Chapitre 4 – La première nuit brûlante

LÉANA

La porte se referme derrière moi, et le silence m’accueille comme un souffle chaud.

Le salon est plongé dans une pénombre profonde. Les bougies vacillent, projetant des ombres dansantes sur les murs. Je sens mon cœur battre plus vite, chaque pulsation résonnant dans ma poitrine comme un tambour.

— “Vous êtes prête ?”

Sa voix me traverse, me fait frissonner.

Je hoche la tête. Les mots semblent inutiles ici. La seule conversation possible est celle du corps. Mais je ne peux pas encore le toucher. Pas cette nuit. Le contrat, ces règles mystérieuses qu’il a posées… et pourtant, mon esprit brûle de franchir cette limite.

Je commence à danser. Lentement. Mes gestes s’étirent, se tendent, se plient.

Il y a quelque chose de dangereux dans cette proximité. Je le sens.

Chaque souffle qu’il prend semble répondre au mien.

Chaque mouvement que je fais devient une caresse invisible, un frisson qui circule entre nous.

— “Arrêtez… juste un instant.”

Il murmure, et c’est tout ce qu’il faut pour que mon corps se fige.

Je sens son souffle, sa présence.

Et cette tension… cette attente… me consume autant qu’elle m’excite.

ADRIAN

Elle est là. Chaque pas qu’elle fait est une onde qui me traverse.

Je pourrais tendre la main, sentir son bras effleurer le mien. Mais je ne le fais pas.

Le contrat, la promesse que je me suis faite, me retient.

Pourtant, mon corps brûle de la sentir si proche.

Je perçois son souffle, sa peur, son excitation.

Chaque respiration est un mot, chaque geste une confession.

Je “vois” sa danse mieux que n’importe quel spectateur ne pourrait jamais la voir.

Je sens sa peau, sa chaleur, son désir, même sans la toucher.

— “Ne bougez pas.”

Je murmure, et la tension explose.

Je ne veux pas la contrôler. Je veux juste qu’elle me laisse ressentir, qu’elle me laisse entendre chaque émotion, chaque frisson.

Je suis à la fois captif et libre, perdu et éveillé, tout entier dans cet instant suspendu.

LÉANA

Je ferme les yeux et laisse mon corps parler.

Chaque mouvement devient plus intime, plus audacieux.

Je sens ses réactions, même dans l’obscurité, et cela me rend audacieuse.

Mon esprit lutte entre le désir de m’abandonner et la crainte de franchir la ligne invisible.

Il sait tout de moi sans me toucher.

Et c’est cela qui me brûle le plus : son pouvoir sur moi est total, silencieux, insupportablement délicieux.

Je frissonne encore quand il parle :

— “Vous sentez la chaleur de la pièce ? Ou est-ce moi que vous sentez ?”

Je reste figée. Il ne plaisante pas. Ses mots sont précis, calculés, et chaque syllabe est une caresse mentale.

Je voudrais m’élancer vers lui, effleurer sa main, sentir son corps. Mais je reste immobile. La règle nous protège autant qu’elle nous torture.

ADRIAN

Je l’entends. Je sens ses mouvements, chaque nuance.

Elle est une flamme que je ne peux approcher.

Je perçois son désir, sa lutte, et cela me consume autant qu’elle.

Je pourrais la prendre dans mes bras, sentir la chaleur de sa peau contre la mienne. Mais je ne le fais pas. Pas encore.

Chaque seconde où elle danse, où elle se tend, où elle se fige… chaque respiration est un trésor.

— “Encore une fois… mais plus lentement.”

Ma voix tremble malgré moi.

Je veux qu’elle reste là, suspendue entre le désir et l’interdit, que chaque mouvement devienne une confession silencieuse.

Et quand elle s’arrête enfin, le silence est presque insupportable.

Je perçois son souffle court. Je perçois son corps, tout entier.

Et je sais que nous ne sommes plus simplement danseur et spectateur.

Nous sommes deux âmes suspendues, brûlantes, à la limite du contrôle.

LÉANA

Quand je quitte la pièce, mes jambes tremblent et mes mains sont moites.

Le métronome qu’il m’a donné vibre dans ma poche. Chaque tic-tac est un rappel du rythme de notre lien.

Je sais que demain, je reviendrai.

Et que chaque nuit sera plus brûlante que la précédente.

Je ne sais pas ce qu’il voit ou ce qu’il ressent.

Mais je sais ce que je ressens : un feu, une tension, une fascination que rien ni personne n’a jamais provoquée.

Et je brûle d’envie d’en savoir plus, de sentir plus, de vivre ce silence qui parle plus que tous les mots.