Emma
Je me réveille dans une chaleur douce, mon corps encore engourdi par le plaisir de la nuit passée. La lumière dorée du matin filtre à travers les rideaux de la chambre de Raphaël, caressant la peau nue de mes épaules. J’ouvre lentement les yeux, prenant une profonde inspiration.
Je suis seule dans le lit.
Je passe une main sur le drap à côté de moi, encore tiède de sa présence. Mon cœur bat doucement alors que les souvenirs de la nuit m’assaillent : son souffle brûlant sur ma peau, le poids de son corps contre le mien, la façon dont il a murmuré mon nom avec une intensité presque douloureuse.
Un frisson me parcourt alors que je me redresse, tirant le drap sur ma poitrine. Mon regard glisse vers la porte entrebâillée de la salle de bain, où j'entends le bruit de l'eau qui coule. Raphaël est encore là. Une partie de moi se détend en réalisant qu’il n’a pas fui.
Je me lève, laissant le drap glisser sur mes hanches, et marche pieds nus jusqu'à la porte. La vapeur s'échappe par l’ouverture, et je le vois à travers la vitre embuée de la douche. Son dos musclé est tendu, les muscles de ses épaules jouant sous sa peau mouillée.
Mon souffle s’accélère alors que je le regarde. Il est beau, d’une manière brute et indomptable. Un prédateur dans un corps d’homme.
— Tu comptes rester là longtemps ? lance-t-il d'une voix rauque.
Je sursaute légèrement. Il ne s’est même pas retourné, mais il sait que je suis là.
— Je…
Il se retourne lentement, passant une main dans ses cheveux humides. Son regard sombre et perçant se pose sur moi, et un frisson me parcourt. L’eau ruisselle le long de son torse sculpté, suivant les lignes parfaites de ses muscles.
— Tu peux me rejoindre, propose-t-il d’un ton bas, presque un défi.
Mon cœur s'emballe. Une partie de moi hurle de partir — de me protéger de ce feu qui menace de me consumer — mais mes pieds avancent d’eux-mêmes. Lentement, je défais le drap, le laissant glisser à mes pieds.
Le regard de Raphaël s’obscurcit.
J’ouvre la porte de la douche et entre sous le jet d’eau chaude. L’humidité se mêle à la chaleur de son corps. Il me regarde, ses yeux parcourant chaque centimètre de ma peau nue, avant de lever la main pour effleurer ma joue.
— Tu es dangereuse, murmure-t-il.
— Toi aussi.
Il sourit sombrement, avant d’écraser sa bouche sur la mienne.
Le baiser est brutal, possessif, dévorant. Son corps me plaque contre le carrelage froid, et je gémit en sentant la chaleur de son torse contre mes seins. Ses mains glissent le long de mes hanches, agrippant mes cuisses pour les enrouler autour de sa taille.
— Emma…
Mon prénom s’échappe de ses lèvres comme une prière alors qu’il mord doucement ma lèvre inférieure. Ses mains s’enfoncent dans mes cheveux mouillés, maintenant ma tête en place tandis qu’il approfondit le baiser.
— Tu joues avec le feu… souffle-t-il contre ma bouche.
— Alors brûle-moi…
Un grondement s’échappe de sa gorge. Il me soulève davantage, mes jambes verrouillées autour de lui, et j’accueille le contact de son bassin contre le mien dans une vague de plaisir brut.
— Emma… Je ne vais pas pouvoir me retenir…
— Alors ne te retiens pas.
Il grogne et m’embrasse avec une sauvagerie incontrôlée. Sa langue s’enroule autour de la mienne, et je me perds complètement dans le désir brut qui pulse entre nous. Mes ongles glissent sur son dos mouillé, marquant sa peau. Il se presse davantage contre moi, et je m’arque sous lui, le souffle coupé.
— Tu es à moi, murmure-t-il contre mes lèvres.
Mon cœur s’emballe à ces mots.
— Oui…
Son regard s'assombrit, et il s'empare de ma bouche une nouvelle fois, déchaîné. La chaleur de l’eau coule entre nous, mais c’est la fièvre de son corps qui me brûle vraiment.
Quand il se retire légèrement, je reprends mon souffle, le cœur tambourinant dans ma poitrine. Il me regarde avec une intensité féroce, son front collé au mien.
— Ce qu’il y a entre nous… murmure-t-il, ce n’est pas un jeu.
Je hoche doucement la tête.
— Je sais.
Son regard se voile une seconde, mais il se ressaisit vite. Il me repose lentement sur le sol, ses mains glissant le long de mes hanches. Puis il éteint l’eau.
— Viens, dit-il doucement.
Il m’enveloppe dans une serviette moelleuse, ses doigts traçant une ligne de feu le long de mes bras.
— Raphaël… murmuré-je, hésitante.
Il relève les yeux vers moi.
— Qu’est-ce qui ne va pas ?
Je baisse les yeux, troublée.
— Pourquoi… pourquoi moi ?
Son regard s’adoucit légèrement. Il attrape mon menton entre ses doigts, le relevant pour que je le regarde dans les yeux.
— Parce que tu es différente.
Mon cœur se serre douloureusement.
— Et si je me brûle ?
Son regard devient plus sombre.
— Alors je brûlerai avec toi.
Je reste immobile, incapable de détourner le regard de lui. Ses doigts effleurent ma joue avant qu’il ne se penche pour poser un baiser doux sur mes lèvres.
— Habille-toi. Je t’emmène quelque part.
— Où ça ?
Il esquisse un sourire mystérieux.
— Tu verras.
Je frissonne sous son regard intense. Il disparaît dans la pièce voisine, me laissant seule avec le poids de mes pensées.
Alors que je m’habille, une vague de confusion me traverse. Raphaël me consume, me dévore de l’intérieur… mais dans un coin de ma tête, la voix de Matthias résonne encore.
— N’oublie pas pourquoi tu es là…
Je me regarde dans le miroir. Les marques des baisers de Raphaël parsèment ma peau, des preuves brûlantes de cette nuit de passion.
Je ferme les yeux, inspirant profondément.
Joue le jeu, Emma. Juste le jeu.
Mais une partie de moi sait déjà que je suis en train de perdre le contrôle.
EmmaLe soleil s’infiltre lentement à travers les rideaux de lin, déroulant sur les draps froissés une lumière dorée, douce et tiède, comme un secret murmuré à voix basse. Tout dans cette chambre semble en suspens, comme si le monde retenait son souffle pour ne pas déranger la paix qui s’est enfin installée.Je suis blottie contre lui, sa peau nue contre la mienne, son souffle régulier glissant sur ma nuque. Une main posée sur mon ventre, l’autre qui enlace ma hanche, comme s’il avait peur que je m’efface pendant son sommeil.Mais je ne m’efface plus.Je tourne légèrement le visage, laisse mes doigts caresser la ligne brute de sa mâchoire. Il frissonne, entrouvre les yeux. Ce regard-là… il est encore embué de sommeil, mais il n’a jamais été aussi clair.— Tu as mal dormi, murmure-t-il, sa voix rauque de la nuit encore accrochée à ses mots.— J’ai pas voulu dormir, avoué-je en souriant doucement. Je voulais rester là, à t’écouter respirer. À me dire que c’est vrai, que c’est bien nous…
EmmaLa lumière de l’aube filtre à peine entre les rideaux lourds. Une lueur pâle, dorée, caresse les draps en désordre. La pièce sent encore la braise, la peau, le sexe, et quelque chose de plus indéfinissable : cette ivresse d’avoir traversé une nuit où tout a été donné, jusqu’au dernier souffle, jusqu’à la dernière parcelle d’âme.Je suis là, blottie contre lui, la joue posée sur sa poitrine nue, encore moite de notre fièvre. Son cœur bat lentement, puissamment, comme un tambour rassurant au creux du silence. Ses doigts glissent doucement sur ma colonne vertébrale, dans un va-et-vient tendre et hypnotique.— Tu n’as pas dormi, murmuré-je.— Je n’y arrive pas, souffle-t-il contre mes cheveux. J’ai peur de me réveiller et que tout ça disparaisse.Je lève la tête, croise son regard trouble, encore plein d’ombre et de feu.— Alors fais-moi sentir que c’est réel. Encore.Il ne dit rien. Ses yeux se voilent d’un éclat animal, et je sens son corps déjà réagir sous le mien. Son souffle s’a
EmmaLa pièce m’enveloppe comme un refuge interdit, une bulle hors du temps où tout ce qui compte, c’est lui : Raphaël.La lumière vacillante du feu projette des ombres mouvantes sur ses traits, accentuant la tension qui palpite entre nous. Ce regard… ce regard qui me déshabille sans vergogne, m’épuise et me nourrit dans le même souffle. Il n’y a plus d’air entre nous. Plus de murs. Rien que cette flamme indomptable qui danse dans ses yeux, et qui hurle silencieusement de me prendre, de me posséder… ou de me supplier de le faire.— Tu me rends fou, murmure-t-il d’une voix rauque, tremblante de retenue.Ce simple murmure me traverse comme une onde de choc. Je m’approche, lentement, en silence, jusqu’à sentir la chaleur qui émane de lui — une chaleur qui me brûle sans me toucher encore.Je tends la main, effleure la ligne de sa mâchoire. Il ferme les yeux sous mon contact, et un soupir s’échappe de ses lèvres entrouvertes. Mon nom glisse dans l’air, à peine audible.— Emma…— Oui, souff
RaphaëlLa pièce baigne dans une pénombre presque sacrée. Les flammes dans la cheminée dansent lentement, projetant sur les murs de vieux bois des ombres mouvantes, presque vivantes. La chaleur douce caresse l’air, un contraste frappant avec la froideur mordante des jours passés ces jours où tout n’était que calculs, secrets et silences pesants. L’odeur âcre et rassurante du bois qui se consume s’entremêle au parfum subtil d’Emma. Un mélange complexe : cuir usé, jasmin à peine éclot, et une pointe d’ambre chaud. Ce parfum m’atteint toujours au plus profond, à la fois dérangeant et fascinant, comme un mystère que je meurs d’explorer.J’avance lentement, chaque pas est mesuré, comme si je franchissais une frontière invisible. Le seuil d’un territoire où les règles, celles que je connais, s’effacent peu à peu. Mon cœur bat à un rythme sourd, une nervosité que je cache au monde entier, mais qu’Emma seule sait réveiller. Elle est là, immobile, dressée comme une statue vivante sculptée par
RaphaëlIl ne reste plus rien à ajouter.Ni à dire, ni à effacer.Tout est en place : les faux indices, les vraies ambiguïtés, les pistes croisées, les silences trop nets.Et lui, Mathias, au centre.Ou du moins là où il croit être le centre.Ce soir, on le pousse. Pas pour le briser. Pour le révéler.18h07. Le signal part.Un message unique, glissé dans un recoin du système. Un serveur dormant, jamais sollicité depuis 2019.C’est Emma qui a choisi l’endroit. Et le mot. Elle a une mémoire pour les symboles. “Rendez-vous confirmé. 21h. Terrasse E. Niveau -2. Mot-clé : Marengo.”Un lieu. Une heure. Un mot.Pas de nom. Pas de promesse.Juste assez pour qu’il morde.Parce qu’à ce niveau-là, on ne cherche plus à gagner.On cherche à comprendre.Ou à prouver qu’on avait raison.21h00. Terrasse E. Niveau -2.Un ancien parking réaffecté. Squelettique. Béton brut, humidité suspendue dans l’air, comme un souffle qui ne sait pas s’il doit geler ou pleurer.L’éclairage vacille. Un néon grésille,
EmmaLe matin, je marche longtemps. Sans but. Sans téléphone.Juste les rues, l’air, les bruits de la ville qui n’a pas encore décidé si elle veut se réveiller ou se cacher.Ce n’est pas de la fuite.C’est une pause entre deux mécaniques. Le moment exact où tout bascule mais rien ne tombe.L’instant où les pierres ne roulent pas encore, mais vibrent déjà.Je pense à Mathias.Pas à ce qu’il a fait.À ce qu’il croit faire.Il imagine que chaque faille est une vérité. Que chaque angle mort dissimule une fraude. Il pense en logique binaire : coupable ou innocent, mensonge ou transparence, force ou faiblesse.Il ne comprend pas que ce que nous construisons n’a pas de face visible. Pas de centre. Pas de périphérie.Juste un réseau. Une pulsation.Une antifragilité née du désordre apparent.À 09h20, je suis au bureau.J’ai convoqué Clara, la juriste jeune et trop brillante, celle qui a la loyauté calme des gens qui savent qu’on les teste tout le temps.— Tu vas relire tous les contrats cadre