Aiden Kane n’avait pas attendu qu’elle s’installe pour sortir un dossier de cuir noir de son bureau. Il le posa devant elle avec la précision d’un chirurgien qui présente ses instruments.
___ Lisez attentivement, dit-il d’un ton calme mais qui sonnait comme un ordre. Alaya s’assit, jeta un coup d’œil au dossier, puis à lui. ___ Vous avez préparé un contrat avant même que je dise oui ? Ses yeux gris se posèrent sur elle, impassibles. ___ Je n’engage jamais de négociations sans être sûr de mon résultat. Elle déglutit. Il avait donc prévu sa réponse… ou il avait suffisamment confiance en sa capacité à manipuler les circonstances pour l’obtenir. Les premières pages étaient écrites en un jargon juridique qui lui donnait mal à la tête. Clause 1 : Discrétion absolue. Elle leva les yeux. ___ Ça veut dire quoi, exactement ? ___ Ça veut dire qu’aucune information sur ma vie privée, mes affaires, ou les détails de notre arrangement ne sortira de votre bouche. Ni à votre meilleure amie, ni à votre famille, ni à… quiconque. Un frisson lui parcourut la nuque. ___ Et si je parle ? ___ Alors, vous perdez la totalité du paiement… et vous aurez des problèmes bien plus sérieux que des dettes. Elle reposa les yeux sur le texte, la gorge sèche. Clause 2 : Présence obligatoire. ___ Vous devez m’accompagner à toutes les soirées, galas, voyages d’affaires où ma présence en couple est requise. Cela inclut les fêtes de fin d’année, les dîners de charité, et même les déplacements internationaux de dernière minute, lui expliqua Aiden. Alaya fronça les sourcils. ___ Et si je suis malade ? ___ Vous ne le serez pas. Elle eut un rire nerveux, mais il ne plaisantait pas. Clause : Apparence et comportement. Aiden croisa les bras, visiblement prêt à développer. ___ Vous serez vue et jugée par les médias, mes associés, mes rivaux. Votre style vestimentaire, votre langage corporel, vos manières… tout devra être irréprochable. ___ Je ne suis pas un mannequin. ___ Je m’en doute. Mais je peux vous fournir un styliste, un coach d’étiquette et un garde du corps. Elle arqua un sourcil, interloquée. ___ Un garde du corps ? ___ Ce n’est pas une option. Les pages suivantes détaillaient des clauses presque absurdes : Pas de relation intime avec une autre personne durant l’année. Pas de réseaux sociaux sans approbation. Obligation de porter une bague de fiançailles en public. Et enfin, à la dernière page : Somme versée à la fin du contrat : 1,5 million de dollars. Plus remboursement intégral de toutes dettes existantes. Elle laissa échapper un souffle. ___ Vous êtes conscient que c’est… astronomique ? ___ Pour moi, c’est un investissement, replique-t-il d'un ton impassible. Elle reposa le dossier, le cœur battant. ___ Et si… je change d’avis au bout de trois mois ? ___ Alors, vous perdez tout. Pas de paiement, pas de remboursement, rien. Aiden s’assit derrière son bureau, sortit un stylo Montblanc et le fit rouler entre ses doigts. ___ Alors, Mademoiselle Brooks… signez, ou partez. Alaya fixa la plume brillante du stylo. Une partie d’elle hurlait de fuir. L’autre se souvenait des chiffres sur ses factures, de la menace d’expulsion, et de ce sentiment d’être en train de se noyer depuis des mois. Elle prit le stylo alors que sa main tremblait. Une signature, et elle ne serait plus jamais complètement libre. Mais elle n'en avait pas d'autres choix. ___ Très bien, murmura-t-elle. Mais sachez que je ne suis pas une femme qu’on achète. Un éclat fugace passa dans les yeux d’Aiden, comme une lueur d’amusement. ___ Non. Mais je suis un homme qui sait louer ce dont il a besoin. Alaya secoua la tête, ne supportant pas cet air d'arrogant de cet homme à qui elle s'apprêtait à vendre sa liberté. L’encre glissa sur le papier. Et à cet instant précis, Alaya comprit qu’elle venait d’entrer dans une cage… dorée, mais bien fermée. L’encre n’avait pas encore fini de sécher que la voix d’Aiden coupa net le silence du bureau. ___ Ce soir, dîner. Tu m’accompagnes. Alaya releva la tête si brusquement qu’elle en eut mal aux cervicales. ___ Ce soir ? Vous plaisantez. J’ai… rien de prêt, rien à me mettre, et... Son sourire à lui se fit plus étroit, un mélange d’amusement et d’autorité tranquille. ___ Ce n’est pas mon problème. Vous avez toute la journée pour vous arranger. Elle ouvrit la bouche pour protester, mais aucune objection ne franchit ses lèvres que Aiden reprit aussitôt la parole. ___ Le véhicule passera te chercher à dix-neuf heures dix. Le styliste t’attend dans quarante-cinq minutes, et... Il tira un tiroir, en sortit un petit écrin de velours noir qu’il posa entre eux, sans théâtralité. ___ Et tu porteras ça. Les doigts d’Alaya hésitèrent sur le velours. À l’intérieur, une bague fine, un ovale de diamant posé sur un anneau de platine, éclata de lumière sous les spots du plafond. Elle la regarda comme on regarde un piège brillant. ___ Vous êtes sérieux ?! ___ Parfaitement. C’est un placeholder. On ajustera la taille demain. ___ Et si je ne veux pas… porter ça, ce soir ? Il soutint son regard, aussi calme qu’une mer d’hiver. ___ Ce n’est pas une soirée de charité dans un coin de banlieue. C’est la Whitmore Foundation, tous les patrons de fonds y seront. Tu n’es pas “l’accompagnatrice”, Alaya. Tu es ma fiancée, dois-je te le rappeler ? Le mot reconnut, brutal et irréel. Elle inspira, laissa la bague sur la table. ___ Vous auriez pu me prévenir hier, lâcha-t-elle, plus sèche qu’elle ne l’aurait voulu. ___ Je n’avais pas ta signature hier. Il fit glisser l’écrin vers elle. ___ Cole t’attend à l’accueil. C’est ton garde du corps. Il t’emmène chez Julian, puis il te ramène. Le chauffeur s’appelle Noah. Si quelqu’un t’interpelle, tu marches, tu ne réponds pas, Cole gère. Tout est clair ? Alaya se contente de ne pas lui repondre. Un tressaillement presque un sourire effleura la bouche de Aiden. ___ Tu te débrouilleras très bien, lui dit-il.Les discours commencèrent. Whitmore monta sur scène, remercia, plaisanta, évoqua “l’ascenseur social” avec une sincérité étudiée. Aiden fut appelé. Il se leva, lissa son veston, posa brièvement sa main sur l’épaule d’Alaya en passant. Elle sentit, le temps d’une seconde, qu’elle ne flottait plus.___ Mesdames, messieurs, dit Aiden au micro, timbre posé, merci de nous rappeler que le mérite existe, mais qu’il gagne à être aidé. Kane Corp s’engage ce soir sur cinq millions sur trois ans pour étendre le programme. Et, si vous me permettez une note personnelle...Il tourna la tête vers Alaya. Les regards suivirent comme une houle.___ Je suis venu avec ma fiancée, Alaya Brooks. Je suis fier de la présenter à cette salle, et plus encore à la ville que nous aimons.Un bruit de surprise poli retentit. Des applaudissements. Des flashes, encore. Alaya sourit, sans trembler. Le mot “fiancée” bondit, sûr de lui, dans l’air conditionné.À la table, la philanthrope aux diamants souffla :___ Eh bi
La Maybach se glissa jusqu’au trottoir d’un hôtel particulier de l’Upper East Side, façade immaculée, drapeaux lourds, marches blanches. Devant, éclairs de flashes, murmure des journalistes, listes à la main. À l’angle, des silhouettes en smoking filtraient la foule avec des regards entraînés. Cole descendit le premier, balaya la rue, fit un signe bref à Noah et ouvrit la portière.L’air était plus frais. Le parfum des roses et du champagne se mêlait au cuir et à la nuit. Les flashes crépitèrent quand Alaya posa son escarpin sur la marche. Les voix montèrent.___ Aiden ! Aiden est-il fiancé ? ___ Qui est-elle ?___ Le nom, mademoiselle ! ___ Regardez la bague !___...Alaya baissa les yeux une fraction de seconde sur l’anneau. Cole glissa un pas devant elle et ils prirent l’entrée latérale, à l’abri des des paparazzis. Le tapis frappait doucement sous leurs pas. Un maître d’hôtel aux gants ivoire inclina la tête. Une hôtesse avec une oreillette translucide ouvrit une porte sur une a
Elle referma l’écrin d’un claquement discret.___ Ça, ce n’est pas votre problème, n’est-ce pas ?___ Mon problème, c’est l’image de Kane Corp. Ce soir, c’est aussi toi.Le sang lui monta aux joues. Elle se leva, l’écrin dans la main, et s’approcha de la porte.___ Dites-moi au moins à quoi sert ce dîner.___ C'est pour que certains actionnaires cessent de me coller la fille d’un autre au bras. Et à soutenir un programme de bourses pour étudiants. Essentiellement, à me regarder signer un chèque.___ Charmant, lança Alaya.___Tu verras, ils rient tous très poliment, répondit-il d’un ton neutre. Elle s’immobilisa.___ Mets la bague avant d’arriver et relève les cheveux. Ça allonge ta ligne.Le commentaire la piqua autant qu’il la troubla. Elle hocha la tête, sans promesse, et sortit.Cole l’attendait près des ascenseurs privés : quarantaine, épaules larges, oreillette discrète, regard clair qui balayait tout sans jamais s’arrêter vraiment. Il ne sourit pas, mais sa voix était étonnamme
Aiden Kane n’avait pas attendu qu’elle s’installe pour sortir un dossier de cuir noir de son bureau. Il le posa devant elle avec la précision d’un chirurgien qui présente ses instruments.___ Lisez attentivement, dit-il d’un ton calme mais qui sonnait comme un ordre.Alaya s’assit, jeta un coup d’œil au dossier, puis à lui.___ Vous avez préparé un contrat avant même que je dise oui ?Ses yeux gris se posèrent sur elle, impassibles.___ Je n’engage jamais de négociations sans être sûr de mon résultat.Elle déglutit. Il avait donc prévu sa réponse… ou il avait suffisamment confiance en sa capacité à manipuler les circonstances pour l’obtenir.Les premières pages étaient écrites en un jargon juridique qui lui donnait mal à la tête.Clause 1 : Discrétion absolue. Elle leva les yeux.___ Ça veut dire quoi, exactement ?___ Ça veut dire qu’aucune information sur ma vie privée, mes affaires, ou les détails de notre arrangement ne sortira de votre bouche. Ni à votre meilleure amie, ni à vo
L’air semblait plus lourd quand elle sortit du bureau d’Aiden Kane. Ses talons claquaient sur le marbre froid du couloir, mais elle avait l’impression que chaque pas résonnait dans sa tête. Une fiancée… un an… toutes ses dettes effacées. Elle n’arrivait même pas à mettre ces mots dans le même ordre sans que ça paraisse insensé.Dans l’ascenseur, ses mains tremblaient. Elle appuya sur le bouton du rez-de-chaussée avec un peu trop de force. Les portes se refermèrent lentement, emprisonnant son reflet dans le miroir poli de la cabine. Elle vit une jeune femme aux yeux écarquillés, le rouge aux lèvres déjà effacé, et un nœud au fond de la gorge.Elle avait envie de rire... ou de pleurer. Peut-être les deux.___ Ce type est complètement malade… murmura-t-elle.La voix suave et presque glaciale d’Aiden résonnait encore dans ses oreilles : "Un accord mutuellement bénéfique."Mutuellement bénéfique… ou un piège doré ?Dehors, la pluie fine avait laissé l’asphalte luisant. Les taxis jaunes déf
La pluie ruisselait sur les vitres fissurées de l’appartement, dessinant des traînées sombres sur le mur déjà jauni par l’humidité. Assise sur le vieux canapé dont les ressorts grinçaient à chaque mouvement, Alaya fixait la lettre froissée qu’elle tenait entre ses mains."Dernier avertissement avant saisie."Les mots étaient imprimés en rouge, comme pour lui rappeler que même ses dettes avaient le luxe d’être mises en évidence. Elle inspira profondément, lutta contre la boule qui lui serrait la gorge et jeta la lettre sur la table basse encombrée de factures impayées.___ Parfait… juste parfait, murmura-t-elle, la voix cassée.Son téléphone vibra. Un message de sa meilleure amie : « Entretien chez Kane Corporation demain. Va pas me dire non, j’ai envoyé ton CV. »Alaya écarquilla les yeux. Kane Corporation ? La multinationale de luxe et d’investissement qui possédait à elle seule des hôtels cinq étoiles dans plus de trente pays ? C’était aussi l’empire dirigé par Aiden Kane, l’homme q