Tourbillonnante, emportée, guidée par cette musique qui pulse dans mes veines, j’oublie le monde. Je me laisse happer par le rythme, par les lumières vives, par l’ivresse douce de l’instant. Le cœur léger, l’âme en suspension.
Mais le monde, lui, n’oublie jamais. Il revient toujours. Il se faufile entre deux notes, glisse entre deux battements, et me rattrape sans prévenir.
Ma peau luit sous l’effort. La fatigue, légère au début, s’insinue lentement. Le tempo ralentit. Une mélodie plus douce, presque timide, s’élève dans la salle. Un slow. Une accalmie. L’occasion de reprendre son souffle, de calmer le tumulte.
J’aperçois un siège vide à côté de Raph. Je m’y laisse tomber, le souffle court, attrapant un verre d’eau que je sirote à petites gorgées. Nos voix
Sur le chemin de la maison, assise à côté de Gabriel, une tempête d’émotions m’envahit. Un mélange d’excitation et d’appréhension fait vibrer chaque fibre de mon être. Le silence entre nous est lourd, presque palpable. Quand je tente de parler, ma voix tremble, et mes lèvres, comme animées d’une vie propre, semblent impatientes de se poser sur les siennes. Nos regards se croisent furtivement, et dans ses yeux sombres, je lis une promesse silencieuse qui fait battre mon cœur plus fort.En poussant la porte de la maison, l’air familier m’enveloppe, tiède, empreint de cette odeur discrète de jasmin qui flotte toujours dans l’entrée. Mes pas résonnent doucement sur le parquet tandis que nous nous dirigeons vers ma chambre. Je retire mes chaussures, le cœur cognant dans ma poitrine, chaque seconde amplifiant cette tension délicieuse. Gabriel est juste derrière moi, sa présence presque tangible, comme une ombre chaude qui me suit de près. Je sens son souffle, léger, dans l’air.— Entre, dis
Je me réveille avec cette même sensation de vide, collée à moi comme une ombre. Elle n’a pas disparu pendant la nuit. Mes mains cherchent machinalement mon téléphone sur la table de chevet. L’écran s’allume : aucune notification. Pas de réponse de Gabriel. La déception me serre la poitrine, un nœud froid qui refuse de se défaire. Je souffle, lasse, et me prépare sans énergie, traînant ma morosité jusque dans la rue.Dans le bus, la tête appuyée contre la vitre froide, mes pensées tournent en rond. Et puis, une idée s’impose, douce et lumineuse : je le verrai aujourd’hui. Cette simple perspective suffit à chasser un peu la grisaille. Un sourire discret s’étire sur mes lèvres, presque malgré moi.En descendant, je l’aperçois au loin. Cette silhouette familière. Je sens mon cœur accélérer. Sans réfléchir, j’accélère le pas, puis me mets à courir pour le rattraper.— Salut, dis-je, essoufflée, mais le sourire accroché.— Salut toi, répond-il avec ce sourire irrésistible, celui qui semble
Je marche tête baissée vers la maison, un soupir m’échappe.Je sens mon téléphone vibrer. Une vague d’excitation me traverse : et si c’était lui ? Je me précipite presque pour fouiller dans mon sac… mais l’enthousiasme retombe aussitôt. Je fixe attentivement l’écran : numéro inconnu. J’hésite, et la sonnerie s’arrête.Qui ça peut bien être ?Je m’apprête à rappeler quand le téléphone se remet à sonner. Cette fois, je décroche. Une voix stridente fuse à l’autre bout du fil :— Tu ferais mieux de lâcher prise. Il est à moi.Mon cœur rate un battement. … Qui est-ce ?— Tu m’entends ? poursuit-elle. Je sais que tu m’entends. Antoine est à moi, on est ensemble.Je reste muette, abasourdie. Et puis, soudain, je comprends. C’est elle. Isabelle.Elle enchaîne, sans me laisser le temps de reprendre mes esprits :— Arrête de t’accrocher à lui, c’est pathétique. Tu te ridiculises à courir après un homme qui ne veut plus de toi. Il est à moi maintenant, et crois-moi, il ne parle même plus de toi.
Durant le cours, mon téléphone vibre discrètement. Je baisse les yeux vers l’écran : un message de Gabriel.« Vous avez discuté de quoi, Éric et toi ? »Je fronce les sourcils. Je ne suis pas certaine de comprendre où il veut en venir. J’écris rapidement :« Bah… un peu de tout. Qu’est-ce que tu veux savoir exactement ? »Sa réponse ne tarde pas :« On en reparle ce soir. Je te raccompagne ? »Un frisson me parcourt, mais je décide de jouer les difficiles :« Tu ne rentres pas avec ta petite amie ? »Presque aussitôt, il réplique :« Bien sûr que si, toi. »Je reste figée. Je suis sa petite amie ? Je n’ai jamais mis de mot sur notre relation. On est ensemble, comme l’a dit Éric plus tôt, mais l’entendre confirmé — même à demi-mot — me fait battre le cœur un peu plus vite. L’idée me plaît tellement que, l’espace d’un instant, je m’imagine l’épouser un jour. Cette vision me tire un sourire involontaire… avant que je me reprenne. On en est encore loin.Un autre message s’affiche :« Je t
Le lendemain, je marche d’un pas tranquille sur le chemin de la fac quand je croise Éric. Il me rejoint avec son sourire habituel, et on discute de tout et de rien. La légèreté de ses blagues me fait du bien, comme une bouffée d’air frais après des journées trop lourdes.Puis, au détour d’un virage, nos regards se figent sur la même scène : Gabriel et Elena, marchant côte à côte, un peu plus loin devant nous. Je ralentis. Une sensation étrange m’envahit, entre gêne et dépit. Je devrais m’y habituer, pourtant… mais non. À chaque fois, c’est comme une claque.— On les dépasse furtivement et rapidement, et comme ça tu ne les vois plus, chuchote Éric avec un sourire complice.Je ris un peu malgré moi.— Tu ne vas pas les saluer ? je poursuis.— Non. J&
Une nouvelle semaine commence.J’ai vécu une véritable montagne russe émotionnelle ces dernières semaines, entre joies et peines, entre douleurs et bonheurs mêlés. J’espère que les jours à venir seront plus stables… J’ai besoin de me recentrer, de respirer, et surtout, de me concentrer sur mes études.Ce matin, M. Herman nous annonce une nouvelle qui fait l’effet d’un vent frais sur nos esprits fatigués : nous partirons en voyage d’étude dans deux mois, le long de la côte Est. Nous visiterons des parcs naturels, des exploitations agricoles, des forêts denses. Rien que d’y penser, j’ai hâte. Mais surtout, j’y passerai cinq jours avec Gabriel.Cette pensée m’arrache un sourire un peu niais. Un sourire idiot, de ceux qui s’échappent quand ton cœur oublie que le monde peut être cruel. C’est idiot, mais mon monde tourne autour de lui maintenant. Et aussi dangereux que cela puisse être, ça me va.Anouka, elle, fait toujours un peu la tête.Elle a vu Gabriel discuter avec Elena ce matin. Moi