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Carlos conduit Emily jusqu'à une immense boutique. Elle y essaya des dizaines de robes jusqu'à ce qu'il semble enfin satisfait. C'était une robe rouge, soyeuse, ornée de broderies délicates. Simple, mais élégant et raffiné. Ses cheveux furent coiffés et sur lui appliqué un maquillage léger.

— Parfaite, approuve Carlos en hochant la tête, avant de la guider vers la voiture.

— Tu vas au moins me dire où tu m'emmènes ? exigea-t-elle une fois encore.

— Tu poses trop de questions, rétorqua-t-il sans la regarder.

Emily pince les lèvres.

— Tu vas voir Angelo, fini-il par lâcher.

Le cœur d'Emily manqua un battement. Elle se remémora la dernière fois où leurs regards s'étaient croisés... Elle s'était littéralement effondrée au sol. Machinalement, elle se mit à jouer avec ses doigts.

— Pourquoi encore... ? commença-t-elle, avant de se raviser sous le regard que lui lança Carlos. — D'accord. Plus de questions, marmonna-t-elle en murmurant, les ongles dans la bouche.

Elle s'appuya contre la vitre, tentant de calmer son anxiété.

*

Maison des Adams

Ava rentra en sueur, haletante. Laura pleurait, tandis que Brad faisait les cents pas, anxieux.

— Espèce de petite idiote ! Tu veux nous faire mourir d'inquiétude ? hurla Laura en s'approchant de sa fille.

— Où étais-tu ? demande Brad, la voix tendue.

— Je courais.

Il pousse un soupir. Laura la force à s'asseoir.

— Ma chérie, je sais que tu es bouleversée par la disparition d'Emily. Nous le sommes tous. Mais ce n'est pas une raison pour te mettre en danger. Emily ne voudrait pas que tu réagisses ainsi.

— Pourquoi l'ont-ils pris ? murmura Ava, les yeux pleins de larmes.

Brad et Laura se figèrent.

— Un problème... au travail, répondit Brad, évasif.

— Et vous ne faites rien ? Vous n'êtes même pas inquiets ? s'écria Ava, au bord de l'effondrement.

— Ava...

— Appelez la police ! Qu'on l'arrête !

— Ce n'est pas possible, coupa Brad.

— Pourquoi pas ?!

— Ce sont des gens puissants, des richesses. Ils obtiennent toujours ce qu'ils veulent, a ajouté Laura à voix basse.

— Peu importe. Je vais dans ma chambre, souffla Ava avant de tourner les serres.

*

Carlos finit par freiner et Emily se redressa aussitôt. Devant eux, un véhicule d'exception les attendus. Une Rolls Royce Sweptail, somptueuse. Emily manqua de s'émerveiller à haute voix — après le chant et le jardinage, les voitures étaient sa passion, bien qu'elle n'ait jamais appris à conduire.

— C'est la voiture d'Angelo, indiqua Carlos.

— Oh... fit-elle simplement, en descendant.

Elle reste immobile, attendant les instructions.

— Tu fais quoi, là ? lance Carlos en baissant sa vitre. Le klaxon la fit sursauter et elle se dépêcha de lui faire un signe avant d'entrer dans la voiture d'Angelo. Elle ne met pas s'empêcher de jeter un coup d'œil vers lui, mais il ne tourne même pas la tête, les yeux fixés sur la route.

Le silence était pesant. Il roulait, concentré, impassible.

Après ce qui semble une éternité, Angelo gara la voiture devant un manoir luxueux. Lorsqu'ils descendirent, il la regarda enfin — un regard qui glissa lentement de ses serres jusqu'à son visage. Emily aurait juré qu'il s'attaquait une fraction de seconde sur ses lèvres avant de détourner le regard.

— Ne parle à personne, ordonna-t-il en avançant, sans attendre.

À l'intérieur, ils furent accueillis par des gardes armés jusqu'aux dents. Emily se figea sous leurs salutations méfiantes. Comme pour la rassurer, Angelo revint sur ses pas, lui prit la main, et la tira doucement vers lui. Les gardes s'inclinèrent dès qu'il passa.

— Reste près de moi. On ne va pas traîner, murmura-t-il avant de disparaître dans la foule.

Emily serra les dents, le regard noir.

— Pourquoi il m'a emmenée ici, au juste ? souffla-t-elle, allant s'asseoir seule sur un canapé désert.

Angelo était en conversation avec une femme d'âge mûr, souriante, élégante — une opposition saisissante avec l'austérité d'Angelo.

—Angelo. Un plaisir de te voir, dit-elle.

— Vous m'avez fait appeler.

— En effet. Je compte envoyer Alyssa en mission.

Il fronce les sourcils.

— Le réseau français.

— Non.

— Ce n'est pas discutable. Les Russes préparent une guerre, et je refuse qu'ils découvrent votre lien de parenté. Ça les unirait contre vous. Elle est inconnue d'eux. Toi, non.

— Tu veux risquer sa vie ?

— Elle ne sera pas seule. Et si tu veux, tu peux désigner toi-même quelqu'un de confiance pour l'accompagner.

Angelo allait répondre, mais elle le coupa :

— En attendant, profite de la soirée. Et je vais aller discuter un peu avec la demoiselle qui t'accompagne.

Son regard se porte vers Emily, visiblement mal à l'aise.

Un peu plus loin, une blonde séduisante s'approche d'Angelo.

— Toujours aussi froid, je vois. La Reine Mère t'a mis au courant, hein ? dit-elle en souriant.

Il n'a pas répondu.

— Je comptais accompagner Alyssa. Sur une des choses à rattraper.

*

— Hé, la nouvelle, lance une voix derrière Emily.

Elle se retourne. Deux jeunes femmes, visiblement sœurs, l'observaient avec insistance.

Elle voulait répondre, mais se rappela l'ordre d'Angelo.

— Tu es muette ? demanda la deuxième.

Emily serre la tête, mal à l'aise.

— Moi c'est Nora, et elle, c'est Elena.

— Émilie...

— T'es la nouvelle chienne d'Angelo ? demanda Nora avec un rictus.

— Quoi ? s'étrangla Emily, écarquillant les yeux.

— Fais pas l'innocente, cracha Elena.

— Je... je... balbutia-t-elle.

— Ça suffit, toutes les deux.

C'était la femme qu'Angelo avait appréciée. Les deux sœurs pâlirent.

— Reine Mère... balbutièrent-elles, s'inclinant aussitôt.

Elle leur fit signe de partir. Elles s'éclipsèrent sans demander leur repos.

— Alors comme ça, tu t'appelles Emily, dit-elle en s'asseyant à ses côtés.

Emily hocha timidement la tête.

— Je suis la marraine d'Angelo. Et ici, la Reine Mère.

Emily se leva brusquement, s'inclina maladroitement.

— Je... pardonnez-moi, je ne savais pas...

— Allons, inutile d'en faire trop, sourit-elle doucement. Assieds-toi.

Elles restèrent silencieuses. La Reine Mère semblait perdue dans ses pensées.

— C'est douloureux de le voir comme ça, soufflé-t-elle soudain.

— Je ne comprends pas...

Elle regardait Angelo.

— Ne t'en fais pas. Va, amuse-toi un peu.

Un garde vint lui murmurer quelque chose. Elle acquiesça, se leva.

— Je dois te laisser, mon enfant.

*

Emily vit Angelo parler à la fille de tout à l'heure, qui lui sert un verre. Il le prend sans un mot. Son regard croisa retenir celui d'Emily, puis il se détourna.

Peu après, Nora et Elena revinrent.

— Allez, dit Nora.

— Mais... il m'a dit de ne pas bouger.

— Ordre d'Angelo, insiste Elena.

Emily se leva, hésitante.

— Où m'emmenez-vous ?

— Tu le sauras bien assez tôt.

Elles la menèrent jusqu'à une pièce vide.

— Ne bouge pas. Ne dis rien, peu importe ce que tu entends, ordonna Elena.

— Attendez...

Mais elles avaient déjà refermé la porte à clé.

Emily s'adossa au mur, la tête entre les mains. Elle regrette amèrement qu'Angelo l'ait amenée ici.

Un bruit sourd lui glaça le sang. Des coups de feu, des cris, des hurlements féminins. L'angoisse lui tordit les entrailles. Fuir ? Impossible.

Quand enfin la porte s'ouvre, elle recula vivement.

— Chérie, on se retrouve... et cette fois, personne ne viendra te sauver.

Larson. Il s'approche, ricanant.

— Non ! hurla-t-elle quand il l'attire.

Il lui c ouvre la bouche, mais elle le mordit. Il ne bronche même pas.

— Ne gaspille pas ta voix. Ils sont trop occupés à sauver leurs propres vies pour entendre tes crises...