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Chapitre 7 — L’Art de Détruire Sans Crier

Author: Eternel
last update Huling Na-update: 2025-09-22 21:07:39

— Bonjour.

Un seul mot, sec, tranchant. Dans sa bouche, ce simple « bonjour » résonne comme une lame froide qui effleure la gorge, prête à entailler au moindre faux pas. Le genre de mot qui semble vouloir déchirer le voile fragile derrière lequel je me cache.

Je ne réponds pas tout de suite. Pas par défi. Pas par fierté. Mais parce que ma voix est étranglée, coincée quelque part entre ma cage thoracique et mes dents serrées. J’inspire lentement, le souffle court, cherchant à dompter ce tumulte qui gronde en moi. L’air est plus lourd, plus dense, chargé de menace muette.

Un hochement de tête, rien de plus. Je n’ose pas faire plus.

Raphaël me fixe intensément. Son regard est une morsure glaciale. Puis il fait glisser la tablette devant lui, sur la table, d’un geste fluide, précis, presque mécanique. Il tapote l’écran sans jamais me quitter des yeux. Ce geste semble inscrit dans sa nature, une habitude taillée dans l’acier, sans place pour l’erreur ou l’imprévu. Jamais je ne l’ai vu faire un geste inutile. Pas un froncement de sourcil, pas un battement de cil qui trahisse la moindre hésitation. Il est… chirurgical.

— Merci d’être venue, dit-il calmement.

Je déglutis. Puis cette fois, c’est moi qui parle.

— Ai-je vraiment eu le choix ?

Un sourire minuscule se dessine au coin de ses lèvres. Un sourire qui n’a rien de chaleureux, plutôt la promesse d’un venin qu’il s’apprête à injecter.

— Vous avez toujours le choix, affirme-t-il. Ce sont les conséquences qui varient.

Il lève les yeux vers moi. Là commence le véritable jeu. Le piège silencieux. La danse macabre dont il est le maître absolu. J’y suis entrée en pensant pouvoir tenir le rythme, imposer mes pas. Mais lui, il ne danse pas. Il commande. Il mène. Et moi, je suis l’ombre qui suit.

— Si vous m’avez convoquée pour parler en énigmes, lui dis-je sèchement, je vous fais gagner du temps : je ne suis pas douée à ce jeu-là.

Un silence. Puis, d’une voix posée, presque trop calme :

— Très bien. Parlons sans détours.

Il dépose la tablette. Croise les mains devant lui, la posture parfaite d’un homme qui sait qu’il tient la partie. Son regard se plante dans le mien, lourd, implacable. Il ne cligne pas. Il attend que ce soit moi.

— Vous êtes intelligente. Intuitive. Discrète. On vous écoute plus qu’on ne vous voit. C’est rare. Et utile.

— Utile à quoi ? je réplique, la voix tremblante malgré moi.

— Utile pour ce que j’ai en tête.

Un éclair de colère déferle en moi, rugissant, prêt à éclater. Mes tempes battent à tout rompre, mes doigts se serrent en poings. Je ne peux pas me taire.

— J’aimerais savoir ce que j’ai signé exactement. Parce que je ne me souviens pas avoir accepté de me vendre corps et âme.

Il ne bouge pas. Ne hausse pas le ton. Ne fronce même pas les sourcils. Il incline juste légèrement la tête, comme s’il contemplait une aberration.

— Vous confondez votre perception avec la réalité.

Je réplique aussitôt :

— Et vous, vous confondez contrôle et soumission.

Il rit, un son bref, dénué de toute chaleur. Un rire qui glace les os.

— Vous avez du répondant. C’est bien. Mais ce n’est pas ce qui vous sauvera ici. Vous pensez qu’il s’agit d’un combat. Ce n’en est pas un.

— Vraiment ? je rétorque, le souffle court.

— Non. C’est une construction. Une machinerie bien huilée. Soit vous en faites partie, soit vous êtes un obstacle à éliminer.

Mon corps tout entier se tend. Je me lève brusquement, presque sans réfléchir, consciente pourtant que c’est une folie. Le cuir de la chaise grince sous mes jambes. La table entre nous semble une frontière fragile, une ligne de sécurité illusoire. Lui, immobile.

— Pourquoi moi ? je demande, la voix tremblante de défi. Il y a des centaines de personnes mieux placées, mieux formées. Moins… réticentes.

Il s’appuie doucement en arrière, croise une jambe sur l’autre. Sa voix devient presque douce, hypnotique.

— Parce qu’aucune d’entre elles ne se méfie autant que vous. Et c’est précisément ce qui vous rend précieuse.

Je reste debout, mon cœur tambourinant dans ma poitrine. Il le voit. Je le sens. Et ça l’amuse.

— Je ne veux pas de votre offre, dis-je avec force. Je ne veux pas entrer dans votre système, ni jouer à vos jeux. Je veux juste qu’on me laisse tranquille.

Son silence est long, pesant. Mes bras tremblent malgré moi, mais je refuse de le montrer. Je me force à respirer lentement, calmement, par le nez. Puis, lentement, il se lève aussi. Pas plus grand que moi, mais sa simple présence emplit la pièce. Il a cette manière de prendre l’espace, de le redessiner autour de lui.

— Vous croyez que votre volonté est un argument. Ce n’est pas le cas. Ce n’est même pas un facteur.

Je recule instinctivement d’un pas.

— Si vous voulez me menacer, allez-y. Mais ne cachez pas vos menaces sous des jolis mots.

Il s’approche, juste assez pour que je sente son souffle, trop près pour que je puisse fuir.

— Ce n’est pas une menace, dit-il doucement. C’est une certitude. Vous êtes déjà impliquée. Vous ne pouvez plus reculer. Vous avez vu ce qu’il ne fallait pas voir. Compris ce que d’autres n’ont jamais deviné. Vous êtes dans l’engrenage. Vous pouvez nier, lutter, crier, pleurer. Mais vous êtes là. Et moi aussi.

Il s’interrompt. Son regard cherche le mien. Il s’incline légèrement en avant, sa voix devient un murmure chargé de menace.

— Vous êtes brillante. C’est ce qui me rend patient.

Je le fixe, muette. J’aimerais déverser une insulte, un adieu tranchant, un refus définitif. Mais aucun mot ne franchit mes lèvres.

Il recule. La distance revient, mais la tension ne diminue pas.

— Vous avez une semaine. Pour réfléchir. Pour choisir comment vous voulez vous intégrer. Ce n’est pas une offre. C’est un calendrier.

Il se dirige vers la porte. Chaque pas résonne dans la pièce comme un glas funèbre. Avant de disparaître, il s’arrête, se retourne vers moi.

— Et si vous envisagez de fuir… pensez aux gens que vous aimez. C’est souvent par là qu’on commence à rappeler les fuyards.

Puis il s’efface derrière la porte qui se referme dans un claquement sec.

Je reste là, seule dans cette pièce sans fenêtres, prise au piège par des murs invisibles.

Piégée.

Le silence m’écrase. Je ferme les yeux, lutte contre l’envie de hurler. La vérité est là, impitoyable : j’ai déjà perdu.

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