L’air semblait plus lourd quand elle sortit du bureau d’Aiden Kane. Ses talons claquaient sur le marbre froid du couloir, mais elle avait l’impression que chaque pas résonnait dans sa tête. Une fiancée… un an… toutes ses dettes effacées. Elle n’arrivait même pas à mettre ces mots dans le même ordre sans que ça paraisse insensé.
Dans l’ascenseur, ses mains tremblaient. Elle appuya sur le bouton du rez-de-chaussée avec un peu trop de force. Les portes se refermèrent lentement, emprisonnant son reflet dans le miroir poli de la cabine. Elle vit une jeune femme aux yeux écarquillés, le rouge aux lèvres déjà effacé, et un nœud au fond de la gorge. Elle avait envie de rire... ou de pleurer. Peut-être les deux. ___ Ce type est complètement malade… murmura-t-elle. La voix suave et presque glaciale d’Aiden résonnait encore dans ses oreilles : "Un accord mutuellement bénéfique." Mutuellement bénéfique… ou un piège doré ? Dehors, la pluie fine avait laissé l’asphalte luisant. Les taxis jaunes défilaient, klaxons stridents, et l’air était saturé d’odeur de café et d’essence. Elle marcha vite, comme si elle pouvait échapper à cette proposition en s’éloignant de la tour. Une sonnerie retentit. ___ Allô ? lança-t-elle, essoufflée. ___ Alors ?! C’était comment ?! C’était Mia, sa meilleure amie et la responsable involontaire de ce cauchemar. ___ Comment t’as pu m’envoyer là-bas sans prévenir ?! Tu sais ce qu’il m’a proposé ? ___ Bah… un job ? ___ Une demande en mariage. Un silence incrédule, puis un éclat de rire hystérique à l’autre bout du fil. ___ Arrête, je te crois pas. ___ Je suis sérieuse, Mia. Un contrat de un an. Il rembourse tout. ___ … Et c’est quoi le problème ? Alaya s’arrêta net sur le trottoir. ___ Le problème, c’est que c’est Aiden Kane. Tu sais ce qu’on raconte sur lui ? ___ Oui, qu’il est canon et qu’il a plus de zéros sur son compte que je peux compter. ___ Et qu’il est froid, manipulateur, et probablement habitué à contrôler tout le monde. ___ Ça te changerait pas trop de ton ex, non ? lança Mia avec un humour mal placé. Alaya leva les yeux au ciel. ___ Mia… c’est pas un jeu. Si j’accepte, je devrai jouer à la fiancée parfaite devant tout New York. ___ Et si tu refuses, dans combien de temps tu perds ton appart ? Silence. La pluie recommença à tomber, plus fine mais persistante, comme si le ciel lui rappelait sa situation misérable. *** Ce soir-là, assise à sa table bancale, Alaya fixait son carnet de comptes. Chaque ligne était une piqûre de rappel : Loyer en retard : 2 mois. Factures impayées : 3. Prêt bancaire : menaces de poursuites. Elle se frotta les tempes. La pièce sentait l’humidité et le café réchauffé. Dans un coin, un carton rempli d’affaires restait prêt, au cas où elle serait expulsée. Elle repensa à son père, à la manière dont il avait toujours dit : "Ne vends jamais ta liberté." Mais il n’était plus là. Et sa liberté, aujourd’hui, ressemblait surtout à un luxe qu’elle ne pouvait plus se payer. Son téléphone vibra. Un message inconnu : « Vous avez jusqu’à demain midi. A.K.» Elle n’avait même pas donné son numéro à Aiden Kane. Ce type avait ses moyens, et il venait de lui rappeler qu’elle était déjà dans son champ de vision. La nuit fut blanche. Elle se tourna, se retourna, refit le calcul des dettes au moins vingt fois. Par moments, elle se disait qu’elle devrait accepter, encaisser l’argent, et disparaître une fois le contrat terminé. D’autres fois, elle se voyait piégée dans un rôle qui finirait par l’engloutir. À six heures, elle se leva, enfila un pull trop grand et but un café amer. À onze heures cinquante, elle était de retour devant la tour Kane Corporation. L’ascenseur la mena jusqu’au dernier étage. Cette fois, elle n’eut pas besoin que la réceptionniste lui indique la direction. Elle entra dans le bureau. Aiden était debout, mains dans les poches, observant Manhattan par les baies vitrées. Sans se retourner, il dit : ___ Vous avez pris votre décision. Elle inspira profondément. ___ Oui. Il se tourna enfin vers elle. Le coin de sa bouche se releva, comme s’il avait toujours su la réponse. ___ Bienvenue dans notre arrangement, Mademoiselle Brooks.Les discours commencèrent. Whitmore monta sur scène, remercia, plaisanta, évoqua “l’ascenseur social” avec une sincérité étudiée. Aiden fut appelé. Il se leva, lissa son veston, posa brièvement sa main sur l’épaule d’Alaya en passant. Elle sentit, le temps d’une seconde, qu’elle ne flottait plus.___ Mesdames, messieurs, dit Aiden au micro, timbre posé, merci de nous rappeler que le mérite existe, mais qu’il gagne à être aidé. Kane Corp s’engage ce soir sur cinq millions sur trois ans pour étendre le programme. Et, si vous me permettez une note personnelle...Il tourna la tête vers Alaya. Les regards suivirent comme une houle.___ Je suis venu avec ma fiancée, Alaya Brooks. Je suis fier de la présenter à cette salle, et plus encore à la ville que nous aimons.Un bruit de surprise poli retentit. Des applaudissements. Des flashes, encore. Alaya sourit, sans trembler. Le mot “fiancée” bondit, sûr de lui, dans l’air conditionné.À la table, la philanthrope aux diamants souffla :___ Eh bi
La Maybach se glissa jusqu’au trottoir d’un hôtel particulier de l’Upper East Side, façade immaculée, drapeaux lourds, marches blanches. Devant, éclairs de flashes, murmure des journalistes, listes à la main. À l’angle, des silhouettes en smoking filtraient la foule avec des regards entraînés. Cole descendit le premier, balaya la rue, fit un signe bref à Noah et ouvrit la portière.L’air était plus frais. Le parfum des roses et du champagne se mêlait au cuir et à la nuit. Les flashes crépitèrent quand Alaya posa son escarpin sur la marche. Les voix montèrent.___ Aiden ! Aiden est-il fiancé ? ___ Qui est-elle ?___ Le nom, mademoiselle ! ___ Regardez la bague !___...Alaya baissa les yeux une fraction de seconde sur l’anneau. Cole glissa un pas devant elle et ils prirent l’entrée latérale, à l’abri des des paparazzis. Le tapis frappait doucement sous leurs pas. Un maître d’hôtel aux gants ivoire inclina la tête. Une hôtesse avec une oreillette translucide ouvrit une porte sur une a
Elle referma l’écrin d’un claquement discret.___ Ça, ce n’est pas votre problème, n’est-ce pas ?___ Mon problème, c’est l’image de Kane Corp. Ce soir, c’est aussi toi.Le sang lui monta aux joues. Elle se leva, l’écrin dans la main, et s’approcha de la porte.___ Dites-moi au moins à quoi sert ce dîner.___ C'est pour que certains actionnaires cessent de me coller la fille d’un autre au bras. Et à soutenir un programme de bourses pour étudiants. Essentiellement, à me regarder signer un chèque.___ Charmant, lança Alaya.___Tu verras, ils rient tous très poliment, répondit-il d’un ton neutre. Elle s’immobilisa.___ Mets la bague avant d’arriver et relève les cheveux. Ça allonge ta ligne.Le commentaire la piqua autant qu’il la troubla. Elle hocha la tête, sans promesse, et sortit.Cole l’attendait près des ascenseurs privés : quarantaine, épaules larges, oreillette discrète, regard clair qui balayait tout sans jamais s’arrêter vraiment. Il ne sourit pas, mais sa voix était étonnamme
Aiden Kane n’avait pas attendu qu’elle s’installe pour sortir un dossier de cuir noir de son bureau. Il le posa devant elle avec la précision d’un chirurgien qui présente ses instruments.___ Lisez attentivement, dit-il d’un ton calme mais qui sonnait comme un ordre.Alaya s’assit, jeta un coup d’œil au dossier, puis à lui.___ Vous avez préparé un contrat avant même que je dise oui ?Ses yeux gris se posèrent sur elle, impassibles.___ Je n’engage jamais de négociations sans être sûr de mon résultat.Elle déglutit. Il avait donc prévu sa réponse… ou il avait suffisamment confiance en sa capacité à manipuler les circonstances pour l’obtenir.Les premières pages étaient écrites en un jargon juridique qui lui donnait mal à la tête.Clause 1 : Discrétion absolue. Elle leva les yeux.___ Ça veut dire quoi, exactement ?___ Ça veut dire qu’aucune information sur ma vie privée, mes affaires, ou les détails de notre arrangement ne sortira de votre bouche. Ni à votre meilleure amie, ni à vo
L’air semblait plus lourd quand elle sortit du bureau d’Aiden Kane. Ses talons claquaient sur le marbre froid du couloir, mais elle avait l’impression que chaque pas résonnait dans sa tête. Une fiancée… un an… toutes ses dettes effacées. Elle n’arrivait même pas à mettre ces mots dans le même ordre sans que ça paraisse insensé.Dans l’ascenseur, ses mains tremblaient. Elle appuya sur le bouton du rez-de-chaussée avec un peu trop de force. Les portes se refermèrent lentement, emprisonnant son reflet dans le miroir poli de la cabine. Elle vit une jeune femme aux yeux écarquillés, le rouge aux lèvres déjà effacé, et un nœud au fond de la gorge.Elle avait envie de rire... ou de pleurer. Peut-être les deux.___ Ce type est complètement malade… murmura-t-elle.La voix suave et presque glaciale d’Aiden résonnait encore dans ses oreilles : "Un accord mutuellement bénéfique."Mutuellement bénéfique… ou un piège doré ?Dehors, la pluie fine avait laissé l’asphalte luisant. Les taxis jaunes déf
La pluie ruisselait sur les vitres fissurées de l’appartement, dessinant des traînées sombres sur le mur déjà jauni par l’humidité. Assise sur le vieux canapé dont les ressorts grinçaient à chaque mouvement, Alaya fixait la lettre froissée qu’elle tenait entre ses mains."Dernier avertissement avant saisie."Les mots étaient imprimés en rouge, comme pour lui rappeler que même ses dettes avaient le luxe d’être mises en évidence. Elle inspira profondément, lutta contre la boule qui lui serrait la gorge et jeta la lettre sur la table basse encombrée de factures impayées.___ Parfait… juste parfait, murmura-t-elle, la voix cassée.Son téléphone vibra. Un message de sa meilleure amie : « Entretien chez Kane Corporation demain. Va pas me dire non, j’ai envoyé ton CV. »Alaya écarquilla les yeux. Kane Corporation ? La multinationale de luxe et d’investissement qui possédait à elle seule des hôtels cinq étoiles dans plus de trente pays ? C’était aussi l’empire dirigé par Aiden Kane, l’homme q