LOGINLe silence dans la chambre était plus lourd qu'un orage d'été. Chaque respiration d'Elina semblait résonner comme un tambour contre les murs. Elle fixait Louis, debour au milieu de la pièce, toujours torse nu, un verre de whisky à la main. L'odeur entêtante du parfum bon marché et trop sucré qui la rendait nauséeuse.
Il fit tourner le liquide ambré dans son verre, ses yeux sombre rivés sur elle. Un sourire imperceptible étira ses lèvres. Il fixait l'enveloppe posée sur le lit. Il s'en approcha lentement, comme si elle contenait une bombe prête à exploser. Ses doigts effleurèrent le papier, puis se crispèrent.. Un mélange de surprise, de colère... et de peur ? "Divorcer?" Sa voix rauque vibrait d'un calme apparent, mais ses yeux, eux, lançaient des éclairs. . "Tu crois que c'est comme ça que ça fonctionne, Elina?" Elle soutint son regard, refusant de flancher. Mais à l'intérieur, son cœur battait si fort qu'elle craignait qu'il ne perce sa poitrine. Elle sera les poings pour empêcher ses mains de trembler. "Oui, Louis. Parce que cette fois, je ne demande pas la permission. " Il éclata d'un rire bref et amer, un son qui résonna comme une gifle dans la pièce et secoua lentement la tête. " Tu oublies qui je suis... et qui tu es." "Non, Louis. C'est toi qui a oublié." Elle inspira profondément, sentant une boule d'acier se former dans son ventre. "Tu as oublié qui je suis devenue." Louis fit un pas vers elle, son ombre l'enveloppant comme un manteau. L'odeur âcre de son whisky lui monta à la gorge. " Tu crois que tu peux partir? Que tu peux m' humilier et t'en sortir indemne?" "Je ne crois pas, Louis. Je le sais. Elle se força à tenir bon, mais ses jambes semblaient faites de coton. Elle voyait bien ses poings serrés, ses mâchoires contractées. Pendant une seconde, elle eut peur qu'il perdent le contrôle. "Elina..." Sa voix était basse, presque un grognement. " Tu n'as aucune idée dans quoi tu t'embarques." " Alors regarde-moi bien, Louis. Parce que je suis déjà partie." Un silence. Puis il éclata d'un rire amer qui la fit frissonner. "Tu crois que tu m'échapperas... Mais tu verras, Elina. On ne quitte pas Louis Laurens. C'est moi qui décide. " Elle sentit son cœur cogner contre ses côtes, mais elle ne recula pas. Elle ramassa son sac et tourna les talons. " Tu avais l'habitude de tout contrôler, Louis. Mais ce soir... ce n'est plus toi qui tiens les ficelles." Sa main se posa sur la poignée de la porte. "Elina!" tonna -t-il derrière elle. Elle se figea une seconde. Un frissonner glacé lui parcouru la nuque, mais elle ne se retourna pas. " A bientôt, Louis. Et la prochaine fois qu'on se verra...ce sera devant le juge." "Elina!" hurla-t-il une deuxième fois.. Et elle sortit . Les portes se refermèrent dans un soupir métallique. Ses jambes cédèrent enfin, et elle dut s'agripper à la barre pour ne pas s'effondrer. Son téléphone vibra. Numéro inconnu. Elle hésita. Une partie d'elle voulait ignorer cet appel, mais un instinct plus fort la poussa à décrocher. " Madame Laurens? Ici le cabinet Verhoeven. Nous avons une offre à vous faire. Une offre...que vous ne pourrez pas refuser. " Avant qu'elle ait le temps de répondre, la ligne coupa. Verhoeven... ce nom éveilla en elle un étrange mélange d'appréhension et d'espoir. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Un homme se tenait devant elle. Grand, élégant, un costume sombre parfaitement taillé et un regard gris acier qui semblait lire dans son âme. .Il dégageait une aura magnétique qui coupa le souffle d'Elina. Alexander Verhoeven. "Madame Laurens...Enfin, on se rencontre."La porte venait à peine de se fermer qu’Élina sentit la pièce rétrécir autour d’elle. Alexander restait immobile, dos à la porte, les mains dans les poches. Son regard, sombre et fixé sur elle, la clouait sur place.— Seuls, enfin, murmura-t-il.Sa voix n’avait rien de tendre. C’était un mélange de menace et de curiosité, comme s’il attendait de voir jusqu’où elle oserait aller maintenant que les autres n’étaient plus là. Élina fit un pas vers la cheminée, comme pour se mettre hors de portée, mais il se déplaça en même temps qu’elle, réduisant l’espace entre eux.— Ce que Damian croit pouvoir m’arracher… il le paiera, dit-il en approchant encore. Mais toi… toi, tu as déjà une dette.Elle croisa les bras, tentant de masquer le trouble qui montait. — Et si je n’avais plus envie de jouer à tes règles ? — Peu importe tes envies, répondit-il doucement. Tu reviendras toujours.La tension se fit électrique. L’air était saturé de tout ce qu’ils ne disaient pas… et de ce qu’ils brûlaient de
Le plan avait été conçu en quelques heures à peine, mais avec la précision d’un mouvement d’échec calculé sur plusieurs coups d’avance. Damian savait que pour atteindre Alexander, il fallait lui faire croire qu’il avait enfin ce qu’il attendait : la tête de Camille, livrée sur un plateau.Élina, elle, s’était imposée dans ce scénario comme un élément indispensable. Non pas par goût du danger – même si une part d’elle y trouvait une adrénaline étrange – mais parce que Damian lui avait soufflé que sans elle, Alexander flairerait l’arnaque. Et il avait raison.L’endroit choisi n’avait rien de spectaculaire : une suite privée au dernier étage d’un vieil immeuble réaménagé. Les murs, couverts de bois sombre, absorbaient la lumière comme pour mieux garder les secrets. L’air sentait le cuir ancien, le whisky versé depuis longtemps et une trace presque imperceptible de parfum féminin.Tout était prêt. Damian avait donné rendez-vous à Alexander sous prétexte d’un échange d’informations crucia
La rencontre n’avait rien d’officiel. Un prétexte habilement monté par un intermédiaire discret, dans un salon privé d’un hôtel aux boiseries anciennes et aux murs feutrés de bleu nuit. Les serveurs circulaient en silence, porteurs de coupes et de plats qu’aucun invité ne semblait réellement voir.Élina entra la dernière. Une robe noire fluide, sans bijou, juste ce qu’il fallait pour se fondre dans l’élégance ambiante tout en attirant l’œil. Damian, déjà présent, lui adressa un signe imperceptible depuis un coin du salon. Mais avant qu’elle ne puisse le rejoindre, une silhouette familière se détacha du groupe central.Alexander.Il était en pleine conversation avec l’hôte, mais ses yeux, eux, venaient de la verrouiller comme une cible. Lentement, il s’avança, contournant un petit groupe d’hommes en costume. Pas de sourire. Pas de salut immédiat. Juste cette marche sûre, qui effaçait tout le reste.— Élina, dit-il en s’arrêtant à moins d’un pas. Sa voix était calme, mais chaque sylla
L’après-midi avait cette lourdeur étrange des journées où l’air lui-même semblait guetter un affrontement. Dans l’aile des invités, Élina retrouvait Damian pour sceller ce qu’ils avaient évoqué la veille. La porte fermée, l’ombre du couloir s’évanouit et laissa place à la lumière tamisée, presque complice, de la chambre.— Si on s’allie, murmura-t-elle, ce n’est pas pour que tu me traînes dans un autre piège. Damian s’appuya contre le bureau, les bras croisés. — Si je voulais t’enfermer, je n’aurais pas besoin de ce cirque. Je veux Alexander hors jeu. Camille, aussi. Et toi… tu as le genre d’accès que je n’aurai jamais.Elle soutint son regard, cherchant à déceler la faille, le mensonge. — Alors on pose les règles, dit-elle enfin. — Trois règles, corrigea-t-il. La première : tout ce que tu entends, tu me le transmets. Même si ça te brûle la bouche. — Et si c’est contre toi ? — Surtout si c’est contre moi.Il se redressa, s’approchant d’elle comme s’il voulait inscrire ses mots s
L’aile des invités baignait dans une semi-obscurité feutrée. Les couloirs, décorés de tapis aux motifs anciens, étouffaient les bruits de pas. Ici, tout semblait conçu pour dissimuler les secrets derrière le confort. Damian s’y installait depuis trois jours déjà, officiellement pour « finaliser des discussions » avec Alexander. En réalité, chaque heure qu’il passait en ces lieux alimentait une tension sourde.Élina avait attendu la fin du dîner pour se glisser hors de l’aile principale. Elle savait que la caméra au bout du couloir était défectueuse depuis l’orage de la veille. Elle avait repéré la faille, noté l’angle exact qui la laissait hors champ. Son cœur battait vite, pas seulement à cause du risque.Damian l’attendait, adossé au chambranle de la porte, chemise entrouverte, sourire presque insolent. — Je commençais à croire que tu n’oserais pas, souffla-t-il. — Je ne suis pas ici pour jouer, répliqua-t-elle d’une voix basse. — Alors tu es venue pourquoi ?Elle aurait pu répon
La nuit était tombée depuis longtemps, enveloppant la villa d’un voile dense, presque étouffant. Dans les couloirs, le silence semblait amplifié, ponctué seulement par le cliquetis discret des systèmes de sécurité. Élina avançait pieds nus sur le parquet froid, chaque pas mesuré, calculé.Alexander n’était pas là. Il avait quitté la maison peu après leur confrontation, laissant derrière lui un mélange de colère et de désir qui continuait de brûler dans l’air. C’était une absence dangereuse… mais aussi une fenêtre d’opportunité.Elle descendit les marches, longea le couloir qui menait à l’aile des invités. Une lumière filtrait sous une porte. Elle n’eut pas besoin de frapper : Damian ouvrit avant même qu’elle n’ait levé la main.— Tu es venue, dit-il simplement.Il portait une chemise sombre, ouverte sur le col. L’odeur discrète de son parfum se mêlait à celle du whisky posé sur la table basse derrière lui. Son regard glissa sur elle, lentement, comme s’il déshabillait chaque pensée av