3. LE CONTRAT
« Rêver est magique. Réaliser est puissant. Aimer est divin. » Notre jeune protagoniste vivait à Deido, l’un des quartiers les plus animés de Douala. Plus précisément au Grand Moulin, un endroit que les habitants surnommaient "le terrain de basket", même si aucun terrain n’y existait réellement. Seuls les anciens du quartier connaissaient l’origine de ce nom, gardée presque comme un secret d’initiés. Ce matin-là, elle sortit de leur modeste appartement, niché dans une mini-cité qu’elle partageait avec sa mère. Le soleil n’était pas encore haut, mais la vie, elle, avait déjà repris son cours. En refermant doucement la porte derrière elle, elle salua les voisins avec un sourire discret, puis franchit la grande barrière noire à l’entrée de la résidence. Dehors, la rue était déjà bien animée. Le goudron encore frais de rosée brillait sous les premiers rayons du jour. Des élèves en uniforme se bousculaient sur le trottoir, des femmes allaient s’approvisionner dans les boutiques du coin, tandis que d’autres, comme elle, pressaient le pas pour ne pas arriver en retard au travail. Le matin, personne ne traînait. Chacun semblait courir après quelque chose. Elle s’arrêta un instant, le regard plongé dans cette effervescence matinale, puis leva la main pour stopper une moto. Quelques secondes plus tard, elle était déjà en route, les pensées tournées vers une journée qui, sans le savoir, allait changer bien plus que son quotidien. Le Seigneur a parfois de drôles de façons de répondre à nos prières… Croyez-moi. Ce matin-là, j’étais arrivée au bureau pile à l’heure, comme toujours. Je poussai la porte, concentrée, prête à attaquer une nouvelle journée de travail, quand soudain : _ Surprise !!! La voix de mes collègues, tout en chœur, me fit sursauter. Grande fut ma surprise. Je mis instinctivement les mains sur la bouche pour contenir un cri. J’étais émue… profondément émue. Ma patronne m’avait organisé une fête pour célébrer ma promotion. Tous mes collègues étaient là, souriants, chaleureux, et chacun prenait un instant pour me féliciter personnellement. _ Merci beaucoup… merci pour tout, soufflai-je, la voix tremblante. _ Tu le mérites, répondit simplement ma boss, un sourire sincère au coin des lèvres. Et ce n’était pas tout : j’avais désormais mon propre bureau, un espace à moi, exactement comme je l’avais toujours rêvé. Je n’y croyais pas. Sandra s’approcha pour me féliciter à son tour, visiblement aussi excitée que moi. _ C’est qui la nouvelle cheffe ? lança-t-elle en riant. Nous éclatâmes de rire avant de nous jeter dans les bras l’une de l’autre. _ Félicitations, ma belle, ajouta-t-elle, sincère. Je la remerciai. Tout semblait parfait. Tout allait enfin pour le mieux dans ma vie, et je me dis que je n'avais aucune raison de me priver de ce bonheur. Chaque jour, je priais pour une telle opportunité, et aujourd’hui, je sentais que je l’avais méritée. Ma journée s’annonçait belle. J’avais pris la décision d’oublier les événements de la veille et de me concentrer uniquement sur mon travail. Je ne voulais pas que mes émotions prennent le dessus. Ce poste, je devais le mériter jusqu’au bout. J’étais restée concentrée, à fond, jusqu’à en oublier le temps. Lorsque je jetai un œil à ma montre, il était déjà 16h30. Je ne m’étais même pas levée de ma chaise de toute la journée. Je traînais encore quelques minutes, puis décida enfin de rentrer. Mais à peine avais-je franchi la porte de l’entreprise que je tombai nez à nez avec Stéphane… mon ex. _ Dis-moi que ce que j’ai vu dans le journal est une blague, lança-t-il, visiblement énervé. Je tentai de le contourner sans un mot, mais il se plaça devant moi pour m’empêcher de passer. _ Danielle, j’ai droit à des explications, bon sang ! Je m’arrêta brusquement et me retournant pour lui faire face, exaspérée. _ De quelles explications tu parles ? Je te rappelle que nous ne sommes plus ensemble depuis trois mois. Ma vie ne te regarde plus. J’étais prête à repartir, mais il me retint par le bras. _ C’est vrai qu’on est plus ensemble, mais je ne peux pas te laisser gâcher ta vie de cette façon. Ce mec… il n’est pas net, crois-moi. _ Ça ne te concerne pas. Et tu crois vraiment qu’après m’avoir larguée comme une vieille chaussette, tu peux venir me dicter ce que je dois faire ? Il haussa la voix, perdant son sang-froid. _ Tu l’as fait pour te venger ? Tu sais très bien pourquoi je t’ai trompée. C’est toi qui refuses de comprendre, t’en fais toute une montagne ! Je lâchai un rire sec, amer. _ Et le pire, c’est que tu es sérieux… Non mais vraiment, je me demande ce que j’ai pu te trouver. Je regrette amèrement de t’avoir rencontré. Tu n’en vaut pas la peine. Qu’est-ce que je pouvais espérer d’un homme aussi paresseux que toi ? _ Je ne te permets pas de m’insulter ! cria-t-il. _ Ah oui ? Et moi, que crois-tu m'avoir fait en me demandant de coucher avec ton patron ? Tu te souviens ? Il eut un silence gêné, puis tenta de se justifier : _ Je te l’ai demandé pour notre bien à tous les deux. Mais j’ai compris que tu ne m’aimais pas assez. Malgré tout, je tiens toujours à toi. C’est pour ça que je suis là. Je te supplie de ne pas faire une erreur. Je le fixai avec un mélange de dégoût et de pitié. _ Tu n’es qu’un bon à rien. Ce qui te dérange vraiment, c’est qu’il soit un homme… un vrai. Et sache que cette fois, tu m’as perdue pour de bon. Puis soudain, je vis le chauffeur d’Alexandre sorti d’un SUV noir. Regardant vers ma direction, je compris directement. Sans un mot de plus, je tournai les talons, le cœur lourd mais la tête haute. Le chauffeur ouvrit la portière et je montai dans la voiture, laissant Stéphane planté là, seul avec ses regrets. J’étais furieuse. Pour qui il se prenait-il pour me parler de la sorte ? Il était jaloux, voilà tout. Jaloux que le grand Alexandre s’intéresse à moi. Alexandre, un vrai homme. Quelqu’un qui saurait me respecter, me chérir, me traiter comme je le mérite. Pas comme Stéphane… qui, lui, m’avait poussée à coucher avec son patron pour une promotion. Rien que d’y penser, une larme m’a échappé. Je l’ai vite essuyée, refusant de me laisser envahir par les souvenirs. La voiture s’arrêta et le chauffeur descendit pour m’ouvrir. _ C’est par ici, madame, m’a-t-il dit, tout en courtoisie. Je suis sortie. L’immeuble était immense, impressionnant. Depuis le temps que je rêvais de poser les pieds ici… Je l’ai suivi jusqu’à l’ascenseur, sans un mot. Il restait silencieux, se contentant de faire son travail avec une discrétion parfaite. Quand les portes se sont ouvertes au quatrième étage, mon cœur s’est mis à battre un peu plus fort. Le couloir était élégant, professionnel, presque intimidant. Il y avait plusieurs bureaux, mais je n’ai pas eu le temps de tous les regarder. En quelques pas, nous étions déjà devant une secrétaire. Elle était élégante tirée à quatre épingles, dans une jupe droite noire et un chemisier blanc éclatant. Son chignon parfait dégageait son visage soigneusement maquillé qui la sublimait davantage. Elle respirait le professionnalisme et l’assurance. C’était évident, elle devait gagner trois fois mon salaire, si ce n’est plus Je me regarda instinctivement. Une robe en satin violet bon marché, des escarpins achetés au marché chinois, un petit sac à main assorti. J’avais laissé mes cheveux libres après un simple brushing, pas de maquillage, juste une petite gommette fine autour du poignet. Rien d’impressionnant. Et pourtant, à une époque, j’aurais tout donné pour faire le ménage ici. Aujourd’hui, j’étais là, sur le point de peut-être devenir l’épouse de l’actionnaire majoritaire. _ Le patron vous attend, m’a-t-elle dit en souriant. Je me sentais à la fois stressée et nerveuse. La conversation avec Stéphane me tournait encore dans la tête. Le chauffeur m’a ouvert la porte, je suis entrée et il l’a refermée derrière moi. Je l’ai regardé s’éloigner, puis j’ai compris : j’étais désormais seule… face à mon destin. J’ai inspiré un grand coup, puis je l’ai vu. Alexandre, assis derrière son bureau. Il s’est levé dès qu’il m’a vue, refermant sa veste avec classe. Son costume bleu nuit était parfait, sa chemise blanche impeccable, sa cravate noire bien nouée, ses chaussures brillantes. Il avait une prestance folle. _ Ne restez pas debout, m’a-t-il dit en désignant le canapé à ma droite. Je me suis installée avec un mélange de timidité et d’adrénaline. Il m’a rejoint sans tarder. Quand je l’ai regardé, j’ai eu l’impression qu’il était encore plus beau qu’hier soir. J’ai eu un frisson. Repensant à mon rêve. Ce qui s’était passé entre nous… Avait l’air si réel ? un rêve que mon esprit refusait d’abandonner _ Vous avez froid ? m’a-t-il demandé, attentif. _ Oui, un peu…, ai-je répondu, la voix légère. Je ne pouvais pas lui dire la vérité. Même si j’avais l’impression qu’il se doutait de quelque chose. Sans insister, il s’est levé, a diminué la climatisation, puis s’est rassis calmement. Le silence s’est installé. Mais ce n’était pas un silence vide. C’était un de ces silences lourds, remplis de tension, de questions non posées… et d’une attirance que je ne pouvais plus nier. J’ai jeté un coup d’œil autour de moi, curieuse. Le bureau était immense. Au centre, trônait un large bureau en bois verni, flanqué de deux chaises impeccablement alignées. Derrière, une baie vitrée offrant une vue spectaculaire sur la ville. Sur la gauche, une armoire bien ordonnée contenait sans doute des documents importants. À droite, une cave à vin élégante apportait une touche de raffinement à la pièce. Un peu plus en avant, un salon composé d’un canapé deux places faisait face à deux fauteuils individuels, séparés par une magnifique table en verre. C’est là que nous étions installés, lui et moi. Je me suis laissé emporter par mes pensées, jusqu’à ce que sa voix me ramène brusquement à la réalité. _ Pardon ?, ai-je murmuré, légèrement confuse. _ Je disais… Je n’ai pas eu de vos nouvelles depuis notre dernière rencontre. J’attends toujours votre réponse. J’ai pris une inspiration, puis je l’ai regardé droit dans les yeux. _ J’accepte, ai-je dit d’un ton calme et assuré. Tout ce que je voulais, c’était qu’il soit sincère. Qu’il ne joue pas avec moi. Il m’a souri, un petit sourire en coin, presque amusé. _ Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si facile, a-t-il murmuré. Je me suis contentée de sourire à mon tour. Ce n’était pas de la facilité… c’était un choix. Mon choix. Il s’est lever, est aller vers le bureau, a attrapé un dossier et me l’a tendu. _ Il ne vous reste plus qu’à signer ce contrat. Je l’ai pris sans hésiter, et j’ai signé. _ Vous ne le lisez pas ?, m’a-t-il demandé, surpris. _ Ce n’est pas nécessaire, ai-je répondu simplement, en posant le stylo sur la table. Dans ma tête, il ne pouvait s’agir que d’un contrat de mariage ou quelque chose du genre. Je ne voyais pas pourquoi je perdrais du temps à le lire. _ Très bien… le mariage est prévu pour ce week-end, a-t-il annoncé. _ Si tôt ?, ai-je laissé échapper, prise de court. _ Que voulez-vous ? Je suis impatient de devenir votre époux, a-t-il déclaré avec un sérieux qui m’a troublée. Ses mots ont provoqué un pincement au cœur. Un malaise discret s’est emparé de moi. _ Vous trouvez cela précipité ?, a-t-il demandé, comme s’il avait senti mon hésitation. _ Non, c’est bon. C’est juste que je ne m’attendais pas à ce que tout se fasse aussi vite… vous voyez ? Il a hoché la tête. _ Nous sommes d’accord tous les deux, alors pourquoi attendre ? Et puis… j’ai peur que vous changiez d’avis. Vous les femmes, vous êtes si indécises, a-t-il ajouté dans un demi-sourire. J’ai esquissé un sourire maladroit, sans trop savoir quoi répondre. _ Si vous n’avez plus de préoccupations, vous pouvez vous en aller. Jean vous accompagnera. Je vous tiendrai informée au moindre souci et n’hésitez pas à faire de même, a-t-il conclu. Je me suis levée, un peu nerveuse. Il s’est aussi levé, m’a accompagné jusqu’à la porte et l’a ouverte pour moi. Avant de franchir le seuil, je lui ai offert mon plus beau sourire. Puis je suis partie, le cœur un peu serré, mais déterminée à aller jusqu’au bout. A SUIVRE…3. LE CONTRAT« Rêver est magique.Réaliser est puissant.Aimer est divin. »Notre jeune protagoniste vivait à Deido, l’un des quartiers les plus animés de Douala. Plus précisément au Grand Moulin, un endroit que les habitants surnommaient "le terrain de basket", même si aucun terrain n’y existait réellement. Seuls les anciens du quartier connaissaient l’origine de ce nom, gardée presque comme un secret d’initiés.Ce matin-là, elle sortit de leur modeste appartement, niché dans une mini-cité qu’elle partageait avec sa mère. Le soleil n’était pas encore haut, mais la vie, elle, avait déjà repris son cours. En refermant doucement la porte derrière elle, elle salua les voisins avec un sourire discret, puis franchit la grande barrière noire à l’entrée de la résidence.Dehors, la rue était déjà bien animée. Le goudron encore frais de rosée brillait sous les premiers rayons du jour. Des élèves en uniforme se bousculaient sur le trottoir, des femmes allaient s’approvisionner dans les boutiqu
2. MIRAGEL’illusion passe,L’amour reste,L’espérance se transmet.Je sentais une main dessiner lentement les courbes de mon corps, effleurant ma peau avec une tendresse électrique. Un frisson me parcourut, mais je restai encore prisonnière du sommeil. Les caresses s’intensifièrent, brûlantes, osées, jusqu’à ce que je sente mon soutien-gorge se dégrafer. Je sursauta légèrement. J’étais pourtant certaine de ne pas avoir ramené d’homme chez moi.En ouvrant les yeux, qui vois-je ? Monsieur Alexandre.Je n’eus même pas le temps de formuler une question. Il s’empara de mes lèvres avec une ardeur brutale, m’embrassant comme s’il avait attendu ce moment toute sa vie. Et moi… j’adorais ça.Je me laissais totalement aller. Ses mains devenaient de plus en plus aventureuses, parcourant mon corps avec une précision troublante. Lorsqu’elles atteignirent ma féminité déjà trempée, un gémissement m’échappa, étouffé par ses baisers. Il me caressait avec expertise, me faisait vibrer… Mes ongles s’enfo
1. PLAN À TROIS« Il y a des vides qu’on ne comble jamais,des souvenirs qu’aucun sourire n’efface,des personnes qu’on ne remplace pas.Les sourires reviennent, bien sûr… mais uniquement pour masquer la peine. »Je vivais avec ce vide chaque jour. C'était devenu ma routine, une habitude presque rassurante dans sa douleur. Je m’étais forgé dans cette souffrance, endurci dans le rejet, façonné par elle. Ce n’était pas ma faute. C’était la sienne. Elle avait noirci mon cœur, déformé ma vision de l’amour, m’avait fait devenir cet homme froid, distant, sans pudeur. Mais aujourd’hui, j’étais plus qu’un homme blessé. J’étais devenu rusé. Un joueur. Un stratège. Je mentais avec le sourire, j’embrassais avec détachement. Heureux encore que je ne sois pas devenu un bandit. Je me félicitais chaque jour de n’avoir pas totalement sombré. J’étais resté droit. Froid, mais droit.Elle m’avait élevé comme un renard… Alors elle verrait les résultats de son œuvre.——Les projecteurs m’aveuglaient presq