elle.— Tu lLe tableau blanc du nouveau QG était déjà saturé de schémas, de flèches, de photos imprimées à la va-vite. Des noms encerclés, des dates reliées par des lignes rouges. Liora se tenait face à lui, bras croisés, analysant le tout avec une précision militaire.— Tu vois cette date ? C’est celle où Kane a acheté ses premiers terrains à Grand-Yoff. Et là, c’est le jour où ton père a viré cinq employés sans justification. Regarde le lien : c’est le même notaire.Kael haussa les sourcils.— Tu crois qu’il y a un pont entre eux ?— Je crois qu’on n’a jamais vraiment su à quel point nos pères étaient liés… et à quel point on était piégés avant même d’être nés.Il resta silencieux, absorbé. Ce n’était plus seulement une affaire de vengeance ou de pouvoir. C’était une course contre une vérité bien plus vaste.Un silence lourd s’installa, jusqu’à ce qu’un agent entre, dossier à la main.— Madame Liora, on a un souci. Le compte lié a
Le soleil se couchait sur Abidjan, embrasant l’horizon d’un rouge incandescent. Liora, debout sur le balcon, tenait une tasse de thé à la main. Depuis l’annonce de leur départ prochain pour Dakar, le temps semblait s’être accéléré. Les jours défilaient entre rendez-vous, préparatifs administratifs et d’ultimes au revoir.Kael, en retrait, l’observait avec une tendresse qu’il n’essayait plus de masquer. Depuis leur rencontre, elle avait été une énigme, une tempête, une force tranquille… et aujourd’hui, elle était sa promesse d’avenir.— Tu regrettes ? demanda-t-il en s’approchant doucement, une main posée sur la rambarde à côté d’elle.— Pas une seconde.Elle se tourna vers lui, son regard franc.— Mais je suis lucide. On ne recommence pas une vie comme on tourne une page. Ce qu’on a construit ici… ce qu’on a combattu… ça nous suivra. Même là-bas.Kael acquiesça.— Et c’est pour ça que j’ai pris des précautions. J’ai dema
— Liora, tu es sûre de ne pas vouloir que je vienne avec toi ?Kael l’observait depuis le pas de la porte, l’air un peu inquiet. Vêtu d’un simple t-shirt gris et d’un pantalon de costume, il avait pourtant l’allure d’un homme en contrôle. Mais Liora savait lire entre les lignes. Et cette question, sous ses airs banals, trahissait bien plus : la peur de la laisser seule, l’angoisse de la voir replongée dans une bataille qu’ils pensaient terminée.Elle ajusta sa veste crème, ramassa son sac à main, puis s’approcha de lui avec un demi-sourire.— Tu crois que je vais me faire kidnapper dans un tribunal administratif ?— Ce n’est pas drôle.— Si. Un peu.Elle posa un baiser léger sur sa joue.— Je gère, Kael. Ce rendez-vous n’a rien de risqué. Juste une passation de dossiers, quelques signatures, et une nouvelle carte professionnelle. Je ne suis plus sous contrat… mais je ne suis pas non plus sans attaches.Il la ret
Liora se tenait devant le grand miroir de la chambre d’ami, dans le manoir Morgan. Pour la première fois depuis longtemps, son reflet lui semblait paisible. Pas indemne. Mais apaisé. Son regard, autrefois fuyant et chargé de défiance, avait gagné en assurance. Il n’y avait plus rien à fuir.Une voix douce résonna dans son dos.— Tu es prête ?Kael l’observait depuis l’embrasure de la porte, les mains dans les poches, son costume noir parfaitement ajusté. Mais ce n’était pas son allure qui captait l’attention de Liora. C’était ce regard. Ce regard intense, presque vulnérable, qu’il ne réservait qu’à elle.— Prête, oui… mais nerveuse.Il s’approcha, lentement, comme s’il voulait lui laisser le choix de reculer. Elle ne le fit pas. Il attrapa doucement ses mains, croisa leurs doigts.— Tu n’as plus à te battre, Liora. Tu peux enfin respirer.Elle esquissa un sourire.— On ne respire jamais vraiment, quand on est en
Le soleil se levait lentement sur la ville encore assoupie, peignant les toits d’une lumière dorée et douce. Dans la voiture silencieuse qui les ramenait, Liora fixait la route sans dire un mot. Ses doigts, croisés sur ses genoux, tremblaient légèrement malgré ses efforts pour se contenir.Kael la regardait à la dérobée. Il la connaissait assez maintenant pour comprendre que son silence n’était pas une fuite. C’était une digue. Et il savait que tôt ou tard, elle allait céder.— Tu veux qu’on s’arrête quelque part ? murmura-t-il.Elle secoua la tête.— Non. J’ai besoin… d’arriver.— Chez toi ?— Chez toi.Kael ne posa pas d’autre question. Il augmenta légèrement le volume de la musique, un morceau instrumental apaisant, presque mélancolique. Le silence reprit place, mais cette fois, il avait un goût plus doux. Celui de deux êtres fatigués, écorchés, mais encore debout.⸻Le manoir Morgan semblait étrange
Les jours suivants furent une course contre la montre. Kael avait renforcé la sécurité autour de la villa, installé des brouilleurs de signal, et fait rapatrier tous les documents liés aux affaires de son père. Liora, de son côté, s’était plongée dans l’analyse du carnet, traquant chaque nom, chaque indice, avec la précision d’un agent secret.Mais un nom revenait encore et encore : Felix Drayton.— C’est lui le pivot, annonça-t-elle un matin, les yeux cernés mais brillants d’intensité. Il était le bras droit de ton père avant de disparaître dans la nature. Et maintenant, il revient avec assez de preuves pour détruire l’héritage des Morgan.Kael la regarda, adossé au bureau de son père, les bras croisés.— Si mon père lui a retiré le pouvoir, c’est qu’il avait ses raisons. Mais s’il a gardé une trace de leurs affaires, on peut le coincer avant qu’il ne frappe à nouveau.— Ou bien… on peut le devancer, souffla Liora.Un silence s’