Je me rends compte que ma respiration est trop rapide, que mes mains tremblent légèrement. C’est absurde. Comment un simple regard peut-il me déstabiliser autant ? Je dois retrouver mon calme. Je suis Lyana, après tout. Une hacker de génie, une stratège sans égale. Je me suis toujours cachée derrière cet écran, ce clavier, ces lignes de code qui me protègent. Ce monde de pixels, de chiffres et de lettres était mon refuge. Le monde réel ? Il est bien plus dangereux.
Je me force à reprendre le contrôle, mes yeux ne quittant pas Elias, qui, lui, semble totalement à l’aise dans cette confrontation. Il se penche légèrement en arrière, croisant les bras avec un sourire presque satisfait. Il a eu ce qu’il voulait. Il m’a fait céder, même un instant. C’est tout ce dont il avait besoin. Mais je ne peux pas lui offrir plus. Pas maintenant. "Tu n'es pas comme les autres, Lyana," répète-t-il d’une voix calme, mais ses mots sont emplis d’une étrange profondeur, comme s’il voyait des choses que personne d’autre ne pouvait comprendre. "C’est ce qui te rend intéressante." Je serre les dents. Son compliment n’est pas un véritable compliment. C’est une observation. Il m’étudie, scrutant chaque mouvement, chaque mot, chaque frémissement de mes pensées. Il cherche des failles. Je n’aime pas ça. Il avance d’un pas, cette fois, brisant encore un peu plus l’espace entre nous. Je sens le froid de son regard se poser sur moi, comme une étreinte invisible. "Tu vois, Lyana, ce que tu essaies de me cacher… je le vois clairement." Son ton est presque… taquin. Il prend un plaisir étrange à me mettre dans cette position, à savoir que, malgré tout, je lui laisse une part de contrôle. "Tu n’as pas l’air d’une geek, tu sais. Pas avec ce regard-là." Mon estomac se serre, et je me force à ne rien laisser paraître. Mais il a raison. Ce regard, il le connaît trop bien. Il voit à travers moi. Ce regard qui me trahit. Ce regard qui ne peut pas s’empêcher de scruter l’intensité qui couve en moi, cette rage enfouie, ce désir secret de tout détruire. Détruire quoi, exactement ? J’ignore si c’est la situation dans laquelle je me trouve ou l’effet qu’il a sur moi, mais quelque chose en moi, un désir incontrôlable, commence à naître. Peut-être que je suis fatiguée de toujours contrôler, de tout garder pour moi. Peut-être que je suis juste fatiguée de ce masque que je porte. "Tu m’énerves." La voix qui sort de ma bouche m’étonne moi-même, dure, froide, presque menaçante. Mais il sourit comme s’il en attendait une telle réponse. Un défi. "Ah, voilà," dit-il, son regard brillant d’amusement. "Je me demandais quand tu allais craquer." Ses yeux brillent d’un éclat presque… satisfait. "Tu me donnes du fil à retordre. J'aime ça." Je suis sur le point de répliquer, de lui répondre quelque chose de cinglant, mais il m’interrompt avant que je puisse dire quoi que ce soit. "Tu sais, Lyana," dit-il soudainement, d’un ton plus grave. "Tu ne comprends pas encore ce qui est en jeu, mais tu le feras bientôt." Je le regarde, intriguée malgré moi. Il a toujours cette façon de jouer avec les mots, de dire juste ce qu’il faut pour m’ébranler, me pousser à le suivre. Il veut que je cède, que je me laisse emporter dans ce jeu dangereux qu’il crée entre nous. "Et pourquoi tu veux que je comprenne ?" je lui lance, le défi dans la voix. "Tu veux que je sois ton projet, c’est ça ?" Elias se rapproche encore un peu. Ses pas sont mesurés, comme s’il savourait chaque seconde où il prend de l’avance dans cette bataille mentale. Il n’a même pas l’air de se presser, comme si le temps était de son côté. "Je n'ai jamais dit ça, Lyana," murmure-t-il. "Ce n’est pas un projet. C’est juste… une question de timing." Il me fixe, les yeux devenus étrangement intenses. "Et toi, tu as l’air prête à tout sacrifier pour ce que tu veux. C’est ce qui m'attire chez toi." Je suis à la fois déstabilisée et… flattée. C’est ça qui est étrange chez lui. Il joue sur mes faiblesses et mes forces en même temps, il m’attire et me repousse. C’est un jeu de pouvoir, et je suis une participante malgré moi. Mais je refuse de lui montrer à quel point il m’a atteinte. Je me redresse, décidée à garder la tête haute. "Je ne suis personne à contrôler, Elias. Et je ne vais pas te laisser jouer avec moi." Il éclate de rire, un rire léger, presque amusé. "Tu n’as pas encore vu tout ce que tu es capable de faire quand tu cesses de t’opposer à tout." Je fronce les sourcils. Ses paroles résonnent dans ma tête, un écho silencieux. Il dit cela comme si je n’étais qu’au début de quelque chose. De quoi, exactement ? Avant que je puisse réagir, il s’éloigne, me laissant là, seule, avec mes pensées tourbillonnantes. Mais son regard reste gravé dans ma mémoire. Et quelque chose me dit qu’il a raison, qu’il a vu quelque chose en moi que moi-même je ne comprends pas encore.Je restai seule dans la cuisine, fixant ma tasse de café à moitié vide. Les mots d’Elias résonnaient encore en moi."Moi, je ne compte pas reculer."Pourquoi fallait-il que ce soit lui ? Pourquoi fallait-il que ce soit cet homme, celui que j’étais censée surveiller, analyser, dénoncer si nécessaire ?Mais maintenant… maintenant que je savais, que j’avais découvert la vérité sur lui, je ne pouvais plus simplement l’effacer de mon esprit comme une mission à accomplir.Je passai une main tremblante sur mon visage.Elias n’était pas celui que je pensais.Je l’avais jugé, traqué, persuadée qu’il représentait une menace. Mais la vérité m’avait frappée comme un coup de poignard : il cachait quelque chose, c’était indéniable, mais pas ce que mes supérieurs croyaient. Et moi, j’étais coincée entre ma conscience et mes ordres.Si je parlais, je le condamnais.Si je gardais le silence, je devenais complice.Mon regard dériva à travers la pièce. La maison elle-même semblait être une énigme. Je ne
Le silence entre nous était chargé de tension. Allongée sur le lit, je sentais encore la chaleur de ses mains sur ma peau. Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression qu’il résonnait dans toute la pièce. Elias, lui, était appuyé contre le dossier du lit, torse nu, un sourire en coin.— Pourquoi tu te caches ? C’est toi qui le voulais, je te rappelle, dit-il en me fixant intensément.Je serai les draps autour de moi, cherchant une échappatoire. Les souvenirs revenaient par vagues : nos baisers brûlants, ses mains glissant sur mon corps, nos souffles saccadés se mêlant dans l’obscurité… et cette façon dont il me regardait, comme si j’étais la seule personne au monde.— Je… Je ne sais pas, murmurai-je, détournant le regard.Elias se rapprocha légèrement, effleurant mon bras du bout des doigts, provoquant un frisson incontrôlable.— Regarde-moi, Lya.Sa voix était grave, presque un ordre. Je relevai lentement la tête et croisai son regard sombre et perçant.— Tu regrettes ? demanda-
Je n'avais aucune idée de ce que Elias préparait, mais mon instinct me disait que c'était loin d'être ordinaire. Il me regardait avec cette lueur énigmatique dans les yeux, comme s'il savait exactement ce qui allait se passer et que moi, j’étais juste une spectatrice de sa pièce maîtresse.Je n'avais pas le temps de poser de questions. Il me donna un petit sourire taquin, un sourire qui me rendait nerveuse, mais qui faisait aussi frissonner mon corps tout entier. Ses yeux étaient durs, mais aussi remplis d’un désir étrange, un mélange de contrôle et de plaisir à me voir incertaine.— Vas vite te changer, il est temps. Sa voix rauque m’envoya une décharge dans le dos.Je n'avais pas vraiment le choix. Je partis rapidement me changer, mes pensées se bousculant dans ma tête. Pourquoi m’avait-il fait venir ici ? Et cette urgence dans ses gestes… Pourquoi une surprise ? J'étais prise entre la curiosité et la méfiance, une tension sourde se tissant entre mes membres.---Une fois prête, je
Le lendemain matin, je me levai avec l’impression que la journée allait être longue. Elias m’évitait depuis la veille, et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi. Il me laissait effectuer des tâches insignifiantes, des tâches qui semblaient avoir pour seul but de m’épuiser mentalement et physiquement.Je n’étais pas du genre à me laisser faire, mais sa présence silencieuse et sa manière de me pousser dans mes retranchements me dérangeaient. Le tout était lourd, pesant, comme si un secret invisible planait dans l’air.Mais ce n’était rien comparé à ce qui allait se produire.---Gab et les Regrets CachésAlors que je rentrais chez moi ce soir-là, je fus accueillie par la vision de Gab, en pleine confrontation. Elle se tenait là, devant l'entrée, ses yeux braqués sur moi avec une intensité glaciale.Elle me dévisageait.Avant que je n’aie eu le temps de réagir, elle se contenta de me dépasser, sa démarche imposante et arrogante, comme un prédateur traçant sa route. Je n’avais pas l’inte
L’enregistrement que j’avais récupéré m’obsédait encore.Elias avait un frère.Un frère dont il n’y avait aucune trace dans les dossiers officiels.Pourquoi ?Je connaissais ses antécédents, j’avais fouillé dans chaque recoin de sa vie, chaque transaction, chaque contact.Et pourtant, ce détail-là m’avait échappé.Impossible.Quelque chose m’échappait, et je comptais bien le découvrir.---L’interruption d’EliasLa fin de la journée arriva enfin, et j’étais plus qu’heureuse de m’échapper de cet enfer.Mais évidemment, Elias n’allait pas me laisser tranquille.Mon téléphone vibra.— Rendez-vous dans mon bureau.Je levai les yeux au ciel, soufflant d’exaspération.— Sérieusement…À contrecœur, je fis demi-tour et poussai la porte de son bureau.Il était adossé à son bureau, un sourire en coin sur les lèvres.— J’ai une réunion d’affaires urgente. Va me chercher mon costard.Quoi ?!Je le fixai, choquée.— Je ne suis pas ta boniche ou quoi ?!Son sourire s’élargit.— Tu es mon assistante
La matinée avait commencé sous le signe de la provocation, mais je ne m’attendais pas à ce qu’Elias me fasse payer mon retard avec autant de zèle.Il avait agi comme s’il ne savait pas de quoi j’étais capable, comme si j’étais une simple employée à qui il pouvait donner les tâches les plus ingrates.— Tu vas analyser ces logs et me faire un rapport détaillé sur chaque anomalie.Il m’avait balancé une pile de documents sur mon bureau avec un regard indifférent.— C’est une blague ? avais-je répliqué en croisant les bras.— Non. Et je veux ça sur mon bureau avant la fin de la journée.J’avais serré les dents, retenant l’envie de lui balancer un écran à la figure.Il voulait me fatiguer ? Me tester ? Très bien. J’allais jouer le jeu.---Une avalanche de travailJe passai la matinée à décortiquer des fichiers inutiles, à analyser des lignes de code sans aucun intérêt.Il savait que c’était une perte de temps.Il voulait voir jusqu’où j’étais prête à aller avant d’exploser.Il sous-estima