3: UNE ERREUR
LE POINT DE VUE DE MAYA
Les jours avaient passé, mais la douleur, elle, restait là. Tapie au fond de ma poitrine, lourde et oppressante, comme un poids que je n’arrivais pas à soulever.
Chaque matin, je me réveillais avec cette sensation de vide, ce trou béant dans mon cœur. La nuit, je luttais contre les souvenirs qui me hantaient, contre l’image d’Ethan et cette femme sous la douche. Même quand je fermais les yeux, tout me revenait en boucle.
Mais ce soir-là, allongée sur mon lit, fixant le plafond d’un regard perdu, quelque chose en moi changea.
J’en avais marre de souffrir.
Marre de pleurer pour un homme qui ne m’avait pas respectée.
Marre de laisser cette douleur m’enchaîner et m’empêcher d’avancer.
Je pris une profonde inspiration et me redressai. Pour la première fois depuis des jours, je ne me laissai pas tomber en arrière pour m’enfermer dans mon chagrin. Non. Cette fois, je me levai.
Je me dirigeai vers le miroir accroché au mur et m’observai.
Mon reflet me renvoya l’image d’une femme fatiguée, les yeux cernés, le visage marqué par la tristesse. Ce n’était pas moi. Pas la Maya forte, celle qui s’était toujours battue pour sa famille, pour Lina, pour elle-même.
J’étais l’aînée, et depuis toujours, j’avais porté le poids des responsabilités sur mes épaules.
Maman et papa vivaient loin, dans le village où nous avions grandi. Ils n’avaient jamais eu les moyens de nous offrir une vie confortable en ville, alors quand Lina avait voulu entrer à l’université, j’avais pris les choses en main.
J’avais trouvé un travail comme assistante dans un petit bureau, pas très loin d’ici. Le salaire n’était pas énorme, mais il nous permettait de payer le loyer, la nourriture, et une partie des frais de Lina pour ses études. Ce n’était pas facile. Parfois, on devait sauter des repas, faire des sacrifices, mais on tenait bon.
J’avais tout donné pour que Lina puisse réaliser ses rêves.
Et pendant tout ce temps, j’avais cru qu’Ethan était mon refuge. Mon équilibre. Celui avec qui, malgré toutes les difficultés, je pouvais être heureuse.
Mais je m’étais trompée.
Je ne pouvais plus continuer comme ça. Je ne pouvais plus me permettre d’être faible. Lina comptait sur moi. Moi, je devais compter sur moi-même.
Je passai une main sur mon visage, essuyant les larmes qui menaçaient de couler. Non. Ce soir, je ne pleurerai pas.
Je pris une grande inspiration et ouvris mon armoire. J’en sortis un jean, un t-shirt propre et me changeai. Ensuite, je me dirigeai vers la salle de bain et me regardai à nouveau dans le miroir.
J’avais besoin de voir une autre version de moi. Pas la femme brisée, mais celle qui se relève.J’attachai mes cheveux en une queue de cheval haute, me lavai le visage et inspirai profondément. C’était décidé. À partir de maintenant, je reprends ma vie en main.
Ethan ne méritait plus une seule larme. Je ne vivrais plus pour un homme qui ne m’a jamais vraiment aimée. Je vivrais pour moi.
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Les jours passaient, et je restais fidèle à ma décision. Je voulais me relever.
Je m’étais promis de ne plus pleurer pour Ethan, alors j’avais enfoui ma douleur sous une nouvelle routine. Je travaillais plus, je rentrais tard, j’évitais de trop penser.
Mais malgré tout, l’argent manquait toujours.
Le salaire que je gagnais comme assistante ne suffisait pas. Lina avait encore des frais pour l’université, le loyer était une charge lourde, et les factures ne cessaient de s’accumuler.
C’est là qu’ils sont venus me voir.
Tout a commencé un soir, au bureau. J’étais restée tard pour finir des dossiers quand mon patron, Monsieur Vargas, un homme aux allures respectables mais dont les affaires étaient troubles, est entré dans mon espace de travail.
— Maya, j’ai une proposition pour toi.
J’ai levé la tête, intriguée.
— Quel genre de proposition ?
Il a souri, s’asseyant sur le coin de mon bureau.
— Je sais que tu galères financièrement. Que tu prends soin de ta sœur toute seule. Je peux t’aider.
Mon cœur s’est serré. Comment savait-il tout ça ? Depuis combien de temps m’observait-il ?
— Aider comment ? ai-je demandé d’une voix prudente.
Il a sorti une enveloppe épaisse et l’a posée devant moi.
— Un petit travail en plus. Simple. Tu continues de faire ce que tu fais ici, mais parfois, tu fais passer des transactions. Des paiements en liquide que tu ne notes pas dans les registres officiels. Des documents que tu classes sans poser de questions.
J’ai senti mon estomac se nouer.
— C’est illégal, n’est-ce pas ?
Il a ri légèrement, haussant les épaules.
— C’est juste du business, Maya. Des gens riches qui veulent que leur argent passe inaperçu. Tu ne fais que du papier, tu ne touches même pas à l’argent directement. Et en échange… tu reçois des primes généreuses.
Il a poussé l’enveloppe vers moi.
— Ceci, c’est juste une avance.
J’ai regardé l’enveloppe, hésitante. Il y avait sûrement plusieurs milliers à l’intérieur.
J’aurais dû dire non.
Mais Lina avait besoin de cet argent. Moi, j’avais besoin de cet argent. Alors, j’ai tendu la main et j’ai pris l’enveloppe.
C’est comme ça que tout a commencé.
D’abord, ce n’étaient que de petits documents à signer sans lire. Des dossiers à ranger sans poser de questions. Puis, j’ai commencé à recevoir des colis à déposer dans certaines adresses.
Les premiers jours, mon cœur battait à tout rompre. Je savais que c’était dangereux.
Mais à chaque fois que je rentrais et que je voyais Lina réviser sereinement, sans se soucier de notre situation, je me disais que c’était nécessaire. Je faisais ça pour elle. Pour nous. C’est ce que je me répétais. Mais au fond, une partie de moi savait que j’étais en train de me perdre.
Ce soir-là, tout devait bien se passer.
J’avais suivi les consignes à la lettre depuis des semaines. Je faisais ce qu’on me demandait, sans poser de questions. Et en retour, l’argent tombait, me permettant de tenir le coup, de payer le loyer, les factures, et d’assurer à Lina un semblant de stabilité.
Mais ce soir-là, tout a basculé.
J’avais reçu une somme importante à faire transiter. Beaucoup plus que d’habitude. Je ne savais pas exactement combien, mais l’enveloppe était bien plus lourde que les précédentes. Une partie devait être discrètement répartie dans différentes transactions pour être “propre”, et le reste livré à une adresse précise.
Mon cœur battait un peu plus vite que d’habitude lorsque je suis sortie du bureau, l’enveloppe soigneusement cachée dans mon sac. Je savais que je jouais à un jeu dangereux. Mais jamais je n’aurais imaginé ce qui allait arriver.
Il était tard, la rue était presque vide. J’avançais d’un pas rapide, pressée de terminer cette mission et de rentrer chez moi. Mais à peine avais-je tourné au coin d’une ruelle que je les ai vus.
Trois hommes, capuches abaissées, silhouettes menaçantes.
Je n’ai même pas eu le temps de réagir.L’un d’eux s’est avancé brusquement et m’a agrippée par le bras.
— Donne le sac.
Sa voix était grave, sèche, sans une once d’hésitation. Un frisson glacé m’a parcouru l’échine.
— Je… Je n’ai rien, laissez-moi tranquille ! ai-je balbutié, tentant de reculer.
Un autre homme a ri doucement.
— Écoute, on sait ce que tu transportes.
Mon estomac s’est noué. Comment pouvaient-ils savoir ?Quelqu’un avait parlé.
— J’ai dit, donne le sac.
Cette fois, sa voix s’est faite plus menaçante, et j’ai senti quelque chose de froid contre mon ventre. Un couteau.
Un frisson d’horreur m’a traversée. Je ne pouvais rien faire.
J’ai serré les dents, les larmes aux yeux, et j’ai lentement tendu mon sac. L’homme l’a arraché de mes mains, l’a ouvert rapidement, puis a hoché la tête à ses complices.
— Bonne fille.
Ils ont reculé doucement, s’assurant que je ne bouge pas, puis ont disparu dans l’obscurité de la ruelle.
C’était fini.
Je suis restée figée quelques secondes, le cœur battant à un rythme incontrôlable. Mon souffle était saccadé. Mon corps tremblait.
Puis, la panique m’a submergée. J’ai perdu tout l’argent. Une somme énorme. Mon cerveau s’est emballé. Qu’est-ce que j’allais faire ?
Monsieur Vargas n’allait jamais accepter ça. Ils allaient me tuer. J’ai reculé contre un mur, le souffle court, ma tête tournant sous le choc.
J’étais foutue.
42: une grossesse Je fixais le petit bâtonnet blanc entre mes doigts, mon cœur battant si fort que j’avais l’impression qu’il allait exploser. Deux barres. Positif. Un frisson parcourut mon échine alors que je m’asseyais lentement sur le bord de la baignoire. Je m’étais préparée à toutes les éventualités… sauf à celle-ci. Je portais l’enfant d’Adrian. Mon regard se perdit sur mon reflet dans le miroir. Comment allait-il réagir ? Nous étions encore dans cette phase où chaque regard, chaque contact, chaque nuit passée ensemble était une explosion de passion. Et maintenant… un bébé ? Cela allait tout changer. Un mélange d’excitation et de crainte s’empara de moi. Adrian et moi n’avions jamais parlé d’avoir des enfants. Nous nous laissions simplement porter par notre amour dévorant, profitant de chaque instant sans penser au lendemain. Mais ce test changeait tout. Je serrai mes doigts autour du plastique froid, le souffle court. Devais-je lui dire immédiatement ? Une peur sou
41: Je n’aurais jamais cru pouvoir être aussi heureuse après tout ce que nous avions traversé. Pourtant, alors que l’avion atterrissait sur le tarmac de l’aéroport de Dubaï, une vague de certitude me traversa. J’étais enfin à ma place, auprès d’Adrian, l’homme qui avait brisé toutes mes barrières et qui m’aimait d’une manière que je ne pensais pas possible. Notre lune de miel avait été un rêve éveillé, une parenthèse hors du temps où seuls comptaient nos corps, nos rires, nos désirs. Mais maintenant, il était temps de retrouver la réalité… et j’ignorais encore à quel point notre quotidien serait tout aussi brûlant. L’appartement d’Adrian – enfin, notre appartement désormais – était toujours aussi majestueux. Niché au sommet d’un gratte-ciel dominant la ville, il offrait une vue imprenable sur l’immensité scintillante de Dubaï. Chaque soir, je pouvais observer les lumières vibrantes reflétées sur la mer, un paysage que j’adorais, mais qui ne rivalisait en rien avec la chaleur du
40:LE POINT DE VUE D'ADRIANMaya se tenait devant moi, sa robe glissant lentement sur sa peau comme un dernier voile entre nous. Mes doigts frôlèrent le tissu, défaisant chaque attache avec une lenteur volontaire, savourant l’instant. Son souffle s’accélérait légèrement, et je pouvais sentir son cœur battre sous mes paumes.Ses yeux brillaient d’un mélange d’amour et de désir, et son frisson sous ma caresse déclencha en moi une vague de passion incontrôlable. Je l’embrassai, d’abord doucement, goûtant la chaleur de ses lèvres, puis avec plus d’avidité, pressant son corps contre le mien.Ses mains glissèrent sur mon torse, explorant chaque contour avec une impatience délicieuse. Elle murmura mon nom, sa voix tremblante d’attente et d’émotion, et ce simple son éveilla en moi un besoin viscéral de la posséder entièrement, de lui prouver à quel point elle était à moi, maintenant et pour toujours.Je la soulevai dans mes bras, la portant jusqu’au lit, où je la déposai avec une infinie ten
39: L'hôtel LE POINT DE VUE DE MAYA Quand nous franchissons enfin les portes de l’hôtel, une vague de soulagement et d’excitation me submerge. Après cette journée intense, riche en émotions et en éclats de rire, nous voilà enfin seuls. Juste lui et moi. L’hôtel est somptueux, un véritable cocon de luxe et de raffinement. Le hall brille sous des lustres élégants, et une douce musique d’ambiance flotte dans l’air. Je serre un peu plus fort la main d’Adrian en jetant un coup d'œil autour de nous. — J’espère que tu as choisi une suite digne d’un roi et d’une reine, plaisanté-je en haussant un sourcil. Adrian esquisse un sourire en coin, ce sourire qui me fait toujours fondre. — Évidemment. Rien n’est trop beau pour ma femme, répond-il avec un ton faussement prétentieux. Il insiste bien sur le mot femme, et un frisson délicieux me parcourt. Entendre ce mot dans sa bouche me fait encore un drôle d’effet, une douce réalité que j’ai encore du mal à croire. Nous nous avançons ver
38: Le jour-JLE POINT DE VUE DE MAYA Le soleil était à peine levé que mes yeux s'ouvraient déjà, remplis d'excitation et d’émotion. Aujourd’hui était le jour où je deviendrais officiellement Madame Adrian. Une seconde chance, un nouveau départ. Je laissais échapper un soupir tremblant, mêlant joie et appréhension. Ce mariage n’était pas juste une célébration, c’était la preuve que malgré les tempêtes, l’amour pouvait survivre.Je me levai doucement et me dirigeai vers la fenêtre. Le ciel était dégagé, d’un bleu éclatant, comme si même l’univers approuvait cette union. J’inspirai profondément, savourant l’instant. Lina dormait encore profondément sur le canapé de la suite nuptiale, épuisée par les derniers préparatifs. Je souris en la voyant, reconnaissante de l’avoir à mes côtés.La matinée passa dans un tourbillon d’activités. Entre les essayages de dernière minute, le maquillage et la coiffure, tout semblait se dérouler trop vite. Mon cœur battait à toute allure tandis que mes dem
37 :Mariage Reprogrammé La nuit était tombée sur la ville, baignant l'appartement d'une lumière tamisée. Maya était assise sur le balcon, une tasse de thé entre les mains, le regard perdu dans les lumières scintillantes des immeubles voisins. Adrian la rejoignit en silence, posant une main chaude sur son épaule.— Tu sembles pensive, murmura-t-il en s'asseyant à côté d'elle.Maya expira longuement, cherchant ses mots.— Je pense à nous, à ce qu'on a traversé... Et à l'avenir.Adrian fronça les sourcils, sentant une pointe de nervosité dans sa voix. Il prit doucement sa main dans la sienne, l'encourageant à poursuivre.— Tu veux parler de quoi, exactement ?Maya tourna son regard vers lui, incertaine.— Tu as déjà pensé à avoir des enfants ?Un sourire surpris étira les lèvres d'Adrian.— Bien sûr. Depuis qu'on est ensemble, je me suis toujours imaginé construire une famille avec toi. Pourquoi cette question ?Maya serra un peu plus sa tasse, baissant les yeux.— J'ai peur, Adrian. Pe