4. UNION SOMBRE
Les certitudes emprisonnent, Les doutes empoisonnent, L’amour libère Convaincre ma mère avait été une bataille ardue. Elle s'était évertuée à me faire reculer, mais elle ignorait la puissance des billets verts qu'Alexandre avait glissés entre les mains de mes oncles. En Afrique, la dot était un passage obligé avant l'union civile, une formalité qui n'avait pas semblé le déranger. Ce matin encore, sa voix pleine d'inquiétude tentait de me ramener à la raison. Pourtant, ma décision était gravée en moi, scellée par une cérémonie traditionnelle déjà célébrée. Je l'avoue, une appréhension tenace me serrait la gorge face à ce mariage. Mais la vie, n'est-ce pas une prise de risque constante ? _ Ma chérie, prends le temps de peser tout ça, avait murmuré maman, les sourcils froncés d'un souci profond. _ Crois-moi, j'ai mûrement réfléchi. J'ai fait le bon choix, ne t'en fais pas pour moi… Mais dis-moi, pourquoi ne l'aimes-tu pas ? Avais-je fini par demander, cherchant une ancre à son inquiétude. _ Ce n'est pas que je ne l'aime pas, il a l'air d'un bon garçon… C'est juste… j'ai un mauvais pressentiment, ma chérie _ Tu t'inquiètes beaucoup trop… Il faut que j'y aille, avais-je tranché, coupant court à la conversation. Un baiser déposé sur sa joue et je m'étais éclipsée. Un rendez-vous avec la wedding planner m'attendait. Les préparatifs étaient grandioses, un tourbillon de luxe et d'élégance. Mon cercle d'amis étant restreint, j'avais convié tous mes collègues, un geste de gratitude sincère. De plus, notre chaîne de télévision retransmettra l'événement en direct, une aubaine professionnelle que j'avais négociée avec fierté. Ma patronne s'en était réjouie. ________ Lorsque maman Julienne avait croisé la main d'Alexandre pour la première fois, une douleur lancinante lui avait étreint le cœur. Il lui rappelait son fils, celui qu'elle avait abandonné autrefois, emportée par la soif d'une vie meilleure. Un acte qu'elle avait amèrement regretté quelques années plus tard, sans jamais oser le réparer, rongée par la honte. En Alexandre, elle percevait un être assoiffé d'amour et d'affection. Elle sentait qu'il n'était pas l'homme qu'il fallait à sa fille, mais les mots justes lui échappaient. _ S'il manque d'amour, comme tu le dis, alors cela prouve d'autant plus que je dois l'épouser. Je suis certaine d'adoucir son cœur. _ Tu l'aimes, Danielle ? J'avais regardé ma mère ce jour-là comme si la question ne m'avait jamais effleurée. La réponse, je la cherchais au plus profond de moi, craignant de me tromper. Une inspiration profonde, et les mots avaient enfin trouvé leur chemin. _ Oui maman, je l'aime, avais-je affirmé avec une conviction surprenante. _ En es-tu sûre ? Vous ne vous connaissez pas, tu ne l'as jamais vu auparavant ! Je m'étais assise, le poids de ses paroles me clouant au fauteuil. _ Il ne me connaît pas, c'est vrai. Mais moi, je le connais par cœur. Je sais à quelle heure il prend son café le matin, son plat préféré, ses couleurs de prédilection, ce qui le met en colère, son emploi du temps… tant de choses, maman. Il est l'homme de mes rêves, et aujourd'hui, par un miracle que je ne m'explique pas, je vais l'épouser. Ne m'empêche pas de le faire, je t'en prie. C'était lors d'une de nos innombrables conversations à ce sujet que j'avais fait cette étrange confidence. Maman avait compris alors qu'il n'y avait plus rien à faire. Ma décision était inébranlable. ________ Alexandre, lui, n'était pas surpris du déroulement des événements. Pour l'instant, tout se passait selon ses plans. Seule sa future belle-mère avait tenté de semer des embûches, mais cela n'avait été qu'un léger contretemps. Le jour fatidique arriva enfin. Tout était prêt. La mariée, moi, étincelait dans ma robe blanche. Sandra, ma demoiselle d'honneur, rayonnait à mes côtés avec une autre collègue que j'affectionnais particulièrement. Dans ma chambre, l'heure avançait inexorablement. Les invités étaient déjà tous là, le maire aussi. Seuls les mariés manquaient à l'appel. Dans sa propre chambre, Alexandre se préparait. Son costume noir, d'une austérité funèbre, lui donnait l'air d'assister à ses propres funérailles. En se mirant, un doute le traversa pour la première fois. Ce mariage en valait vraiment la peine ? La porte s'ouvrit sur Jean, son fidèle homme de confiance. _ Monsieur, il est l'heure. Tout le monde vous attend. Il resta un instant de plus face à son reflet, une main dans la poche, tentant d'ajuster sa cravate de l'autre. _ Comment me trouvez-vous, Jean ? _ Sauf votre respect, on dirait que vous allez à un enterrement. Un sourire ironique contracta ses lèvres. _ N'est-ce pas le cas, après tout ? Mais je me sens… stressé. _ C'est normal, monsieur. Vous vous apprêtez à faire une chose irréparable, sans vouloir vous offenser. _ Tu penses ? _ Oui, monsieur. _ Et bien qu'il en soit ainsi… Crois-tu qu'elle pourrait réparer toutes ces années d'absence ? L'homme d'une quarantaine d'années resta silencieux, incapable de trouver les mots justes. _ Tu vois, Jean ? Ainsi va la vie. _ Mais ce problème est entre vous et votre mère. Pourquoi vouloir mêler votre sœur à cela ? Il se tourna lentement vers son homme de confiance, s'approchant à petits pas. Arrivé à sa hauteur, il murmura à son oreille : _ Cette fille n'est pas ma sœur, et elle ne le sera jamais. Il se dirigea vers la fenêtre avant de reprendre, la voix empreinte d'une mélancolie glaciale : _ Rappelle-toi, Jean, je n'ai pas de famille. Mon père est mort quand j'avais six ans… comme j'aurais aimé qu'il soit à mes côtés. Et ma mère… Ma mère est morte à ma naissance. _ Et pourquoi faites-vous tout cela, monsieur ? _ Pour que ça lui serve de leçon. À elle et à toutes ces femmes qui ont fait la même erreur. Les hommes se rencontrent, Jean… les hommes se rencontrent… Le vieil homme inspira profondément. Son jeune patron était inflexible, consumé par une haine tenace. Il ne pouvait qu'espérer que tout cela ne vire pas au désastre. Alexandre semblait gagné par une anxiété grandissante, un état qu'il détestait.CHAPITRE 5Pour cette mascarade de mariage, il se devait d'être détendu, serein. Il fallait qu'il se déstresse._ Appelle Emma et dis-lui de me rejoindre tout de suite. _ Mais monsieur, il est déjà l'heure ! Nous avons trente minutes de retard ! S'alarma Jean._ De quoi te mêles-tu ? Fais ce que je te demande ! Ordonna Alexandre d'un ton sec.Tandis que Jean s'exécutait, dans la cour somptueusement décorée de l'hôtel, l'impatience grandissait. Les journalistes, en direct, commentaient l'attente._ Cela fait déjà une heure que la cérémonie aurait dû commencer, et nos jeunes mariés sont toujours absents ! Le grand Alexandre aurait-il renoncé ? Nous constatons l'agitation de la mère de la mariée, allant et venant sans cesse… Que se passe-t-il réellement ? Les questions fusent !Dans ma chambre, la panique m'étreignait. En voyant le reportage à la télévision, l'envie de sortir le chercher était irrépressible._ Ne fais pas ça, ma chérie. Attendons encore un peu, il a peut-être eu un i
4. UNION SOMBRELes certitudes emprisonnent,Les doutes empoisonnent,L’amour libère Convaincre ma mère avait été une bataille ardue. Elle s'était évertuée à me faire reculer, mais elle ignorait la puissance des billets verts qu'Alexandre avait glissés entre les mains de mes oncles. En Afrique, la dot était un passage obligé avant l'union civile, une formalité qui n'avait pas semblé le déranger. Ce matin encore, sa voix pleine d'inquiétude tentait de me ramener à la raison. Pourtant, ma décision était gravée en moi, scellée par une cérémonie traditionnelle déjà célébrée. Je l'avoue, une appréhension tenace me serrait la gorge face à ce mariage. Mais la vie, n'est-ce pas une prise de risque constante ?_ Ma chérie, prends le temps de peser tout ça, avait murmuré maman, les sourcils froncés d'un souci profond._ Crois-moi, j'ai mûrement réfléchi. J'ai fait le bon choix, ne t'en fais pas pour moi… Mais dis-moi, pourquoi ne l'aimes-tu pas ? Avais-je fini par demander, cherchant une an
3. LE CONTRAT« Rêver est magique.Réaliser est puissant.Aimer est divin. »Notre jeune protagoniste vivait à Deido, l’un des quartiers les plus animés de Douala. Plus précisément au Grand Moulin, un endroit que les habitants surnommaient "le terrain de basket", même si aucun terrain n’y existait réellement. Seuls les anciens du quartier connaissaient l’origine de ce nom, gardée presque comme un secret d’initiés.Ce matin-là, elle sortit de leur modeste appartement, niché dans une mini-cité qu’elle partageait avec sa mère. Le soleil n’était pas encore haut, mais la vie, elle, avait déjà repris son cours. En refermant doucement la porte derrière elle, elle salua les voisins avec un sourire discret, puis franchit la grande barrière noire à l’entrée de la résidence.Dehors, la rue était déjà bien animée. Le goudron encore frais de rosée brillait sous les premiers rayons du jour. Des élèves en uniforme se bousculaient sur le trottoir, des femmes allaient s’approvisionner dans les boutiqu
2. MIRAGEL’illusion passe,L’amour reste,L’espérance se transmet.Je sentais une main dessiner lentement les courbes de mon corps, effleurant ma peau avec une tendresse électrique. Un frisson me parcourut, mais je restai encore prisonnière du sommeil. Les caresses s’intensifièrent, brûlantes, osées, jusqu’à ce que je sente mon soutien-gorge se dégrafer. Je sursauta légèrement. J’étais pourtant certaine de ne pas avoir ramené d’homme chez moi.En ouvrant les yeux, qui vois-je ? Monsieur Alexandre.Je n’eus même pas le temps de formuler une question. Il s’empara de mes lèvres avec une ardeur brutale, m’embrassant comme s’il avait attendu ce moment toute sa vie. Et moi… j’adorais ça.Je me laissais totalement aller. Ses mains devenaient de plus en plus aventureuses, parcourant mon corps avec une précision troublante. Lorsqu’elles atteignirent ma féminité déjà trempée, un gémissement m’échappa, étouffé par ses baisers. Il me caressait avec expertise, me faisait vibrer… Mes ongles s’enfo
1. PLAN À TROIS« Il y a des vides qu’on ne comble jamais,des souvenirs qu’aucun sourire n’efface,des personnes qu’on ne remplace pas.Les sourires reviennent, bien sûr… mais uniquement pour masquer la peine. »Je vivais avec ce vide chaque jour. C'était devenu ma routine, une habitude presque rassurante dans sa douleur. Je m’étais forgé dans cette souffrance, endurci dans le rejet, façonné par elle. Ce n’était pas ma faute. C’était la sienne. Elle avait noirci mon cœur, déformé ma vision de l’amour, m’avait fait devenir cet homme froid, distant, sans pudeur. Mais aujourd’hui, j’étais plus qu’un homme blessé. J’étais devenu rusé. Un joueur. Un stratège. Je mentais avec le sourire, j’embrassais avec détachement. Heureux encore que je ne sois pas devenu un bandit. Je me félicitais chaque jour de n’avoir pas totalement sombré. J’étais resté droit. Froid, mais droit.Elle m’avait élevé comme un renard… Alors elle verrait les résultats de son œuvre.——Les projecteurs m’aveuglaient presq