La nuit avait été long calvaire. Elina s'était retournée des dizaines de fois dans son lit, incapable de trouver le sommeil . Les scènes de la veille défilaient encore dans son esprit comme un cauchemar dont elle ne pouvait s'extirper.
Le crépitement du feu dans le lounge. L'enveloppe noire entre eux. Le sourire énigmatique d'Alexander Verhoeven qui semblait en savourer plus sur elle qu'elle- même . Et cette phrase qui la hantait encore:" Vous ne pouvez pas l'affronter seule." Elle avait signé . Ce simple geste, anodin en apparence, lui donnait l'impression d'avoir vendu une partie d'elle-même. Mais une autre voix, plus sourde, plus sombre, murmurait qu'elle n'avait pas eu le choix. Sur la table de nuit, son téléphone vibra. Elle hésita avant de l'attraper. "10h demain matin. Mon bureau. Ne soyez pas en retard. " Il n'y avait pas de signature. Pas besoin. Le lendemain, Elina se tenait devant une immense tour de verre et d'acier. La lumière du soleil se reflétait sur les vitres, l'aveuglant presque. Un frisson lui parcourut l'échine. Le nom Verhoeven s'étalait en lettres argentées au-dessus des portes automatiques. Un symbole de puissance. Elle inspira profondément et franchit le seuil. A l'intérieur, le hall était d'un luxe froid. Sol en marbre poli, colonnes immenses, et un silence feutré que seules les talonnades rapides des employés venaient troubler. Tous avançaient la tête baissée, absorbée par leurs missions. Un agent de sécurité s'approcha avec un sourire figé : " Madame Laurens ? Monsieur Verhoeven vous attend. Je vais vous conduire. " L'ascenseur la déposa directement au dernier étape. A peine les portes ouvertes, elle fut happée par une vue spectaculaire sur la ville. Le bureau d'Alexander semblait suspendu dans les airs. Lui, il était là. Debout devant une baie vitrée, une tasse de café à la main, parfaitement immobile. La lumière du matin se reflétait sur sa silhouette, découpant ses épaules carrées et sa stature presque intimidante. Sans se retourner, il parla: " Vous êtes ponctuelle . Un bon point." Elina sentit son cœur cogner plus fort. Elle inspira profondément et s'avança. " Vous m'avez demandé de venir. Je suis ici. Maintenant, dites-moi pourquoi." Alexander se tourna lentement, un sourire imperceptible sur les lèvres. " J'admire votre franchise. Mais vous apprendrez vite que dans ce jeu, la franchise ne suffit pas." Il fit un geste, lui désignant un fauteuil devant le bureau massif en bois sombre. "Asseyez-vous. Nous avons beaucoup à discuter." Elina obéit, ses doigts crispés sur son sac. Elle détestait l'impression d'être une élève convoquée chez le proviseur. Alexander posa une pile de dossiers sur la table basse et la fixa intensément. " Vous avez signé hier. Ce que cela signifie ? Que vous êtes désormais dans mon camp. Mais je dois vous prévenir : Il n'y a pas de retour en arrière. " " Et si je décidais de partir maintenant ? " demanda-t-elle, le menton relevé. " Alors vous deviendrez mon ennemie. Et croyez moi, Elina...vous ne voulez pas ça. " Le silence s'installa. Elina sentait ses paumes devenie moites. Tout en elle criait de fuir cet homme. Et pourtant, une autre partie, plus sombres, plus pragmatique, lui murmurait qu'il disait vrai. Louis ne l'a laisserait jamais partir en paix. Alexander se rassit à son tour, son regard rivés au sien. "Pour renverser un homme comme Louis, il faut le comprendre. Anticiper ses mouvements. Et pour cela... vous devrez devenir plus forte que lui. Il ouvrit l'un des dossiers et le fit glisser vers elle. " Voici votre première mission. Louis a rendez-vous demain soir avec un investisseur. Vous allez l'accompagner et me rapporter chaque détail. Ce qu'il dit, ce qu'il cache , ce qu'il craint." " Vous me demandez de l'espionner ? " souffla-t-elle. " Non. je vous demande de survivre. Et d'apprendre à penser comme lui." Alexander se leva, contournant lentement la table pour se poster derrière elle. Son ombre la recouvrir. " Si vous réussissez ce test, je saurai que vous êtes capable de jouer à ce niveau. Sinon..." Il laissant planer un silence. Elina sentit un frissonner lui remonter l'échine. Elle ferme les yeux un instant avant d'attraper le dossier. " Dans quoi je me suis embarquée.? pensa-t-elle.La porte claqua derrière elle, mais Élina ne sursauta pas.Elle s’était attendue à ce qu’il vienne. Il n’aurait pas pu rester silencieux après avoir entendu cette phrase. "S’il faut le trahir pour gagner, je le ferai."Elle n’avait pas vu les micros, bien sûr. Mais elle avait senti sa présence. Comme un fauve blessé qui rôde dans l’ombre, prêt à bondir.Elle était dos à lui, dans sa robe de soie sombre, les épaules nues, les cheveux défaits. Son reflet dans la baie vitrée ne tremblait pas. Elle non plus.— Tu t’es bien amusée ? lança Alexander, la voix tranchante, dangereusement calme.Élina tourna la tête, lentement. Le regard qu’elle posa sur lui n’était plus celui d’une victime.— Tu m’espionnes dans ma propre chambre. C’est ça, ta façon d’aimer ?Il rit, froidement.— Ne joue pas l’offensée. Tu mènes une guerre contre moi en glissant des promesses à mes ennemis. Ne viens pas pleurer quand je vérifie sur quel front tu dors.Elle s’avança de quelques pas, sans détourner les yeux.—
Le carnet d’Élina s’étalait sur le lit, griffonné de noms, d’alliances, de trahisons. Des flèches reliaient Marcus à Camille, Damian à Alexander, Sophia à des souvenirs enfouis… et elle, Élina, trônait au milieu de cette toile.La proie était devenue tisseuse.Et cette fois, elle n’allait pas se contenter de survivre.Marcus fut le premier à mordre à l’hameçon.Il l’avait rejointe dans un restaurant discret, réservé par ses soins, éclairé à la bougie. Élina portait une robe noire, simple mais assassine. Elle savait comment jouer ce rôle désormais : séduire pour manipuler.— Tu veux que je trahisse Camille ? demanda Marcus en sirotant un whisky.— Non. Je veux que tu la serves... en me servant, répondit-elle. C’est une nuance subtile.Il la fixa, amusé.— Et qu’est-ce que j’y gagne ?Elle sourit, s’approchant lentement, ses doigts frôlant son poignet.— Le frisson du pouvoir. Et peut-être... moi.Il haussa un sourcil, intrigué. Il n’avait jamais vu une femme aussi calme, aussi dangereu
Le club privé se trouvait derrière une façade anonyme, dissimulée au cœur d’un immeuble haussmannien. Aucune enseigne. Aucun nom. Juste une porte de bois massif, gardée par deux hommes en noir qui ne souriaient jamais.Camille lui avait donné rendez-vous ici. “Un lieu où les décisions se prennent, Élina. Pas où elles se subissent.”Élina franchit le seuil, guidée par une hôtesse vêtue de noir. L’intérieur ressemblait à un ancien salon de diplomates : murs tapissés de velours sombre, candélabres en bronze, et au centre… elle, Camille, assise sur une méridienne en cuir bordeaux, comme une reine décadente.— Élina, souffla-t-elle en se levant. Tu ressembles de plus en plus à une Montalban sans le savoir.Élina ne répondit pas. Ses pas résonnaient sur le parquet. Elle gardait le visage fermé, le cœur en guerre.Camille lui tendit un verre de vin rouge.— Bois. Ce que je m’apprête à te proposer ne peut s’entendre le cœur sec.Élina prit le verre. Mais ne but pas.Camille s’approcha, si prè
La pluie battait contre les vitres de l’ancienne maison familiale. Une pluie fine, insistante, comme si le ciel lui-même voulait laver les souvenirs incrustés dans les murs.Élina était venue seule.Elle n’avait rien dit à Alexander. Ni à personne.Juste un besoin irrépressible de fouiller. De comprendre. De respirer loin de la suffocation ambiante.La maison appartenait à son grand-père. Fermée depuis sa mort. Abandonnée, figée dans une époque révolue. L’air y était froid, poussiéreux, chargé d’un parfum de cire et de secrets.Dans le bureau, elle ouvrit les tiroirs un à un. Des carnets, des lettres, des photos en noir et blanc. Et puis… un double fond.Ses doigts tremblèrent lorsqu’elle fit glisser la planche. Une enveloppe jaunie s’y trouvait, scellée par un cache de cire craquelé. Dessus, un mot manuscrit : “À Élina, quand le moment sera venu.”Son cœur rata un battement.Elle l’ouvrit, lentement, comme on entrouvre une porte qu’on n’est pas sûr de vouloir franchir.À l’intérieur,
La nuit avait recouvert la ville comme une seconde peau. Silencieuse, lourde, complice.Élina hésita un instant devant la porte d’Alexander. Sa main tremblait à peine. Pas de peur. De conscience. Une conscience aiguë de ce qu’elle s’apprêtait à franchir. Une limite. Un point de non-retour.Quand elle frappa, la porte s’ouvrit aussitôt.Il était là.Nu-pieds, chemise entrouverte, les manches relevées. Le regard fatigué mais félin. Comme s’il l’attendait depuis toujours.— Tu es venue, murmura-t-il.— J’aurais dû fuir.— Tu ne fuis pas, Élina. Tu choisis le feu.Un silence. Elle entra.La porte se referma doucement derrière elle. Le monde extérieur n’existait plus. Il n’y avait que ce huis clos tendu, palpitant, où tout n’était que désirs contrariés et vérités suspendues.Il ne lui demanda rien.Elle ne dit rien.Leurs corps parlèrent à leur place.Ses doigts glissèrent sur la nuque d’Alexander. Il répondit d’un souffle rauque. En une seconde, elle fut plaquée contre le mur, ses lèvres
Le calme de la nuit était trompeur.Dans l’appartement plongé dans une lumière douce, Élina venait à peine de s’endormir sur le canapé, un dossier entrouvert sur ses genoux. La fatigue avait eu raison de sa vigilance. Elle n’entendit pas la serrure manipulée. Pas tout de suite. Pas assez tôt.Un cliquetis. Puis une ombre.Quand elle rouvrit les yeux, ce ne fut pas un cauchemar qui l’accueillit.C’était Louis, debout dans l’entrée, le regard incandescent.— Tu dors bien, Élina ?Sa voix était glaciale. Étrangère.Elle se redressa brutalement, le cœur tambourinant.— Qu’est-ce que tu fais là ?! Comment tu es entré ?Il avança, referma la porte derrière lui avec une lenteur calculée. Ses traits étaient durs, creusés, mais son regard brillait d’une rage maîtrisée.— Tu m’as oubliée vite… pour courir dans les bras de ce prédateur.— Tu n’as pas le droit d’être ici.— Ah bon ? siffla-t-il. Parce que tu penses encore avoir des droits, Élina ? Après tout ce que tu as fait ?Elle se leva, droi