Emma
Le soleil décline lentement à travers les grandes baies vitrées du salon, projetant des ombres dorées sur le sol en marbre. Allongée sur le canapé en cuir noir, je reprends doucement mon souffle, le corps encore engourdi par le plaisir intense que Raphaël vient de me faire ressentir. Mes cheveux sont en désordre, ma robe froissée, et ma peau brûle là où ses mains et sa bouche ont laissé leur empreinte.
Raphaël est assis à l’autre bout du canapé, un verre de whisky à la main. Sa chemise est déboutonnée, révélant une partie de son torse sculpté. Il m’observe avec ce regard sombre et perçant qui me trouble à chaque fois. Il prend une gorgée de son verre, puis le pose sur la table basse avec une lenteur calculée.
— Tu réfléchis trop, Emma, murmure-t-il d'une voix grave.
Je relève les yeux vers lui, mon cœur battant encore trop fort dans ma poitrine.
— Peut-être que j’essaie simplement de comprendre ce que tu attends de moi.
Il esquisse un sourire amusé, s'approche lentement de moi et glisse ses doigts sous mon menton pour relever mon visage vers le sien.
— Ce que j’attends de toi ? répète-t-il en inclinant légèrement la tête.
Mon souffle se bloque quand son pouce effleure la courbe de ma lèvre inférieure.
— Oui, soufflé-je. Tu joues avec moi, mais je n’ai aucune idée de ce que tu veux vraiment.
Son sourire s’élargit, mais son regard s’assombrit d'une lueur dangereuse.
— Joue avec toi ? Oh non, Emma. Ce n’est pas un jeu pour moi.
Il s’approche davantage, son visage à quelques centimètres du mien. L'odeur de son parfum — un mélange de cuir, de cèdre et d'épices — m’enveloppe, déclenchant une nouvelle vague de chaleur dans mon ventre.
— Alors qu’est-ce que c’est ? demandé-je dans un souffle.
Ses yeux s’illuminent d’une lueur prédatrice.
— C’est une obsession.
Il s’empare de ma bouche dans un baiser brutal, son souffle brûlant contre mes lèvres. Je me tends sous l’intensité de son étreinte, mes doigts s’accrochant désespérément à ses cheveux. Il me pousse doucement contre le dossier du canapé, son corps puissant se pressant contre le mien.
Je me perds complètement dans le baiser, mes sens en feu. Ses mains glissent le long de mes cuisses, écartant le tissu léger de ma robe, avant de remonter lentement jusqu’à ma taille. Il m’arrache un gémissement lorsque ses lèvres quittent ma bouche pour tracer une ligne brûlante le long de mon cou.
— Tu me rends fou, souffle-t-il contre ma peau.
Je frémis.
— Alors pourquoi tu résistes ?
Il s’arrête net. Ses yeux rencontrent les miens, son regard s’assombrit d'un voile de danger.
— Parce que je ne suis pas sûr que tu sois prête à supporter ce que j’ai à offrir.
Je glisse mes doigts le long de sa mâchoire, mon pouce caressant la ligne dure de son menton.
— Essaie-moi.
Un grondement profond s’échappe de sa gorge. En une seconde, il me soulève dans ses bras, mes jambes s'enroulant instinctivement autour de sa taille. Il me porte à travers la pièce, ses lèvres brûlant la peau de mon cou, jusqu'à ce que mon dos heurte le mur froid.
— Emma…
Il me plaque fermement contre le mur, son souffle irrégulier contre mon oreille.
— Si je vais plus loin, il n’y aura pas de retour en arrière.
Je lève les yeux vers lui, mon regard ancré dans le sien.
— Et si je n’ai pas envie de revenir en arrière ?
Ses lèvres s’écrasent de nouveau contre les miennes, et cette fois, il n’y a plus de contrôle, plus de retenue. Sa main glisse sous ma robe, remontant le long de ma cuisse jusqu’à mon sous-vêtement, qu'il écarte d’un geste rapide.
Je gémit contre sa bouche, mes hanches cherchant désespérément plus de contact. Il me pénètre de ses doigts, déclenchant une vague de plaisir intense. Mon cri étouffé par son baiser, je m’abandonne totalement à lui.
— Tu es à moi, Emma, grogne-t-il contre ma bouche.
— Oui, oui, soufflé-je en perdant pied.
Mes ongles s’enfoncent dans la chair de ses épaules alors qu’il accélère le rythme, m’entraînant au bord de l’abîme.
— Dis-le encore, ordonne-t-il.
— Je suis à toi !
Un dernier cri s’échappe de mes lèvres alors que l’orgasme explose en moi, m’envoyant dans une chute libre de plaisir brut.
Il reste contre moi, son front pressé contre le mien, son souffle erratique. Lentement, il me repose sur le sol, et je m’effondre contre le mur, mes jambes encore tremblantes.
Raphaël caresse doucement mes cheveux, son regard brûlant ancré dans le mien.
— Tu n’as aucune idée de ce que tu viens de déclencher, murmure-t-il.
Je l’observe, le cœur battant.
— Alors montre-moi.
Un sourire lent et dangereux s’étire sur ses lèvres.
— Tu pourrais le regretter.
Je secoue la tête, un sourire provocateur au coin des lèvres.
— Je n’ai pas l’intention de reculer.
Son sourire s’élargit, et je sais à cet instant précis que j’ai déclenché une tempête que je ne pourrais peut-être pas contrôler.
Je suis réveillé par le bruit des vagues qui s'écrasent doucement contre les rochers en contrebas. La lumière du matin filtre à travers les rideaux en lin, projetant des éclats dorés sur les draps froissés. Emma est allongée à côté de moi, son visage paisible et son souffle lent. Une mèche de ses cheveux châtains tombe sur sa joue.
EmmaLe soleil s’infiltre lentement à travers les rideaux de lin, déroulant sur les draps froissés une lumière dorée, douce et tiède, comme un secret murmuré à voix basse. Tout dans cette chambre semble en suspens, comme si le monde retenait son souffle pour ne pas déranger la paix qui s’est enfin installée.Je suis blottie contre lui, sa peau nue contre la mienne, son souffle régulier glissant sur ma nuque. Une main posée sur mon ventre, l’autre qui enlace ma hanche, comme s’il avait peur que je m’efface pendant son sommeil.Mais je ne m’efface plus.Je tourne légèrement le visage, laisse mes doigts caresser la ligne brute de sa mâchoire. Il frissonne, entrouvre les yeux. Ce regard-là… il est encore embué de sommeil, mais il n’a jamais été aussi clair.— Tu as mal dormi, murmure-t-il, sa voix rauque de la nuit encore accrochée à ses mots.— J’ai pas voulu dormir, avoué-je en souriant doucement. Je voulais rester là, à t’écouter respirer. À me dire que c’est vrai, que c’est bien nous…
EmmaLa lumière de l’aube filtre à peine entre les rideaux lourds. Une lueur pâle, dorée, caresse les draps en désordre. La pièce sent encore la braise, la peau, le sexe, et quelque chose de plus indéfinissable : cette ivresse d’avoir traversé une nuit où tout a été donné, jusqu’au dernier souffle, jusqu’à la dernière parcelle d’âme.Je suis là, blottie contre lui, la joue posée sur sa poitrine nue, encore moite de notre fièvre. Son cœur bat lentement, puissamment, comme un tambour rassurant au creux du silence. Ses doigts glissent doucement sur ma colonne vertébrale, dans un va-et-vient tendre et hypnotique.— Tu n’as pas dormi, murmuré-je.— Je n’y arrive pas, souffle-t-il contre mes cheveux. J’ai peur de me réveiller et que tout ça disparaisse.Je lève la tête, croise son regard trouble, encore plein d’ombre et de feu.— Alors fais-moi sentir que c’est réel. Encore.Il ne dit rien. Ses yeux se voilent d’un éclat animal, et je sens son corps déjà réagir sous le mien. Son souffle s’a
EmmaLa pièce m’enveloppe comme un refuge interdit, une bulle hors du temps où tout ce qui compte, c’est lui : Raphaël.La lumière vacillante du feu projette des ombres mouvantes sur ses traits, accentuant la tension qui palpite entre nous. Ce regard… ce regard qui me déshabille sans vergogne, m’épuise et me nourrit dans le même souffle. Il n’y a plus d’air entre nous. Plus de murs. Rien que cette flamme indomptable qui danse dans ses yeux, et qui hurle silencieusement de me prendre, de me posséder… ou de me supplier de le faire.— Tu me rends fou, murmure-t-il d’une voix rauque, tremblante de retenue.Ce simple murmure me traverse comme une onde de choc. Je m’approche, lentement, en silence, jusqu’à sentir la chaleur qui émane de lui — une chaleur qui me brûle sans me toucher encore.Je tends la main, effleure la ligne de sa mâchoire. Il ferme les yeux sous mon contact, et un soupir s’échappe de ses lèvres entrouvertes. Mon nom glisse dans l’air, à peine audible.— Emma…— Oui, souff
RaphaëlLa pièce baigne dans une pénombre presque sacrée. Les flammes dans la cheminée dansent lentement, projetant sur les murs de vieux bois des ombres mouvantes, presque vivantes. La chaleur douce caresse l’air, un contraste frappant avec la froideur mordante des jours passés ces jours où tout n’était que calculs, secrets et silences pesants. L’odeur âcre et rassurante du bois qui se consume s’entremêle au parfum subtil d’Emma. Un mélange complexe : cuir usé, jasmin à peine éclot, et une pointe d’ambre chaud. Ce parfum m’atteint toujours au plus profond, à la fois dérangeant et fascinant, comme un mystère que je meurs d’explorer.J’avance lentement, chaque pas est mesuré, comme si je franchissais une frontière invisible. Le seuil d’un territoire où les règles, celles que je connais, s’effacent peu à peu. Mon cœur bat à un rythme sourd, une nervosité que je cache au monde entier, mais qu’Emma seule sait réveiller. Elle est là, immobile, dressée comme une statue vivante sculptée par
RaphaëlIl ne reste plus rien à ajouter.Ni à dire, ni à effacer.Tout est en place : les faux indices, les vraies ambiguïtés, les pistes croisées, les silences trop nets.Et lui, Mathias, au centre.Ou du moins là où il croit être le centre.Ce soir, on le pousse. Pas pour le briser. Pour le révéler.18h07. Le signal part.Un message unique, glissé dans un recoin du système. Un serveur dormant, jamais sollicité depuis 2019.C’est Emma qui a choisi l’endroit. Et le mot. Elle a une mémoire pour les symboles. “Rendez-vous confirmé. 21h. Terrasse E. Niveau -2. Mot-clé : Marengo.”Un lieu. Une heure. Un mot.Pas de nom. Pas de promesse.Juste assez pour qu’il morde.Parce qu’à ce niveau-là, on ne cherche plus à gagner.On cherche à comprendre.Ou à prouver qu’on avait raison.21h00. Terrasse E. Niveau -2.Un ancien parking réaffecté. Squelettique. Béton brut, humidité suspendue dans l’air, comme un souffle qui ne sait pas s’il doit geler ou pleurer.L’éclairage vacille. Un néon grésille,
EmmaLe matin, je marche longtemps. Sans but. Sans téléphone.Juste les rues, l’air, les bruits de la ville qui n’a pas encore décidé si elle veut se réveiller ou se cacher.Ce n’est pas de la fuite.C’est une pause entre deux mécaniques. Le moment exact où tout bascule mais rien ne tombe.L’instant où les pierres ne roulent pas encore, mais vibrent déjà.Je pense à Mathias.Pas à ce qu’il a fait.À ce qu’il croit faire.Il imagine que chaque faille est une vérité. Que chaque angle mort dissimule une fraude. Il pense en logique binaire : coupable ou innocent, mensonge ou transparence, force ou faiblesse.Il ne comprend pas que ce que nous construisons n’a pas de face visible. Pas de centre. Pas de périphérie.Juste un réseau. Une pulsation.Une antifragilité née du désordre apparent.À 09h20, je suis au bureau.J’ai convoqué Clara, la juriste jeune et trop brillante, celle qui a la loyauté calme des gens qui savent qu’on les teste tout le temps.— Tu vas relire tous les contrats cadre