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Author: RS WILD
last update Last Updated: 2025-04-10 23:48:40

– Tu préviens tes parents ou j’appelle ton père pour m’inviter ? lança Jonathan depuis le seuil, sa voix joyeuse perçant le silence oppressant, presque criarde dans son assurance insolente.

– Va chier ! répliqua-t-elle sèchement, les mots jaillissant de sa gorge comme un venin, sans même se retourner. Des larmes brûlantes commencèrent à couler sur ses joues, traçant des sillons chauds dans la peau gelée de son visage. Elle accéléra le pas, trébuchant presque, ses mains tremblantes cherchant à tâtons la poignée de sa petite Twingo bleue. Elle se glissa à l’intérieur en claquant la porte derrière elle, verrouillant immédiatement les portières comme pour ériger une barrière entre elle et le monde extérieur. Elle était terriblement en retard, et cette pensée tournait en boucle dans son esprit, amplifiant son désespoir. Épuisée, elle se laissa tomber contre le volant, son front appuyé sur le plastique froid, son visage noyé dans un flot de larmes qu’elle ne pouvait plus retenir.

Elle se sentait coincée dans une impasse, un piège invisible qui se resserrait autour d’elle. Jonathan était avocat, comme ses parents, et cette pensée la terrifiait. Il connaissait les lois, les subtilités juridiques qu’elle ignorait totalement, et elle imaginait déjà le pouvoir qu’il pouvait exercer sur elle, sur sa vie. Si ce contrat absurde était réel, si elle ne trouvait pas une issue, ses parents risquaient de devoir payer pour sa négligence, pour sa stupidité. Elle ne pouvait pas leur infliger ça, pas après tout ce qu’ils avaient fait pour elle. Si seulement elle avait pris le temps de lire les clauses, si seulement elle avait écouté cette petite voix qui lui hurlait de se méfier… Elle n’en serait pas là, à trembler dans sa voiture, prisonnière d’un cauchemar qu’elle avait elle-même signé.

Elle resta de longues minutes immobile, ses doigts crispés autour du volant jusqu’à en blanchir les jointures, le métal froid mordant sa peau. Le silence l’enveloppait, lourd et oppressant, presque palpable, seulement troublé par le doux murmure des flocons qui s’écrasaient contre les vitres, un rythme hypnotique qui contrastait avec le chaos de ses pensées. Elles tournaient en boucle, une spirale infernale qu’elle n’arrivait pas à briser. Pourquoi elle ? Pourquoi avait-elle été choisie pour porter ce fardeau ? Pourquoi avait-elle signé ce contrat, ce pacte maudit qui la liait à cet homme qu’elle haïssait ? Les mots de Jonathan résonnaient encore dans sa tête, leur cruauté s’entremêlant à sa confusion grandissante, comme des aiguilles s’enfonçant dans son esprit déjà à vif. Pourquoi elle ? Un sentiment d’injustice bouillonnait en elle, mêlé de honte et de rage, mais plus que tout, elle se sentait captive, enchaînée à une décision qu’elle avait prise sans réfléchir, sans mesurer les conséquences. Elle n’avait jamais imaginé que cela tournerait ainsi, que sa vie basculerait dans un tel abîme de désespoir.

Finalement, elle tourna la clé dans le contact, le moteur toussotant avant de démarrer dans un grondement hésitant. Elle prit la route, les mains tremblantes sur le volant, déjà en retard pour son stage. La neige tombait de plus en plus fort, recouvrant le pare-brise d’une couche épaisse qu’elle balayait frénétiquement avec les essuie-glaces. Coincée entre les obligations imposées par le notaire et ce temps impitoyable, rien ne se passait comme prévu. Lorsqu’elle arriva enfin au bureau, elle fut accueillie par le regard glacial de son chef de stage, un homme qui semblait prendre un plaisir pervers à la détester. Il ne manqua pas l’occasion de la réprimander, sa voix tranchante claquant dans l’air comme un fouet, menaçant de la renvoyer pour ce retard qu’elle ne pouvait justifier. Chaque reproche, chaque mot dur s’abattait sur elle comme une pluie de coups, ravivant la colère qui couvait dans sa poitrine. Elle sentit une chaleur monter en elle, une envie irrépressible de hurler, de lui jeter au visage tout ce qu’elle retenait depuis des heures. Mais elle se força à se taire, ravalant les mots acerbes qui lui brûlaient les lèvres, ses poings serrés si fort qu’elle en tremblait. Elle baissa les yeux, vaincue, laissant la tempête intérieure rugir en silence.

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