Elle referma l’écrin d’un claquement discret.
___ Ça, ce n’est pas votre problème, n’est-ce pas ? ___ Mon problème, c’est l’image de Kane Corp. Ce soir, c’est aussi toi. Le sang lui monta aux joues. Elle se leva, l’écrin dans la main, et s’approcha de la porte. ___ Dites-moi au moins à quoi sert ce dîner. ___ C'est pour que certains actionnaires cessent de me coller la fille d’un autre au bras. Et à soutenir un programme de bourses pour étudiants. Essentiellement, à me regarder signer un chèque. ___ Charmant, lança Alaya. ___Tu verras, ils rient tous très poliment, répondit-il d’un ton neutre. Elle s’immobilisa. ___ Mets la bague avant d’arriver et relève les cheveux. Ça allonge ta ligne. Le commentaire la piqua autant qu’il la troubla. Elle hocha la tête, sans promesse, et sortit. Cole l’attendait près des ascenseurs privés : quarantaine, épaules larges, oreillette discrète, regard clair qui balayait tout sans jamais s’arrêter vraiment. Il ne sourit pas, mais sa voix était étonnamment douce. ___ Mademoiselle Brooks ? Je suis Cole. On descend au -1. La voiture est prête. Dans l’ascenseur miroir, Alaya aperçut son propre visage : cernes légères, bouche serrée, écrin noir dans la main. Elle se sentit soudain minuscule dans cette tour de verre. Les portes s’ouvrirent sur un sous-sol impeccablement éclairé. Une berline noire, une Maybach aux vitres teintées attendait, moteur ronronnant. Un chauffeur en gants sombres, Noah, leur ouvrit la porte arrière avec une précision silencieuse. ___ Bonsoir, mademoiselle, dit-il simplement. Le cuir sentait le bois ciré et la bergamote. La ville se mit à couler derrière les vitres, gommée par l’insonorisation. Cole prit place à l’avant, à côté de Noah, et parla bas dans son micro. Alaya, elle, posa l’écrin sur ses genoux. L’envie la démangeait de le jeter par la fenêtre. À la place, elle l’ouvrit, glissa la bague à son annulaire. La bague est grop grande d'un demi-millimètre. Elle tourna l’anneau. Il accrocha la lumière. Une sensation étrange, un poids, un rôle se referma autour d’elle. Son téléphone vibra. Elle jeta un regard et aperçut le nom de son amie Mia s'afficher sur l'écran. Elle décroche rapidement, sentant le besoin de tout lui raconter. ___ Alors ?! ___ Tu ne me croirais pas si je te disais que je dois accompagner Aiden à un dîner ce soir. Mia reste silencieuse pendant une seconde. ___ Tu as signé le contrat ? ___ Oui, j'avais pas d'autres choix. Alaya lança un regard au chauffeur et à son garde du corps, la lèvre pincée. ___ J'ai tellement de choses à te raconter. Mais si tu es disponible, je t'enverrai l'adresse d'un styliste et on se retrouve là-bas, proposa Alaya. ___ D'accord. Je t’attends chez le styliste. Stress pas, on va te faire briller. ___ “Briller”, c’est un synonyme pour “survivre sans tomber en talons” ? ___ Exactement, alors respire, ma chérie. Elle rangea le téléphone, ferma les yeux deux secondes et fit comme Mia lui a dit : Respire. *** La boutique de Julian était un cocon de lumière douce et de bois clair. On y parlait à voix basse comme dans une galerie. Mia se jeta littéralement sur elle. ___ Okay ! D’abord, t’es pâle, mais ça fait “glace de diamants”, donc on va jouer là-dessus. Ensuite, montre-moi le… Ses yeux s’arrondirent en voyant la bague que portait desormais Alaya. ___ Khé ! C’est un vrai ? ___ Placeholder, dit Alaya, ironique. Ça veut dire “prends l’illusion et souris”. Julian apparut, silhouette longiligne, lunettes fines, sourire chirurgical. ___ Mademoiselle Brooks, enchanté. On a reçu des instructions : “élégant, tranchant, aucun froufrou, noir ou blanc, cheveux relevés, minimalisme assumé”. Je suppose que ces “instructions” viennent d’en haut. ___ D’Aiden, oui, répondit Alaya, sèche. Julian eut un petit rire. ___ Il a l’œil, j’admets. Mais moi, j’ai le goût. On va trouver ce qui te ressemble. Les portants glissèrent, des tissus frémirent. Mia attrapait, reposait, examinait. Cole, à l’entrée du showroom, parlait à voix basse avec une assistante, rien n’échappant à sa vigilance. La première robe, une colonne noire en crêpe lourd, épousa la taille d’Alaya mais étouffa ses épaules. La deuxième, blanche, drapée sur une bretelle unique, lui fit des yeux froissés : trop “déesse grecque”. La troisième, noire encore, bustier droit, fendue à mi-cuisse, la fit se redresser sans effort. Quand elle sortit de la cabine, Mia poussa un sifflement. ___ Stop ! Ne bouge plus ! C’est celle-là. Le miroir lui renvoya une femme qu’elle reconnaissait à peine : la robe sculptait sa taille, dévoilait ses clavicules, la fente dessinait une promesse proprement scandaleuse… mais chic. Julian pinça le tissu ici et là, puis hocha la tête. ___ Avec un chignon bas, une paire de pendants fins, et un bracelet rigide. Pas de collier. Laisse respirer le décolleté. Chaussures : sandales noires à bride. Hauteur, dix centimètres. Tu as l’air de savoir marcher. ___ Elle sait, mentit Mia, confiante. ___ Je sais, répéta Alaya, comme pour se convaincre. On la maquilla dans une alcôve : teint très léger, regard étiré d’un trait brun, bouche rehaussée d’un baume teinté. Le coiffeur arma ses épingles, releva les cheveux d’Alaya en un chignon qui semblait tenir par magie, une mèche échappée effleurant la nuque. Elle aurait juré sentir encore la chaleur de la remarque d’Aiden : Relève les cheveux. Julian posa enfin sur son poignet un bracelet d’or blanc. ___ Cadeau de la maison ou de… la tour d’ivoire qui a passé le coup de fil. Peu importe. Ce soir, tu n’es pas un figurant, mademoiselle Brooks. Tu entres par la grande porte. Elle déglutit, nerveuse. ___ Et si je n’ai pas la clé ? réplique-t-elle pour rigoler. ___ Tu es la clé, dit Mia doucement, en ajustant la fente de la robe. Rappelle-toi : tu n’as rien volé à personne. Tu te tiens droite. Tu regardes. Tu réponds sobrement. Et si une harpie te marche sur la robe, tu lui marches sur l’âme avec ton sourire. Alaya eut un petit rire. Elle ne regrettait pas de lui avoir inviter à se joindre à elle. ___ Je t’aime. ___ Je sais, répondit Mia. Cole s’avança et s’arrêta à distance de manière respectueuse. ___ On y va dans cinq minutes. Le convoi passe par l’entrée latérale. Les médias seront à l’avant. Tu restes à ma gauche jusqu’à ce que M. Kane te rejoigne. Si on t’appelle, tu continues d’avancer. Je gère. ___ Vous dites ça à toutes les “fiancées” ? lança Mia, bravache. Cole ne sourit pas, mais son regard se radoucit. ___ Je dis ça à toutes les personnes que je dois faire passer dans une pièce pleine de requins.PVD de Penelope Sterling Le bruit sec de mon réveil me tire d’un sommeil lourd. J’ouvre un œil. La lumière est déjà trop vive derrière les rideaux entrouverts. Mon cœur s’emballe. Je suis en retard.Je me redresse d’un bond, les draps glissent à mes pieds. Je tourne la tête. Riley dort encore. Étendu de tout son long, une main sous l’oreiller, l’autre sur son torse nu. Son souffle régulier me donne envie de m’enfouir à nouveau contre lui. Mais l’horloge, posée sur ma table de chevet, clignote une vérité cruelle : huit heures passées.___ Merde…Je souffle d’effroi et me penche aussitôt vers lui. Je secoue son épaule avec brusquerie.___ Riley ! Réveille-toi !Il ouvre les yeux lentement, papillonne comme si de rien n’était. Un sourire paresseux étire ses lèvres.___ T’es déjà debout ?Je roule des yeux, furieuse.___ Déjà debout ?! On va être en retard !Je bondis hors du lit. Le parquet froid me surprend. J’attrape une chemise, enfile un pantalon à moitié de trave
PVD de Riley Cross Je sens encore le goût de ses lèvres contre les miennes, ce goût mêlé de gin et d’interdit. Et je ne peux pas croire qu’elle m’ait laissé entrer, qu’elle n’ait pas résisté cette fois. Quand je la vois affalée dans ce fauteuil, ses cheveux en désordre, son souffle court, je n’ai qu’une seule envie, c’est de la prendre là, sans attendre, de brûler avec elle dans ce salon où elle n’a jamais voulu de moi.Ses yeux se posent sur moi avec ce mélange de peur et de désir qu’elle essaie de dissimuler. Mais je le lis partout, dans le tremblement de ses doigts, dans la façon dont ses cuisses se croisent nerveusement, dans le rouge qui colore ses joues. Mon ventre se tord d’envie, mon corps tout entier tendu vers le sien.Tout ce que je vois, ce sont ses courbes pleines. Ses hanches qui appellent mes mains, sa poitrine lourde qui se soulève sous son souffle rapide. Ses lèvres charnues qui tremblent encore du baiser que je viens de lui voler. J'ai la certitu
PVD de Penelope Sterling Le bruissement des conversations et le cliquetis des verres continuent de remplir le bar, mais autour de Riley et moi, le monde semble s’être réduit à cet espace étroit, à nos regards, à nos silences qui en disent plus que n’importe quel mot. Je serre encore mon gin tonic, le goût amer piquant ma langue, mais je n’y fais pas attention. Mon esprit est captif de Riley, de ce sourire en coin, de cette lueur dans ses yeux qui semble lire chaque parcelle de moi.___ Alors, tu voulais vraiment me fuir ? demande-t-il, une étincelle de malice dans la voix.___ Je… souffle-je, incapable de trouver le ton exact. J’avais besoin de prendre de la distance. D’éviter de… perdre le contrôle, finis-je par avouer, la gorge serrée.Il incline légèrement la tête, me scrutant, amusé mais sérieux à la fois.___ Tu crois que tu me tiens à distance, mais je vois très bien quand tu es troublée, Penelope.Je détourne le regard, sentant mes joues brûler. Comment po
PVD de Penelope Sterling Le vent du soir me fouette le visage quand je descends de la voiture. Devant moi, l’enseigne lumineuse du bar « The Velvet Room » scintille, promesse d’une parenthèse hors de mes pensées trop encombrées. J’ai presque hésité à venir, mais l’insistance de Katherine et Angela a fini par l’emporter. Peut-être que noyer mes tourments dans quelques verres et rires me fera oublier, au moins pour quelques heures, ce goût qui me hante encore sur mes lèvres.À l’intérieur, l’ambiance est tamisée. Les tables rondes sont éclairées par des lampes dorées qui diffusent une chaleur feutrée. Un parfum de whisky, de parfum musqué et de bois ciré flotte dans l’air. Le brouhaha des conversations s’entremêle aux notes d’un saxophone en arrière-plan. Katherine et Angela agitent la main depuis une banquette de velours bordeaux.___ Penelope ! s’exclame Angela en se levant pour m’embrasser. Enfin, tu es là. On croyait que tu allais te défiler.___ Jamais, dis-je en
PVD de Penelope SterlingJe referme la porte derrière lui, le cliquetis du verrou résonne dans mon appartement silencieux. Mon dos glisse contre le bois encore tiède de son passage. Mon cœur cogne comme un tambour, mes joues brûlent. J’ai l’impression que l’air lui-même me manque, comme si le simple fait d’avoir croisé ses lèvres avait perturbé mon équilibre entier.Je pose une main sur ma poitrine, mes doigts cherchent à calmer ce battement désordonné, en vain.Ce baiser… Mon dieu. Je ne m’y attendais pas. Pas de lui. Pas de moi. Et pourtant, je l’ai laissé faire. Pire encore : je l’ai voulu.Un froissement attire mon attention. Ouzo, fidèle témoin muet de mes déboires, vient se frotter contre mes jambes. Ses yeux dorés m’examinent avec un sérieux presque humain.___ Ne me regarde pas comme ça, murmuré-je en m’agenouillant pour le caresser. Je sais. J’ai fait une bêtise.Il miaule doucement, avant de grimper sur mes genoux. Je le serre contre moi comme un confiden
PVD de Riley CrossLa soirée tombe sur Seattle, les lumières de la ville se reflètent sur les vitres du taxi qui me conduit chez elle. Je relis son message : une adresse dans un quartier calme, résidentiel. À vrai dire, ça ne m'étonne pas beaucoup, venant de Penelope. Quand elle m’ouvre la porte, je comprends tout de suite que je pénètre dans un autre monde. Son appartement est spacieux, ordonné, décoré avec un goût impeccable. Pas un coussin de travers, pas une pile de livres abandonnée au hasard. Chaque détail respire la maîtrise.___ Entrez, dit-elle avec un léger geste.Je retire ma veste, accroche mon appareil photo au dossier d’une chaise, et laisse mon regard courir sur la pièce. Les murs clairs, les lignes sobres, quelques œuvres modernes accrochées ici et là. C’est élégant, mais un peu froid.Un miaulement attire mon attention. Un gros chat gris surgit de nulle part, ses yeux dorés fixés sur moi comme un juge silencieux. Je m’accroupis aussitôt.___ Eh, s