Le silence à l’intérieur de la voiture était devenu pesant.
Le message de Serena avait fait vaciller l’équilibre fragile qu’ils venaient de reconstruire. Kael roulait droit, la mâchoire tendue, les doigts crispés sur le volant. Liora, elle, fixait la route, les pensées entremêlées. Cette femme semblait avoir toujours une longueur d’avance. Et maintenant qu’ils avaient choisi de vivre en dehors du contrat, que restait-il des protections, des limites juridiques ?— Tu crois qu’elle parle sérieusement ? demanda Liora, la voix plus douce qu’elle ne le voulait.— Oui. Et c’est justement pour ça qu’on ne va pas l’ignorer.Kael bifurqua brusquement, prenant une sortie inattendue. Liora sursauta.— Où tu vas ?— Voir quelqu’un. Un ancien contact… qui sait comment Serena opère.— Tu parles de l’un de ses anciens associés ?Il hocha la tête sans un mot de plus.Vingt minutes plus tard, ils se garaient devant uneLa nuit avait été courte. À l’aube, la maison semblait respirer au rythme irrégulier de Kael : un souffle, une pause, le coup d’un moteur au loin qui faisait vibrer les vitres. Liora le trouva déjà éveillé, assis à la table de la cuisine, la clé USB posée devant eux comme un petit défi lumineux. Le café fumait dans deux tasses ; il n’y eut pas de salutations longues, seulement le poids silencieux de ce qu’il fallait faire.Ils passèrent en revue les fichiers une dernière fois. Les preuves recueillies par le contact de Kael formaient une toile d’araignée : comptes offshore, transferts occultes, enregistrements de conversations truquées — autant d’éléments qui liaient le nom révélé à des décisions qui avaient détruit des vies. Chaque document portait la même odeur : celle d’une vérité soigneusement enfouie, mais maintenant déterrée.-Nous devons frapper vite , dit Kael, la voix basse mais ferme. Pas seulement pour exposer, mais pour protéger nos traces. S’ils voient
Le silence qui suivit la lecture de la lettre semblait presque assourdissant. Liora fixait les mots encore tremblants sur le papier, comme si ses yeux refusaient d’accepter ce qu’ils voyaient. Kael, lui, avait le souffle coupé.Ce nom.Ce nom qui résonnait désormais comme une condamnation.— C’est impossible… murmura-t-elle, les lèvres pâles.Kael posa une main sur son épaule, mais elle se dégagea brusquement, levant les yeux vers lui avec une expression où se mêlaient peur, colère et désespoir.— Kael… tu comprends ce que ça veut dire ? Celui qu’on croyait nous protéger… celui à qui on a accordé notre confiance… il a manipulé chaque pas. Chaque décision.Kael serra les poings.— Je comprends, dit-il d’une voix grave. Et crois-moi, je ne le laisserai pas continuer.Il prit la lettre des mains de Liora, la parcourant encore une fois comme si un détail supplémentaire pouvait surgir. Mais tout était clair : ce n’était pas un
La nuit tombait lentement sur la ville, et avec elle, un voile d’incertitude s’abattait sur Kael et Liora. Depuis les révélations de la veille, un silence étrange s’était installé entre eux, comme si chacun avait besoin d’assimiler l’ampleur des secrets qui s’étaient dévoilés. Mais dans ce silence, il y avait aussi une tension brûlante, presque insoutenable.Kael observait Liora, assise face à lui dans le salon, le regard perdu dans la danse des flammes de la cheminée. Il aurait voulu lui dire tant de choses, l’assurer que malgré tout, il ne la laisserait jamais tomber. Mais une part de lui craignait qu’un seul mot de travers ne ravive les blessures encore trop vives.— Tu ne dors pas… murmura-t-il, brisant finalement le silence.— Et toi non plus, répliqua-t-elle doucement, sans détourner les yeux des flammes.Kael se redressa, s’approchant d’elle. Sa main hésita avant de se poser sur la sienne. Le contact fit lever les yeux de Liora vers lui, et dans
La voiture dérapa brutalement dans un virage serré, projetant Liora contre le siège. Kael maîtrisait la trajectoire d’une main ferme, ses yeux rivés à la route et ses oreilles tendues au moindre bruit des moteurs derrière eux. Les deux motos restaient accrochées, implacables, comme des prédateurs traquant leur proie.— Kael ! Ils ne lâchent pas ! cria Liora, sa voix tremblante.— Je sais, répondit-il entre ses dents. Et ça veut dire une seule chose : ils sont prêts à tout.Un impact sec retentit. La vitre côté passager éclata en mille morceaux, projetant des éclats de verre sur Liora qui poussa un cri. Kael tourna vivement la tête vers elle.— Ça va ? Tu es blessée ?Elle secoua la tête, le souffle court.— Non… mais Kael, si ça continue, on ne tiendra pas.Ses mâchoires se crispèrent.— Alors il faut les éliminer.⸻La route rétrécissait, bordée de champs et de bois touffus. Kael accéléra enco
Kael avait laissé la lumière du salon allumée toute la nuit. La lampe diffusait une lueur tamisée, mais son esprit restait en éveil. Liora dormait contre lui, sa respiration paisible contrastant avec le tumulte qui rongeait son cœur. Ses doigts caressaient machinalement les mèches de ses cheveux, comme pour se convaincre que ce moment de calme était bien réel.Pourtant, chaque craquement de bois, chaque souffle du vent contre la fenêtre lui paraissait suspect. Il se savait observé. L’instinct d’un homme traqué ne meurt jamais, et le sien hurlait que la tempête approchait.Il ferma les yeux un instant, mais aussitôt des visages apparurent. Des regards suppliants, des cris étouffés, du sang sur ses mains. Ses mâchoires se crispèrent. Liora se tourna légèrement dans son sommeil, murmurant son nom. Ce simple geste dissipa les ombres de son passé, le ramenant à la réalité.— Je te protégerai, souffla-t-il presque inaudiblement. Même si ça doit me coûter ma vie.
La nuit venait à peine de tomber, et déjà la tension s’épaississait comme un voile sur la demeure. Kael arpentait le couloir en silence, ses pas lourds trahissant la bataille qu’il menait intérieurement. Liora, assise près de la grande baie vitrée, observait la pluie qui s’abattait contre les vitres, comme si le ciel lui-même pleurait avec elle. Depuis leur retour de la confrontation avec les ennemis, un silence pesant avait remplacé les éclats de voix et les promesses passionnées. Kael n’avait cessé d’éviter son regard, comme si ses propres yeux étaient devenus des lames capables de le blesser plus profondément que n’importe quelle arme. — Kael…, murmura-t-elle enfin, la voix tremblante mais ferme. Tu ne peux pas continuer à fuir. Pas moi. Pas après tout ce qu’on a traversé. Il s’arrêta net, les poings serrés. Son dos large semblait prêt à se rompre sous le poids invisible qu’il portait. Après un moment, il tourna lentement la tête, et s